Dominique Auzenet1
Ce livre, « Dialogues avec l’Ange », dont la première édition date de 1976, a eu un succès planétaire, traduit en 18 langues… Incontournable! Il était donc nécessaire de publier un article sur ce site, pour donner quelques éléments de de compréhension et de discernement par rapport à la foi chrétienne.
I. LES PERSONNES
1. Gitta Mallasz
Je cite ici quelques extraits de l’article de Wiki2 (bien qu’il n’envisage aucune distanciation critique…) Née3 en 1907 à Laibach (Carniole, Autriche-Hongrie) et décédée en 1992 à Tartaras (commune d’Ampuis), elle s’est fait connaître par la publication du livre Dialogues avec l’ange dont elle se disait être le « scribe » et non « l’auteur ».
Très douée pour la natation, elle intègre en 1929 l’équipe nationale hongroise et obtient la médaille de bronze du 4 × 100 m nage libre aux Championnats d’Europe de natation 1931 à Paris, ainsi que d’autres médailles dans ce sport. Elle fait ainsi connaissance de Lili Strausz, professeur d’expression corporelle et de relaxation, qui pratique aussi le massage.
Par la suite, Gitta Mallasz reprend le dessin, renoue avec Hanna Dallos (amitié de l’école des arts décoratifs) et travaille dans l’atelier que celle-ci dirige avec son mari Joseph Kreutzer, concepteur de meubles à Budapest. Elle y est graphiste, principalement pour le tourisme et la publicité. L’antisémitisme sévissant à Budapest, c’est elle, l’ex-championne et par ailleurs chrétienne, qui ramène les commandes qu’Hanna et Joseph, juifs, ne peuvent plus solliciter.
La Seconde Guerre mondiale éclate. L’atmosphère devient lourde et angoissante. Hanna et Joseph Kreutzer louent une petite maison dans les environs de Budapest, réduisent leurs activités pour se consacrer à l’essentiel. Gitta Mallasz et Lili Strausz les rejoignent et les quatre jeunes gens discutent souvent le soir de leur situation dans cet environnement hostile, à la recherche du sens de leurs existences.
Le 25 juin 1943, au cours de leurs discussions quotidiennes, alors que Gitta présente ses réflexions à Hanna, celle-ci avertit : « Attention ! Ce n’est plus moi qui parle ! ». Commencent alors les Dialogues avec l’ange : 17 mois d’un enseignement spirituel reçu et transmis par Hanna, qui s’achèvera dans un ancien collège transformé en atelier de confection militaire pour tenter de sauver plus d’une centaine de femmes et d’enfants juifs.
Alors que l’étau nazi finit par toucher la Hongrie en mars 1944, Joseph est déporté le 3 juin et Hanna et Lili partiront le 2 décembre à Ravensbrück. Ils ne reviendront pas. Gitta se retrouve seule avec les cahiers où sont transcrits les enseignements.
Après la fin de la guerre, alors que la Hongrie se retrouve derrière le rideau de fer, Gitta Mallasz ouvre un nouvel atelier à Budapest et devient dessinatrice de costumes et interprète du Állami Népi Együttes (Ensemble folklorique national). De ces années-là, malgré sa réussite professionnelle, elle dira qu’elle était comme un cadavre ambulant. En 1960, elle « choisit la liberté » et s’installe en France.
Afin que sa famille ne soit pas persécutée, elle contracte un mariage blanc qui deviendra un mariage d’amour avec Laci Walder, un juif communiste, ancien des Brigades internationales. En 1967, elle obtient la nationalité française. Avec son mari, Hélène Boyer et de nombreux amis, elle s’attelle à la traduction de ses notes pour un livre qui sera publié sous le titre Dialogues avec l’ange.
L’écrivain Claude Mettra, producteur à France Culture, consacre le 22 mars 1976 une émission à Gitta Mallasz et à son aventure spirituelle. Dans la foulée, le texte est publié chez Aubier. Une Radioscopie de Jacques Chancel le 10 mars 1977 fait connaître l’ouvrage auprès du grand public.
