Dialogues avec l’Ange

Dominique Auzenet1

Ce livre, « Dialogues avec l’Ange », dont la première édition date de 1976, a eu un succès planétaire, traduit en 18 langues… Incontournable! Il était donc nécessaire de publier un article sur ce site, pour donner quelques éléments de de compréhension et de discernement par rapport à la foi chrétienne. 

I. LES PERSONNES

1. Gitta Mallasz

Je cite ici quelques extraits de l’article de Wiki2 (bien qu’il n’envisage aucune distanciation critique…) Née3 en 1907 à Laibach (Carniole, Autriche-Hongrie) et décédée en 1992 à Tartaras (commune d’Ampuis), elle s’est fait connaître par la publication du livre Dialogues avec l’ange dont elle se disait être le « scribe » et non « l’auteur ».

Très douée pour la natation, elle intègre en 1929 l’équipe nationale hongroise et obtient la médaille de bronze du 4 × 100 m nage libre aux Championnats d’Europe de natation 1931 à Paris, ainsi que d’autres médailles dans ce sport. Elle fait ainsi connaissance de Lili Strausz, professeur d’expression corporelle et de relaxation, qui pratique aussi le massage.

Par la suite, Gitta Mallasz reprend le dessin, renoue avec Hanna Dallos (amitié de l’école des arts décoratifs) et travaille dans l’atelier que celle-ci dirige avec son mari Joseph Kreutzer, concepteur de meubles à Budapest. Elle y est graphiste, principalement pour le tourisme et la publicité. L’antisémitisme sévissant à Budapest, c’est elle, l’ex-championne et par ailleurs chrétienne, qui ramène les commandes qu’Hanna et Joseph, juifs, ne peuvent plus solliciter.

La Seconde Guerre mondiale éclate. L’atmosphère devient lourde et angoissante. Hanna et Joseph Kreutzer louent une petite maison dans les environs de Budapest, réduisent leurs activités pour se consacrer à l’essentiel. Gitta Mallasz et Lili Strausz les rejoignent et les quatre jeunes gens discutent souvent le soir de leur situation dans cet environnement hostile, à la recherche du sens de leurs existences.

Le 25 juin 1943, au cours de leurs discussions quotidiennes, alors que Gitta présente ses réflexions à Hanna, celle-ci avertit : « Attention ! Ce n’est plus moi qui parle ! ». Commencent alors les Dialogues avec l’ange : 17 mois d’un enseignement spirituel reçu et transmis par Hanna, qui s’achèvera dans un ancien collège transformé en atelier de confection militaire pour tenter de sauver plus d’une centaine de femmes et d’enfants juifs.

Alors que l’étau nazi finit par toucher la Hongrie en mars 1944, Joseph est déporté le 3 juin et Hanna et Lili partiront le 2 décembre à Ravensbrück. Ils ne reviendront pas. Gitta se retrouve seule avec les cahiers où sont transcrits les enseignements.

Après la fin de la guerre, alors que la Hongrie se retrouve derrière le rideau de fer, Gitta Mallasz ouvre un nouvel atelier à Budapest et devient dessinatrice de costumes et interprète du Állami Népi Együttes (Ensemble folklorique national). De ces années-là, malgré sa réussite professionnelle, elle dira qu’elle était comme un cadavre ambulant. En 1960, elle « choisit la liberté » et s’installe en France.

Afin que sa famille ne soit pas persécutée, elle contracte un mariage blanc qui deviendra un mariage d’amour avec Laci Walder, un juif communiste, ancien des Brigades internationales. En 1967, elle obtient la nationalité française. Avec son mari, Hélène Boyer et de nombreux amis, elle s’attelle à la traduction de ses notes pour un livre qui sera publié sous le titre Dialogues avec l’ange.

L’écrivain Claude Mettra, producteur à France Culture, consacre le 22 mars 1976 une émission à Gitta Mallasz et à son aventure spirituelle. Dans la foulée, le texte est publié chez Aubier. Une Radioscopie de Jacques Chancel le 10 mars 1977 fait connaître l’ouvrage auprès du grand public.

