La kinésiologie

Extrait du livre : Nouvelles croyances, thérapies alternatives : des dérives possibles. Denis Lecompte, Bertran Chaudet. Sarment éditions du jubilé novembre 2008.

Le terme est issu de kiné (mouvement) et signifie donc la science du mouvement. C’est une thérapie physico-émotionnelle. Il s’agit, par des exercices ou des mouvements sur le corps, de restaurer un équilibre énergétique perturbé à différents niveaux, à la suite de différentes causes. On est ici dans une méthode holistique, c’est-à-dire que la kinésiologie entend travailler sur le corps dans sa totalité.

Historique

(d’après Manuel pratique de kinésiologie, la santé par le toucher / JeanClaude Guyard, Éd. Souffle d’or, 2003)

La kinésiologie est née aux Etats-Unis. Elle se réclame de toute une recherche sur le corps depuis la fin du XIX ème siècle. Elle se situe dans la lignée des recherches du docteur Palmer, fondateur de la chiropractie qui mit en valeur, par un travail d’ajustement vertébral, une action à distance d’une région du corps sur une fonction.

Dans les années 1960, un autre chiropracteur, le Dr Goodheart établit une interaction possible entre les muscles, les organes et les méridiens d’acupuncture, avec une relation entre le stress et le tonus musculaire. C’est lui qui mit au point le principe du test musculaire énergétique.

Dans les années 1970, le Dr John Thie donne une diffusion large à ce qui sera la base de la kinésiologie dans son livre « Touch for Health» (santé par le toucher). Il répertorie 14 muscles principaux et 28 muscles additionnels. Il propose alors une méthode de guérison, fondée sur l’utilisation de points neuro-vasculaires et sur le balayage des méridiens, qui se fait à une faible distance du corps. On appelle alors guérison la disparition des symptômes.

Dans les années 1980, aux Etats-Unis et en Europe, le test musculaire commence à être utilisé pour interroger le corps sur tous les besoins de l’être humain et même de l’animal, par transfert.

Progressivement s’est donc mis en place un système d’analyse du corps qui permettrait de montrer que se renvoient l’un à l’autre les réseaux structurels, lymphatiques, neurologiques, psychologiques, vasculaires, nutritionnels, chimiques et énergétiques; de même, par l’interrogation du tonus musculaire, on pourrait remonter de l’effet constaté à la cause de cet effet. Les kinésiologues ont adapté des outils empruntés aux orthoptistes, aux orthophonistes, aux psycho-motriciens, aux ostéopathes. On utilise aussi les fleurs de Bach, l’affirmation positive, la symbolique ésotérique, le yoga, la neurologie, la gestion mentale …

En France, en Belgique et en Suisse notamment se développent les formations de kinésiologie, soit par le biais de quelques grands centres, soit sur des initiatives individuelles. L’interrogation du terme kinésiologie sur Google en est la vitrine.

Branches de la kinésiologie

Partant de l’outil de base qu’est le test musculaire, de nombreuses applications de la kinésiologie ont vu le jour.

Edu-kinésiologie ou kinésiologie éducative (mise au point par le docteur Dennison). Après avoir longuement détaillé les spécificités des deux hémisphères du cerveau, cette branche de la kinésiologie analyse les mécanismes du cerveau lors de l’apprentissage et explique toutes les difficultés d’apprentissage par une mauvaise connexion entre le cerveau droit et le cerveau gauche. Elle propose, en guise de correction, des mouvements permettant de croiser les côtés droit et gauche du corps, trouvés par le test musculaire (exercices dits de cross-crawl, tributaires souvent du bon sens ou empruntés au yoga). De fait, c’est souvent par le biais des difficultés scolaires des enfants que les parents pénètrent dans l’univers de la kinésiologie. De nombreux enseignants la proposent dans leurs cours comme méthode pédagogique associée.

Touch for Health ou santé par le toucher (mise au point par le docteur Jonh Thie). Cette branche considère qu’en touchant certains points du corps (issus notamment des méridiens d’acupuncture), on peut guérir de nombreux maux. Après une interrogation de chaque muscle important du corps, elle propose de renforcer un muscle testé faible, plutôt que de relâcher le muscle douloureux; elle veut agir sur les relations entre les différents réseaux du corps déployés ci-dessus. Chaque muscle est relié à un problème affectif, ainsi le corps a le pouvoir de s’auto guérir dans toutes ses dimensions.

Trois concepts en un (développé par Daniel Whiteside) approfondit l’intégration entre le corps et l’esprit. Il s’agit de désamorcer les émotions du passé qui bloquent notre présent. Par le test dit du « baromètre du comportement» on touche à de nombreuses blessures psychologiques.

