La médecine ayurvédique

Une réflexion du P. Joseph-Marie Verlinde sur le site final-age.net

Ayurveda, est un terme sanskrit formé des mots « ayus » (vie) et « veda » (science, connaissance), il signifie « science de la vie » ou « science de la longévité ». On trouve les premières traces de cette médecine au 12ème siècle avant notre ère. Les textes servant encore aujourd’hui de référence auraient été transcrits au 8ème siècle av. J.C.

La médecine ayurvédique est étroitement liée à l’hindouisme, plus particulièrement aux Vedas, qui constituent les écrits sacrés de cette religion : les maladies auraient une origine spirituelle : elles seraient dues à une perte de confiance dans l’atman – c’est-à-dire dans le divin immanent, selon la conception panthéiste de l’hindouisme.

L’ayurveda repose sur quelques grands principes :
– la théorie des cinq éléments
– la théorie des trois humeurs

Théorie des cinq principes de vie

Cette médecine traditionnelle est basée sur la théorie des cinq principes de vie ou éléments : la terre (A) ; l’eau (Va) ; le feu (Ra) ; l’air (Ha) ; et l’espace ou l’éther (Kha).

La structure du corps les os, les tissus, les muscles, la peau est régie par l’élément terre ; les liquides corporels sont en relation avec l’eau ; la vitalité et le mouvement dépendent de l’élément feu, qui gouverne également la régulation thermique ; quant à l’air, il gère la respiration et anime le corps. Enfin, les cavités internes ou externes sont des manifestations de l’espace.

Théorie des trois humeurs

Il faut compléter cette théorie des éléments par celle des trois doshas ou
humeurs : les principes espace et air prédominent dans vata, qui dirige l’impulsion nerveuse, la circulation, la respiration et l’élimination ; la croissance et la protection vis-à-vis de l’extérieur est dirigée par pitta, en qui prédominent le feu et l’eau ; le métabolisme est gouverné par kapha, où
prédominent la terre et l’eau.

La santé résulte de l’équilibre entre ces trois doshas. Chacun des trois doshas caractérise un type d’homme : le type vata serait imprévisible, impulsif, enthousiaste, disposé à l’inquiétude et à l’insomnie ; le pitta serait intelligent, vif, passionnel et aimant le soleil ; tandis que le kapha serait
solide, lent et disposé aux allergies.

L’ayurveda propose une approche autant préventive que curative, qui cherche à rajeunir les cellules et les tissus dégradés afin d’aider la longévité. Selon la Tradition, plus de 7000 espèces de plantes entreraient dans les recettes ayurvédiques. Toutes maladies seraient dues à un déficit alimentaire.

Diagnostic et thérapie

Le diagnostic du médecin repose sur l’interrogation, la palpation, la prise du pouls, l’examen du corps, particulièrement la langue et les urines. La médecine ayurvédique propose un certain nombre de thérapies, comparables à l’aromathérapie, la chromothérapie ou l’homéopathie.
Plusieurs techniques sont utilisées pour éliminer les toxines de l’organisme (Panchakarma) : l’application d’huile chaude, des lavements ou des régimes appropriés. Ces interventions sont supposées rééquilibrer les trois doshas et avoir une action préventive.

Mais l’ayurveda fait également appel à des techniques qui relèvent davantage des pratiques spirituelles de l’hindouisme, telles que le Prânâyâma méthode de contrôle du souffle (prâna) empruntée au Yoga, visant à développer l’énergie vitale par la maîtrise de la respiration ou encore la méditation, la visualisation et certains rituels visant à canaliser les énergies occultes.

Si tout n’est évidemment pas à rejeter de cet antique art médical, la prudence et le discernement sont cependant de mise ; car l’ayurveda mélange allègrement des techniques proprement physiques à des
pratiques relevant de ses racines hindouistes
. S’il n’est pas faux de prétendre qu’un dysfonctionnement au niveau du corps peut procéder pour une part d’une cause psychique voire spirituelle, toutes les thérapies ne se valent pas dans ces deux derniers domaines : mieux vaut choisir une approche qui soit cohérente avec ses convictions et sa vision anthropologique. Vu sous cet angle, il n’est pas sûr que tous les aspects de l’ayurveda puissent être intégrés dans un cheminement
chrétien.

Père Joseph-Marie Verlinde http://www.final-age.net/La-medecine-ayurvedique.html

J.-M. Verlinde parle de la Méditation de Pleine Conscience

  1. Elle suscite aujourd’hui un véritable engouement. Un état des lieux.

2. Les origines de la méthode, en Occident comme en Orient.

3. La notion d’enstase. Comparaison avec l’Incarnation du Verbe de Dieu en Jésus-Christ venu épouser notre humanité jusque dans ses souffrances

4. Le passage de la sérénité naturelle à la paix qui vient de Dieu et réponse aux questions.

Le transhumanisme ?