Son mari Laci Walder meurt en 1982. Gitta Mallasz se refuse obstinément à devenir gourou alors que tout l’y invite. Mais en juin 1983, une invitation pour une conférence à l’Institut C. G. Jung de Zurich fait déclic : dès lors, Gitta Mallasz consacrera le reste de sa vie à commenter les Dialogues avec l’ange, et à mettre en garde contre les mauvaises interprétations, soit au cours de conférences, soit par des livres de commentaires.

En 1988, un grave accident lui casse les deux poignets. Elle quitte alors sa petite maison du Périgord pour aller vivre à Tartaras (commune d’Ampuis), dans les vignes de la Côte-Rôtie, auprès de Patricia et Bernard Montaud, avec lesquels elle a noué une grande amitié. Depuis 1985, c’est ce dernier qui organise ses conférences. Elle y vivra ses dernières années paisiblement, écrivant ses derniers livres et continuant à transmettre l’enseignement des Dialogues avec l’ange. Elle meurt en 1992.

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Les « églises parallèles »

Dominique Auzenet

Mgr di Falco a présidé les funérailles d’ALAIN DELON dans la chapelle de la Brûlerie construite dans sa propriété de Douchy. Parmi les nombreux articles parus ces jours-là, la presse n’a pas manqué de souligner la présence d’un autre « ecclésiastique » dans la vie d’Alain Delon, Raphaël Steck.

L’un de ces multiples évêques-monseigneurs des églises parallèles, en l’occurrence l’Union Apostolique Gallicane… Ce sont les Dernières Nouvelles d’Alsace qui donnent l’information, puisque Raphaël Steck est basé à Lingosheim, près de Strasbourg; c’est lui qui avait béni la chapelle.

Évidemment, si l’on ne connaît pas l’histoire religieuse, on risque d’en perdre son latin… et de faire de Raphaël Steck un « évêque alsacien »… Un de plus !

Qu’est-ce donc que le gallicanisme ? Si vous en avez le temps, voici une (brève) recension d’Augustin Fliche sur le double volume ‘Les origines du gallicanisme ».

Il est difficile dans cet article de faire un développement circonstancié sur le dédale des églises gallicanes, mais aussi des petites églises « vieilles catholiques » (Union d’Utrecht)… Outre les fidèles, il est très certain que nos amies les bêtes y sont les bienvenues…

Archbishop Dominique Philippe holds a camel a donkey and a llama on November 9, 2014 in the church of Sainte Rita in Paris, famous for its religious services devoted to animals. Parishioners are mobilizing to preserve this Gallican Catholic church, threatened with demolition. AFP PHOTO / FRANCK FIFE / AFP PHOTO / FRANCK FIFE

Si vous vous intéressez à la question des églises parallèles séparées de Rome mais qui gardent plus ou moins le nom de catholiques, le livre de Bernard Vignot, Le phénomène des Églises parallèles, Cerf, 2010, est une bonne introduction, et peut se trouver d’occasion sur internet.

Dans les milieux de l’occultisme, il existe une figure bien connue, celle de Mgr Jules Houssay (mayennais), alias l’abbé Julio, chef d’une « Église catholique libre de France », magnétiseur mystique, spirite convaincu, syncrétiste… Car toutes ces petites églises parallèles sont très branchées sur la guérison et l’exorcisme… voyez le petit répertoire des exorcistes électrons libres à la fin de ce livret…

Bref, si l’on vous oriente vers un « Monseigneur », renseignez-vous quand même avant !

Jésus, un essénien ?

La vie de Jésus a toujours donné lieu à des interprétations, des réinterprétations, notamment en milieu gnostique et ésotérique. Cela fait maintenant plus de vingt siècles que cela dure, et il va sans dire que notre XXIè siècle n’est pas en reste. L’internet est utile pour se rendre compte du phénomène, et je propose de regarder la figure d’un Jésus « essénien1 ». En plus des notes, vous pourrez cliquer sur les liens hypertextes.

Ce n’est pas vraiment nouveau !

