Les nouvelles sorcières

par Bertran Chaudet

Enfant, je ne supportais pas les représentations des sorcières dans les dessins animés de Walt Disney, elles me terrorisaient.

Les temps changent. À partir des années 1970, les mouvements féministes ont non seulement réhabilité les sorcières, mais de plus les ont valorisés et même exaltés

Les symboles changent. De l’image repoussante, effrayante des sorcières, nous sommes passés dans les années 2000 à une bienveillance à l’égard des sorciers et sorcières. Les aventures de Harry Potter en ont été l’exemple le plus emblématique.

Sorcière vient du latin sortiarius, diseur de sorts, en anglais witch, jeter un sort, pratiquer la sorcellerie et en vieil anglais wiccian.

L’historien Jules Michelet fervent laïcard, prenant le parti de blâmer l’Église organisatrice, selon lui, de la chasse aux sorcières, écrivit un livre magnifiant ces femmes libres, bienfaisantes et victimes. Son parti pris idéologique est dénoncé par les récents travaux historiques sur le sujet

L’acte de naissance des nouvelles sorcières, objet de cet article, peut dater du 30 octobre 1968, jour d’Halloween. Ce jour-là apparaît à New York le mouvement Women’s International Terrorist Conspiracy from Hell (Conspiration féministe internationale venue de l’enfer, WITCH). Des femmes en capes noires dansèrent en sarabande en plein centre-ville pour fêter l’évènement.

Le mouvement W.I.T.C.H est reconnu comme une religion aux États-Unis.

Dans les années 1970 des féministes se réclament de cette mouvance, proclamant fièrement : « nous sommes les petites-filles des sorcières que vous n’avez pas réussi à brûler ». La Tente rouge (1), d’Anita Diamant, best-seller américain sorti en 1997, a été vendu à plus de 3 millions d’exemplaires. Il y est exalté toutes les transgressions pour une libération de la femme, qui aurait été dominée jusqu’alors par le clan des hommes. Ces nouvelles sorcières écologistes, anticapitalistes en quête de nouvelles spiritualités, se revendiquent d’un pouvoir féminin subversif. Pour ces femmes, il s’agit d’éradiquer la domination patriarcale qui a contraint les femmes à des taches serviles, et qui a exploité et malmené la Terre Mère.

Les femmes enfin libérées feront une reconversion professionnelle, par exemple en se formant à l’hypnose, à la naturopathie… Elles deviennent guérisseuses, druidesses, naturopathes, pratiquent les « arts divinatoires » (tarots, astrologie, runes…). Elles organisent des stages chamaniques, des retraites spirituelles. Ces nouvelles sorcières prennent conscience de leur empowerment, c’est-à-dire cette puissance à développer toutes leurs capacités, jusque-là cachées et réprimées par la culture machiste. De plus, invoquer la déesse mère, permettrait de s’harmoniser avec les énergies de la nature. Elles célèbrent des cérémonies aux changements de saison. Ainsi le 31 octobre est célébré le plus important sabbat annuel, le Samhain popularisé par la « célébration d’Halloween ». Cette ancienne fête celtique d’Irlande a été christianisée. C’est le 1er novembre que l’Église catholique fête la Toussaint. Il y est proclamé l’Évangile des béatitudes, ce premier enseignement de Jésus qui dit la voie pour être Heureux. Renouer avec cette spiritualité païenne serait se libérer du joug de la civilisation chrétienne, qui aurait cristallisé le pouvoir exclusif des hommes.

En France, Xavière Gauthier lança la revue Sorcières qui paraîtra de 1976 à 1981, Marguerite Duras, Julia Kristeva y offrirent leur prestigieuse signature. Xavière Gauthier haute représentante du féminisme, fut un des fers de lance dans la lutte pour l’avortement. Il est surprenant d’apprendre qu’elle fut assistante de Laurence Pernoud dont les livres sur l’éducation du bébé et de la petite enfance sont des best-sellers appréciés de générations de parents, depuis les années 1970. Gauthier écrivit également pour J’aime lire et Je bouquine des éditions Bayard presse. Elle laissa sa trace comme éditrice au Seuil pour des livres jeunesse. Quel changement pour ce que l’on appelait la bonne presse dans les milieux catholiques !