Son mari Laci Walder meurt en 1982. Gitta Mallasz se refuse obstinément à devenir gourou alors que tout l’y invite. Mais en juin 1983, une invitation pour une conférence à l’Institut C. G. Jung de Zurich fait déclic : dès lors, Gitta Mallasz consacrera le reste de sa vie à commenter les Dialogues avec l’ange, et à mettre en garde contre les mauvaises interprétations, soit au cours de conférences, soit par des livres de commentaires.
En 1988, un grave accident lui casse les deux poignets. Elle quitte alors sa petite maison du Périgord pour aller vivre à Tartaras (commune d’Ampuis), dans les vignes de la Côte-Rôtie, auprès de Patricia et Bernard Montaud, avec lesquels elle a noué une grande amitié. Depuis 1985, c’est ce dernier qui organise ses conférences. Elle y vivra ses dernières années paisiblement, écrivant ses derniers livres et continuant à transmettre l’enseignement des Dialogues avec l’ange. Elle meurt en 1992.
2. Marguerite Kardos
L’association pour la diffusion des « Dialogues avec l’Ange » (ADDA)
« souhaite faire connaître l’enseignement des Dialoguessi pertinent aujourd’hui pour notre monde en transition. Elle souhaite offrir une source d’approfondissement de ce message de Lumière à tous ceux qui souhaitent en rayonner et le faire rayonner ».
Parmi les membres d’honneur, on peut relever le nom d’Annick de Souzenelle (décédée en 2024) ; la présidente du bureau est Marguerite Kardos4. Je cite un long extrait de l’info-bulle qui s’ouvre lorsqu’on clique sur son nom (sur le site de l’ADDA).
« J’étais encore enfant, lorsque j’ai senti les yeux bleus de Gitta embraser mon âme, dans notre appartement à Budapest. Mais c’est seulement en 1965 à Paris qu’elle m’a offert le manuscrit hongrois de son expérience fondatrice, reçu en 1943-44. Dans ma petite mansarde, avec une soif inextinguible j’ai répété inlassablement, à voix haute, la parole de feu des Anges. L’ange m’appelait au plus intime : « Me connais-tu ? » (G1) « Quel est ton désir le plus ardent ? » (L.21) Ou : « Il y a un miroir merveilleux en toi… c’est LUI qu’il reflète, mais seulement s’il y a silence. » (17G).
Constante remise en question, afflux de forces renouvelantes, éveil des potentialités dormantes, convocation à oser prendre l’envol vers l’individualité libre et créative… L’ange invite nos aptitudes ignorées à se déplier. Il nous inspire comment solliciter des forces du futur pour faire naître l’Homme Nouveau. « Il n’y a pas de mal, il n’y a que la tâche qui n’est pas reconnue. Son non-accomplissement te détruit. C’est en cela que le mal est le berceau de la Joie » (29G) Mais quelle est ma Tâche ?
Devant une mise à feu de mon être qui me calcinait, Gitta m’a proposé de rejoindre son petit groupe de traducteurs de Dialogues avec l’ange. (…)
Quelle joie de constater qu’à notre époque de transition, l’enseignement des anges devient une nourriture indispensable pour de plus en plus d’âmes à travers le monde ! « Il y aura Délivrance, lorsque l’Unique Lumière aura percé les ténèbres les plus profondes. Nous tous y travaillons. Avec joie et gratitude. Gratitude. » »
II. DIMENSION HISTORIQUE
1. Un texte révélé ?
Tout est fait pour présenter ces « Dialogues » comme un « texte révélé », avec une magnifique histoire un peu larmoyante à l’appui. Il faudrait prendre le temps de la vérification. Admettons que les grandes lignes de l’histoire soient vraies : même avec cette concession, le point le plus fondamental pose problème. Tout l’ouvrage repose sur l’idée d’une « révélation » qui aurait été faite à des personnes détachées de toute religion et sans appartenance religieuse concrète (trois Juifs détachés de leur tradition familiale et une chrétienne non pratiquante). La dramaturgie du livre (« Attention! ce n’est plus moi qui parle ! ») et la présentation qui en est habituellement faite vont dans ce sens.
