Une secte à l’école ?

En France, il existe des écoles hors-contrat qui interrogent. Parmi elles, la pédagogie Steiner-Waldorf. Récemment pointée du doigt par la Miviludes, il semblerait que la réalité de cette pédagogie soit bien plus opaque qu’il n’y paraît. Alors, entre histoires de violence et potentielles dérives ésotériques, que se passe-t-il vraiment au sein de ces établissements ?

Ce documentaire, qui s’inscrit dans une série sur les dérives sectaires, s’appuie sur des documents historiques et des témoi­gnages d’anciens élèves qui mettent en lumière la face cachée des écoles Steiner.

Au cours de son travail sur les dérives sectaires, Maxime, le réalisateur, a constaté que ses interlocuteurs abordaient souvent la question des écoles Steiner, ce qui l’a amené à se pencher sur le sujet. L’intérêt que la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) porte à ces établissements scolaires l’a conforté dans son choix.

Une part importante du documentaire aborde l’histoire de l’Anthroposophie et de son fondateur Rudolf Steiner afin de mieux comprendre le système de pensée à l’ori­gine des écoles Steiner et de leur pédagogie.

Le documentaire, qui s’appuie sur l’expertise du président de la Miviludes et d’asso­ciations de lutte contre les dérives sectaires, a surtout donné la parole à des témoins ayant vécu de mauvaises expériences au sein de ces écoles. Plusieurs se sont mani­festés mais un seul, prénommé Léa, a osé témoigner publiquement.

Grégoire Perra, ancien élève et ancien professeur, et surtout le premier à avoir dénoncé publiquement les dérives qui peuvent exister dans l’Anthroposophie, a lui aussi été interviewé par Maxime.

Si Maxime a choisi de ne pas évoquer les récits positifs d’anciens élèves d’Ecoles Steiner, c’est que, selon lui, il est facile d’en trouver sur internet. Il a préféré donner la parole à ceux qui en ont rarement l’occasion.

Il a choisi de diffuser son documentaire sur YouTube afin de toucher un public jeune qui regarde peu la télévision.

Depuis sa mise en ligne plusieurs personnes se sont manifestées pour lui rapporter des faits similaires à ceux relatés par Léo.

Qui sont les Granola nazis ?

Qui sont les Granola Nazis, ces influenceuses d’extrême droite ?

Laure Coromines, sur le site ADN


Au travers de leurs astuces ménagères, éloges de la vie saine et imageries guerrières, elles disséminent les préceptes sur lesquels reposait l’idéologie du Troisième Reich.

Qui aurait imaginé qu’un pot de confiture fait maison pourrait être chargé de tout le fiel de l’imagerie néonazie ? Entre lait fraîchement tiré et vie au grand air, les digital traditionalist women, des « femmes qui expriment en ligne leurs opinions traditionalistes », cultivent avec soin une image ingénue sur Instagram. Rien ne saurait être plus trompeur. Au cœur de la sphère, un noyau dur : les « Granola Nazis » qui se lèvent tôt pour préparer à leurs enfants un petit-déjeuner sain et nourrissant à base de noix et flocons et d’avoines, et croient fermement en l’existence d’une race blanche supérieure dont elles seraient les garantes. Catherine Tebaldi est chercheuse en anthropologie numérique et linguistique au Culture and Computation Lab de l’Université du Luxembourg. Dans le cadre du GNET, la branche de recherche universitaire du GIFCT, Forum mondial de l’Internet contre le terrorisme, elle publie l’essai « Granola Nazis: Digital Traditionalism, the Folkish Movement and the Normalisation of the Far-Right » (Granola Nazis : traditionalisme numérique, mouvement folklorique et normalisation de l’extrême droite), dans lequel est présentée cette frange particulière des influenceurs suprémacistes.

Qui sont les Granola Nazis ?

