Dans notre époque souvent difficile sur le plan économique, les jeunes comme les adultes cherchent leur place, tant dans la société que dans l’entreprise. Pour les jeunes, il s’agit de choisir un cursus d’études supérieures qui sera une porte d’entrée dans la vie active. Ce choix doit correspondre le mieux possible aux potentiels, aux compétences et aux aspirations de chacun.
Pour les adultes en reconversion, il s’agit d’abord de réaliser un bilan des expériences professionnelles antérieures avant de construire un nouveau projet, en continuité ou en rupture. Ce bilan de compétences est finançable entièrement dans le cadre du compte personnel de formation (CPF) dont bénéficie tout salarié.
C’est dire si l’enjeu du travail du consultant en orientation est important ! Quant aux candidats à l’orientation, ils doivent faire leur choix dans une offre opaque où le meilleur côtoie l’approximatif.
On découvre par exemple en interrogeant ceux qui ont fait un bilan de compétence dans une chambre de commerce et d’industrie (CCI) que c’est l’ennéagramme qui en a été l’outil dominant. La même expérience est relatée dans le cadre de l’année de discernement proposée par des structures éducatives chrétiennes aux jeunes en panne d’idée pour leur avenir. Dans le domaine de la reconversion professionnelle, on pourra lire à titre d’exemple le programme psycho-spirituel teinté de concepts professionnels, intitulé « bilan de compétences », proposé par le cabinet de recrutement EcclésiaRH.1 La certification Qualiopi des organismes formateurs ne certifie en rien le contenu des formations dispensées, puisqu’elle vise essentiellement la qualité administrative de la procédure.
Nous pensons qu’il est difficile de vouloir distinguer une méthode ou une œuvre de son fondateur. Il nous a semblé utile d’apporter des critères de discernement sur une de ces méthodes en particulier, appelée Analyse de la personnalité professionnelle (A2P). En effet, l’analyse de la personnalité professionnelle, appuyée sur l’outil intitulé Centre de Gravité Professionnel (CGP) séduit de nombreuses personnes et de nombreuses entreprises ou institutions, dans le milieu chrétien notamment. Et quel ne fut pas notre étonnement quand nous avons investigué les bases de cette démarche.
Notre objectif est d’éveiller à quelques questions fondamentales afin que chacun puisse mener sa propre réflexion et faire un choix éclairé sur la méthode et le professionnel avec lequel il discutera de ses projets d’avenir. (Toutes les informations sourcées d’internet sont susceptibles de disparaître).
Jourda, l’inventeur du Centre de gravité professionnel
L’inventeur du concept de Centre de Gravité Professionnel et fondateur de l’Institut de la Vocation de Lyon, Mathieu-Robert Jourda, est peu bavard sur sa formation : il revendique une formation commerciale supérieure, trois ans de fac de psycho, une psychanalyse et de nombreuses intuitions personnelles. Sur linkedin il met en évidence son « auto-formation », dont il se montre très fier. On y trouve des traces de psychanalyse jungienne : « j’ai intégré, à l’université, et aussi par mes propres moyens, tout un corpus de sciences humaines dont l’élément de base est évidemment la Conscience Humaine dans ses constituants, son fonctionnement et ses effets. Or de cette chose aussi importante qu’est la conscience, la science n’a pas pu dire un seul mot d’explication scientifique, ni de son origine ni de sa nature, et pourtant je n’ai jamais cessé de croire à l’existence de la conscience ».2
La Communication NonViolente est-elle l’outil idéal pour résoudre tous nos conflits ? Dans le couple, en entreprise, avec nos enfants, nos parents, et même entre communautés hostiles ou pays en guerre ?
C’est en tout cas l’ambition affichée de son fondateur, Marshall Rosenberg. Lancée en 1963 et aujourd’hui pratiquée aux quatre coins de la planète, cette technique semble être la panacée à laquelle nous rêvions tous et toutes pour vivre en harmonie avec notre prochain.
« Il y a sur cette Terre des gens qui s’entretuent : c’est pas gai. Je sais. Il y a aussi des gens qui s’entrevivent. J’irai les rejoindre » disait Prévert. Cette série en cinq chapitres donne la parole à un aventurier de l’esprit, mû depuis plusieurs décennies par le désir de trouver le mode d’emploide l’interaction, la planète communicationnelle sur laquelle il nous serait donné de nous entrevivre.
