La réalité cachée, satanique et vampirique des rave trance goa. Une victime innocente témoigne.
Interview (par C.R.O.M.) d’une rescapée des soirées Goa-Trance (2014)
Sur le site LE DRONE
Chaque week-end, des millions de jeunes se rendent vers de grands temples en forme de boîtes noires pour danser extatiquement sur une musique répétitive qui pénètre jusque dans leur corps. Quel est le sens de cette nouvelle communion? Que se passe-t-il à l’arrière du décor? C’est un sujet que nous allons tenter d’explorer à travers l’expérience d’Orfée (nom fictif), qui s’est frottée de près à l’une des sphères de ce milieu, à savoir la scène «Goa-Trance».
C.R.O.M.: Comment t’es-tu retrouvée dans cette scène de la «Goa-Trance»?
Orfée: Par un copain que j’avais connu en Inde. Après notre rencontre, on a échoué à Goa sur la côte ouest de l’Inde. Et là, j’ai rencontré ses amis qui, justement, étaient «bien placés» dans les milieux trance. Je n’ai pas été tout de suite acceptée, loin de là, puisque, pour être acceptée, il faut connaître du monde ou avoir quelque chose de particulier – comme faire de la musique, dealer de la drogue, ou être très belle. Mais en tout cas, j’étais sa copine, et je suis entrée. C’était en 1998. Je dois dire que ce n’était pas vraiment mon genre de musique, j’avais du mal à m’y faire. Mais je m’y suis habituée, car on finit par entrer dans le rythme.
C.R.O.M.: Peux-tu parler de cette musique et du type d’ambiance?
Orfée: C’est de la musique trance-techno, c’est-à-dire électronique avec un beat répétitif, mais avec des effets sonores qui te font «planer». Tu peux facilement les suivre, passer d’un son à l’autre, et finalement, entrer dans une certaine forme de transe. C’est ça le but. La musique techno ordinaire a un rythme soutenu, plus fort, moins sophistiqué…
Le son Goa, c’est de la musique qui se veut «intelligente». Dans ce milieu, tout le monde est bien fringué. Assez «avant-garde». Les décors sont très soignés, plein de peintures «psychédéliques» avec des couleurs vives, voire fluos. Très souvent les parties ont lieu dans la nature: sur la plage, dans la montagne, etc. On trouve toutes les drogues, particulièrement celles qui ont des effets hallucinogènes. Elles s’associent parfaitement avec la musique.
Cette combinaison ouvre à toutes sortes de nouvelles perceptions… Ce n’est pas n’importe qui qui organise les soirées. Il faut bien que les drogues viennent de quelque part, qu’elles soient distribuées au bon moment ; il faut que les meilleurs DJs soient là. C’est un gros business.
La Goa existe depuis le milieu des années 80… Là-dedans, tu as des «vieux de la vieille», des gens qui ont eu accès à beaucoup d’informations occultes par les drogues… Puis il y a les dealers qui sont de mèche avec les organisateurs, qui sont quant à eux, de mèche avec les DJs. Toutes ces personnes forment de grandes familles. Comme il y a des parties dans tous les pays du monde, il y a la tribu des Anglais, des Allemands, des Israéliens, des Américains, etc. Chaque pays a son élite, sa cour.
C.R.O.M.: A ton avis, pourquoi tant d’énergie est-elle mise pour organiser ces soirées?
Orfée: J’ai mis beaucoup de temps à comprendre ce qui se passe à l’intérieur. Pendant longtemps je n’ai rien vu. Pour moi c’était beaucoup de belles couleurs, des gens super «classe», de la bonne musique… Il y a toujours un petit côté secret, mais on ne le voit pas. Car ce côté secret est connecté à un autre niveau de perception. Si tu n’as pas atteint ce niveau, tu ne peux pas comprendre ce qui se passe dans la Trance. Cela a beau être là, tout autour de toi, tu ne vas rien y comprendre.
Mais il suffit d’un trip de trop, un trip de plus, ou alors le trip que tu dois prendre… et on va te faire voir. Ce n’est pas une question de quantité… C’est juste le moment. Pour moi, c’est un trip qui a confirmé tout ce que j’avais pressenti auparavant. J’avais déjà pris pas mal de LSD dans les soirées, mais jamais en grosses quantités. Parfois je me sentais bien, parfois moins bien. Et puis, il arrive qu’on ait des trips de paranoïa. Enfin, on croit que c’est de la paranoïa, alors qu’en réalité c’est ton âme qui te met en garde du danger. Mais toi, comme tu vis dans un monde matérialiste et que tu penses que les gens sont naturellement bons, tu prends sur ton dos tous tes sentiments de peur et tu refoules certaines choses que tu vois pendant ces instants.
Il y a aussi des trips merveilleux, où tout est tellement beau… C’est comme la carotte qu’il faut attraper. C’est elle qui nous fait courir, c’est elle qui nous fait retourner à la prochaine party. C’est ce sentiment de communion avec le tout, où l’on sent chaque vibration, chaque note traverser notre corps entier. C’est super alléchant. C’est cet état qu’on cherche continuellement… parce qu’on l’a déjà atteint une fois. Et si ça ne marche pas cette fois-ci, c’est que quelque part, nous ne sommes pas «prêts». On se dit qu’on est encore trop «parano», on n’est pas encore assez sûr de nous-même, et il faut qu’on «nettoie nos peurs». C’est ce qu’on se dit… Il faut savoir qu’une Trance party peut durer 2 à 3 jours. Non-stop. L’élite viendra vers les 5 h du matin pour le lever du soleil. Car c’est là où c’est le plus fort. Après, ça dure toute la journée, on se repose un peu, puis on y retourne la nuit… Il y a toujours cette quête du «bon moment».
C.R.O.M.: L’élite, comme tu dis, est-ce elle qui décide à quelle party il faut aller?
Orfée: Oui, et si tu les suis en tournée, tu es super fatigué. Cela demande énormément d’énergie d’aller d’une party à l’autre. Pour compenser, les gens font du yoga, de la méditation; ils utilisent des produits Nikken... Cela permet de contrecarrer les excès des séances de Trance sur leur organisme. Trois jours de party intense, c’est comme la guerre : c’est faire face à d’autres personnes qui ne vous veulent pas ; lutter contre soi-même en se disant «C’est moi le problème», «Non, c’est eux!», etc. Puis se rapprocher de la musique et réussir à danser. Et finalement, être crevé et reprendre une drogue qu’on te propose. Trois jours comme ça, c’est du concentré.