FIMB. Femmes Internationales Murs Brisés

Femmes Internationales Murs Brisés (FIMB), fondé et dirigé par Evelyne Mesquida, se présente comme un réseau mondial d’entraide « qui repose sur la juste place des femmes et de l’éducation des enfants» ; selon le site internet du mouvement ce réseau a vocation à « protéger la vie dans tous ses aspects », et « créer des liens entre tous ceux qui œuvrent pour le renouveau des valeurs élevées. »

Ces objectifs affichés sont assez généraux et flous pour faire signer des « partenariats », ou un document de soutien, à diverses personnalités ou responsables de mouvements dans les domaines de l’éducation, l’humanitaire, l’environnement, la santé, les religions, la culture … et annoncer que « FIMB rassemble 350 millions de personnes dans 80 pays ».
Peu d’actions concrètes sont réalisées cependant, et la présentation humanitaire fédératrice masque en réalité une organisation structurée, au service du projet d’Evelyne Mesquida : poser « les bases d’une société nouvelle » par la diffusion du Chindaï, art martial créé par Alexandre Homé, et enseigné essentiellement au sein du réseau FIMB.

Historique

FIMB est en effet indissociable du Chindaï d’Alexandre Homé, co-fondateur du réseau avec Evelyne Mesquida.

Né en 1931 en Algérie, Alexandre Homé est présenté comme « un homme de foi et de sagesse », à la recherche de moyens d’amélioration et d’épanouissement de l’individu. Il s’intéresse aux arts martiaux et sa recherche aboutit à la création, à la fin des années 1980, d’un « art martial non-violent français », « véritable outil d’éducation à la paix », le Chindaï (1).

Evelyne Mesquida, née à Paris en 1949, cherche dès sa jeunesse comment « ouvrir sur l’espoir d’un monde meilleur ». D’abord professeur d’anglais dans un lycée privé catholique, « passionnée par la relation d’aide », elle se reconvertit dans la médecine douce, ouvrant un cabinet dans le Sud de la France.

Fondé, selon le site officiel, par Evelyne Mesquida, Femmes Internationales Murs Brisés « repose sur la juste place des femmes et de l’éducation des enfants» et a pour vocation de consolider « les concepts d’entraide, de paix et d’actions à partir de toutes les bonnes volontés internationales », en s’appuyant sur des « valeurs élevées ».

Pas de mention d’A. Homé … pourtant co-fondateur, selon le site, de l’Académie Internationale de la Non Violence (centre de formation de FIMB). Il semble bien en effet que la rencontre de ces deux personnes ait permis à l’une de trouver un outil lui permettant d’étendre son réseau et à [‘autre de trouver un canal de diffusion du Chindaï en protégeant ses droits : A. Homé certifie, en effet, « rappeler que le Chindaï© est sous l’autorité exclusive des co-fondateurs de FIMB ».

Une association loi 1901, Femmes Internationales, réseaux d’entraide « Murs Brisés », est créée en 1997 à Perpignan, siège de la direction internationale. Le réseau se développe en France et à l’étranger, en particulier au Canada.

Le mouvement se développe en direction de plusieurs « pôles» : éducation, humanitaire, santé, environnement, art culture et sport, interreligieux et entreprises.

L’organisation

Fondatrice du mouvement, Evelyne Mesquida en est la directrice et une des deux seules salariées (l’autre étant son assistante). Elle supervise la présidente (sa belle-sœur) et le bureau de l’association FIMB dont le siège est à Perpignan; elle est assistée des directrices de « pôles », de coordinatrices (sa fille Caroline Carmona Mesquida est coordinatrice générale), de chargés de mission (dont son gendre), de plusieurs conseillers en stratégie de développement.

Le réseau se compose d’adhérents (cotisation annuelle), de correspondants (point relais), de délégations FIMB, de partenaires, de parrains et d’ambassadeurs.

Les partenaires et points relais : le site du mouvement en présente une longue liste, en France et dans de nombreux pays. Parmi ces relais, on note les noms de personnes ou associations liées à des mouvements répertoriés dans le rapport parlementaire n° 2468 de 1995 comme IVI (Invitation à la Vie), OMAEP ou ANEP (émanation de la Fraternité Blanche Universelle ou FBU), le fondateur de Isozen (Galacteus, Siderella).