Qu’est-ce que la Communication NonViolente ? Qui l’a créée ? Quel est son objectif ? Quels sont les quatre piliers de la CNV ? Comment communiquer sans conflit et sans jugement au quotidien ? La non-violence implique-t-elle de censurer certaines émotions comme la colère ? La CNV mène-t-elle à un discours convenu, vendu au politiquement correct ? Nous explorons ensemble le monde joyeux, mais aussi les aspects inquiétants de la Communication NonViolente : ses règles, ses codes, son vocabulaire et ses figures de proue.
1. Les bases de la Communication NonViolente — 2. La soif de communiquer — 3. Des ambitions aux résultats — 4. Dérapages contrôlés — 5. Une communication à la dérive
ENTRETIEN. Zineb Fahsi décrit dans un essai le cheminement qui a conduit le yoga des marges de la société indienne à la culture mainstream. Propos recueillis par Baudouin Eschapasse
Instrument de « réalisation de soi », manière commode de lutter contre le stress en cultivant une « pensée positive », forme de gymnastique douce permettant de prendre soin de son corps mais aussi de soigner son esprit en apprenant à gérer ses émotions, le yoga est aujourd’hui présenté comme une méthode quasi miraculeuse pour gagner en efficacité et en concentration. Cette promesse a converti près de 7,6 millions de personnes en France. Professeure de yoga, diplômée de Science Po Paris et de l’université Pierre-et-Marie-Curie, Zineb Fahsi publie Le Yoga, nouvel esprit du capitalisme (à paraître le 1er mars chez Textuel). Un essai dans lequel elle interroge la manière dont cette pratique méditative indienne s’est propagée en Occident, mais surtout comment elle a été dévoyée, selon elle, par l’industrie du bien-être.
Le Point : Quand et comment avez-vous découvert le yoga ?
Zineb Fahsi :
J’y suis venue assez tard, puisque j’avais 26 ans quand j’ai commencé.
Comme beaucoup de gens, cela s’est fait à la faveur d’un voyage en Asie,
lors d’un séjour à Bali, en 2013. Plus précisément dans la petite ville
d’Ubud, qui est aujourd’hui considérée comme l’un des temples
contemporains du tourisme spirituel. C’est là que j’ai suivi mon premier
cours de yoga. J’y ai retrouvé avec joie les sensations d’expansion et
de vitalité que j’expérimentais, plus jeune, à travers la gymnastique et
la danse. Le yoga m’a permis de réemprunter le chemin du corps, des
sensations, du souffle…
À quel moment vous êtes-vous dit que vous vouliez devenir professeur de yoga ?
Lorsque
je suis revenue de voyage, j’ai poursuivi la pratique du yoga de
manière quasi quotidienne. J’ai compris que cela me donnait l’occasion
de réconcilier deux centres d’intérêt : une passion pour la philosophie,
mais aussi un intérêt pour le fonctionnement de la psyché et du corps
humains. Après avoir travaillé dans l’univers du conseil, d’abord
dans le domaine de l’environnement puis dans celui de l’aide au
développement, j’ai eu envie de me consacrer au yoga à temps plein, car
je voulais avoir un métier davantage au contact des gens ; une activité qui donne aussi du sens à mon parcours.
À quel moment est née l’envie d’écrire ce livre ?
J’ai toujours été intriguée par l’absence de récits critiques sur le yoga. La littérature sur le sujet est abondante mais souvent sans aucun recul. Sont évoqués des textes millénaires qui fondent la pratique mais ceux-ci sont rarement contextualisés. Désireuse d’en savoir plus, j’ai suivi, il y a deux ans, la formation conduisant à l’obtention du diplôme universitaire Cultures et Spiritualités d’Asie, que proposent l’Institut catholique de Paris et l’École française de yoga sous la direction de Ysé Tardan-Masquelier, enseignante-chercheuse en histoire comparée des religions et anthropologie religieuse à l’université de Paris Sorbonne. J’ai envisagé, un moment, de poursuivre une thèse sur le yoga. C’est ce projet qui a donné lieu à l’ouvrage que je publie aujourd’hui.
Le Yoga, nouvel esprit du capitalisme, de Zineb Fahsi (Textuel, 203 pages, 18,90 €). À paraître le 1er mars.