En ligne, les Granola Nazis ont su peaufiner une esthétique qui sent bon le champ de blé et les gâteaux tout juste sortis du four. Très connectées et maîtrisant parfaitement les codes des réseaux, elles encensent un mode de vie pastoral et pré-Internet qui associe la modernité au déclin. Comme explique Catherine Tebaldi :

« Elles cultivent les champs de betteraves tandis que les plis de leur robe et de leur tablier de mousseline tombent sur leurs pieds nus ; elles préparent des conserves de légumes marinés entourés d’enfants blonds qui rient. En hiver, la famille dessine des motifs runiques complexes sur des biscuits, ou tresse des branches de conifères et de houx pour célébrer la fête de Yule (Yule est un mot anglais qui viendrait du vieux norrois Jol et est utilisé en régions germaniques et nordiques pour désigner le solstice d’hiver, NDLR). Les textes et vidéos célèbrent la santé et le bien-être, et vont au-delà pour s’étendre jusqu’à ce qu’ils appellent la « revivification de la vitalité folklorique ». Il s’agit ici de célébrer la tradition nord européenne, des hommes et des femmes héroïques vivant à la maison avec une grande famille blanche ; l’herboristerie et la santé naturelle ; le paganisme et la mythologie occulte, et la croyance en une spiritualité raciale blanche. »

Des huiles essentielles au génocide blanc en une minute

Comme le souligne la chercheuse, la vie vantée par les Granola Nazis s’appuie sur des valeurs renvoyant à « l’écologie fasciste du Troisième Reich » et à « l’aile verte » du parti nazi, qui s’intéressait de près à l’écologie, l’eugénisme et l’ésotérisme racial.

LIRE LA SUITE

Simon le mage et sa postérité

Bertran Chaudet

 » Beaucoup de faux prophètes sont venus dans le monde. À ceci vous reconnaîtrez l’esprit de Dieu : tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu dans la chair est de Dieu. » (1 Jn 4,1-2)

I. À L’ORIGINE DES GNOSES ACTUELLES : SIMON LE MAGE

Pour les juifs anciens, nommer quelqu’un c’est lui accorder une importance. Le nom même est porteur de l’identité de la personne. Or dans le Nouveau Testament, deux personnes ont le même nom : Simon. Cette apparente similitude cache des voies divergentes. Faisons le parallèle entre les deux Simon, pour découvrir que toutes les gnoses actuelles et les dérives de l’Église étaient déjà en germe dans le combat spirituel qui opposa les deux Simon, Simon-Pierre et Simon le magicien.

Il ne s’agit pas ici de se plonger dans les méandres ou plutôt les arcanes du gnosticisme mais de repérer ce qui est dit de Simon le Mage dans les écrits anciens. Car ce Simon est devenu un archétype, présent dans l’imaginaire des théosophes par exemple, et des « maîtres » actuels de rites initiatiques. Et quand il n’est pas expressément cité, il a laissé sa trace !

Interrogeant ces thématiques gnostiques présentes dès le début de l’évangélisation, nous mettrons en évidence des analogies entre les pratiques de Simon le mage et certaines propositions actuelles pour aller mieux, que ce soit au niveau personnel ou au niveau ecclésial. Force est de constater que certaines propositions dans l’Église se confondent avec celles liées au développement personnel. Consciemment ou par imprégnation, car c’est dans l’air du temps, l’héritage gnostique a engendré des dérives qui affectent même des fidèles, confiants dans les fruits visibles et peu regardants sur l’origine des propositions.

Cet article est disponible sous forme de livret PDF ou EPUB

1. Simon-Pierre, celui qui écoute la parole de Dieu

Shimon, vient de la racine hébraïque sh’ma, du verbe écouter, que l’on retrouve dans שמע ישראל : « Écoute, Israël », prière juive centrale du matin et du soir, « Écoute, le Seigneur notre Dieu, le Seigneur est UN… Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toutes tes forces. ».

Simon est le premier disciple, avec son frère André, que Jésus rencontre sur les bords du lac de Galilée. Simon, celui qui écoute en mettant en pratique les Paroles de Jésus qu’il reconnaîtra comme son Seigneur et son Dieu, deviendra Képhas, c’est-à-dire Pierre. Grâce à l’Esprit Saint, il reconnaîtra Jésus comme étant vrai Dieu et vrai homme. Dès cet instant et après bien des vicissitudes, Simon, appelé Pierre par le Christ, réalisera en plénitude sa vocation.

Simon devient Pierre, Kephas, parce qu’il écoute et qui met en pratique la Parole de Dieu. Ainsi Jésus lui permet d’être pierre vivante de la Jérusalem céleste.

