Note à propos du livre à paraître du P. Conrad de Meester : la fraude mystique de Marthe Robin

par le P. Pierre Vignon, prêtre de la Drôme.

Le père carme Conrad de Meester (1936-2019) crée du trouble post mortem dans l’Église à propos d’une expertise qui lui a été demandée il y a 30 ans lors de la phase diocésaine de la procédure en béatification de la servante de Dieu Marthe Robin (1902-1981). Ses conclusions n’ayant pas été retenues, il en aurait conçu une déception et une rancœur qui ont conduit son Ordre à la publier dans une célèbre maison d’édition catholique. L’ouvrage y est présenté commercialement comme devant causer un séisme.

Pourquoi le rapport n’a pas été retenu

Le principal problème posé est que le public a le seul jugement de ce père, certes docteur en théologie et spécialiste des textes mystiques. Mais cela ne peut absolument pas suffire pour se former le jugement qui a été celui de la Congrégation pour les Causes des Saints qui a déclaré la servante de Dieu Vénérable en 2014.

Rappelons que l’ensemble contient 17 000 pages1, ce qui laisse moins de 2 % au texte du père. On y trouve 25 expertises et pas loin de 200 témoins, sans compter les autres documents essentiels.

Il ressort de cet ensemble que la raison principale pour laquelle le rapport de Conrad de Meester n’a pas été retenu est qu’il est exclusif, outrancier et à charge. Le père s’est trouvé devant le difficile problème des citations de plus d’une vingtaine d’auteurs spirituels dans les écrits attribués à Marthe. Il a immédiatement conclu au plagiat. À partir de là, il a étendu son doute à tout le reste, en particulier aux conclusions des quatre graphologues experts auprès des tribunaux et à celles des meilleurs professeurs de médecine qui ont été consultés. Convaincu que Marthe mentait et trompait sciemment son monde, alors qu’elle était grabataire et aveugle, dans l’incapacité de déglutir, il l’a fait remarcher, rédiger ses cahiers en cachette, manger et boire à l’insu de tous, etc. Il est persuadé d’avoir découvert, seul, le plus grand cas d’imposture de toute l’histoire de la mystique. Conrad de Meester a fabriqué un système d’explication dont il n’a plus jamais pu sortir.

L’évêque de Valence de l’époque, Mgr Marchand, qui l’avait désigné comme expert, a conclu : « On ne retrouvait rien d’elle dans le portrait dressé par le P. de Meester. On a l’impression d’un autre personnage que personne n’a jamais vu. »

La personnalité de Marthe

Tous les autres spécialistes de cette étude, sans forcément concorder dans toutes leurs conclusions, ont retenu quant à eux d’autres explications rationnelles, en particulier fondées sur la maladie de Marthe.

Seul Conrad de Meester remet en cause la bonne foi de Marthe Robin alors qu’aucun témoin ni aucun autre expert ne l’ont contestée.

Personne ne doute de la profondeur et de la vérité de sa démarche spirituelle. Nulle part n’apparaît dans les appréciations des graphologues, des psychologues et des médecins les traces d’une personnalité déviante, perverse ou manipulatrice. Le portrait dessiné est au contraire celui d’une personne franche et claire. Tous les experts consultés, médecins, graphologues, démonologues, théologiens, psychologues, psychiatres, avec chacun l’approche de sa discipline, tombent d’accord sur un point : la sincérité de Marthe.

En particulier, les psychologues ont noté que si Marthe était falsificatrice, cela aurait dû se retrouver dans sa psychologie, ce qui n’est pas du tout le cas. Toutes les analyses approfondies du caractère de Marthe lui reconnaissent une parfaite intégrité. Personne ne dénote chez elle de personnalité hystérique, au sens de personnalité égocentrique, superficielle et inauthentique. Il n’y a pas de pathologie délirante. Pas non plus de mythomanie ni de perversité. Personne ne détecte de double personnalité. Certes Marthe est malade mais il s’agit d’une personne unifiée dans sa maladie.

