La confusion entre for interne et for externe, et les abus de pouvoir spirituels

Lorsque dans une communauté paroissiale, ou résidentielle, on favorise la fraternité, la solidarité dans la prière, le partage, la mise en commun, il est presque inévitable que beaucoup de choses qui relèvent de la vie privée, soient connues dans la communauté. C’est une grâce de partage qui exige discrétion, et confidentialité. Si celles-ci ne sont pas respectées, les conséquences peuvent être graves.

Il est donc indispensable que les prêtres, les laïcs en mission ecclésiale, et ceux qui collaborent au suivi pastoral des personnes, connaissent bien les enjeux du secret, de la discrétion, du respect de la vie privée, et de la défense des personnes vulnérables. Non seulement vis-à-vis de la communauté et des croyants individuels, mais aussi vis-à-vis des autorités. Ce sont des questions importantes qu’il faut approfondir si l’on veut éviter que les abus et les déviances se multiplient.

Un exemple : le livre La déontologie des ministères ecclésiaux (Ed. du Cerf, 2007), un ouvrage publié à l’initiative du Groupe des canonistes francophones de Belgique. On y trouve un chapitre éclairant qui cite dix règles déontologiques des fonctions ecclésiales : 1. Principe général : respect de la dignité des personnes. 2. Devoir de loyauté. 3. Devoir d’exemplarité. 4. Obligation de dignité. 5. Obligation de réserve. 6. Incompatibilités diverses. 7. Devoirs de collaboration et de confraternité. 8. Devoir de conseil. 9. Devoir de formation permanente. 10. Devoir de discrétion et secret professionnel.

C’est ce dernier point que nous voulons aborder ici, en examinant plus profondément la question de la confusion du for interne et du for externe, et de la porte qu’elle ouvre vers les abus spirituels, qui se révèlent suffisamment présents pour qu’on doive y réfléchir.

1. For interne, for externe, la notion la plus détestée des gourous

For externe, for interne, de quoi s’agit-il ?

Cette notion est fondamentale pour le discernement d’une vocation, et pour la vie spirituelle en général. Le for externe est ce que nous faisons au regard de la société, des autres, et dont nous devons rendre compte. Le for interne concerne notre vie privée, la plus intérieure, celle que l’on partage à un accompagnateur spirituel quand il s’agit de notre relation à Dieu, (parfois à un confesseur), en tout cas sous le sceau de la confidence et devant rester en « for interne », c’est-à-dire ne pouvant être communiqué à des tiers sans notre accord. Continuer la lecture de « La confusion entre for interne et for externe, et les abus de pouvoir spirituels »