Nouvel Age — 6. Quelques fortes dérives

L’enfermement en soi-même

Dans le Nouvel Âge, il y a une réaction contre tant de rationalisme, de matérialisme, de technocratie et bien sûr face à la pollution et à la détérioration de l’environnement. Au lieu de chercher une action pour changer tout ce qui ne va pas, tout ce qui est désagréable et inefficace, on promeut un éloignement de ce qui est extérieur pour naviguer dans le monde intérieur, où l’on doit trouver la paix que l’on cherche. Par conséquent, ce n’est pas en faisant un monde meilleur que l’on sera porté à améliorer les choses, mais en faisant de mon monde intérieur l’essentiel de ma vie. Même s’il y a beaucoup d’adeptes qui luttent pour changer le monde dans lequel nous vivons.

Devant un monde qui ne me plaît pas et que je n’aime pas, je vais explorer des alternatives qui me mèneront à un nouveau style de vie intérieure. Que ce soit par le moyen de la méditation, de la prière, de la recherche du vrai moi, en établissant l’harmonie avec la nature devant un beau paysage, tout cela m’amène à me retrouver moi-même en un pèlerinage intérieur où je dois trouver le bonheur auquel j’aspire tant.

Ainsi, il devient beaucoup plus facile de comprendre comment je m’expose à me réfugier dans un égocentrisme dans lequel le monde bouge en fonction de moi-même, de ce que je pense, de ce que je crois, de ce que je ressens, et ainsi de réaffirmer le subjectivisme galopant dans lequel nous vivons.

Il est alors très fréquent pour un adepte de ce nouveau mode de vie de se détourner de la méditation, du yoga, des spas ou des centres naturistes, des forêts et des lieux loin de la vie quotidienne, pour s’amuser, et profiter des autres qui pensent de même, mais sans faire communauté ou penser à servir les autres.

Il est compréhensible qu’ils négligent systématiquement leur vie familiale et leurs responsabilités communautaires parce qu’ils sont très occupés à vivre dans un monde de haute qualité spirituelle, et à gérer adéquatement leurs énergies intérieures en harmonie avec la nature. D’abord moi, puis moi et encore moi ; je veux seulement me mettre en relation avec les autres quand ils m’aiment, me respectent, me donnent ma place et me laissent exister ; et je n’hésite pas à m’en éloigner et à les éviter quand je change mon propre projet de vie.

On ne prie pas pour se sentir mieux. La grande différence entre la prière chrétienne et le Nouvel Age, c’est qu’il y a dans la première une vision de dialogue avec le Créateur que l’on loue, glorifie et remercie pour tout ce que l’on a. Et en temps voulu, on fait des demandes qui ont trait aux besoins du monde, de la famille et de soi-même. Et cette relation personnelle se veut humble, aimante et persistante. Par conséquent, cette prière-là n’est pas un exercice spirituel pour se sentir mieux ou pour trouver des états supérieurs de conscience ou des ouvertures énergétiques au cosmos, qui vous élèvent à de nouvelles dimensions. La prière n’est pas non plus une découverte de vous-même, de nouvelles manières d’apaiser vos angoisses et vos soucis.

Dans le Nouvel Age, prier c’est demander que les forces du Tout-Puissant viennent à moi pour qu’elles potentialisent mes capacités à vivre dans la paix et la santé. Parce que je veux être en bonne santé, et je veux que Dieu soit à mon service, c’est comme la Grande Source et la fontaine d’énergie cosmique.

Alors que dans la religion judéo-chrétienne, c’est vous qui, par la prière, vous mettez vous-même au service de Dieu pour que sa volonté soit accomplie et non pour que Dieu accomplisse la vôtre. Il est clair qu’il ne s’agit pas de tirer un bénéfice personnel de la puissance de l’amour de Dieu, mais exactement le contraire, pour que par son amour et sa puissance, je puisse me donner aux autres de la meilleure façon possible. Il s’agit donc de se convertir pour grandir dans la maîtrise de l’amour du prochain, en s’aimant soi-même ; c’est ainsi qu’on se donne témoignage qu’on aime Dieu que l’on ne voit pas.

Dans la religion judéo-chrétienne, on accentue la transcendance de ce qui est simple, de l’humilité, de la charité envers les plus marginalisés, les exclus et nécessiteux. Les tendances du Nouvel Âge mènent vers une recherche spéciale et une admiration de l’extraordinaire, du magique, du miraculeux, de l’extravagant, de ce qui impacte, de ce qui témoigne, de ce que l’on « croit » être clairement divin. Et, bien sûr, des chemins complexes et compliqués de la méditation, de danses et de rituels sophistiqués pour atteindre ces niveaux élevés de conscience et de paix intérieure, y compris en y joignant les rituels et cérémonies ancestraux.