La chambre de Marthe Robin

Le plagiat supposé

Pour se pencher sur un seul point, celui du « plagiat » supposé, d’autres explications plus évidentes ont été retenues. Marthe n’avait pas de formation scolaire. Sa seule culture venait de ce qu’elle avait lu et de ce qu’on lui avait lu à partir de 1928. Elle a formé elle-même sa méthode en s’appuyant sur la Parole de Dieu, sur ses lectures et sur son expérience. C’est ainsi qu’elle emploie « je » en citant d’autres extraits d’expériences spirituelles qui ont éclairé la sienne. Un théologien a fait remarquer qu’elle utilisait sans le savoir la même méthode que les prophètes dans la Bible. Nous nous trouvons devant une femme qui vit des expériences fortes, qui a besoin de les exprimer mais qui ne sait pas comment le faire.

Il y a plusieurs exemples dans la tradition mystique de l’Église. L’un des plus respectables est celui du saint Padre Pio (1887-1968) qui avait intégré la « langue » de sainte Gemma Galgani (1878-1903), et qui a exprimé ce qu’il a vécu lui-même dans la mystique sans même plus se rendre compte qu’il la citait.

Marthe Robin n’a écrit pour aucun public. Certains textes sont pour son père spirituel qui le lui avait demandé. Le reste était pour elle une façon d’y voir clair dans sa vie. Il n’est donc jamais question de plagiat. Cette aveugle connaît par cœur des passages de la Bible, des textes et des pensées des auteurs spirituels qui éclairent ce qu’elle vit. Cela déclenche chez elle un travail de comparaison et de commentaires. Elle formule ce qu’elle vit avec de multiples passages qui ont résonné en elle et elle en a fait quelque chose de nouveau. À noter que c’est le processus de formation du Magnificat de Marie (Lc 1, 46-55) qui est fait d’une multitude de citations bibliques mais qui est neuf.

Dans sa souffrance indescriptible, elle n’a pas de mots pour la dire. L’expérience des autres lui en montre le chemin. Elle va chercher la juste formulation chez des auteurs spirituels confirmés pour être à l’abri d’une erreur ou d’une maladresse dans l’expression. C’est dans cette perspective qu’elle s’approprie textes et concepts.

L’avis du père jésuite Xavier Léon-Dufour (1912-2007) est particulièrement intéressant : « Si Marthe a senti qu’elle était dans la même expérience que telle ou telle personne, pourquoi n’aurait-elle pas assimilé les deux expériences et utilisé les mots mêmes de l’autre ? Détecter les apparentements des dires de Marthe Robin, ce n’est pas pour autant déclarer qu’elle fut une faussaire, c’est seulement reconnaître qu’elle fait partie d’une lignée d’âmes pleinement données au Seigneur. »

La Plaine

Un retour au calme et à la raison s’impose

À la légitime émotion suscitée par cette prétendue révélation d’une imposture, faisant hélas suite à la dénonciation très contestée de faits reprochés à son père spirituel, le père Georges Finet (1898-1990), ayant eu la chance de très bien le connaître ainsi que Marthe Robin, m’étant toujours depuis intéressé de très près à tout ce qui les concernait, j’appelle à la raison. Non, le père Conrad de Meester, n’est pas le cavalier blanc solitaire qui aurait débusqué le dragon de l’imposture. Il n’a certes pas supporté que son travail soit mis en perspectives parmi tous les autres travaux d’envergure qui ont été faits à ce sujet.

Mais c’est le processus normal de tout travail dans toute forme de société. Chacun apporte sa pierre à l’édifice et c’est l’ensemble qui permet de juger du tout et de la partie. Il est regrettable que son Ordre ainsi qu’une maison d’éditions considérée comme respectable se livrent au sensationnalisme. Peut-être, sans l’avoir voulu, contribueront-ils malgré tout à la redécouverte de la grandeur et de l’importance de Marthe Robin pour le monde et pour l’Église d’aujourd’hui ?

Ni touchée, ni coulée ! Il n’y aura pas de tsunami. Le retour au calme et à la raison s’impose. N’étant qu’un des petits rouages de ce si bel ensemble qu’est l’Église, je ne perds pas confiance et j’appelle tout un chacun plus important que moi à dire avec le même courage ce qu’il sait de la vérité au sujet de cette femme dont Paul Claudel a dit en 1950 :

« Cette petite paysanne est une femme supérieure… Je la tiens pour une intelligence privilégiée et d’un ineffable sacrifice. »

Père Pierre Vignon, prêtre de la Drôme, le 21 septembre 2020

1 À titre de comparaison, la cause de la Sœur Lucie de Fatima (1907-2005) compte 15 000 pages.