Des théoriciennes revisitent l’histoire à l’aune de leur obédience de néosorcières. Ainsi Carolyn Merchant en 1980, dans la Mort de la nature fait correspondre la révolution scientifique et industrielle à l’exploitation de la Terre et la subordination des femmes. Sous le pseudonyme Starhawk (faucon étoile), elle affirme dans son livre Femmes, magie et politique que les bûchers des sorcières correspondent à l’acte de naissance du capitalisme. L’universitaire italienne Silvia Federici, peu soucieuse des faits historiques, affirme que la dégradation de la condition des femmes se situe entre la période féodale et la révolution industrielle.

Le monde du cinéma et des séries

Hermione Granger, héroïne des aventures de Harry Potter de J. K. Rowling (1997-2007) a fait beaucoup avancer la bienveillance des jeunes, et pour certains l’attirance, envers toutes formes de sorcellerie et de magie.

L’image de la méchante sorcière a donc changé, elle devient aimable, enviable, imitable avec la série télévisée Ma sorcière bien-aimée (1964 à 1972), Sabrina l’apprentie sorcière (de 1996 à 2003). Netflix surfant sur cette vague diffusa Les nouvelles aventures de Sabrina, exaltant dans une atmosphère gothique, le satanisme. Des personnages LGTB coalisés avec les sorcières luttent contre le Père Blackwood, archétype de la suprématie masculine de l’Église de la nuit.

Le nombre de séries télévisées consacrées aux sorcières avoisine une vingtaine, depuis les années 2000, sans compter les livres, jeux vidéo, jeux de rôles, et tous les ustensiles et vêtements dédiés, vendus dans les grandes surfaces et autres espaces culturels. (Voir l’article sur La Saga Winx) (2).

Presse écrite

Le journal Le Monde sur son site internet publie le 26 janvier 2021, un article de Virginie Larousse sur ce phénomène de société, La sorcière, de créature maléfique à icône féministe (3): « Après avoir été persécutée pendant des siècles, celle « qui dit des sorts » – du mot latin « sors » désignant les sortilèges – incarne, sur les réseaux sociaux, la lutte contre le patriarcat et séduit les adeptes du développement personnel. »

L’hebdomadaire Marianne, sous la plume de Jean-Loup Adenor (4), pointe une des saillies de l’ineffable Sandrine Rousseau candidate écolo qui postulait à la présidence de la République. Elle se vantait de préférer les sorcières aux ingénieurs, sans doute à mettre à son programme de sous-développement durable :

« Sandrine Rousseau préfère « les femmes qui jettent des sorts aux hommes qui construisent des EPR ». Mais de quoi parle-t-elle exactement ? Des « sorcières », un courant issu du New-Age, qui mélange différentes pratiques et spiritualités ésotériques, et se revendique du féminisme. Il en dessert pourtant la cause : loin d’émanciper les femmes, il les cantonne à une identité stéréotypée pour leur vendre des remèdes inefficaces… La candidate qui ambitionne de prendre l’Élysée fait en réalité la promotion d’une spiritualité New-Age qui a développé tout un marché ésotérique en proposant une approche dite magique du bien-être…

À la fois naturopathes, taromanciennes, voyantes, chamanes, pseudo-thérapeutes et occultistes, les sorcières se réunissent en groupes privés sur les réseaux sociaux et s’empressent de poster leur dernier rituel sur leur page Instagram. Les plus douées d’entre elles — ou les plus malignes — parviennent même à en faire un véritable business, à l’image d’un compte Facebook qui propose des « soins énergétiques » pour 50 euros et des formations pour 99 euros. Rien n’est gratuit, pas même la magie.

Certaines sorcières se revendiquent donc de cet « écoféminisme » : un courant de pensée selon lequel les femmes et l’environnement seraient tous deux victimes du patriarcat, c’est-à-dire de la volonté de domination des hommes, misogynes et capitalistes…

Un numéro spécial de novembre et décembre 2021, des cahiers de Sciences et Vie dans la collection Histoire et civilisation, s’attaque au sujet des Sorcières : « des bûchers aux réseaux sociaux ».

