Reiki, réflexologie, naturopathie : deux tiers des « médecines alternatives » épinglées par la répression des fraudes pour pratiques commerciales trompeuses

Le quotidien du Médecin, Léa Galanopoulo – Publié le 18/03/2022

De la naturopathie, à la réflexologie, en passant par des pratiques plus obscures faisant intervenir guérisseurs Reiki, flux d’énergie ou autre magnétisme… Les pratiques de soin non conventionnelles ont le vent en poupe, boostées par la crise sanitaire. Désormais, 40 % des Français auraient recours à un traitement alternatif. Un public parfois en « situation de grande vulnérabilité, consultant dans une période de mal-être ou confrontés à un problème que la médecine conventionnelle ne leur semble pas pouvoir résoudre », alerte la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Pour la seconde fois, la répression des fraudes épingle les « risques » de ces pratiques et a rendu public, cette semaine, une enquête sur ces thérapeutes revendiqués.

Ainsi, d’octobre 2020 à septembre 2021, la DGCCRF est allée inspecter les cabinets d’une cinquantaine de disciplines alternatives, des plus connues comme l’acupuncture, l’hypnothérapie ou la naturopathie, à certaines plus farfelues, comme « les pratiques revendiquant une action sur les ondes ou les flux d’énergie (« access bars », thérapie « quantique », « biorésonance », « géobiologie », magnétisme) », détaille la direction qui dépend du ministère de l’Économie.

Sur les 381 établissements contrôlés, 261 ont été rappelés à l’ordre, en grande partie pour pratiques commerciales trompeuses, allégations trompeuses, ou encore exercice illégal de la médecine ou usurpation de titre. Au total, les services de la DGCCRF « ont relevé un taux d’anomalie de 66 %, à peine inférieur à celui issu de la précédente enquête menée en 2018 ».

Confusion des genres

Globalement, la DGCCRF reproche à ces thérapeutiques une « confusion sur le statut professionnel et des allégations trompeuses ». Confusion qui s’opère insidieusement par la reprise « des codes médicaux ».

Une plaque vissée devant un cabinet, un logo ressemblant étrangement à un caducée ou des ouvrages médicaux dans la salle d’attente : les prétendus praticiens n’hésitent pas à brouiller les pistes, « créant un doute dans l’esprit du consommateur sur la nature de la prestation ». La confusion règne, d’autant plus que ces naturopathes ou autres thérapeutes de toute sorte peuvent parfois s’installer au sein d’une maison ou d’un centre de santé pluridisciplinaires.

Aussi, « le référencement de ces praticiens dans des annuaires dédiés aux professions médicales ou paramédicales contribue à induire en erreur le consommateur sur le contenu et la finalité non thérapeutique de leurs prestations ». Et en effet, un clic sur Doctolib par exemple permet de prendre rendez-vous avec un « coach énergétique reiki » en Normandie, un « centre de thérapies douces » dans le Bas-Rhin ou un « psychologue énergétique » à Paris. Une confusion des genres qui avait d’ailleurs été dénoncée par le Conseil national de l’Ordre des médecins. En vain.

« Libérateur d’entité »

S’il ressort de l’enquête de la répression des fraudes que ces thérapeutes « sont parfaitement conscients de ne pas appartenir au milieu médical », force est de constater que certains d’entre eux « usent abondamment dans leur communication de termes et expressions en rapport avec la santé et les maladies », note la DGCCRF. Or, les communications en lien avec la santé, les maladies, sont strictement encadrées par le Code de la consommation. Il est ainsi considéré comme une pratique commerciale trompeuse d’« affirmer faussement qu’un produit ou une prestation de services est de nature à guérir des maladies, des dysfonctionnements ou des malformations », affirme la loi.

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