34 réflexions sur « Note à propos du livre à paraître du P. Conrad de Meester : la fraude mystique de Marthe Robin »

  1. « Celui qui fait la vérité vient à la lumière. » (Jn 3,21)
    Cette Parole de Jésus que vous mettez comme devise de votre blog est très pertinente.
    Dès lors, il semblerait tout aussi pertinent de vérifier les affirmations du Père Pierre Vignon. Est-il par exemple, en mesure de confirmer et d’étayer son propos quand il dit que l’Ordre du Carmel aurait encouragé la publication de l’ouvrage?
    D’avance merci de votre bienveillante attention

  2. Merci Père. J’ai rencontré Marthe le 31 décembre 1980 et lui dois d’avoir pu recevoir ma vocation religieuse. Je ne peux être que témoin de la façon dont elle s’est laissée entièrement habitée par l’Esprit Saint pour me permettre, avec une extrême délicatesse, de e re-situer devant Dieu et d’accueillir son plan sur ma vie. Elle souffrait le martyr au moment où je l’ai rencontrée et je ne m’en suis même pas aperçue. Comment la traiter de manipulatrice? Bien fraternellement, sœur Bénédicte

  3. Merci d intervenir. Marthe Robin était un mystère pour moi, j avais peur des personnes mystiques. Vous m’ouvrez le regard sur le Mystère Mystique vécu souvent pas des petites personnes, inconnues mais grandes aux yeux de Dieu.
    Merci infiniment.

  4. Très intéressante réponse.
    « Il faut un temps pour tout et un temps pour chaque chose »
    Est-ce un plagiat ou l’utilisation d’une citation de Ecclésiaste. Marthe est dans la patience de Dieu qui sait ce qu’il fait.
    Cette recherche de sensationnalisme a peut-être sont origine dans d’éventuelles difficultés de l’ordre pour y trouver renom et fonds.

  5. Ce livre est scandaleux ! comme tant d’autres, j’ai rencontré Marthe Robin qui m’a aidé à discerner ma vocation de prêtre par une parole de sagesse , à la fois toute simple et allant droit au coeur : comment aurait-elle pu être une menteuse et aider tant de gens avec clairvoyance et grande foi ??

  6. Je n’ai jamais rencontré Marthe Robin, ni le Père Finet, mais ce qui me gêne quand même, c’est que Marthe Robin qui sentait et devinait tout (je tiens ce détail d’une très bonne amie, ancienne élève de Chateau-Neuf de Galaure), et connaissait très bien le Père Finet, puisqu’il était son directeur de conscience…Comment n’avait-elle pas senti les problèmes personnels du Père Finet qui, au dire de mon amie, était quand même assez particulier dans les questions qu’il posait aux jeunes filles qui se confessaient à lui…. Mon amie préférait se confesser à un autre prêtre plutôt qu’à lui …
    C’est tout ce que je voulais dire …

    1. Ce point me fait également problème,Marthe Robin a eut comme Directeur un pedophile (je ne dis en aucun cas pedocriminel),comme biographe un prêtre ayant commis des abus, comme disciples des prêtres ayant commis des abus sexuels.Ce n’etait pas des visiteurs,mais des piliers de son œuvre.