Internet

Sur internet, depuis les aventures de Harry Potter, vont commencer à apparaître des cercles de sorcières, des écoles de magie.

Ainsi cette belle et jolie jeune femme Tiffany Garrido revendique 3400 membres sur Facebook d’école de magie. Voici ce qui est indiqué concernant son portrait sur son site :

« Guide holistique, sorcière, astrologue, cartomancienne formée à la technique du Thetahealing (5), Tiffany est une guérisseuse de l’âme pour les femmes. Elle a créé le Cercle des Sorcières, un espace en ligne proposant une formation complète sur le Tarot de Marseille et d’autres programmes pour aider à développer ses intuitions.

Elle est Gardienne depuis plusieurs années de Cercle de Lune, qu’elle créera aussi, un espace qui réunit à chaque Pleine Lune un groupe de femmes afin de ritualiser et célébrer les passages de l’année symboliques et forts énergétiquement.

Tiffany Garrido est une femme puissante et inspirante qui aide les autres femmes à ouvrir un nouveau regard en lien avec leur unicité et leur spiritualité dans leur vie. »

Le nombre de sites de guide ou de thérapeute autoproclamé s’est multiplié, avec toujours le même langage flou qui s’appuie sur les concepts nébuleux du Nouvel Âge et une référence usurpée à la physique quantique. (6)

Le ThetaHealing est une marque déposée par Vianna Stibal. Elle aurait retrouvé ou redécouvert quelque chose qui nous appartient à tous et que nous avons tous en nous. Voici ce que l’on peut trouver sur le site de Chantal Mallet (7).

« Ce quelque chose, c’est notre connexion à une source, que l’on peut accepter comme un immense réseau électrique et magnétique qui nous relie tous et qui est lui-même relié à une source d’énergie pure, LA « Source ».

On peut l’appeler la Source, l’énergie cosmique, la Force de Vie, la Conscience Pure, l’Êtreté, en ThetaHealing, on l’appelle le Créateur de Tout ce qui Est ou parfois, Tout ce qui Est. Cela est complètement en dehors des religions et en même temps toutes les religions y font référence. On y retrouve aussi des principes de physique quantique, de psychologie, d’anatomie et aussi de bon sens… »

Mona Chollet, se situe dans cette lignée, avec son maître ouvrage qui s’est écoulé à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires : Sorcières, la puissance invaincue des femmes, sorti en 2018. La sorcière devient l’archétype du féminisme qui lutte contre les systèmes oppressifs et discriminants générés par les hommes.

Expositions

La ville de Toulouse présentait fièrement son exposition au muséum de Toulouse à l’occasion des fêtes de Noël 2020 :

« Côtoyez enchanteurs et scientifiques à l’exposition « Magies Sorcelleries » du Muséum de Toulouse. Les familles ont rendez-vous du 19 décembre 2020 au 2 janvier 2022 pour explorer cette thématique fascinante. Et le musée offre une expérience digitale aux familles : « Grimoire, mon beau grimoire ». Guidés par la musique envoûtante de Valérie Vivancos et par la voix de Marie Lisel, sorcière contemporaine et praticienne en hypnose ericksonienne, les visiteurs partiront à la découverte de leur magie intérieure. Ce parcours hypnotique les invitera à se projeter dans les particularités de certains objets présentés et dans les mémoires collectives qui leur sont associées, afin d’y puiser leurs propres enchantements. »

Presse pour enfants

Les éditions Fleurus éditent le mensuel « Sorcières », en direction des jeunes filles de 8 à 12 ans. Le numéro de janvier 2022, affiche à la une, « Pour 2022 prédire l’avenir » et un + « Tes fiches de jeux divinatoires ». Son trimestriel « les romans des sorcières » joue sur les mêmes registres.

Les Éditions Fleurus sont créées en 1946, deviennent en 1986, une filiale de Télérama appartenant au groupe La Vie Catholique, dont le contrôle passera aux mains du groupe Le Monde en 2003, prenant alors le nom de « VM magazines » (La Vie-Le Monde magazines). C’est alors que les lignes éditoriales ne sont plus référentes à leur origine catholique.