« Les Esséniens ont fasciné les universitaires et les amateurs depuis le siècle des Lumières. Frédéric le Grand affirmait que « Jésus était en réalité un Essénien; il était pénétré de l’éthique des Esséniens ». Ernest Renan, auteur de la si célèbre Vie de Jésus, au 19e siècle, proclamait que le christianisme était tout simplement une version de l’Essénisme qui avait survécu. Blavastky tomba d’accord sur le fait que « les gnostiques, ou les premiers chrétiens, n’étaient, sous un autre nom, que les continuateurs des anciens Esséniens. »Ledge, en 1915, parle des Esséniens comme des « gnostiques pré-chrétiens », et cite l’ argument, alors très courant, que « Saint Jean Baptiste était un Essénien et que Jésus lui-même appartenait à la secte ». Déjà au début du 20e siècle, G.K. Chesterton pouvait se moquer de l’idée démodée selon laquelle Jésus était  » un instructeur éthique à la façon des Esséniens qui n’avait apparemment pas grand-chose de plus à dire que Hillel ou une centaine d’autres Juifs n’auraient pu le faire; par exemple que c’était une chose douce que d’être doux et que cela aidait à la purification d’être pur ». Les Esséniens étaient déjà vieux jeu bien avant les premières découvertes à Qumran »2.

Notre XXI° siècle poursuit sur la lancée

On nous dit que l’enseignement ésotérique de Jésus serait incontournable. «  L’homme véritable est immortel… Pendant la vie, il ne fait qu’occuper son corps ; il le quitte quand il est hors d’usage, pour en prendre un autre plus tard… Il évolue vers Dieu, son principe et sa fin… Sachant cela, on ne doit se lamenter de rien. Une telle vérité, ouvertement proclamée dans les Écritures sacrées de l’Inde antique (Bhagavad-Gîtâ), la Sagesse Occidentale la maintint au contraire prudemment sous le boisseau. (…) Elle était la doctrine traditionnelle des Esséniens, admise aussi par les Pharisiens, nous dit l’historien Josèphe. De plus, les allusions nombreuses à cette même doctrine qui subsisteraient dans les Évangiles, prouveraient à l’évidence qu’elle faisait partie des enseignements que Jésus donnait en particulier à ses disciples, se refusant à en faire l’objet d’un enseignement public, en raison des dangers qu’il pouvait présenter » (Pierre d’Angkor, 2014).

Ernest Bosc dans La vie ésotérique de Jésus-Christ (2020) fait de Jésus de Nazareth, un Essénien et haut Initié de l’Ordre, possédant des connaissances approfondies sur les phénomènes de la Nature et produisant des faits absolument merveilleux pour la majorité des humains. Il se révèle ainsi au lecteur non plus sous la forme du prophète, mais sous celle du Thaumaturge et du Thérapeute tout à fait hors de pair qu’il fut…

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Les 15 oraisons de sainte Brigitte

Dominique Auzenet

Sainte Brigitte (+ 1373) que l’on fête le 23 juillet, a été proclamée co-patronne de l’Europe. C’est une belle figure de sainteté. Si vous ne la connaissez pas, lisez sa notice sur le site nominis.

« On distingue deux périodes dans sa vie. D’abord une femme mariée et la mère de huit enfants, qui s’initia à l’étude de l’Ecriture et l’adopta comme règle de vie avec son époux comme tertiaires franciscains. Elle fut d’une charité généreuse et fonda un hôpital…

La seconde vie de Brigitte commença après son veuvage et son refus de se remarier afin d’approfondir « son union avec le Seigneur dans la prière, la pénitence et la charité… Après avoir distribué ses biens aux pauvres, elle se retira au monastère cistercien d’Alvastra, sans devenir moniale »…

Ses méditations sur la passion du Christ sont restées célèbres

« Comme il y avait longtemps qu’elle désirait savoir le nombre de coups que Notre Seigneur reçut en sa Passion, un jour Il lui apparut et lui dit : « J’ai reçu en mon Corps 5480 coups. Si vous voulez les honorer par quelque vénération, vous direz 15 Notre Père, 15 Je Vous Salue Marie et les 15 oraisons, que je vais vous enseigner, pendant un an entier… L’année étant écoulée, vous aurez salué chacune de mes plaies ».

Comment entendre ces paroles ? J’ai rencontré plusieurs fois au cours de ma vie sacerdotale des personnes à qui l’on avait proposé, ou indiqué, ou demandé, de faire chaque jour ces prières… Si peu que ces personnes soient psychiquement fragiles, cela provoque des troubles dans leur vie chrétienne, souvent sous forme d’angoisses.