Or le contenu du livre peut être rapproché sans difficulté de pans entiers de la littérature ésotérique antérieure. La question a se poser est donc : les quatre protagonistes, étaient-ils si détachés de toute appartenance « religieuse » ?
Il faudrait une enquête approfondie pour savoir d’où ils venaient, quelles étaient leurs lectures, leurs pratiques, leurs appartenances éventuelles… Mais rien qu’en s’en tenant aux déclarations des porte-parole actuels des « Dialogues », la moisson est déjà abondante.
Écoutons Marguerite Kardos, interviewée par Frédéric Lenoir sur France Culture. Voici ce qu’elle déclare à la 7e minute à propos des protagonistes : « Il faut dire que c’était quatre personnes qui ne pratiquaient aucune religion, qui avaient une recherche spirituelle intense, qui lisaient la Bhagavad Gita, qui lisaient de la haute… le Tao Te king, qui lisaient… Brunton, sur les secrets de l’Inde, qui avaient une vraie recherche, une soif infinie de vérité, mais qui n’étaient engagés dans aucune religion… »
Elles n’étaient donc pas quatre personnes ordinaires sur qui un message serait « tombé » d’un coup, en pleine guerre mondiale. « Lili » était masseuse, nous dit-on, mais aussi professeur de yoga, ce qui était rare à l’époque. Ils lisaient du Paul Brunton5 et de la « spiritualité orientale », ce qui est aujourd’hui banal mais qui, dans les années 1940, restait tout de même l’apanage, généralement, des membres de la Société théosophique et de ses divers satellites. Brunton lui-même était un « converti » de Charles Henry Allan Bennett et gravitait dans les mêmes cercles.
Bref : les quatre protagonistes ne sont manifestement pas des personnes ordinaires. Ce sont des ésotéristes, plus ou moins assumés… qui ont « reçu » d’un « ange » un message qui n’était que la confirmation de ce qu’ils trouvaient déjà dans leurs lectures.
2. L’arrivée en France
Ce sont les milieux jungiens qui ont assuré l’édition et sa promotion du livre, et tout particulièrement une personne qui semble avoir joué un rôle majeur : Michel Cazenave.
Ce sont les milieux jungiens qui ont assuré l’édition et sa promotion du livre. Claude Mettra et Yves Jaigu appartiennent au petit monde à l’œuvre derrière l’organisation du « colloque de Cordoue » : https://fr.wikipedia.org/wiki/Colloque_de_Cordoue . Un autre semble avoir joué un rôle majeur dans la promotion des Dialogues : Michel Cazenave.
Ce dernier a été l’un des centres de gravité discrets de l’ésotérisme savant, un inlassable apôtre de toutes sortes de textes et de personnages douteux et c’est une figure très injustement délaissée par les spécialistes du « fait religieux » en France. Marguerite Kardos elle-même a été élève et, selon ses propres mots, « disciple » d’Henri Corbin, autre jungien et universitaire ésotériste gravitant quelque part entre Guénon, Jung, Eliade et l’approche distanciée d’Antoine Faivre.
III. DIMENSION DOCTRINALE
1. Une littérature ésotérique, et un horizon naturaliste
« Il faut reconnaître que le discernement n’est pas facile ; l’ouvrage relate la pédagogie de quatre Etres « célestes », entrant à tour de rôle en contact avec quatre amis – un homme et trois femmes – au moyen de messages, délivrés pendant dix-sept mois par la bouche d’une des participantes (Hanna). Chaque Ange exige de son accompagné(e) une prise en main responsable de sa vie qu’on ne peut qu’approuver. Cependant, au-delà de bon nombre d’aspects positifs, il faut bien constater que les discours de ces Messagers s’écartent de l’Evangile sur des points qui sont loin d’être secondaires. Les quelques échanges proposés ci-dessus devraient éveiller notre vigilance ; ils nous invitent à situer ces dialogues plutôt parmi la littérature ésotérique, se déployant sur un horizon naturaliste6 ».