Pour les enfants de 6 à 10 ans voici entre autres un livre d’initiation, dont voici la présentation :

« Une grande imagerie pour faire connaître aux enfants l’univers de la magie et de la sorcellerie à travers les âges, en dressant un portrait de ces magiciens, sorciers et sorcières, alchimistes, chamanes et guérisseurs, tous plus fascinants les uns que les autres.

Deux doubles pages sont consacrées aux pouvoirs magiques des pierres et des plantes. »

La Maison de la bonne Presse créée en 1873 par la congrégation religieuse catholique des Augustins de l’Assomption, est devenue Bayard Presse, et demeure encore sa propriétaire exclusive. Bien que souvent mieux orienté, Bayard Presse jeunesse propose également des numéros de cette tendance :

Si le harcèlement subi par de nombreuses femmes est inacceptable, doit-on pour autant se parer de l’image de la sorcière pour dénoncer ces délits ? Nous ne pouvons que souscrire à l’édito de la rédaction : « Il y a encore des filles et des garçons qui sont maltraités et harcelés autour de toi. On le dit et on le redit : il faut parler, dénoncer, se battre contre ces odieux agissements. En 2019, le numéro à contacter pour dire non au harcèlement, le 3020, a été sollicité 77 742 fois. Tu te rends compte ? C’est à la fois super qu’autant de gens arrivent à en parler et, en même temps, flippant de voir autant de personnes dans cette situation intolérable. Ne relâchons pas nos efforts. » (8).

Faut-il pour autant, se conformer à ces féministes qui se revendiquent sorcières pour investir cette cause légitime, de dénoncer la violence faite aux femmes ?

Une alliée particulièrement influente

Marlène Schiappa, la ministre déléguée à la Citoyenneté, en charge de la réforme de la Mission interministérielle de lutte contre les dérives sectaires, déclarait en 2019 : « J’ai des amis qui tirent les cartes ou m’envoient des SMS avant des moments importants : « Je t’ai dit une formule de protection. » C’est comme la plume de Dumbo l’éléphant : ça donne confiance. » (9)

Mathieu Repiquet, journaliste à Mediapart sur son billet de blog du 5 juin 2020, revenait sur cette visite d’une délégation de la MIVILUDES présidée par Marlène Schiappa.

« Le 3 juin, 2019 un message provenant du compte de cette délégation de la MIVILUDES est publié sur Facebook. Ils annoncent une conférence en ligne pour « retrouver son bien-être intérieur et l’épanouissement » en faisant usage de la « pensée positive pour révéler la meilleure version de soi-même ». Gwenaëlle Batard« s’autodésignant experte en plantes médicinales et praticienne en médecine ayurvédique (médecine traditionnelle indienne), fréquente de près le monde des thérapies New-Age. Sa pratique consiste à lier développement personnel, yoga, ayurveda, pensée positive, spiritualité et phytothérapie. Elle réalise des podcasts sur les thérapies de l’âme, la guérison par le son sacré vibratoire, l’astrologie, la guérison spirituelle, les « médecines » douces et relaie régulièrement les propos de divers « guérisseurs », exploratrices de l’inexploré et « thérapeutes bioénergéticiens » pratiquant la rééquilibration énergétique, harmonisation des chakras et la guérison par l’énergie. Elle organise des ateliers « cercles de femmes » permettant de se connecter aux divinités et énergies cosmiques pour travailler sur soi et son féminin sacré, découvrir le monde extra-sensoriel et accéder à la Lumière Divine. Elle nous invite aussi à révéler notre divinité intérieure, améliorer la circulation de notre énergie vitale et à nous connecter « avec les forces magnétiques de la nature et du cosmos en rendant hommage à la Lune ».(10)

Devant la réaction de certaines associations luttant contre les dérives sectaires et de particuliers à l’endroit de cette mise en avant de la MIVILUDES, les allégations de Gwénaëlle Batard ont disparu, sans commentaire.

