« Un monument de pseudo-religiosité ». Réquisitoire contre le Poème de l’Homme-Dieu
Article publié dans The Catholic Word Report. 14 septembre 2021. Traduction de l’anglais : D. Auzenet, avec l’aide de Linguee. La question de l’antisémitisme est abordée dans le point 4 de l’article.
Photo mise en avant : Maria Valtorta (1897-1961) En 1918, à l’âge de 21 ans, dans l’uniforme d’une infirmière samaritaine, pendant la Première Guerre mondiale. Maria Valtorta a été la première femme à se rendre à l’hôpital.
L’auteure de l’article : Sandra Miesel
Sandra Miesel est une médiéviste et écrivaine américaine. Elle est l’auteur de centaines d’articles sur l’histoire et l’art, entre autres sujets, et a écrit plusieurs livres, dont The Da Vinci Hoax : Exposing the Errors in The Da Vinci Code, qu’elle a co-écrit avec Carl E. Olson, et est co-éditrice avec Paul E. Kerry de Light Beyond All Shadow : Religious Experience in Tolkien’s Work (Fairleigh Dickinson University Press, 2011).
Pourquoi, pendant toutes ces années, si peu de lecteurs du Poème de l’Homme-Dieu, de Maria Valtorta, ont-ils remarqué ses défauts flagrants et choquants ?
Cette
année, Yom Kippour, le jour juif de l’expiation, commence
au coucher du soleil le 15 septembre. C’est le point culminant
des jours saints, lorsque les jugements de Dieu sont scellés sur les
pécheurs impénitents. Il m’a donc semblé opportun d’honorer le
peuple de mon père en examinant un livre criblé d’antisémitisme
grossier, mais longtemps admiré dans certains cercles
catholiques pieux : Le Poème de l’Homme-Dieu de Maria
Valtorta.
1. Le contexte
Voici
un bref aperçu pour ceux qui ne se souviennent pas de l’apogée de
Valtorta dans les années 1990, lorsque le monde chrétien était en
proie à des spéculations sur la fin des temps et que de nombreux
catholiques se ralliaient à l’apparition du mois. Pour ses
partisans, le Poème est une expansion « impeccable »
des Évangiles qui a profondément amélioré l’âme de ses
lecteurs. Mais en 1959, il est devenu l’avant-dernière publication
inscrite à l’Index des livres interdits du Vatican.
Maria
Valtorta est née de parents lombards le 14 mars 1897 à
Caserte, en Italie. Son père était un sous-officier de l’armée.
Son éditeur décrit sa mère comme « insensible »,
« despotique » et extrêmement sévère. La mère de Valtorta
a mis un frein à son éducation et a mis fin à deux amours
prometteuses.
Après
avoir prononcé ses vœux privés en 1931, Valtorta aspire à devenir
une « âme victime » et devient définitivement grabataire
deux ans plus tard en raison d’un problème cardiaque et d’une
ancienne blessure au dos. Son directeur spirituel était le père
Romauld Migliorini, membre des Servites de Marie. Valtorta était
tertiaire dans le même ordre qui n’a cessé de promouvoir ses
écrits et sa réputation de sainteté.
Valtorta
est censée avoir offert à Dieu le sacrifice de son intelligence en
1949. Elle a progressivement cessé d’écrire au fur et à mesure
que ses problèmes mentaux augmentaient au cours de la décennie
suivante. Au moment de sa mort en 1961, elle avait atteint ce que le
père Benedict Groeschel C.F.R. a décrit comme « un état
similaire à la schizophrénie catatonique ». La maladie
suffirait à expliquer son déclin sans rechercher des causes
diaboliques, comme certains critiques l’ont tenté. Elle est
décédée le 12 octobre 1961.
Composé à l’origine de 10 000 pages manuscrites entre 1943 et 1947, le Poème publié est une Vie du Christ de 4 000 pages dans laquelle des scènes décrivant des visions sont entrecoupées de commentaires directs de Jésus et de Marie. Valtorta pouvait se souvenir — et plus tard clarifier — ce qu’elle disait avoir vu dans ses visions, mais pas la dictée qu’elle enregistrait par un procédé ressemblant à l’écriture automatique. Les textes de Valtorta, générés au hasard, ont été dactylographiés et classés dans la chronologie de l’Évangile par le père Migliorini, qui a commencé à en faire circuler certaines parties en privé.
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