L’ennéagramme : outil de sagesse ou piège spirituel ?

Loin d'offrir une vision cohérente, l'ennéagramme introduit la confusion et l'incohérence, qui sont souvent des marques de tromperie.
Article en anglais de Tim Vail : https://www.catholicworldreport.com/2024/10/31/the-enneagram-a-tool-for-wisdom-or-a-spiritual-trap/, Traduction DeepL

À l’occasion d’Halloween et de la Toussaint, notre paysage culturel connaît un regain d’intérêt pour l’occultisme. C’est une période de l’année où les symboles mystiques, les croyances ésotériques et les pratiques New Age émergent souvent dans la culture populaire, séduisant ceux qui sont à la recherche de la connaissance de soi.

L’une de ces tendances, l’ennéagramme, se présente comme un outil permettant de découvrir la sagesse de la nature humaine, mais un examen plus approfondi soulève des questions critiques sur ses prétentions, ses origines et les risques spirituels potentiels qu’il comporte.

L’ennéagramme prétend débloquer une forme de compréhension de la nature humaine, en commençant par la compréhension de son propre « vrai moi ». Cependant, cette prétention d’être un « outil » pour la découverte de soi a grand besoin d’être discernée à partir d’une perspective enracinée dans la vraie sagesse et d’un jugement éclairé par l’enseignement de l’Église.

L’ennéagramme repose sur l’affirmation qu’il s’agit d’un outil. Mais s’agit-il vraiment d’un outil ? Est-il au service de l’objectif qu’il revendique ? Ou pourrait-il être un outil pour tout autre chose ? Et si ceux qui promeuvent l’ennéagramme, qu’il s’agisse d’enseignants ou d’adeptes, étaient eux-mêmes utilisés à leur insu ? Les créateurs de l’ennéagramme auraient-ils pu être les instruments de forces malveillantes, peut-être même des outils du diable ?

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Discours du pape sur l’intelligence artificielle

Je m’adresse à vous aujourd’hui, dirigeants du Forum intergouvernemental du G7, pour vous présenter une réflexion sur les effets de l’intelligence artificielle sur l’avenir de l’humanité.

« L’Écriture Sainte témoigne que Dieu a donné aux hommes son Esprit pour qu’ils aient “la sagesse, l’intelligence et la connaissance de toutes sortes de travaux” ( Ex 35, 31) ». La science et la technologie sont donc les produits extraordinaires du potentiel créatif des êtres humains

Or c’est précisément l’utilisation de ce potentiel créatif donné par Dieu qui est à l’origine de l’intelligence artificielle.

Cette dernière, comme on le sait, est un outil extrêmement puissant, utilisé dans de nombreux domaines de l’activité humaine : de la médecine au monde du travail, de la culture à la communication, de l’éducation à la politique. Et l’on peut désormais supposer que son utilisation influencera de plus en plus notre mode de vie, nos relations sociales et même, à l’avenir, la manière dont nous concevons notre identité en tant qu’êtres humains.

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Les expériences de mort imminente

Avec Renaud Évrard, psychologue clinicien, enseignant-chercheur en psychologie à l’université de Lorraine, premier Français élu président de la Parapsychological Association, l’institution internationale de référence sur les phénomènes inexpliqués, cofondateur du Centre d’information, de recherche et de consultation sur les expériences exceptionnelles et auteur de Les expériences de mort imminente (ed. Albin Michel)

Comment interpréter une expérience de mort imminente ? On a l’image du tunnel, de la lumière et des anges mais il semble que la réalité soit différente. Il y a deux interprétations, l’une spiritualiste (la vie après la vie), l’autre matérialiste (production chimique du cerveau). Renaud Évrard refuse d’instaurer ce clivage et s’efforce de documenter la diversité des expériences vécues, y compris dans des situations inattendues. Les EMI sont entrées dans le champ de la science et cette réalité clinique mérite d’être mieux connue, notamment pour appréhender sérieusement les questions autour de la fin de vie.

Qui est Donna J. Haraway ?

“Laudate Deum” : une citation étrange

Le numéro 66 de l’exhortation du Pape François, Laudate Deum (2023), dit : « Dieu nous a unis à toutes ses créatures. Pourtant, le paradigme technocratique nous isole de ce qui nous entoure et nous trompe en nous faisant oublier que le monde entier est une “zone de contact”. » L’obscurité du texte, qui renvoie au panthéisme du “tout est lié”, est aggravée par la note de bas de page qui renvoie à un livre de Donna J. Haraway : When species meet, Minneapolis, 2008. (Traduction française: Quand les espèces se rencontrent, 2021.) 

Peu de gens connaissent Donna J. Haraway, qui a connu la célébrité surtout dans les années 1990. L’écrivain et philosophe est considérée comme chef de file d’un courant de pensée qui s’est baptisé “cyber-féministe”, “écoféministe” ou encore “féminisme post-humain” voire “post-gendrisme”.