Le site de Gwenaëlle Batard, est truffé d’enseignements édifiants : Nous portons en nous une mémoire contenant des « pollutions énergétiques, autocréées ou karmiques qui affectent directement notre équilibre » et que « le sourire est le début de toutes les guérisons. » « La répétition de mantras émet des résonances subtiles permettant d’obtenir une guérison physique et que les maladies sont dues à des déséquilibres énergétiques. »

La MIVILUDES dans ses rapports annuels, avant Schiappa, n’avait cessé d’alerter et de prévenir que les méthodes « énergétiques » et « vibratoires » ne reposent sur rien et sont à risque de dérives. Dans son rapport de 2012, la MIVILUDES pointait les pratiques ayurvédiques comme méthode à risque qui outre « leur dangerosité » sont particulièrement rémunératrices.

Marlène Schiappa, Charlotte Gainsbourg, Muriel Robin et plus de deux cents personnalités ont signé pour Halloween, le 31 octobre 2019, à l’appel de la réalisatrice Coralie Miller et de sa complice universitaire Sandrine Rousseau : « Sorcières, de tous les pays, unissez-vous ! »

Croissance de ce phénomène de société

Selon l’analyse statistique de Livres Hebdo, la production consacrée aux femmes a augmenté de 15 % entre 2017 et 2020 pour la non-fiction et près de 72 % d’augmentation concernant l’ésotérisme.

Tout cela n’est pas sans effets ; un sondage Ifop publié le 2 décembre 2020, à la demande de Femmes actuelles (11) révèle :

« Loin d’être un phénomène marginal, les para sciences rencontrent un engouement chez les Français, et notamment les plus jeunes : 58 %, déclarent croire à au moins une des disciplines de para science, à savoir l’astrologie (41 %), les lignes de la main (29 %), la sorcellerie (28 %), la voyance (26 %), la numérologie (26 %) et la cartomancie (23 %).

Et, ce phénomène n’est pas seulement répandu, il est également en hausse continue depuis au moins une vingtaine d’années :

La croyance dans les prédictions des voyant(e) s a également crû de manière continue en vingt ans (plus 8 points) pour s’élever aujourd’hui à 26 %.

Cette croyance dans les parasciences se traduit concrètement en actes : plus d’un quart des Français ont déjà consulté un spécialiste (26 %) au moins une fois au cours de leur vie, dont 18 % pour de l’astrologie, 14 % pour de la voyance, 10 % pour de la cartomancie, et 6 % pour de la numérologie.

Et là aussi, le phénomène semble progresser au fil des années, si on en juge par la hausse du taux de consultation de voyant(e) s : plus 5 points entre 1986 et 2020.

À noter que ce recours aux paras sciences pour chercher une clé d’explication à une/sa situation a été assez répandue à l’occasion de la crise sanitaire puisque 20 % des adeptes ont vu un spécialiste cette année à propos du Covid-19. »

Le site internet #WichTok, La communauté des sorcières qui partage leurs sorts sur TIKTOK, revendique 20 milliards de vues, pour des vidéos envoyées par de jeunes « accros ». Phénomène mondial de la jeunesse s’il en est ! On ne compte plus les communautés Facebook du style « Sorciers et sorcières de France » ou « Sorcier.e.s- la magie pour toustes », l’écriture inclusive y étant de règle. La génération Harry Potter s’initie aux pratiques occultes et divinatoires et échange sans vergogne des recettes de potions magiques et de sortilèges.

Aiguillons

Sommes-nous si éloignés de la jeunesse actuelle, dans l’Église catholique pour ignorer ce phénomène qui touche infiniment plus de jeunes que ceux qui fréquentent la catéchèse ?

L’épiscopat n’a aucun début de repérage et d’analyse de la question. Les maisons d’édition, diffusant autrefois une doctrine catholique compatible, surfent sur cette vague devenue vertigineuse et bien lucrative, sans qu’aucun responsable ecclésial ne trouve rien à dire. Le rapport de la CIASE aurait-il définitivement éteint toute parole d’Église, qui s’éloignerait des doxas médiatiques