Textes
1- « Tant que tu ne sens pas où tu dors, il est difficile de t’éveiller. Dois-je montrer l’endroit ? – (Gitta) Ah oui ! (Geste vers mon front, entre les yeux) – La seule façon de t’éveiller est de cesser de rêver. Vous rêvez tous. Chaque existence, pas seulement la vôtre, n’est que rêve. Un seul éveil : Lui » (25 sept. 1943).
2- « En vérité il n’y a pas de péché. Il envoie le péché pour que vos yeux s’ouvrent » (22 oct. 1943).
3- (Gitta) « Que faut-il comprendre par “Trinité” ? – Elle est en toi. Si tu crois. Le monde créé : le Fils ; le Créateur : le Père ; le pont : le Saint Esprit. En vérité elle est une » (5 nov. 1943).
4- (Gitta) « Qu’est-ce que la résurrection ? – Mal nécessaire. Si tu es en haut, il est vain de ressusciter. Seul ce qui est en bas ressuscite. Tombé au fond du tombeau, il resurgit. Jeu de marionnettes… éblouissement ! Qu’y a-t-il à ressusciter, si tu es un avec lui ? Son royaume viendra. Si vous l’appelez, il viendra. Et tout cela est en vous » (17 déc. 1943).
Gitta Mallasz, Dialogues avec l’Ange
Analyse
1- « Le premier échange reprend la thèse chère aux Traditions orientales, selon laquelle le monde phénoménal, chaque entité particulière et ultimement chaque individu, ne serait qu’une illusion (Maya) dont l’adepte devrait se dégager pour réaliser son identité au Soi cosmique divin. On se souvient que le Bouddha est désigné comme l’« Eveillé », et le cheminement de l’adepte comme une recherche de l’« éveil », entre autres par concentration sur le « troisième œil », c’est-à-dire le chakra situé entre les sourcils des yeux.
2- Dans un contexte naturaliste et moniste, il ne peut y avoir de « péché ». Il n’y aurait en effet selon cette doctrine aucune altérité ni relation réelle au sein du divin immanent. Dès lors la notion d’Alliance s’évanouit et le péché se voit réduit à une erreur de parcours dont il faut tirer profit.
3- La définition de la Trinité proposée par « l’Ange » confirme notre analyse : le Fils est identifié au monde, qui n’est pas réellement distinct de celui qui est improprement désigné comme « créateur », puisque d’après le contexte, il s’agirait d’un processus d’émanation et non de création. Le « pont » entre ciel et terre est ici assumé par l’Esprit Saint, mais en d’autres passages c’est l’homme lui-même qui constitue cette unité entre le Principe divin et le monde. Sa mission étant précisément de dépasser la dualité apparente pour réaliser l’identité primordiale et finale de l’Unique Principe.
4- C’est ce qu’exprime l’interprétation de la Résurrection proposée par l’Ange : celle-ci ne serait qu’une image de la prise de conscience de l’homme de sa nature divine immanente. Il ne s’agit donc pas de la participation à la Résurrection de Notre Seigneur et Sauveur Jésus dans la foi, mais d’une expérience intérieure que chacun serait appelé à réaliser au terme de son cheminement individuel ».
2. Le piège subtil des ésotérismes christiques
Allons plus loin encore dans la réflexion en prenant en compte d’autres passages plus problématiques encore7.
Textes
« J’annonce un nouveau Noël qui ne sera pas suivi de Pâques. Pâques qui déjà maintenant n’est que coquille vide » (24 déc. 1943).
« Si tu crois en toi-même, c’est en lui que tu crois. Ne t’égare pas : il n’y a que l’UN.