    2. Moi aussi, je suis ancienne élève de Châteauneuf-de-Galaure.
      A l’heure de #MeToo, il est facile de répandre des accusations sans preuves, surtout quand l’incriminé est mort et ne peut pas se défendre.
      Nouvelle élève, j’ai été plongée dans un monde qui n’était pas le mien. Beaucoup de mes camarades n’avaient pas de vraie culture ni de formation spirituelle. La mode, les chanteurs, étaient leurs centres d’intérêts. En revanche, malgré leur jeune âge, certaines étaient très travaillées par le sexe, même complètement obsédées . Mon premier repas avec elles a été difficile : ricanements, allusions, images crues. Toute la tablée rigolait, j’étais très mal à l’aise, je me taisais…Toute mon année de pensionnat, j’ai entendu ces filles conciliabuler sur ce sujet et monter des plans pour attirer les garçons du pensionnat d’à côté.
      Sont-ce les mêmes qui se scandalisent et témoignent à charge contre le père Finet ?
      Selon moi, le père Finet était paternaliste. Il a eu des gestes paternels avec les gamines que nous étions, avec moi, à une époque où c’était possible car ne générant pas une avalanche de suspicions.
      IL m’est arrivé de me confesser à lui. Il m’a effectivement posé des questions sur mon comportement sexuel intime. Cela ne m’a pas surprise, j’ai estimé cela normal, qu’il avait raison. Facile d’aller se confesser en groupe, car ça fait partie du programme de la pension, mais pas facile d’avouer des choses répréhensibles par la morale catholique. Si bien que la confession devient caduque. Ainsi, je suis convaincue qu’il était dans l’intention du Père Finet d’aider ces filles faciles à expurger ces fautes inavouables pour en sortir.
      50 ans après, peut-être que ces témoignages à charge sont-ils vrais, mais peut-être aussi sont-ils influencés par la mutation de la société, mouvements féministes radicaux, anticléricalisme, réseaux sociaux, vie sentimentale et sexuelle frustrée ?
      Ma question : face à ces témoignages à charge, pourquoi n’a-t-on pas interrogé les anciens élèves par circulaire ?

      1. Votre témoignage est intéressant. Je choque beaucoup ma fille en lui disant qu’il y a plus de gamins vicieux que de prêtres pédophiles. Ces ambiances qui sentent le renfermé, très peu pour moi. En tout cas, la cause en béatification de Marthe Robin en a pris un vieux coup. Qui s’en plaindra, à part la bande de parasites qui tournaient autour d’elle. Ce qui est important, c’est la communion des saints, pas d’avoir son nom au catalogue, à côté de Saint Paul VI.

      2. Même si certains adolescents sont obsédés, c’est pas nouveau, il y a une déontologie dans les confessions. On ne peut pas agresser une personne à coups de questions salaces et encore moins procéder à des attouchements.

        S’il avait voulu rappeler les gens à la pureté, et non en jouir (mais les attouchements disent le contraire), il y avait un moyen de parler de la pureté du corps et de l’âme, sans utiliser des paroles intrusives, qui sont tellement violentes que beaucoup de gens en ont été blessé. C’est pas le but de la confession de blesser les gens, et qu’ils en portent encore les blessures des années après. Sinon il faudrait supprimer les confessions! Heureusement que ce procédé pervers est dénoncé, et qu’une vraie confession ne se fait pas ainsi.

        Il ne faut pas être dans le déni et l’excuse. Si des choses sales se sont passées, il faut mettre le doigt dessus et faire le ménage. Le mensonge ne fait pas bon ménage avec la foi chrétienne, pourquoi tant de gens s’en accomodent? Là où il y a mensonge, il n’y a pas de place pour la foi.

        J’ai particulièrement été choquée par des propos rapportés, disant que les filles devaient se laisser toucher, car Jésus les touchait à travers lui. C’est digne d’une secte, pas de l’Eglise Catholique!

  7. Le Père Vignon m’étonne. Lui qui n’a pas peur d’écrire dans Golias et autres torchons ne semble pas se rendre compte qu’il défend une personne très chère à l’institution, vu tout ce qu’elle a systématiquement couvert, directement ou indirectement….
    Soyons prudent
    Les fausses mystiques et les fausses stigmatisées cela existe.

  8. +
    pax
    Je trouve le commentaire du Père Vignon un peu perturbé pas l’indignation.
    Personnellement, j’admire Mlle Marthe Robin, j’ai visité quelques fois sa maison et « ses » écoles catholiques, j’ai quelques livres sur elles fort intéressants.
    Cela dit, je trouve la position du Père de Meester tout-à-fait compréhensible et modeste: le livre a été retrouvé après sa mort et le respect de ses confrères pour ses soucis théologiques est juste.
    Nous sommes en Église – nous avons les droits de discuter nos futures saints et saintes.

