Le peuple chrétien, sans toujours pouvoir l’exprimer, a considéré la Vierge Mère comme un abrégé de la foi. Et il est vrai que les quatre grandes affirmations dogmatiques sur Marie s’adressent à tout être humain. Ce sont comme quatre icônes de l’amour sauveur et créateur du Père par le Fils dans l’Esprit :
– La maternité divine parle de l’Incarnation du Fils de Dieu également Fils de l’Homme ;
– La virginité révèle la force de Dieu qui crée une nouvelle humanité par l’opération de l’Esprit ;
– L’immaculée conception dévoile le primat de la Grâce du Christ et la victoire suprême de sa Rédemption ;
– L’assomption signifie la Résurrection comme glorification finale et totale de l’Humanité et de la Création par la puissance de la très sainte Trinité.
C’est comme si Marie reflétait et annonçait toutes les facettes de la Révélation. Un plus grand attachement à l’unique Révélation est donc le terreau dans lequel s’enracinent les critères de discernement de nouvelles révélations privées ou de nouvelles apparitions mariales.
1. Révélations et apparitions : quelle place dans la vie du chrétien ?
Le Synode sur la Parole de Dieu
En 2008 s’est tenu à Rome un Synode sur la Parole de Dieu. Benoît XVI en a donné la synthèse dans l’Exhortation Apostolique
« Verbum Domini » en 2010 ; voici ce qu’il écrit au n° 14, sur le sujet qui nous intéresse :
« L’Église exprime qu’elle est consciente de se trouver, avec Jésus Christ, face à la Parole définitive de Dieu ; il est « le Premier et le Dernier » (Ap 1, 17). Il a donné à la création et à l’histoire son sens définitif ; c’est pourquoi nous sommes appelés à vivre le temps, à habiter la création de Dieu selon le rythme eschatologique de la Parole ; « l’économie chrétienne, du fait qu’elle est l’Alliance nouvelle et définitive, ne passera jamais et aucune nouvelle révélation publique ne doit plus être attendue avant la glorieuse manifestation de notre Seigneur Jésus Christ (cf. 1 Tm 6, 14 et Tt 2, 13) » (Dei Verbum, 4).
En effet, comme l’ont rappelé les Pères durant le Synode, « la spécificité du Christianisme se manifeste dans l’événement Jésus-Christ, sommet de la Révélation, accomplissement des promesses de Dieu et médiateur de la rencontre entre l’homme et Dieu […]. Saint Jean de la Croix a exprimé cette vérité de façon admirable :
« Dès lors qu’il nous a donné son Fils, qui est sa Parole – unique et définitive –, il nous a tout dit à la fois et d’un seul coup en cette seule Parole et il n’a rien de plus à dire. […] Car ce qu’il disait par parties aux prophètes, il l’a dit tout entier dans son Fils, en nous donnant ce tout qu’est son Fils. Voilà pourquoi celui qui voudrait maintenant interroger le Seigneur et lui demander des visions ou révélations, non seulement ferait une folie, mais il ferait injure à Dieu, en ne jetant pas les yeux uniquement sur le Christ et en cherchant autre chose ou quelque nouveauté » (Montée au Mont Carmel, II, 22).
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