Sur la croix qui se dresse vers le ciel, sur elle, crucifié, le Fils de l’homme a parlé ainsi : “ Mon Père, pourquoi m’as-tu abandonné ?” Et lui n’a pas répondu (28 avril 1944) ».
« Ne mettez pas dans votre bouche l’Hostie, mais soyez l’Hostie » (9 juin 1944).
« L’ancienne croix est vermoulue, le corps crucifié tombe en poussière avec elle. Mais le nouveau corps naît, il grandit. Le Nouvel Etre ouvre grand ses bras » (29 juin 1944).
« Au-delà de l’autel, au-delà de l’Eglise, là seul se trouve le Nouveau. L’Eglise est l’ancienne patrie, bastion autour des sentiments. La nouvelle loi, la nouvelle grâce la co-naissance remplit tout » (15 sept. 1944).
« La foi n’est que préparation : n’ayez plus de foi ! » (2 oct. 1944).
Gitta Mallasz, Dialogues avec l’Ange
Analyse
« Sans doute certaines personnes seront-elles étonnées – voire choquées – de ne voir citer que des extraits ambigus sur le Christ, alors que des passages édifiants de ce même ouvrage sont passés sous silence. A vrai dire, en ce qui concerne la christologie, nous n’avons trouvé que l’entretien 80 (20 oct. 1944), qui satisfasse aux exigences d’une lecture critique. Pour le reste, les « Anges » proposent plutôt un enseignement gnostique dans lequel il est impossible de retrouver la saveur évangélique. Le discours est confus, ouvert à de multiples interprétations.
Même si le fil rouge est une invitation à la générosité et au courage dans le don, on ne peut s’empêcher de constater que le ressourcement ne se fait ni dans la croix du Seigneur Jésus Christ, ni dans ses sacrements, ni dans rien de ce que propose l’Eglise. Dans la stricte logique de l’humanisme ésotérique ou gnostique, l’homme est certes invité à faire le bien, à se donner, mais en ne s’appuyant que sur ses propres forces immanentes. Le ressourcement est supposé se faire dans un contact immédiat avec le Dieu intérieur, sans aucune médiation sacramentelle ou ecclésiale. Chacun de nous n’aurait qu’à devenir ce qu’il serait déjà et par nature : un christ.
Nous touchons peut-être ici au piège le plus subtil des ésotérismes christiques (mais peu chrétiens !) qui ne parlent pas du Jésus de l’Evangile, mais d’un « Christ », décrit dans un langage symbolique, totalement coupé de l’Incarnation concrète du Verbe éternel et des médiations qu’il a laissées à son Eglise.
(…) Émettre un doute sur l’orthodoxie de ces « Dialogues » et sur la nature de ces « Anges » n’enlève rien au courage et à la générosité dont ont fait preuve ceux qui ont reçu leur message. Mais le trouble suscité par cet ouvrage en milieu chrétien ne plaide pas en faveur de l’origine divine de ces entretiens ». Pour conclure de façon synthétique, nous sommes en présence d’un texte tout à fait caractéristique de l’ésotérisme. Le thème du maître intérieur, du Soi qu’il permet de réaliser mais qui est déjà en soi, l’ambiguïté savamment entretenue entre ce qui est en soi et ce qui est transcendant, la rhétorique du dépassement des religions, sans oublier la dimension chrétienne assumée mais présentée de telle sorte que le christianisme devienne « ésotérique »… De nombreux passages sont tout de même très « jungiens ».
IV. RAMIFICATIONS ACTUELLES
1. Bernard Montaud
Bernard Montaud organise les conférences de Gitta Mallasz depuis 1985. Bien sûr, son site est à visiter : https://bernardmontaud.org/
Il s’y présente comme : « Héritier spirituel de Gitta Mallasz, auteur, fondateur de la Psychanalyse Corporelle, de la Psychologie Nucléaire, de la voie spirituelle occidentale Artas et de plusieurs associations d’aide et d’accompagnement spirituel. »
Psychanalyse corporelle
« Un siècle après l’invention par Freud de la psychanalyse verbale, Bernard Montaud a découvert et codifié une nouvelle voie d’accès au subconscient : le corps et sa sincérité sans concession. Cette découverte a donné naissance à la psychanalyse corporelle.