Un livre où l’on apprend l’histoire complexe de la pratique…
Les discours simplistes m’apparaissent toujours douteux. Le terme de yoga dissimule une réalité plurielle. Le yoga postural moderne est très différent des pratiques prémodernes du « hatha yoga » qui englobent une dimension sotériologique [c’est-à-dire soucieuse du salut de l’âme et de la rédemption, NDLR]. Si l’on résume à grand trait, le yoga est au départ une discipline méditative, une forme d’ascèse pratiquée par les marges de la société indienne. Son objectif est de libérer l’âme humaine du cycle des renaissances, et cela passe souvent par un renoncement au monde. On est ici bien loin de la promesse délivrée par l’industrie du bien-être.
On pourrait même dire qu’on est aux antipodes ! Comment est-on passé de l’un à l’autre ?
Mon
livre décrit le cheminement qui a conduit d’un pôle à l’autre. La
transformation de la discipline est liée à sa circulation en dehors du
sous-continent indien et aux influences anglo-saxonnes, notamment, qui
ont conduit à en reformuler certains principes.
Racontez-nous…
Le
yoga naît au départ d’une quête spirituelle liée à une insatisfaction
existentielle. Au milieu du premier millénaire avant notre ère, en marge
de la religion védique, se développe, dans de petits groupes
marginaux, une réflexion pour s’extraire de cette « migration
circulaire » de l’âme connue en sanskrit sous le terme de « samsara » et
que l’Occident résume sous la formule de « cycle des
réincarnations ». La promesse de la pensée bouddhiste, dont procèdent entre autres les yogas prémodernes,
est de se libérer de la souffrance humaine en sortant de ce cycle. À
cette époque, le mot yoga n’est pas encore associé à un ensemble de
pratiques psychocorporelles mais désigne une méthode de maîtrise des
sens. Au IVe siècle de notre ère, le traité Yoga Sutra fonde
un système doctrinal et philosophique. Progressivement vont s’affiner
des techniques de travail sur le corps, le souffle et la psyché qui
donneront la discipline que l’on connaît.
Ce que vous appelez le yoga mental ?
Les
postures de yoga ne sont pas au cœur des yogas prémodernes
contrairement au yoga postural contemporain. Ainsi, le yoga qui va
d’abord être diffusé en Occident est un yoga principalement méditatif et
philosophique. Son exportation s’effectue comme une réaction à la colonisation de l’Inde par la couronne britannique. Au milieu du XIXe siècle, alors que se diffuse en Europe une pensée teintée d’orientalisme dans des milieux non académiques où se multiplient les références occultistes, une
partie de l’élite hindoue reformule l’hindouisme et le yoga sous
l’influence à la fois des valeurs de la modernité et des ésotérismes
occidentaux. Vivekananda (1863-1902), pour ne citer que lui, s’attache à
diffuser dans le pays un hindouisme universaliste qu’il présente comme
une religion compatible avec les valeurs de modernité et de progrès.
Dans cette approche, il redéfinit le yoga comme une approche
scientifique et rationnelle permettant à ceux qui le pratiquent de
« s’améliorer » sur le plan spirituel. Cette manière de l’envisager va
séduire un public occidental, outre-Atlantique, adepte de la « religion métaphysique américaine », l’ancêtre du New Age.
Le
non-dit véhiculé par ce discours, c’est qu’il vaut mieux valoriser le
travail sur soi au détriment d’un changement social de fond.
Ce sont ces va-et-vient entre l’Est et l’Ouest qui expliquent les mutations du yoga ?
Certainement. Après avoir été modifié déjà aux XIXe et XXe siècles – XIXe siècle pour le yoga moderne mental, et XXe siècle pour le yoga moderne postural –, en réaction à la colonisation de l’Inde pour permettre à des individus de renforcer leur corps et leur esprit dans un vaste mouvement collectif, le yoga moderne se transforme alors en pratique centrée sur le perfectionnement individuel : une technique parmi d’autres de « développement personnel ». Le non-dit véhiculé par ce discours, c’est qu’il vaut mieux valoriser le travail sur soi au détriment d’un changement social de fond. Cette manière de voir les choses fait porter aux individus la responsabilité de changer le monde. Cette vision s’accorde bien avec les exigences du système capitaliste en ce qu’elle neutralise toute remise en question du système lui-même.