Les délégations sont des associations (type loi 1901, en France), aux statuts types fournis par la direction, payant une cotisation annuelle à la direction internationale. Certaines orientent leurs actions selon un thème précis.
– En France: des délégations sont présentes à Marseille, Toulouse, Région parisienne, Narbonne, Lyon, Bordeaux et dans le Var.
– À l’étranger: le Canada a deux délégations: FIMB Canada, créée en 2000, présidée par Evelyne Mesquida, et FIMB Montréal, créée en 2013, dont Evelyne Mesquida est administrateur et sa fille Sarah vice-présidente. FIMB Canada est très active dans le milieu de l’éducation, le directeur du pôle Éducation étant rémunéré pour enseigner le Chindaï dans les écoles, et le système éducatif canadien laissant une grande liberté à des initiatives diverses.

D’autres associations FIMB existent en Amérique du Sud (Brésil, Bolivie), Inde et Afrique (Côte d’Ivoire, Mali, Mauritanie).

Les parrains sont des personnalités connues qui auraient signé avec la Direction Internationale un document de soutien au mouvement. Ils sont alors considérés comme des représentants (le plus souvent non actifs) de FIMB et figurent dans le comité de parrainage. (On y retrouve surtout des artistes et des écrivains, quelques sportifs, quelques médecins partisans des pratiques alternatives … ).

Les ambassadeurs sont des représentants dont le nom sert à ouvrir des portes pour faire connaître et étendre le réseau.

L’organigramme officiel ne fait pas mention des formateurs sur lesquels repose pourtant le fonctionnement de FIMB. Ils sont une cinquantaine, en principe bénévoles, majoritairement des femmes, tous formés par Evelyne Mesquida, tenus de suivre les stages mensuels (un ou deux, 50 €/week-end), et le stage d’été au Domaine de Lembrun (Lot et Garonne).

Programme et outils

Déclaration de l’association à la préfecture des Pyrénées-Orientales (1997) :
Objet: rassembler l’ensemble des mouvements humanitaires pour une action commune et servir de liaison entre personnes et groupes de même type; protéger et défendre les droits des femmes et des enfants; mettre au point des modules de formation; organiser des rencontres d’information, des débats.

Additif à l’objet: protéger l’environnement; modification de : réseau enfance et solidarité en : branche enfance et solidarité.

La réalisation de ce programme ambitieux s’effectue de diverses façons :

Des contacts ciblés

D’abord par la présence de membres de FIMB lors d’actions menées par d’autres associations (locales, nationales ou internationales), et par les contacts avec des personnalités; ces « événements» sont ensuite relatés, photos de personnalités à l’appui, dans le Trait d’union, journal du mouvement publié en décembre de chaque année.

Des actions symboliques

Just Pink est une « charte de ralliement de toutes les femmes et toutes les jeunes filles qui veulent s’unir pour la cause des enfants », une charte « volontairement simple» qui permet de rallier toutes les bonnes volontés prêtes à signer et de se prévaloir du soutien de personnalités.
Il s’agirait, selon Evelyne Mesquida, de l’étape complétant la Déclaration des droits de l’enfant (1959) et la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (1989) … tout simplement!

La prière du 20 heures : « outil de terrain simple et accessible à tous pour tisser des liens au plus haut niveau spirituel de l’entraide ». Il s’agit de se relier à Ste Philomène (« marraine spirituelle de FIMB ») ou aux participants de cette action, en pensant à tous les enfants pendant deux minutes de recueillement à 20 h (heure locale). FIMB propose de signer un protocole d’accord écrit pour s’associer à cette manifestation, en précisant le nombre de personnes représentées: aujourd’hui, selon le mouvement, 350 millions de personnes seraient solidaires de cette action … , qui aurait aussi recueilli le parrainage de personnalités de diverses spiritualités.
Preuve de l’importance accordée aux actions en direction des religions (particulièrement l’Église catholique), l’action du 20 heures s’inscrit dans un nouveau pôle, l’Éveil à la foi », qui aurait pris « une ampleur internationale» selon son responsable FIMB (contrairement au pôle humanitaire dont les actions restent modestes … ).