La marque de fabrique de son travail – une attaque cinglante contre l’anthropocentrisme – est d’étendre la théorie du genre aux questions technologiques (telles la modification du corps humain) et, au-delà, au règne animal. Zoologiste et philosophe, elle a étudié à Yale, où elle a été honorée en tant que grande ancienne élève. Il convient de mentionner qu’elle a grandi avec une mère catholique et qu’elle a été éduquée par des religieuses du Colorado.

Il convient encore de mentionner qu’elle a bénéficié d’une bourse Fulbright – selon certains, un système de cooptation de personnes prometteuses pour faire avancer le programme de l’establishment anglo-américain – pour se rendre à Paris afin d’étudier la philosophie de l’évolution à la Fondation Teilhard de Chardin.

Le cyber-féminisme

La popularité de la penseuse américaine a commencé en 1985, lorsqu’elle a publié dans la Socialist Review son Manifeste pour les cyborgs : science, technologie et féminisme socialiste dans les années 1980, devenu ensuite simplement Manifeste Cyborg (publié en France en 2002).

Il s’agit d’un essai considéré comme un jalon du nouveau féminisme, qui, en fin de compte, nie l’identité des femmes et s’oppose à l’ancien féminisme. Haraway prône le dépassement des dualismes sociaux et biologiques : elle critique la structure binaire de la culture occidentale qui a généré des divisions entre des catégories telles que homme/femme et naturel/artificiel.

Ces dualismes, affirme Haraway, « ont tous été systématiques dans les logiques et les pratiques de domination des femmes, des personnes de couleur, de la nature, des travailleurs, des animaux… tous constitués en tant qu’autres ». Le concept de cyborg est ensuite présenté comme une synthèse libératrice, une entité qui représente une fusion de l’organique et du technologique, transcendant les distinctions traditionnelles de genre et de nature.

Le cyborg remet en question l’idée d’une nature humaine immuable, alors que de plus en plus de personnes utilisent la technologie pour étendre leurs capacités : les prothèses, les pontages, les appareils auditifs et même les dentiers peuvent indiquer que l’homme-machine est déjà une réalité. Le concept de cyborg représente un rejet des frontières rigides, en particulier celles qui séparent l’“humain” de l’“animal” et l’“humain” de la “machine”.

« Le cyborg ne rêve pas d’une communauté sur le modèle de la famille organique, mais cette fois sans le projet œdipien. Le cyborg ne reconnaîtrait pas le jardin d’Eden ; il n’est pas fait de boue et ne peut rêver de redevenir poussière », écrit le Manifeste de Haraway.

Antispécisme et haine de la natalité

Dans ses deux livres des années 1990 Primate Visions : Gender, Race, and Nature in the World of Modern Science (1990, non traduit) et Des singes, des cyborgs et des femmes. La réinvention de la nature (1991), Haraway revient à la métaphore du cyborg pour expliquer comment les contradictions fondamentales de la théorie et de l’identité féministes devraient être jointes, plutôt que résolues, d’une manière similaire à la fusion de la machine et de l’organisme chez les cyborgs.

Dans ce texte, Haraway critique le capitalisme en révélant comment les hommes ont exploité le « travail reproductif » des femmes de sorte qu’elles ne parviennent pas à une égalité totale sur le marché du travail. Donner naissance à un enfant représente donc une grande menace pour la vie d’une femme de carrière.

La philosophe a insisté sur ce point dans un texte plus récent intitulé Making kin, issu d’un groupe de travail avec cinq autres féministes. L’essentiel de l’argument est qu’il ne faut pas faire d’enfants – un acte polluant, qui génère d’autres problèmes – mais réorganiser dans un sens “familial” les personnes qui existent déjà.

Quelque chose entre la re-tribalisation de la société et la tentative de créer des substituts de la famille, comme c’est le cas de ceux qui, au lieu d’enfants, ont des chiens et des chats ou même des objets. Ce thème des « animaux-compagnons » au-delà des différences d’espèces revient dans le livre même cité par le Pape.

Cthulhucene

Le point culminant de la pensée de Haraway se trouve dans le livre Cthulhucene, paru en 2016. Pour les non- initiés, Cthulhu est la monstrueuse divinité à tentacules des récits d’horreur de H.P. Lovecraft, qui attend dans les abysses de revenir sur terre pour exterminer l’homme. Pour Haraway, il faudra passer par une telle phase (le Cthulhucène) pour se sauver du désastre de l’Anthropocène (c’est-à-dire, littéralement, « l’âge de l’homme »), marqué par la surpopulation.

« Que se passera-t-il lorsque l’humanité, ayant irrémédiablement modifié l’équilibre de la planète Terre, cessera d’être le centre du monde ? Et au milieu de la crise écologique, quelles relations peuvent être restaurées non seulement entre les individus humains, mais aussi entre toutes les espèces qui peuplent la planète ? »

La réponse, selon Haraway, consiste à mettre en œuvre une pensée « tentaculaire » sur cette planète infectée, un changement de paradigme où, comme expliqué plus haut, au lieu d’engendrer des enfants, des « liens de parenté » sont créés grâce à des « décisions intimes et personnelles visant à créer des vies florissantes et généreuses sans mettre d’enfants au monde ».