  9. Merci Père pour cet article qui remet les choses à leur juste place. On reconnaît l’arbre à ses fruits … il en jaillira encore beaucoup car Marthe fait partie du plan de Dieu et personne ne pourra Le faire dévier de son projet !
    Joëlle Mazin

  10. A question litigieuse, réponses différenciées, c’est le moins qu’on puisse dire !
    Il me semble assez facile de prouver si oui ou non, Marthe Robin écrivait elle-même ,alors qu’elle passait pour complètement paralysée. Simple aussi de confirmer qu’elle ne mangeait pas. Quand on mange, il faut faire venir chez soi des approvisionnements, et cela est très visible et constatable. Il y a nécessairement des témoins. S’il est impossible d’en trouver, alors, tout ce que l’on dit sur elle est vrai.
    Quant au « copiage » d’autres auteurs, ce n’est pas dirimant. Elle peut s’être informé auprès d’autres de ce qu’elle-même vivait. C’est naturel. Par contre, qu’elle ait copié de sa main des passages d’auteurs divers, sous différentes écritures simulées, cela aussi pourrait être prouvé et confirmerait une supercherie possible. Jusqu’à plus amplement informé sur ces sujets, facilement vérifiables, gardons l’image d’une mystique authentique, ayant fait beaucoup de bien.
    Sa clairvoyance n’était pas sans faille, il faut le dire. Elle n’avait pas tous les dons, il faut le dire aussi.On ne dit pas non plus qu’une mystique est nécessairement dotée tous les charismes.

    1. Marthe étant paralysée était entourée de gens, ne serait que pour qu’on l’aide à boire, faire ses besoins, la laver, la changer. Et ces gens là avaient le droit de manger et on faisait venir de la nourriture pour eux. Donc l’argument ne tient pas. Tant qu’on n’a pas analysé, pdt des années et à de nombreuses reprises, ce qu’évacuait Marthe Robin de sons corps (zero traces de nourriture), on ne peut pas accepter qu’elle ne se nourrissait pas du TOUT? Elle aurait du avoir des intestins effondrés sur eux-mêmes, des organes atrophiés à force de ne jamais servir. Dans le cas de Marthe Robin, qu’est-ce que l’on essaie de nous faire passer pour de la sainteté ? Ds choses autres que ses actes ? Jésus a réformé le judaïsme, ou la religion reçue de Dieu, et il nous a débarrassé des lois juives archaïques, des interdits ou oukazs alimentaires ou vestimentaires, apparence (barbe, perruque, voile, kippa). Nous faire comprendre qu’une Sainte et Sainte parce qu’elle ne mange pas ? Ou cite d’autres en le faisant passer pour ses propos ? Personnellement, je doute. On a essayé d’exploiter (voire de monnayer) une grave maladie/paralysie. Elle ne peut pas marcher ? Faisons en une sainte.

      C’est le message divin qui est important, or il ne semble pas toujours venir de Dieu, comme le conseil de divorcer donné à une femme, ou les propros rapportés, plagié (et il y en aurait bcp, bcp trop pour que Marthe reste crédible). A force d’être couchée et malade, Marthe sombrait dans des crises mystiques, je pense qu’elle a été exploitée et a joué le jeu n’ayant pas mieux à faire. Elle a pu remarcher à un moment, ça arrive souvent.

      Dernier point, les langues se délient-elles ? Il y a eu un article récemment dans la presse catholique sur les problèmes psychiatriques de Padre Pio. Le surnaturel laisse perplexe alors que l’on voit que les saints depuis le début du christianisme, étaient de pieuses et modestes personnes, pieuses, bonnes charitables. Le coté surnaturel de certains (faux ?) saints fait davantage penser à une recherche de gloire et de vedettariat, alors qu’un saint c’est une personne exemplaire, guidée par l’esprit sain dans tous ces actes et paroles. Marthe l’était-elle ? Enlevons à Marthe tout le coté matériel (ne marche pas, ne mange pas, a des stigmates…), et voyons ce qui en reste ?

      Est-ce que les conversions viennent de Dieu en présence de Marthe ? Ou parce que le fait de voir une personne alitée, paralysée, les forçaient à remettre leur vie en perspective, à se recentrer vers l’essentiel. il suffit de passer dans les couloir d’un hôpital ou devant des SDF en hiver, pour se remettre dans la perspective. Elle a pu répéter ce qu’un curé lui a dit de dire au départ et puis se prendre au jeu.

      Merci de respecter mon avis constructif, le cas de Marthe dessert davantage les catholique qu’il ne les sert. le public est toujours enclin à ne retenir que le coté illuminé et abracadabrant. dans le cas de Marthe, on est servis.

