Laurence Freeman

et la « Méditation chrétienne »

À la demande d'une lectrice du site sosdiscernement, Marie-Line Charlot, qui habite le sud de la France, et qui a fourni toutes ces captures d'écran, je cite d'abord un extrait de l'article de Bertran Chaudet sur la Méditation de Pleine Conscience

La soi-disant « méditation chrétienne » diffusée par le moine bénédictin John Main, puis à la mort de celui-ci en 1982, par son disciple Laurence Freeman, n’est en fait qu’une tentative de christianiser une technique de méditation orientale.

Plutôt que de prendre pour mantra le nom d’une divinité hindoue, John Main introduit un mantra « chrétien » (1), à savoir : « Maranatha ». En araméen, cela veut dire selon une des traductions possibles, « viens, Seigneur ». Cette Parole tirée de l’Apocalypse ne veut rien dire si elle est détachée de son contexte.

De plus, dans ce type de méditation, il ne s’agit pas de méditer sur son contenu ni sa signification, mais de s’en servir pour focaliser l’attention, puis progressivement laisser s’apaiser l’activité mentale, pour finir par la suspendre totalement, si possible. Il s’agit donc d’une technique (2) conduisant à une expérience de son propre psychisme ; mais en aucun cas, une telle expérience ne peut être qualifiée de spirituelle, selon les critères de la tradition chrétienne.

Voilà ce que l’on peut lire dans la lettre hebdomadaire de la WCCM (communauté mondiale des méditants chrétiens) :

« Soyez généreux avec votre temps, soyez fidèle à votre mantra, et vous entrerez dans le réseau de silence qui nous unit tous dans l’Esprit ».

Maranatha devient ainsi le ciment de l’unité de ce réseau.

Par ailleurs tant dans les écrits et conférences de John Main que dans ceux de Laurence Freeman, il n’est jamais question de la Résurrection du Christ. Les pratiques spirituelles habituelles de la tradition chrétienne aussi bien que les pratiques sacramentelles sont passées sous silence.

Par contre, la vie dans l’Esprit, sans que celui-ci soit défini, est omniprésente. Les méditants ne sont jamais invités à rejoindre une communauté chrétienne existante, ni à incarner concrètement les fruits de leur méditation dans le service de leur prochain.

Le silence à retrouver est certes important dans le recueillement, mais il est préparation à l’accueil de la Parole de Dieu. Le silence à chercher pour lui-même n’est pas une pratique chrétienne.

D’autre part le Père Freeman au cours des exercices pratiques de méditations se place face aux méditants, comme peuvent le faire les maîtres des traditions orientales. Cette méditation se fait en vis-à-vis maître disciples et non centrée sur une icône, une croix, un tabernacle ou le Saint Sacrement exposé. Dans la prière ou la méditation chrétienne, seuls le Christ ou la Vierge Marie doivent être les personnes vers lesquels se tournent toute notre attention.




 » La Messe devient une Eucharistie Contemplative, où prêtre et assemblée sont assis sur des zafus, où l’autel est remplacé par une planche qui porte un bol chantant, – objet ésotérique -, utilisé chez les moines bouddhistes et hindouistes, et où le missel est remplacé par une tablette ».

(1) Voici ce qu’écrit L. Freeman dans « La perle de grand prix », p. 8., manuel des VRP de la Méditation chrétienne…

« La peur que la méditation ne soit pas chrétienne peut se traduire également par une certaine gêne vis à vis du mantra, aussi bien le mot lui-même que « l’œuvre » enseignée par la tradition. Là encore, il existe un enseignement solide et cohérent. Il y a d’abord la révélation essentielle par Jean Cassien du secret de la sagesse du désert dans ses magnifiques IXe et Xe Conférences sur la prière : la pauvreté en esprit qu’il identifie à l’humble récitation de quelques mots sacrés : « la formule (formula), dit-il, qui nous aide à fixer notre attention sur le Seigneur et non sur nous-mêmes ». Le nuage d’inconnaissance, un classique du XIVe siècle, l’appelle « le seul petit mot » qui nous aide à nous détourner des distractions pour entrer dans le mystère silencieux de Dieu. John Main a eu l’intuition d’appeler le mot sacré un « mantra », rattachant ainsi la tradition spécifiquement chrétienne à la sagesse universelle. Ce mot sanscrit (la langue mère de toutes les langues européennes) désigne ce « qui clarifie la pensée », un court verset des Écritures ou un mot sacré que l’on répète afin de renforcer l’attention. En ce sens, les paroles de la messe, les bénédictions et toutes sortes de prières familières et répétées sont des mantras. Enfin, il y a l’autorité de Jésus qui nous dit de ne pas multiplier les paroles, mais de nous retirer dans notre chambre secrète pour y prier, non pas avec nos lèvres, mais en silence, tourné vers Celui, nous dit Jean Cassien, « qui ne tient pas compte des paroles mais regarde au cœur ».

(2) Une tentative analogue avait été entreprise il y a une dizaine d’années par Daniel Maurin avec son Oraison du coeur, dans laquelle il transcrivait l’initiation à la méditation transcendantale (de Maharishi Mahesh Yogi), ne changeant que le mantra oriental en un mantra issu de la tradition judéo-chrétienne, gardant inchangée l’intégralité de la technique hindoue.

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