A ce stade, il convient de se demander sérieusement comment un tel auteur peut être considéré comme un point de référence pour une exhortation apostolique ? En effet, elle est l’un des trois seuls auteurs cités, à l’exclusion du pape François (ou des divers synodes faisant écho à sa pensée), de Paul VI et des Nations unies.

Source : https://fsspx.news/fr

L’anthropologie biblique (corps-âme) contredit l’idéologie Nouvel Âge (corps-âme-esprit)

Le quatrième concile de Constantinople est, pour l’Église catholique, le 8e concile œcuménique. Il s’est tenu en 869 à Constantinople. Ce concile a condamné la trichotomie (l’homme est composé d’un corps, d’une âme et d’un esprit) au profit de la dichotomie (l’homme est composé d’un corps et d’une âme, canon 11).

Un des objectifs de ce concile était de mettre fin au schisme du patriarche de Constantinople Photius (Photios en grec). Photios prétendait que l’homme avait deux âmes, dont une de nature spirituelle, correspondant à l’Esprit éternel. Photios refusant d’abjurer, a été frappé d’anathème par l’Église catholique. La définition de l’âme par Photios s’opposait à celle de Rome ; il affirmait en effet que : « l’homme a deux âmes, dont une de nature spirituelle, correspondant à l’Esprit éternel ».

Cependant, l’Église orthodoxe compte Photios parmi les saints et les Pères de l’Église. En effet ce quatrième concile de Constantinople n’a pas été reconnu par l’Église byzantine, orthodoxe.

Le Concile Vatican II enseigne une anthropologie binaire, corps et âme :

« Corps et âme, mais vraiment un, l’homme est, dans sa condition corporelle même, un résumé de l’univers des choses qui trouvent ainsi, en lui, leur sommet, et peuvent librement louer leur Créateur. Il est donc interdit à l’homme de dédaigner la vie corporelle. Mais au contraire il doit estimer et respecter son corps qui a été créé par Dieu et doit ressusciter au dernier jour. »

Gaudium et Spes, n° 14 § 1

Le Catéchisme de l’Église Catholique enseigne lui aussi une anthropologie binaire :

« Parfois il se trouve que l’âme soit distinguée de l’esprit. Ainsi Saint Paul prie pour que notre « être tout entier, l’esprit, l’âme et le corps » soit gardé sans reproche à l’avènement du Seigneur (1 Th 5, 23). L’Église enseigne que cette distinction n’introduit pas une dualité dans l’âme (Cc. Constantinople IV en 870 : DS 657).  » Esprit  » signifie que l’homme est ordonné dès sa création à sa fin surnaturelle (Cc. Vatican I : DS 3005 ; cf.GS 22, § 5) et que son âme est capable d’être surélevée gratuitement à la communion avec Dieu (cf. Pie XII, Enc, »Humani generis », 1950 : DS 3891). ».

(CEC 367)

Le Magistère enseigne donc que l’anthropologie catholique est binaire, s’appuyant sur la Révélation biblique.


Cet article est téléchargeable sous forme de livret :

La Révélation, et son accomplissement dans l’Incarnation de Jésus donnent le sens1, le principe et la finalité de cette dimension physique, corporelle et ouvre à la métaphysique.

L’héritage de la philosophie grecque, surtout platonicienne, considère qu’il y a une opposition entre, d’une part le corps et la matière et d’autre part l’âme et l’esprit ; le corps mortel et l’âme immortelle, le terrestre et le céleste, l’humain et le divin. Pour Platon, sôma, séma, le corps est un tombeau dont l’âme prisonnière doit se libérer.

Cette dichotomie n’est pas biblique, où l’unité du composé humain est évidente. Ainsi la néphèsh, qui dans un sens premier veut dire la gorge, est le lieu du passage du souffle, de la nourriture et de la parole, elle signifie la personne vivante, son être, sa conscience. « Alors le Seigneur Dieu modela l’homme avec la poussière tirée du sol ; il insuffla dans ses narines le souffle de vie, et l’homme devint un être vivant. » (Gn 2, 7). Être vivant ou néphèsh, gorge vivante.

Bâsâr, la chair, le corps n’est pas séparé de la néphèsh, il en est sa manifestation concrète. Ainsi l’homme n’a pas un corps, il est un corps, il est bâsâr.

Ruâh est le même mot qui désigne le souffle et le vent. Cette Ruâh traverse la Bible. C’est elle qui plane sur les eaux primordiales de la Genèse : « La terre était informe et vide, les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme et le Souffle de Dieu planait au-dessus des eaux. » (Gn 1, 2)

Il est intéressant de noter que le verbe de planer, utiliser ici, vient de l’hébreu rah’ef et signifie en même temps couver, voler très près, voler en frôlant. Dieu protège Israël dans le désert comme, l’aigle couve ses oiseaux. « Tel un aigle qui éveille sa nichée et plane au-dessus de ses petits, il déploie son envergure, il le prend, il le porte sur ses ailes. » (Dt 32, 11).

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