Il s’agit pourtant d’un combat de toujours, d’un combat spirituel qui a des retombées on ne peut plus concrètes. Le Pape François, a récemment déclaré Saint Irénée de Lyon 37ème Docteur de l’Église. Né en Asie Mineure entre 130 et 140, il fut le disciple de Polycarpe de Smyrne, qui lui-même reçut’’imposition des mains de’’apôtre Jean. Nous sommes donc avec Saint Irénée en droite ligne de la tradition apostolique. Il succéda à Saint Pothin comme évêque de Lyon, Primat des Gaules

La préface de « Contre les hérésies » de Saint Irénée demeure d’une actualité saisissante, en voici quelques extraits :

« Pr. 1. Rejetant la vérité, certains introduisent des discours mensongers… Par une vraisemblance frauduleusement agencée, ils séduisent l’esprit des ignorants et les réduisent à leur merci, falsifiant les Paroles du Seigneur et se faisant les mauvais interprètes de ce qui est bien exprimé. Ils causent ainsi la ruine d’un grand nombre, sous prétexte de « gnose », de Celui qui a constitué et ordonné cet univers : comme s’il pouvait montrer quelque chose de plus élevé et de plus haut que le Dieu qui a fait le ciel, la terre et tout ce qu’ils renferment ! De façon spécieuse, par l’art du discours, ils attirent d’abord les simples à la manie des recherches ; après quoi, sans plus se soucier de vraisemblance, ils perdent ces malheureux, en inculquant des pensées blasphématoires et impies à l’endroit de leur Créateur à des gens incapables de discerner le faux du vrai.

Les responsables ecclésiaux auraient-ils bouché les oreilles et les yeux de leur cœur ? Écoutons encore ce que dit Saint Irénée Docteur de l’Église :

Pr. 2… Or nous ne voulons pas que, par notre faute, certains soient emportés par ces ravisseurs comme des brebis par des loups, trompés par les peaux de brebis dont ils se couvrent, eux dont le Seigneur nous a commandé de nous garder, eux qui parlent comme nous, mais qui pensent autrement que nous… Ainsi informé de ces doctrines, tu les feras connaître à ton tour à tous ceux qui sont avec toi et tu engageras ceux-ci à se garder de l’« abîme » de la déraison et du blasphème contre Dieu. Autant qu’il sera en notre pouvoir, nous rapporterons brièvement et clairement la doctrine de ceux qui enseignent l’erreur en ce moment même…, et nous fournirons, selon nos modestes possibilités, les moyens de les réfuter, en montrant que leurs dires sont absurdes, inconsistants et en désaccord avec la vérité. » (12)

Saint Irénée est sans doute, mort martyr à Lyon en 202 ou 203. Il chercha à témoigner du Royaume de Dieu et de sa justice à temps et contretemps en dépit des persécutions. Nous devons à ces saints hommes qui ne cherchaient pas la reconnaissance confortable des hommes, mais la Gloire de Dieu, la grâce d’être chrétiens aujourd’hui

« Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » Luc 18,8.

Bertran Chaudet diacre permanent

Notes

1Charleston éditions, 2016

2https://occultismedanger.fr/livrets/rio_22_ados.pdf

3https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/01/26/la-sorciere-de-la-creature-malefique-a-l-icone-feministe_6067705_3232.htm

4https://www.marianne.net/societe/laicite-et-religions/du-feminin-sacre-aux-pseudo-medecines-comment-les-sorcieres-ont-usurpe-le-feminisme

5Une thérapie dynamique qui utilise un état méditatif proche du rêve, la physique quantique et l’épigénétique pour se libérer et Créer – avec fluidité, selon le site : lifewithflow.com/fr/accueil/

6Voir article sur la physique quantique : https://sosdiscernement.org/e-books/sosd_12_quantique.pdf

7www.etresoi.io/la-technique-du-thetahealing-par-vianna-stibal

8https://www.jebouquine.com/numeros-hors-series/je-bouquine-n441/

9https://www.marianne.net/societe/laicite-et-religions/du-feminin-sacre-aux-pseudo-medecines-comment-les-sorcieres-ont-usurpe-le-feminisme

10https://blogs.mediapart.fr/mathieu-repiquet

11https://www.femmeactuelle.fr/Les français et les parasciences

12Irénée de Lyon, Contre les hérésies. Dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur. Ed du Cerf, 1985, p. 27, 28.

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