Tout cela, dans le Nouvel Age, on cherche à le réaliser en suivant fidèlement des leaders, des gourous, des êtres ascensionnés, et des personnages avec des talents spéciaux et des charmes de leadership social. Par conséquent, cela consiste à être entre les mains d’un maître, d’un guide renommé et prestigieux, à qui l’on remet aussi la volonté, d’exécuter ses suggestions, même fantaisistes ; d’un conseiller qui peut même proposer des activités bizarres et délirantes ou des actions audacieuses.

La foi chrétienne promeut une aventure charitable dans les relations humaines, procurant assistance et aide aux plus nécessiteux. En revanche le Nouvel Age apprécie et goûte chaque aventure en relation avec sa propre conscience et son monde intérieur. Il insiste sur l’exploration de toutes les propositions qui peuvent aider à déchiffrer les mystères du cosmos, qui peuvent lui permettre de monter à des niveaux plus élevés, et ainsi devenir, un être ascensionné qui avec son énergie et sa vibration impacte positivement d’abord ceux qui l’entourent. On a ce besoin impératif de se sentir comme une personne qui atteint des niveaux de vie sophistiqués, avec l’acquisition significative d’aptitudes et de capacités visibles.,

Le regard chez le chrétien est tourné vers les autres, alors que dans le Nouvel Age, on cherche des occasions d’attirer le regard des autres sur soi. Par sa propre inertie, le Nouvel Age finit par devenir le promoteur d’une vision spirituelle centrée sur soi-même, différente de la proposition chrétienne d’être centrée sur le Créateur et sur le Sauveur, pas sur la créature et sur le chemin pour se sauver.

Le regard sur Jésus : avatar et énergie

Le mouvement du Nouvel Âge est si inclusif qu’il ne rejette pas, ne discute pas ou ne s’oppose pas aux propositions des différentes religions, mais qu’il ajoute, additionne, complète, enrichit sa propre proposition en prenant des autres ce qui lui convient. C’est pourquoi il s’agit d’un buffet plein de choix au service du goût de chaque consommateur. Jésus est alors compris comme un Avatar, ce qui, en termes familiers, signifie « une émanation divine avec une mission de purification et d’enseignement pour la population cosmique » ; et cette manifestation divine est cosmique et va jusqu’à affirmer qu’il y a eu plusieurs Jésus sur différentes planètes et mondes de l’univers, avec des missions très similaires et semblables.

Jésus demeure relativisé tant dans l’histoire de notre planète que dans celle du cosmos, et sujet à de nombreuses interprétations de toutes sortes qui permettent ainsi de transformer le Sauveur et le rédempteur du christianisme, en l’un de ces nombreux êtres divins qui émanent du Père et d’accomplir ainsi des missions similaires ou semblables en d’autres points du cosmos. De cette façon, il reste comme une créature élevée, qui émane de l’amour du Dieu Tout-Puissant, mais il n’est nullement Dieu Lui-même. Il n’est donc pas Dieu et Homme non plus, mais seulement un Avatar.

Par exemple, certains peuvent même penser que Jésus en tant que personne n’était rien d’autre qu’un prophète ascensionné. Mais ce qu’il a vraiment accompli, avec sa mort sur la croix, c’est de nous laisser le Christ dans le cœur de tout humain. Ce Christ qui n’est pas Jésus, mais son héritage, nous donne la capacité d’écouter son Évangile et de le vivre, de telle manière que nous imitions Jésus. Ainsi, Jésus et le Christ, ce n’est pas la même chose. Jésus est un homme qui a vécu et est mort, le Christ est la présence de l’Esprit Saint dans nos cœurs grâce à la mort de Jésus sur la croix.

Du point de vue du Nouvel Age, le christianisme n’est rien de plus qu’une période du signe des Poissons du zodiaque, l’une des 12 étapes d’à peu près deux mille ans et des poussières dans la durée du cycle entier de 26 000 ans. Jésus est donc une sorte de Divinité qui nous vient du monde supérieur pour nous enseigner à vivre selon le monde spirituel et en relation avec l’Âge du Verseau, laissant derrière lui une vision d’attachement au monde matériel et instituant que la loi cosmique est soutenue par l’amour fraternel. Un message très bien connu et mis en pratique dans de nombreux points éloignés de notre cosmos ; mais qui n’était pas connu sur la Terre ni mis en œuvre comme le fit Jésus de Nazareth.