L’Académie Internationale de la Non-Violence

Il s’agit du centre de formation du mouvement, source importante de revenus.
Parrainée par A. Homé, il serait « la seule entité juridique qui diffuse et enseigne son art de façon authentique ». Placée sous la direction technique d’Evelyne Mesquida, cette école enseigne et diffuse le Chindaï, et ses « déclinaisons» comme l’art chorégraphique (The Blue Swan Guild, dirigée par Sarah Mesquida), la psygym, ou autres. Elle forme en deux ans des animateurs « en capacité d’animer un cours hebdomadaire (…) et d’introduire les notions qu’ils ont acquises dans leur propre métier. »

Le Chindaï

Cette discipline serait, selon Alexandre Homé, parmi les arts martiaux celui de « la voie de l’équilibre », permettant d’apprendre « toutes les valeurs élevées, nécessaires à l’Etre humain pour trouver sa juste place ».
Il est présenté au public comme un outil de gestion du stress, d’éducation aux valeurs pour les jeunes, de maintien d’équilibre pour les personnes âgées.

Or cette pratique est en réalité fondée sur des croyances ésotériques, dont l’enseignement explicite est réservé aux formateurs, transmis lors des stages et au travers des livres et enregistrements d’A. Homé, fortement recommandés aux stagiaires:

« Nous devons dès maintenant lutter sans interruption pour attirer la lumière qui va délivrer la planète et nous unir. Ce sont les femmes qui vont devoir provoquer cette union, et la transformation qui suivra amènera le Nouvel Age. La planète retrouvera une harmonie perdue depuis 500 000 ans, l’énergie de l’ère du Verseau s’adaptant parfaitement avec l’élément féminin. » (2)

Ainsi, FIMB serait né de la volonté d’Alexandre Homé, qui aurait confié à Evelyne Mesquida en 1990 le soin de créer un groupe dont la mission est de réunir les « 600 groupes de lumière» répandus dans le monde pour faire face à la fin du monde à venir. Le Chindaï, considéré comme « La loi du sacrifice » (3), préparerait l’individu à être « adombré », c’est-à-dire à accueillir un être supérieur qui se servira de son enveloppe corporelle pour « combattre les forces du mal» lors de la fin des temps imminente.

Bien entendu, les formations dispensées au public n’abordent pas cet aspect ésotérique; mais chacune des figures du Chindaï est porteuse d’une signification ésotérique qui est présente à l’esprit des formateurs, et dont tout pratiquant peut être imprégné à son insu; le geste d’ouverture, par exemple, par lequel commence toute séance, est en fait l’appel aux maîtres invisibles dont le pratiquant a vocation à devenir disciple. Ensuite vient le geste de la « bulle» dans lequel, les yeux fermés, on se replie en quelque sorte à l’abri de la réalité extérieure, et on pratique des exercices de visualisation. Ces exercices qui paraissent inoffensifs et assimilables à de la relaxation peuvent avoir des effets tout à fait néfastes sur certains, comme l’a dénoncé Denise Fortin, psychologue d’un centre hospitalier canadien.(4)

Des séances de Chindaï sont proposées localement dans les « Espaces Transparence» de FIMB, ou à destination de publics divers (personnes âgées, scolaires, entreprises).

Les milieux scolaires sont sollicités pour adopter cette pratique. Certains établissements de l’enseignement privé catholique l’avaient adoptée, mais une récente mise en garde de Mgr Planet, évêque responsable des dérives sectaires à la Conférence des Evêques de France, devrait avoir mis un terme à ces actions. Dans le monde du sport, une convention de partenariat a été signée entre l’Union Nationale Sportive Léo Lagrange (UNSLL) et les promoteurs du Chindaï, permettant une diffusion du Chindaï et donnant naissance à la Commission Nationale Chindaï (CNC).

Une méthode d’éducation à la non-violence

A partir du Chindaï a été élaborée une méthode d’éducation à la non-violence, destinée notamment au monde de l’éducation. Elle se présente comme « un ensemble de techniques physiques, émotionnelles et mentales qui permet d’instaurer une culture de la non-violence. La personne, pas à pas, intègre dans sa vie quotidienne cet état d’esprit porteur de valeurs élevées: respect, courage, goût du travail bien fait, responsabilité, entraide pour elle-même et pour les autres» … mais rien sur le sens caché des gestes du Chindaï.

Il existe aussi une méthode de communication non-violente destinée aux milieux de l’entreprise, des institutions et de la santé.