Il est aujourd’hui possible de revivre corporellement notre passé au travers de 8 couches de mémoire, et d’assister psychiquement aux films des 4 scènes fondamentales de notre histoire, qui ont construit notre personnalité ». (citation du site)
Cette vidéo présente la psychanalyse corporelle… Nous voilà donc dans un mélange psycho-spirituel, tentant de revisiter la blessure initiale… Mais sans doute plus encore, l’exercice de pouvoirs énergétiques : regardez cette seconde vidéo sur la Miséricorde, quelques secondes à partir de la seconde 0.25 …8
Toutefois, on peut exprimer beaucoup de réticences et d’interrogations par rapport aux explications données aux contorsions mises en scène dans la première vidéo… Des rapprochements peuvent être faits avec les phénomènes suspects accompagnant la « Bénédiction de Toronto » dans le Renouveau charismatique. Mais aussi avec les transes de possession observées lors des exorcismes… ou lors des voyages chamaniques… Également avec certains phénomènes incontrôlés déclenchés par des soins « énergétiques ». Une question surgit : quelle est la part de conditionnement et d’induction dans les stages proposés… ?
La doctrine teintée d’orientalisme et de christianisme professée par B. Montaud se rapproche aussi du mouvement du potentiel humain. Une pratique non-conventionnelle à visées thérapeutiques, issues du New age, contre laquelle la Miviludes met en garde par ailleurs. Le Mouvement du Potentiel Humain9, associé au Nouvel Age (Age du Verseau), promeut une vision millénariste et totalitaire, prédisant la venue d’un nouveau type d’homme au potentiel ilimité.
Artas
Il faut prendre le temps de visiter le site https://www.artas.org/ L’entonnoir est extrêmement bien fait pour nous faire parvenir là où les concepteurs ont prévu de nous faire aboutir. Je cite ici un article en ligne sur le site « Blast, le souffle de l’info10 ».
« Dès 1984, Bernard Montaud a lancé « A.R.T.A.S » – contraction de « l’Académie de Recherches Traditionnelles sur les Arts Sacrés ». Cette association est dédiée aux « recherches énergétiques traditionnelles ». Si elle a changé plusieurs fois d’objet, elle se concentre désormais à la pratique de « l’assise immobile ». Cette forme de méditation mystique est basée sur la « psychologie nucléaire », concept développé par Bernard Montaud.
Il tient les premières réunions dans un château en Ardèche près d’Annonay. C’est là qu’il peaufine l’enseignement de la « psychanalyse corporelle », autre de ses découvertes. Cette thérapie permet de « retrouver des instants marquants de son passé par des postures corporelles ».
« Ça ressemble à de l’hypnose : vous êtes allongé en silence, on relâche le corps pour provoquer des spasmes », précise à Blast Jean-Marie Montagut. Successeur de Montaud, Montagut est responsable de l’Institut français de psychanalyse corporelle. Le thérapeute tient à le préciser : « Notre démarche ne propose pas de se soigner dans le cadre d’une cure, c’est une démarche de recherche personnelle. »
La précision a son importance : Blast n’a trouvé trace nulle part d’une formation ou d’un diplôme – en psychologie ou psychanalyse – dans le bagage scientifique de Bernard Montaud. Pas plus que d’études ou de publication scientifique sur la psychologie nucléaire ou la psychanalyse corporelle. Pourtant, pour ceux qui le souhaitent, s’y former prend 5 ans, comme l’indique Jean-Marie Montagut – sans préciser le coût d’une telle formation. »
La Communauté des Croyants du Parvis
Pour en revenir au site de Bernard Montaud, on peut constater une image de célébration de l’eucharistie sur cette page qui renvoie par ailleurs au site « Les croyants du Parvis ». On y découvre aux côtés de Bernard Montaud le Fr. Samuel Rouvillois, frère de Saint Jean… renvoyé du diocèse d’Avignon en 201911…
Dans un podcast (encore sur zeteo) « L’Ange gardien, meilleur ami de l’homme », Bernard Montaud, en présence de Samuel Rouvillois, fait la promotion d’un « cheminement spirituel où la psychothérapie et les techniques d’investigation du passé, basée sur la mémoire du corps, offrent des voies de guérison »… Quelle salade avec l’Ange gardien !