Ce n’est pas que l’on veuille enlever le Divin de l’humain en Jésus, ni le fait de ne pas le tenir pour Fils de Dieu, mais plutôt que nous portions et vivions tous un Christ intérieur,parce que nous sommes des créatures aimées et chéries par le même auteur de l’Univers. Ce sont des enseignements universels qui ont une vision du cosmos tout entier, et il est essentiel de faire ressortir qu’ils sont pratiqués sur une planète où vous vivez de façon plus primitive que dans les autres espaces de l’univers.

La fantaisie en dehors de toute rigueur intellectuelle

Dans son désir d’expliquer et de proposer des postures inédites, attrayantes et fascinantes, le Nouvel Age a empli de livres attrayants les vitrines de nombreuses librairies, et a produit des ateliers et des conférences qui peuvent vraiment enchanter tous ceux qui s’intéressent à chercher des explications alternatives à celles qui existent déjà traditionnellement.

Certaines personnes reconnaissent que leurs propositions sont si captivantes et merveilleuses, qu’il est difficile de les rejeter et de rester loin d’elles une fois que vous les avez essayées et caressées. Ce sont habituellement des plats succulents pour l’âme, la vie affective et le besoin humain de se réexpliquer le sens de la vie et de la mort. Elles sont également associées à une vision extraordinairement poétique, romantique, romanesque, avec une littérature implacable et séduisante qui peut capter les plus savants sur des sujets de ce genre.

Et bien qu’elle ressemble à un discours quelque peu magique et fantaisiste, elle est extrêmement séduisante, car, d’une certaine manière, elle porte implicitement les germes et les condiments essentiels de la doctrine traditionnelle, et de nombreuses propositions religieuses dans l’histoire de l’humanité qui flottaient dans l’esprit de l’homme, et qui, aujourd’hui, exercent une fascination et un charme particuliers.

Comme il s’agit d’une proposition irrationnelle et plus attachée au ressenti des émotions humaines, la rigueur logique-intellectuelle des vieilles écoles de pensée a cédé à la pensée magique, révélée par de nombreuses écoles littéraires contemporaines comme les livres d’Antonio Velasco Piña ou la série Harry Potter ou Game of Thrones ou The Hobbit, parmi tant d’autres séries, films et livres.

Les consommateurs de toutes ces propositions séduisantes, typiques du Nouvel Age finissent par trébucher sur l’incertitude, la confusion et l’incapacité de discerner ce qui est vrai de ce qui est faux, ce qui est réel de ce qui est fantastique. En devenant subjectif, fantaisiste, en accueillant tout sous une touche romantique, fascinante, magique et symboliquement séduisante, le consommateur de produits New-Age a perdu la direction, entre la logique et la discipline intellectuelle, de sorte qu’il peut rester piégé dans la logique trompeuse et fantaisiste d’un auteur.

Qui est capable de vérifier ce qui se passe dans les Pléiades ? Dans le Livre d’Urantia, qui pourra constater que ce que racontent les auteurs sur des faits qui surviennent ou se sont produits autrefois, n’est rien de plus que pure fantaisie de l’auteur ? L’homme d’aujourd’hui repose sur sa vision de l’avenir, d’une part en s’immergeant dans la haute technologiequi marche à pas de géant, et d’autre part en concevant un monde de divinités et d’êtres qui peuplent les divers espaces— encore inconnus — de l’univers, qui pour beaucoup nous ont déjà visités.

C’est ainsi qu’on induit un cercle positif vertueux, où succèdent aux gens qui ont besoin de se nourrir de fantasmes, ceux qui les leur fournissent à consommer. Cela génère un esprit d’enthousiasme pour le monde contemporain, où circulent les thèmes de santé, d’harmonie avec la nature, de rencontres spirituelles, et de toutes sortes de fantasmes. C’est beaucoup plus inspirant qu’un simple retour vers le passé pour voir l’histoire judéo-chrétienne avec toutes ses contributions, qui semblent aujourd’hui faire partie d’un musée.

Les gens du Nouvel Âge sont prêts à investir dans la lecture, le cinéma, les cours, les ateliers et toutes sortes d’objets qui nourrissent l’espoir d’un monde meilleur, même s’il est purement imaginaire. Cependant, pour eux, cela nécessite qu’il demeure possible ou viable, grâce aux énormes avancées que promet la technologie.