C’est ici que vous développez la vision politique de la discipline qui justifie le titre de votre ouvrage.
Oui. Si la quête de salut est légitime, si l’on peut saisir les motivations de cette recherche de bien-être et de santé dans un monde de plus en plus anxiogène, la discipline du yoga, en étant ainsi reformulée, se retrouve d’une certaine manière « instrumentalisée » en intégrant la culture mainstream. Ce qui était un apprentissage ascétique visant à sortir du cycle des renaissances se transforme en un instrument aux mains d’une industrie naissante, celle que les Anglo-Saxons envisagent sous le terme de « self-help ».
Pourquoi pensez-vous que c’est dangereux ? Parce que cela ouvre la porte à des dérives sectaires ?
Je ne traite pas ici de ce sujet qui mériterait à lui seul un autre ouvrage. Ce que je relève, c’est la manière dont cette discipline est principalement enseignée aujourd’hui, dans les centres de yoga en entreprise, dans les écoles et les hôpitaux. Elle répond de façon commode aux injonctions contemporaines de réalisation de soi. Là encore, c’est une aspiration légitime, tant qu’elle ne se transforme pas en impératif. Mais là où cette pensée me semble pernicieuse, c’est que la promesse de libérer son vrai « moi », de domestiquer son sommeil, d’être en d’autres termes plus efficace et plus résilient… s’inscrit en complet décalage avec l’objectif premier d’émancipation qui est celui du yoga.
À travers le yoga, l’industrie du “bien-être” en vient à capitaliser sur la souffrance des individus.
C’est-à-dire ?
Le yoga semble être la méthode miraculeuse pour résoudre les problèmes et réaliser les aspirations des individus modernes assujettis par une superstructure tout entière dominée par des exigences de production. À travers le yoga, l’industrie du « bien-être » en vient à capitaliser sur la souffrance des individus, à miser paradoxalement sur le « mal-être » de la société. La promesse de libération qui nous est vendue est désormais un faux-semblant.
Vous militez donc pour un retour à un yoga authentique ?
Je
me méfie toujours de ces expressions. Qu’est-ce que l’authenticité ?
Comme je vous le disais, il n’y a pas un yoga véritable mais une
multitude de pratiques. Je ne cherche pas à promouvoir un yoga
« originel » ou « pur ». En revanche, j’invite mes lecteurs à réfléchir
sur les dangers qu’il y a à faire croire que la réponse aux malheurs du
monde ne peut être qu’individuelle là où les problèmes appellent plutôt,
de mon point de vue, un sursaut collectif.
Déesses intérieures, cercles de parole, rituels… Entre spiritualité et développement personnel, des coachs et influenceuses inculquent aux femmes une reconnexion avec leur supposée puissance intérieure. Une théorie qui suscite l’inquiétude des autorités.
Depuis
six mois, Théo (les prénoms des témoins ont été changés), 25 ans,
cherche à comprendre. Un soir de juillet, Coline, sa petite amie, a
brutalement acté la fin de cinq ans de relation. « J’ai un chemin et tu
n’en fais pas partie », a-t-elle proclamé au téléphone, garée sur une
aire d’autoroute. Sans autre explication. Elle rentrait alors d’un stage
de quatre jours aux côtés de Malory Malmasson, une thérapeute « psychoénergéticienne ».
Théo
pense deviner la raison de leur rupture : la lente « descente » de
Coline, durant trois ans, dans la mouvance du « féminin sacré ». Il a vu
sa compagne, artiste de formation, en proie à de constantes crises
d’angoisse, dues à des obsessions culpabilisantes. Elle surveillait
quotidiennement son « taux vibratoire », une obscure unité de mesure de
son énergie, de sa positivité, et de sa productivité.
Elle
faisait peu à peu le tri dans son entourage, écartant ceux dont elle
jugeait le « taux » trop bas. Elle croyait également en la loi de
l’attraction : si on subissait une expérience négative dans sa vie — y
compris un viol —, c’était parce qu’on « envoyait dans le monde » une
énergie du même acabit.
Rythme lunaire, célébration des plantes et des astres
Au croisement de la spiritualité et du développement personnel, le « féminin sacré » décrit une énergie, un soi-disant pouvoir inné des