2. D’autres recherches à faire
Le « forum 104 » (https://www.forum104.org/ ) a aussi servi de caisse de résonance à la fois théorique et pratique pour la promotion des « Dialogues » et il y a sans doute d’autres lieux et d’autres groupes.
Dans l’émission où Marguerite Kardos est interviewée, Lenoir et Kardos indiquent le rôle joué par Juliette Binoche dans la promotion des « Dialogues ». Lenoir indique également que ce livre a probablement influencé Paolo Coelho dans la rédaction de « L’Alchimiste ». A l’appui de cette affirmation, il rapproche l’idée de tâche dans les « Dialogues » avec celle de légende personnelle chez Coelho. Si cette influence était vérifiée, cela signifierait que la postérité de ces « Dialogues » est plus importante encore que ce que l’on pouvait imaginer. Il est aussi question de Pierre Rabhi, qui aurait été, d’après cette même émission, un grand lecteur des « Dialogues »…
***
Après ces réflexions, peut-on encore supposer que le message de « l’Ange » ait été reçu par « channeling » comme le fait l’article de Wikipedia12 ? « Dialogues avec l’ange est parfois catégorisé comme channeling ou présenté comme un ouvrage précurseur de ce genre du New Age. Comme dans les messages spirituels de cette catégorie, il semblerait qu’une entité se serve d’un être humain comme d’un médium pour transmettre un enseignement. Dans ce cas précis, l’entité étant désignée comme un Ange, et bien que Gitta Mallasz ait également utilisé l’appellation « maître intérieur », ces « entretiens » ont précédé ou provoqué un engouement pour la communication avec les anges13 ».
À vous de répondre. Un ange passe…
1 Avec le concours d’Adrien Bouhours
2https://fr.wikipedia.org/wiki/Dialogues_avec_l%27ange
3Extrait de l’article de Wiki.
4Marguerite Kardos est linguiste-orientaliste, spécialiste de Sumer et des médecines sacrées. Elle est également thérapeute et praticienne en énergétique chinoise traditionnelle.
5Paul Brunton a écrit L’Inde secrète. C’est, entre autres, le livre par lequel est né l’engouement pour « Ramana Maharshi » et c’est un jalon important, un peu avant le Pèlerinage aux sources de Del Vasto (1943) et une génération avant Arnaud Desjardins, dans la popularisation de la quête du gourou.
6Cette partie reprend un texte du P. Joseph-Marie Verlinde publié en 2005 dans Channeling, sur le site final-age
7Second article du P. Verlinde, sur son site.
8Au passage, les victimes d’abus apprécieront ce qui est dit sur la « non nécessité de règlements de comptes judiciaires sur les circonstances de pédophilie avérées »…
9Voir l’article de Wiki https://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_du_potentiel_humain
10Extrait de l’article : « La petite secte qui monte en Europe #2 : La vie de château de l’ostéo français qui parle avec les anges »
11https://www.liberation.fr/france/2019/06/25/un-religieux-a-la-grande-notoriete-renvoye-brutalement-du-diocese-d-avignon_1735099/
12https://fr.wikipedia.org/wiki/Dialogues_avec_l%27ange
13Voir mon article : « Êtres de lumière, guides spirituels, anges… » https://sosdiscernement.org/etres-de-lumiere-guides-spirituels-anges/ avec les livrets afférents à télécharger.