Le Chromassonic, l’Eau de chêne et les gélules K’IHOMÉ

Le Chromassonic, conçu par A. Homé et vendu plusieurs milliers d’euros, permettrait par un « bain de couleurs-son» de réharmoniser les énergies, et en soignant le « corps énergétique» de préserver l’individu de problèmes physiques, mentaux, moraux et émotionnels.
Les compléments alimentaires sont vendus par l’entreprise Tham.Sco, dont le cofondateur est Alexandre Homé, et fortement recommandés aux formateurs. Sur certains produits, 20 % des profits sont reversés à FIMB.

Le KI agricole

Le KI, aboutissement des recherches et expérimentations d’A. Homé, permettrait la régénération des sols et aurait des capacités quasi magiques, sur les végétaux qui acquièrent des « qualités nettement supérieures» et sur les « animaux d’élevage qui ont démontré une vitalité exceptionnelle. » Ce produit n’est pas commercialisé en France. Les chargés de mission de FIMB l’achètent à leurs frais (50 €/kg) pour le diffuser dans certains pays.

Fonctionnement peu transparent et communication opportuniste

L’objet de l’association FIMB est suffisamment vague et large pour qu’un grand nombre d’événements lui soient rattachés … La publication annuelle (Le Trait d’Union) relate ainsi une très grande variété d’événements, plus ou moins pertinents au regard de l’entraide … mais offrant souvent la possibilité d’une photo réunissant un responsable de FIMB et une personnalité connue ! Nul ne sait si les personnalités en question savent que ces photos servent opportunément l’image de FIMB … Le mouvement cible particulièrement l’Église catholique depuis plusieurs années, et les noms et photos de plusieurs cardinaux ou évêques (français, canadien, italien, brésilien, lituanien, etc.) ont été autant de cautions jusqu’à très récemment. Cependant, la récente mise en garde (juin 2016) de Mgr Planet, relayée par l’AFP et plusieurs médias, montre la prise de conscience de l’Église de France qui a mis un terme a cette pénétration insidieuse de l’enseignement catholique.

Aucune indication n’est donnée sur l’utilisation des fonds recueillis par les cotisations, les parrainages, les dons. Coût des locaux du mouvement, de son fonctionnement administratif, des voyages des responsables, comment fonctionne l’Académie de la Non-Violence ?

Présentées comme humanitaires, les activités de plusieurs « pôles» ne sont-elles pas plutôt commerciales: pôle environnement et diffusion du KI, pôle santé et vente du Chromassonic ou des compléments alimentaires K’IHOME, pôle humanitaire et diffusion du plasma de Quinton (partenariat FIMB avec le laboratoire, situé en Espagne) ?

Mise en garde vis à vis du Chindaï

La base ésotérique du Chindaï, et des formations à la non-violence proposées par FIMB, n’est connue que des formateurs qui accèdent à l’enseignement d’Alexandre Homé ; ils sont informés que ce dernier aurait confié à E. Mesquida le soin de réunir les « 600 groupes de lumière» répandus dans le monde en vue de créer une force d’union pour faire face à la fin du monde à venir. Il y a urgence à rallier un maximum de personnes avant une fin du monde imminente. Tous sont convaincus d’œuvrer pour l’amélioration de la planète et le bien des individus. Mais les gestes et figures symboliques du Chindaï et de la psygym les introduisent à d’autres niveaux de perception : « le Chindaï est une porte de sortie vers les plans élevés, mais un gros travail d’épuration physique et mentale reste à faire pour chacun » (5). Mais cette pratique risque de les conduire à devenir des individus formatés, au service du projet d’E. Mesquida, plutôt que des personnes autonomes.

Rien ne permet au grand public de savoir que le réseau FIMB est fondé sur une vision et un projet clairement new-age, et que les formations qu’il propose sont conçues comme un chemin ésotérique destiné à former les « initiés ». Les établissements scolaires qui ont introduit cette pratique auprès de leurs élèves (quelques uns en France, beaucoup au Québec) ont-ils été informés? Et les parents? D’autres méthodes d’apprentissage de la non violence ou de relaxation existent, qui ont fait leurs preuves et n’ont pas d’objectif ésotérique …

Notes

1. Dont le son, en japonais, signifierait Nouvel Age.
2 A. Homé, Livre 6, L’humain sur le chemin de l’évolution, p. 2.
3 CD n° 56 : La loi du sacrifice.
4 http://www.sciencepresse.qc.ca/archives!quebec!capque0205c.html

5 A. Homé, Le lien humain-divin. p. 80.

Tiré de Bulles n° 131 (2016). Bulletin de Liaison de l’Étude des Sectes. Publié par l’UNADFI.

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