L’aura kinésiologie (récemment mise au point par Jean-Claude Guyard) a permis « d’ouvrir à toute personne sensible aux énergies subtiles un domaine jusqu’à présent réservé aux initiés ». (kinésiologie.fr site Internet).

Hyper-texton (mis au point par Franck Mahony) est utilisé dans les milieux sportifs et s’intéresse à l’hyper tonicité musculaire que l’on corrige par l’alternance de légères contractions à l’inspiration, et de légers étirements à l’expiration.

PKP (professional kinsesiology practitioner du Dr Bruce Dewe) se présente comme la grande synthèse de toutes les branches; elle utilise surtout les modes digitaux c’est-à-dire tout un système de gestes symboliques exécuté sur les doigts. Il est dit de ce système qu’il a été défini et utilisé depuis des milliers d’années pour équilibrer l’énergie dans le corps, et qu’il appartient au monde de l’Egypte, de la Grèce, de la Chine et de l’Inde.

De très nombreuses autres applications voient également le jour (allergies, dentiste, vétérinaire), chacune faisant l’objet d’une marque commerciale déposée.

Les piliers de la kinésiologie : le test musculaire, le baromètre du comportement, la récession d’âge.

La clé de voûte de la kinésiologie est le test musculaire qui évalue le niveau énergétique d’un être vivant par une technique manuelle simple. Il se veut différent du test qu’utilisent les kinésithérapeutes en ce qu’il n’évalue pas la résistance du muscle. On lui donne lors des cours des explications physiologiques et neurologiques complexes.

Mais, finalement, « il n’est pas nécessaire de comprendre le phénomène; il s’agit de l’expérimenter: c’est suffisant pour que cela soit efficace» (Paul Dennison, kinésiologie, le plaisir d’apprendre, Éd. du Souffle d’or, 1988) et « mieux vaut une méthode dont on ignore pourquoi elle guérit qu’une méthode dont on sait pourquoi elle devrait guérir» (site kinésiologie.fr)

Concrètement il s’agit d’exercer une légère pression sur un muscle, par exemple le bras du patient. Quand il y a un stress dans le corps, le tonus du muscle se modifierait instantanément, l’énergie se bloquerait, le muscle lâcherait. Partant de là on dira qu’un bras qui résiste à cette pression teste fort et équivaut à une réponse positive à une question posée, et qu’un bras qui tombe teste faible et équivaut à une réponse négative à une question posée. Le test musculaire qui est à l’origine une simple interrogation du corps devient donc par une traduction rapide un moyen de communication verbal, entre deux personnes qui peuvent ne pas se parler ! Il est à la fois un outil de diagnostic et de correction thérapeutique.

Lors de l’interrogation du mal-être de la personne, les kinésiologues ont cru constater que « le fait de poser une question directe et honnête ne garantit pas une réponse directe et honnête ». Il faut donc avoir accès à l’inconscient et à la mémoire du corps qui, eux, ne mentent pas et peuvent seuls donner la bonne réponse. Les patients ont pu mettre en place des réponses inattendues ou inversées qui sont considérées comme des « sabotages », c’est-à-dire des barrières mises en place par l’inconscient : il faut les supprimer absolument.

Le test musculaire se fonde donc sur l’idée que le corps entier a une mémoire : chaque muscle, nerf, tissu, cellule, ayant participé à une expérience s’en souviendra et pourra être reprogrammé si l’on a identifié la cause émotionnelle qui a provoqué le traumatisme. On trouvera l’émotion vécue grâce au baromètre du comportement. Ce baromètre du comportement est une sorte de tableau hiérarchisé des émotions positives et négatives.

« Il a été conçu de manière non intellectuelle, personne ne l’a pensé. Il s’est construit sur le test musculaire.» Il a un « pouvoir ». Ses mots ont « une signification presque magique ». (Manuel de cours de « trois concepts en un », institut belge de kinésiologie, 1998)

Si le corps a une mémoire et que l’on peut l’interroger avec des réponses simples et précises par le test musculaire, il va être possible d’interroger des âges antérieurs de la personne. Cela se fera lors de la récessions d’âge.

« Il ne s’agit en aucun cas d’une méthode de suggestion, mais d’une énergie du passé qui est réactivée. Cette pratique n’a pas d’effet secondaire car la personne visualise le passé avec son regard actuel. Elle a l’impression qu’elle a voyagé dans le temps pendant quelques instants … Il faut juste être vigilant à ne pas la laisser dans le passé» (Jean-Claude Guyard, Manuel pratique de kinésiologie, déjà cité).