  11. Je pense que le livre du P. de Meester est inattaquable. C’est un travail scientifique sur des documents, fait avec beaucoup de rigueur. Le problème, c’est que nous sommes dans un monde en quête de merveilleux, de guérisons et de phénomènes extraordinaires. Et beaucoup dans l’Eglise, pensent qu’il faut répondre à la demande: d’où l’utilisation de la médiumnité dans des liturgies de guérison, avec la louange qui guérit, et le reste. Il faut des visionnaires pour rassurer ceux qui sont angoissés par un horizon sombre. De plus, cela aide à remplir des églises qui se vident.
    Il y a donc deux positions: approuver ce qui plaît et rassure, et du coup attire dans l’Eglise; ou bien chercher la vérité, en décapant ce qui se présente comme venant de Dieu, pour savoir si le socle est vraiment solide. Cette deuxième position renvoie à une foi pure, désengluée d’une recherche de bien-être, de consolation immédiate.
    Or cela n’est pas dans l’air du temps.
    Il ne faut donc pas s’étonner que tant de fondateurs, de mystiques du XXe siècle, qui ont fait courir des foules et dont certains sont en voie de béatification, tombent de leur piédestal.
    En fait, cela invite à une fois plus grande dans le Christ, à miser sa vie sur le mystère pascal.

    1. Ma Soeur,

      Je pense qur vous posez la vraie question  » la fondation sur le Roc « , au moment où des pans entiers de la mouvance charismatique sont ébranlés avec des personalité très adulées quasi idolatrées remises en cause.. Humblement,- je n’ai pas assez de connaissances-, je ne me prononcerai pas sur le mystique vraie ou fausse de la « vénérable » de Marthe Robin; je m’en tiendrai à la sagesse de Gamaliel avec le désir de lire Conrad de Meester pour m’instruire.
      Sur le plan pastoral, il me semble des plus urgents de permettre et d’étoffer voire de maintenir les liens avec les fidèles de ces mouvances dans les paroisses, afin que les signes des temps qui semblent assez mauvais pour
      eux n’entraînent pas un exode massif du Navire…
      Au moment où nos évêques parfois choisis dans ces communautés nous servent en réchauffé leurs solutions-miracles qu’il y ont connues, au nom parfois d’une autorité et d’une obéissance mal comprises: il ne faudrait pas négliger cette crise bien réelle de ces spiritualités dans leur quarantaine…
      En sincère union de prières
      Abbé JP MOLLON Curé de la Grave diocèse de Gap et Embrun

      1. Mon Père
        Merci de votre réaction qui est un complément à la mienne.
        La foi et la spiritualité ont déviées. On a cru que tout à coup les critères de discernement n’étaient plus de mise… et une fois encore, l’histoire récente montre qu’on se fourvoie en voulant que le Saint-Esprit soit au-dessus de la tradition des Anciens. On retombe dans les erreurs des débutants, mais avec une ampleur inégalée jusqu’à présent.
        C’est une leçon à retenir pour remettre sur la bonne voie ceux qui par ignorance, se sont fourvoyés. Les prêtres vont avoir du travail !
        Bon courage
        Sr Marie-Ancilla

  12. j’ai vécu 6 mois en 1989-1990 autour de la ferme de Marthe, allant dire chaque jour mon chapelet avec André Maréchal dans sa chambre, ayant donc très bien connu les dames du foyer qui ont connu Marthe de très près… si Marthe était une manipulatrice, ça voudrait dire aussi que toutes ces dames étaient des manipulatrices, toutes !, ça semble invraisemblable pour ces dames profondément chrétiennes et d’une grande simplicité… André était aussi membre du Foyer, très humble, très bon envers moi, me faisant découvrir la vie de service « selon St-Joseph » qui m’habite toujours grâce à lui… il avait connu Marthe et était confondu d’apprendre que ma conversion avait comme base ‘l’album de Marthe’ alors que j’étais complètement pris dans une secte, très loin de la Foi chrétienne, sans avoir jamais entendu parler de Marthe… or en lisant cet album, trouvé « par hasard  » j’ai ‘entendu’ dans mon cœur de venir à Châteauneuf de Galaure prier dans la chambre de Marthe ..; j’ignorais tout de ce village, des Foyers, de Marthe … 6 mois plus tard, la Vierge m’avait converti, par pure grâce de Dieu, et j’ai été vivre 6 mois à la Plaine…6 mois qui comptent encore tant dans ma vie actuelle , où j’ai gardé la Foi malgré tant et tant de déboires très graves que j’ai eu à affrontés de la part de membres de l’Eglise, qui auraient mis à mal la Foi de bien des chrétiens… comme si Marthe et Padre Pio (j’ai vécu un an près de San Giovanni Rotondo) me soutenaient pour avoir vécu eux aussi tant de calomnies et d’infamies de la part de membres de l’Eglise… j’avoue que ces calomnies sur Marthe, comme il y en a eu tant sur Padre Pio, me donnent force et courage pour une Foi plus grande en la Miséricorde de Dieu…; si Marthe était du côté du diable, elle m’aurait laissé dans la secte, c’est sûr !