J’ai été tenté d’intituler cette réflexion : le délire transhumaniste. Car on ne sait s’il faut en rire ou en pleurer, ou les deux à la fois. Le sujet est d’une grande complexité : il n’est pas possible d’en faire le tour en un seule fois.

Nous pourrions essayer d’explorer le transhumanisme sur deux pistes successives : la piste « informatique-robotique » qui fait l’impasse sur la réalité corporelle, et réduit l’être humain à une machine à traiter de l’information ; la piste de la « super-biologie », qui ambitionne non seulement d’augmenter nos capacités physiques, émotionnelles, et intellectuelles, mais aussi d’endiguer, retarder, voire éliminer la maladie, la vieillesse et même la mort.

J’ai choisi de ne traiter que la seconde piste, en utilisant (de façon résumée, sans essayer de le trahir autant que faire se peut) l’important travail de synthèse fait par le P. Joseph-Marie Verlinde dans son livre La fabrique du posthumain[1], dont je le remercie.    D. A. Conférence pncds, 2017.

UN NOUVEAU PARADIGME ?

« Humanité + »

La vulgarisation du terme date des années 90 ; le sens qui prévaut actuellement peut se tirer de son étymologie : « Humanisme » : système qui met au premier plan de ses préoccupations le développement des qualités essentielles de l’être humain ; qui valorise l’humain ou les humains ; le transhumanisme ne retient de cette définition que la perspective d’un progrès vers une nouvelle humanité, qui ne sera pas le fruit d’une avancée culturelle, mais sera « fabriquée » par le biais des nouvelles technologies. « Trans » suffixe latin qui signifie « de l’autre côté » et appelle une modification, un changement ; l’humanisme n’est au fond cité que pour désigner ce qui doit être traversé en vue de son dépassement.

Le terme dans son entier suggère alors que nous serions des humains de « transition », en route vers de nouveaux modes d’existence, plus performants que le nôtre. Cette prétention de travailler à l’avènement d’une humanité nouvelle a conduit certains interprètes à rapprocher le transhumanisme de la gnose, voire de l’hermétisme. Mais nous ne trouvons pas dans le transhumanisme la quête d’un « savoir » qui donnerait accès à une transformation spirituelle de l’homme. Le transhumanisme n’est pas un scientisme qui attendrait le « salut » du développement de la science : il fonde tous ses espoirs dans le développement des bio- et autres technologies, qui permettront de dépasser les contraintes de l’évolution biologique. Nous pourrons alors passer d’une évolution subie à une évolution librement choisie et décider de l’avenir de l’humanité.

Né aux États-Unis dans le contexte de la contre-culture des sixties, le mouvement s’est progressivement organisé en réseau, regroupant les associations transhumanistes dispersées dans le monde entier sous l’égide de la World Transhumanist Association (WTA, 1998) rebaptisée « Humanité + » en 2008.

L’idée directrice est la suivante : puisque les progrès de la médecine nous permettent de rester toujours plus longtemps performants, physiquement et mentalement, ce processus d’assistance technique doit se développer, il doit devenir une priorité absolue tant chez les citoyens que dans le corps politique. Le transhumanisme considère en effet que certains aspects de la condition humaine — tels que le handicap, la souffrance, la maladie, la sénescence ou la mort subie — constituent des anomalies indésirables qu’il est urgent d’éradiquer. Retarder le plus possible le processus du vieillissement, repousser au maximum les limites corporelles… relèvent de l’exigence : il faut améliorer nos facultés ; voire même nous doter de capacités dont la nature ne nous a pas pourvus.

Le projet ambitionne donc de créer un humain plus fort par l’élaboration d’un corps plus performant et plus résistant ; plus intelligent grâce aux puces électroniques et autres implants cérébraux ; plus heureux par l’utilisation de la neuropharmacologie ; et si possible : immortel ou amortel par le biais de la médecine régénératrice.

L’humanité ne devrait avoir aucun scrupule à utiliser toutes les possibilités de transformation offertes par les sciences pour se transcender. Ce qui implique que l’homme accepte de devenir un objet d’expérimentation pour la technologie ; un être en perpétuelle transformation, perfectible et modifiable jour après jour, en fonction de l’évolution du projet qu’il élabore, et réalise sur lui-même. Le transhumanisme nous invite donc à prendre en main l’évolution de notre espèce : inutile de subir l’usure des longues périodes requises par l’évolution naturelle ; la technologie nous permet « d’accélérer le temps » et même d’orienter l’évolution selon nos propres choix.

Un lobby transhumaniste particulièrement puissant est déjà à l’œuvre pour diffuser cette vision d’une humanité en perpétuel perfectionnement par l’intégration des nouvelles technologies. L’entrisme des transhumanistes est particulièrement impressionnant : la NASA et Arpanet (l’ancêtre militaire d’Internet) ont été aux avant-gardes du combat transhumaniste ; de nos jours, Google est devenu le principal architecte de ce nouveau paradigme.

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