Je me souviens de cette mère de famille nombreuse qui se croyait obligée de lire chaque jour les textes des méditations et de réciter toutes les prières… et qui finalement n’en trouvait pas le temps. Je lui ai conseillé d’arrêter et de s’occuper d’abord de ses enfants…

Autre exemple. Une personne m’écrivait récemment :

Je visite chaque semaine depuis novembre dernier une personne de 81 ans, qui est revenue à la foi et prie beaucoup depuis la perte de son mari. Elle lit chaque jour un petit livret qui ne contient que des prières, et elle est devenue accro à ce contenu. Au point qu’elle ne sort pas de chez elle sans emporter le livret avec elle… c’est ce détail qui m’a alerté.

Et elle m’a répété à plusieurs reprises ces derniers mois, que le livret lui dit que si elle prie cela 365 jours, sa place au ciel sera garantie, et il y a un passage où si elle fait assidûment ce qui lui est demandé, le Christ lui apparaitra et lui fera connaître la date et l’heure de sa mort…

Certes, comme elle a 81 ans, je suis conscient que parfois elle n’a pas toute sa tête, mais j’ai pris conscience lors de ma visite d’hier matin que quelque chose n’allait pas, et qu’elle est devenue comme dépendante et très accrochée au livret comme à un objet magique, et que sa plus grande peur quotidienne, c’est d’oublier de le lire ! (Du coup elle le fait plusieurs fois).

La responsabilité des maisons d’édition

Un autre problème réside dans le fait que certaines maisons d’édition, que j’appellerai « apparitionnistes », publient des livrets de prière assaisonnés de promesses prises au premier degré.

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Gestion cahotique d’un scandale

L’affaire va bon train, les articles se multiplient ; les prises de position aussi. Mgr Micas, évêque de Lourdes affirme : « Nous devrons un jour retirer les mosaïques de Marko Rupnik »… Comment se fait-il donc que Marko Rupnik soit devenu le centre des discussions dans l’Eglise catholique depuis deux ans ? Comment se fait-il qu’il ne s’exprime pas et qu’il ne manifeste pas le moindre regret ? Comment se fait-il qu’à Lourdes il ait volé la préséance à la Vierge Immaculée, précisément Celle qui s’efface et qui s’oublie par amour ? Comment le sanctuaire de Celle qui est sans tache est-il maintenant celui de l’entaché ?  (D. Auzenet).

Rappelons brièvement

Marko Ivan Rupnik, né en1954 à Idrija en Slovénie, est un prêtre jésuite et artiste mosaïste slovène. De 1995 à 2020, il dirige l’atelier d’art religieux Centre Aletti, à Rome. Marko Ivan Rupnik est temporairement excommunié par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi en 2020 à la suite notamment d’accusations d’abus sexuels à l’encontre de femmes majeures. Il est renvoyé de l’ordre des Jésuites en juin 2023. Informations détaillées sur l’article sur Wiki.

L’ampleur de son oeuvre

(Article de Loup Besmond de Senneville (à Rome), La Croix, le 25/6/2024). Ses mosaïques s’étalent par exemple dans la chapelle Redemptoris Mater, au cœur du Palais apostolique. Commandées sous le pontificat de Jean-Paul II, inaugurées en 1999, elles sont décrites, à l’époque, comme une « œuvre grandiose », où se croisent les traditions orientale et occidentale. Passage obligé des visiteurs reçus par le pape en audience au deuxième étage du Palais, ses murs présentent des scènes bibliques. Autre lieu du Vatican ainsi décoré : la chapelle du dicastère pour le culte divin et la discipline des sacrements, revêtue des fameuses mosaïques depuis 2005.

(…) Ailleurs à Rome1, les autres lieux présentant les travaux de Marko Rupnik ne sont pas de moindre importance. C’est le cas de la chapelle du séminaire pontifical majeur de la capitale. Depuis 2021, le principal lieu de prière des futurs prêtres de Rome est recouvert de peintures de l’ancien jésuite.

(…) De très nombreuses curies généralices, sortes de quartiers généraux romains des congrégations religieuses du monde entier, ont également fait appel au mosaïste. C’est le cas des jésuites, mais aussi des marianistes ou des sœurs hospitalières du Sacré-Cœur de Jésus. Les séminaristes français en formation à Rome retrouvent aussi le mosaïste dans leur chapelle, ainsi que dans le réfectoire où ils prennent leur repas trois fois par jour. Collèges pontificaux, policliniques et paroisses complètent cette longue liste.

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