La philosophie qui sous-tend la kinésiologie

La kinésiologie souffre d’un manque de définitions précises concernant les concepts – corps physique, âme, esprit, énergie -, le tout accentué par des problèmes de traduction des documents fondateurs. Mais finalement cela a peu d’importance pour les adeptes car on se trouve dans une conception énergétique de l’homme: « le corps et la psyché sont comparables aux côtés pile et face d’une pièce de monnaie, la tranche représentant l’énergie qui relie l’ensemble » (site kinésiologie.fr). La kinésiologie s’adresse au corps spirituel de l’homme,

le terme « spirituel » décrivant ici « une qualité, une longueur d’onde, une fréquence intérieure de l’homme qui a toujours été présente en lui. Il ne faut pas confondre cette qualité avec les croyances qui peuvent lui servir de support. » (Jean-Claude Guyard, déjà cité). « La kinésiologie utilise une force d’énergie, mais peu de gens comprennent la nature de cette force, et peu savent l’utiliser, on peut l’appeler chi, prana, énergie cosmique, amour» (Paul Dennison, Kinésiologie, le plaisir d’apprendre, Le souffle d’or, 1988).

Lorsqu’on teste une personne, on pénètre dans son espace vital : « Représentez-vous une couche d’environ 50 centimètres qui vous entoure et qui entoure également votre partenaire. Quand vous pénétrez dans cet espace, vous entrez dans le champ d’énergie de l’autre et vous mêlez son énergie à la vôtre. Votre énergie affecte la sienne et réciproquement. D’où la précaution à prendre de protéger son champ d’énergie comme derrière un boulier contre tout élément négatif que la personne testée pourrait vous transmettre » (Paul Dennison, déjà cité). Ailleurs, il est pourtant dit que les tests sont inoffensifs s’ils sont pratiqués avec amour et confiance.

La kinésiologie emprunte à la philosophie chinoise sa conception du corps selon le Yin et le Yang ainsi que le fait que chaque partie appartient au tout et ne peut en être séparée : chaque partie peut permettre d’accéder au tout. On y retrouve une réflexion sur les cinq éléments, sur les méridiens d’acupuncture. Aux cinq éléments sont associés cinq corps, qui correspondent à peu près aux corps définis par la doctrine ésotérique : le corps physique, le corps mental, le corps émotionnel, le corps essentiel (dans lequel les Chakras agissent), le corps facteur X (qui recouvre les autres et englobe le corps astral et le corps étérique). Il est possible de tester la capacité de chaque corps à accepter les bénéfices de la séance de kinésiologie (stage « trois concepts en un »). C’est par un emboîtement de ces corps que l’on atteint une dimension spirituelle : «Lorsque les souffrances physiques ou morales sont calmées, apparaissent ces besoins de transcendance auxquels répond la découverte du meilleur de soi-même» explique alors Guyard (livre déjà cité).

La kinésiologie veut se démarquer de la médecine universitaire, en ce sens qu’elle dit prendre en compte la dimension psychologique de la personne que les médecins conventionnels auraient oubliée. En effet, le consultant n’est plus dans une demande de prise en charge, mais se trouve le partenaire de sa propre guérison: il ne peut guérir que s’il le veut vraiment. « Nous allons mieux, uniquement dans la mesure où nous croyons que nous pouvons aller mieux» (cours « trois concepts en un », janvier 1998, institut belge de kinésiologie). « Les approches conventionnelles (de la santé) n’ont pas réellement donné beaucoup de résultat, n’est-ce pas? Malgré tous les progrès scientifiques actuels, les gens sont encore aussi fous qu’il y a 600 ans. » C’est donc la défiance qui est conseillée envers les approches conventionnelles.

Pour éviter l’accusation d’exercice illégal de la médecine, le discours est ambigu : on ne dira jamais que le patient n’a pas besoin de tel médicament, mais on testera par le test musculaire l’opportunité du médicament. Il est répété dans les formations que le kinésiologue n’est pas un thérapeute, mais un facilitateur. Il est bien spécifié, dans toutes les introductions de manuels de cours, que la kinésiologie n’est pas « un moyen de diagnostic ou de prescription pour une quelconque maladie d’un quelconque lecteur (…). Les personnes qui utilisent les tests et les procédures de correction le font sous leur entière responsabilité ». Et si les résultats promis ne sont pas là, c’est que « ce n’est pas le moment ».

Au-delà de la santé physique, il s’agit de changer de « système de croyance ». Notre ancien système de croyance, « qui a fait échouer nos arrière-grands-parents, nos grands-parents, nos parents, ne nous a pas appris que chaque humain est un individu unique, ne nous a pas appris que le fait d’admettre ses erreurs est une vertu et que changer d’avis est tout à fait naturel ». (Introduction du cours « trois concepts en un ». ) Or, grâce à la kinésiologie, tout ira mieux, car « le système que nous utilisons fonctionne, les gens changent pour le mieux et ces changements sont permanents. »

 

Kinésiologie : un témoignage

Une réflexion sur « La kinésiologie »

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