  13. J’ai 79 ans, mon premier contact avec Marthe Robin date de ma classe de 6ème. Une fois l’an chaque classe passait un moment avec Marthe. Ce jour-là elle avait droit à la communion. Nous sommes monté à pied du foyer à la plaine, nous avons attendu un petit moment dans la cuisine avec une faible lumière ; entrées dans sa chambre on n’y voyait guère ; je me suis retrouvée proche de la tête de son lit ; on a « bavardé » ; elle nous demandait si le petit déjeuner était bon, si telle professeur ne ferait pas mieux de se coiffer autrement qu’avec une mèche sur le front ; dans mon souvenir rien de mystique ! avec douceur elle s’intéressait à notre petite vie d’enfant ; je m’étais appuyée sur son lit et le père Finet m’a dit que ça lui faisait mal… je me suis redressée. Après sa communion elle n’était plus consciente avec nous, le père avec une lampe de poche a éclairé son visage : sur le front elle avait encore des restes de sang séché, rien de spectaculaire, son visage était calme. Une fois ressorties de sa chambre, j’ai été étonnée du temps passé qui m’avait semblé bien court, et je ressentais moi aussi un grand calme en moi, pensant au conte du moine ravi en contemplation par le chant d’un oiseau pendant plus d’une génération. L’éternité sera courte, calme et douce.

  14. Je dois à Marthe une guérison intérieure et une conversion radicale. Au cours d’une assemblée de prière, pendant l’eucharistie, alors que je n’avais aucune attirance pour la prière, je fût soudain envahi par une présence d’amour tellement forte que la soif de Dieu m’a habité jusqu’à ce jour. Depuis la prière et la relation à Dieu le Père fait partie de mon quotidien. Georges Chauveau

  15. Éclairant ? On dirait qu’il y a quand un parti pris soujascent…? Seuls les conseils avisés de Marthe Robin, emplis de vérité et d’évangélisme, sa foi plus forte que les douleurs, font d’elle un être vénérable reconnu par l’Eglise. Si pour le reste il y a eu quelques tromperies, seul Dieu sait et seul Dieu les révélera s’Il le juge bon, cela ne nous appartient pas.
    Par contre, osez dire que c’est une chance d’avoir connu le père Finet est scandaleux et blessant en pensant à toutes les victimes d’abus, les siennes ou d’autres !
    J’ai connu Jean Vanier. Avant la vérité révélée, j’aurais pu dire aussi « c’est une chance ». Aujourd’hui je fais la part des choses entre le fondateur, le serviteur de Dieu qu’il a été, le grand orateur aussi, et entre l’homme pêcheur qui a été mis à jour… Mais je ne peux pas utiliser le mot « chance ». Peut-être est ce dans ce sens qu’a été utilisée dans cet article la formule « c’est une chance », le sens où c’est une « chance » d’avoir pu côtoyer l’accompagnateur spirituel mais non pas l’homme pêcheur soumis aux tentations du démon…
    Que notre Seigneur ait pitié de nous !

  16. J’ai été sauvée du suicide un soir au bout du plateau de Massoulès (Lot & Garonne), au coin d’un bois, par Marthe Robin, le samedi 14 juillet 1979. Je suis allée la voir en décembre 1980. Personne ne me fera croire qu’elle simulait.

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