« Approchez-vous du Seigneur, la pierre vivante rejetée par les êtres humains, mais choisie et précieuse aux yeux de Dieu. Laissez-vous bâtir, vous aussi, comme des pierres vivantes, pour construire un temple spirituel. Vous y formerez une communauté de prêtres appartenant à Dieu, vous lui offrirez des sacrifices spirituels, qu’il accueillera avec bienveillance par Jésus Christ. Car il dit dans l’Écriture :

 » Voici que je place en Sion une pierre d’angle ; je l’ai choisie, elle est précieuse, et celui qui met sa foi en elle ne sera jamais déçu. » Cette pierre est d’une grande valeur pour vous, les croyants ; mais pour les incroyants, comme le dit l’Écriture : « La pierre que les bâtisseurs ont rejetée est devenue la pierre d’angle. » Et ailleurs, il est dit encore : « C’est une pierre qui fait trébucher, un rocher qui fait tomber. » Ces personnes trébuchent parce qu’elles refusent d’obéir à la parole de Dieu, et c’est ce qui devait leur arriver. » (1 Pierre, 2.4-10)

La première catéchèse de Jésus dans l’Évangile selon saint Mathieu commence au chapitre V, par les Béatitudes : Heureux ! L’objectif est d’être heureux ici et maintenant, d’un bonheur paradoxal, et pour l’éternité. Elle se termine au chapitre VII, par la parabole des deux maisons :

« Ainsi, celui qui entend les paroles que je dis là et les met en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a construit sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, les vents ont soufflé et se sont abattus sur cette maison ; la maison ne s’est pas écroulée, car elle était fondée sur le roc. Et celui qui entend de moi ces paroles sans les mettre en pratique est comparable à un homme insensé qui a construit sa maison sur le sable. La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, les vents ont soufflé, ils sont venus battre cette maison ; la maison s’est écroulée, et son écroulement a été complet. » (Mt 7, 15-27)

Continuer la lecture de « Simon le mage et sa postérité »

Le potiron et la grimace

D. Auzenet

Avec le retour du mois d’octobre, nos boîtes aux lettres regorgent de publicités pour les costumes Halloween. Il faut dire que j’habite à côté de l’une des plus grandes zones commerciales de France, qui occupe la moitié du territoire de la commune.

Et effectivement, lorsque je vais faire mes courses, je vois bien que certains de nos magasins sont à nouveau investis par les costumes et autres objets en rapport avec Halloween… On finit par s’y habituer, mais ce n’est pas une raison pour ne rien dire… Je vous propose donc quelques réflexions !

COMMENÇONS PAR FAIRE UN PEU D’HISTOIRE

Depuis l’arrivée massive de la fête d’Halloween sur le continent européen, nous assistons à un curieux débat entre les `pour´ et les `contre´. D’un côté, ceux qui la présentent comme une fête carnavalesque bon enfant, de l’autre ceux qui en soulignent le caractère malsain et délétère. Deux conceptions qui correspondent aux deux versants, aux deux `faces´ de cette fête. Devant le potiron grimaçant, on peut voir le potiron ou voir la grimace. Et si ces deux réalités n’en faisaient qu’une ?

L’origine commune des deux points de vue de l’All Hallow’s Evening — veille de Toussaint — ou `Halloween´ vient de l’ancienne fête celtique qui marquait la fin du cycle des saisons, de l’automne à l’hiver, avant d’entrer dans une période de repos marqué par le froid et le silence. Cette `fin de l’été´, ou sam-fuin en gaélique, serait à l’origine du mot `samhain´. D’un point de vue archéologique ou littéraire, on en connaît trop peu sur les pratiques religieuses et les divinités celtiques, mais il semblerait que l’année religieuse était marquée par quatre grandes `fêtes du feu´ dont la Samhain était la dernière et la plus importante.

Cette nuit-là, tous les foyers étaient éteints puis rallumés à partir de braises ramenées du grand feu druidique allumé sur le mont Tara en Irlande. Il est possible que ce soit le transport des braises dans des pots avec des orifices pour en assurer l’aération qui est à l’origine des navets ou potirons éclairés. Ce temps aurait aussi été celui d’une remise à zéro ; les champs sont laissés en jachère, les animaux rentrés, les provisions terminées et les dettes payées.

Continuer la lecture de « Le potiron et la grimace »