L’élimination de la pensée

Le monde magique de l’imagination est encouragé, nourri et même considéré comme le point central de ce qu’on peut vivre dans Nouvel Age. Penser, réfléchir, méditer, comprendre les choses de manière logique peut entraver l’exercice de l’imagination.

En effet, dans plusieurs ateliers et cours en rapport avec le Nouvel Âge, il est très courant pour le conférencier ou l’animateur de vous inviter à effectuer des exercices de méditation, dans lesquels vous devez éliminer les idées, les raisonnements, les pensées qui entravent votre ressenti palpitant, que vous devez placer entre le cœur et le ventre par la respiration. Et c’est pourquoi tous les enseignements liés au yoga sont des pratiques très appréciées.

Les ressentis sont beaucoup plus importants que les pensées. Une personne, dans son individualisme, se concentre facilement sur ce qu’elle sent, et elle le transforme en réalité. Si elle a peur de quelque chose dont elle pense que cela va se produire, elle croit en son ressenti plus qu’en tout autre chose, et ne va même pas explorer, écouter, discerner le vrai du faux, à cause de ce qui produit sa peur. Bref, elle construit sa réalité à travers ce qu’elle ressent, et elle tend à diminuer sa contribution perceptive, réfléchie, observatrice d’une réalité qui peut être comprise et reçue à travers la pensée logique.

On conclut alors une alliance entre l’imagination et le ressenti. Elle permet de vivre des expériences affectivo-émotionnelles qui vous submergent, jusqu’à l’excès ; à la fois celles qui sont extrêmement positives et celles qui sont aussi terriblement négatives.

Dans le Nouvel Age, il y a des gens qui sentent qu’ils ont vu des elfes, qu’ils ont vu des fées, qui font la constatation qu’ils ont vu des anges, qu’ils parlent avec des anges et qu’ils reçoivent des messages d’anges. C’est tellement réel, aussi objectif que le monde matériel ! Ils le perçoivent comme venu de l’extérieur, une sensation si particulière qu’ils se sentent devenir instruments de ces messagers cosmiques. Ceux-ci veulent faire parvenir aux êtres humains des nouvelles et leurs connaissances, par l’intermédiaire de ces canaux, lesquels ne remettront pas en question ou ne porteront pas de jugements critiques sur l’information qu’ils reçoivent, mais se contenteront de l’exprimer et de la transmettre.

Ainsi en est-il du monde des ténèbres : les gens pleinement convaincus de se sentir possédés, d’avoir besoin d’un exorcisme, parce qu’ils ont vu des manifestations claires de la présence matérielle du démon et qu’ils sont tourmentés par des idées de persécution par tous les êtres qui peuvent les habiter, selon leur imagination. Tout ce monde ténébreux des cavernes et des labyrinthes souterrains, tel qu’il s’exprime dans une multitude de films, est une partie de l’imaginaire polarisé entre le bien et le mal que nous sommes en train de vivre.

Le débat entre le ressenti et la pensée peut devenir très critique, chez certains adeptes du Nouvel Âge, préférant même éliminer tout jugement de valeur. Ils ne veulent même pas se demander le pourquoi des choses, ça ne les intéresse pas de le savoir. Vis-le, pointLe Nouvel Âge consiste à changer la façon de vivre, l’expérience humaine, l’esprit humain, principalement à partir des ressentis émis par l’intelligence émotionnelle, plutôt que de prendre appui dans l’intelligence rationnelle, réfléchie ou scientifique.

Il est beaucoup plus confortable de voir le monde avec les catégories du ressenti qu’avec l’inconfort de la pensée.Dans les cours, les ateliers et les expériences que vivent les adeptes du Nouvel Age, beaucoup d’expériences de haute intensité affective sont mises en avant,une attitude très sensible, affectueuse, attentive, douce, amicale, y compris en réduisant certaines expériences à se serrer simplement dans les bras ; citons par exemple la pacha mama, qui faisait des câlins à tous ceux qui formaient une file pour les recevoir. Dans l’imagination des assistants cette étreinte possédait une grande énergie curative et transformait, avec son caractère affectueux, votre harmonie intérieure, et vous reliait de nouveau à l’harmonie avec la Terre et à travers elle avec le cosmos.

L’échange de regards, de gestes, d’expressions, de moments solennels ou de rires joyeux, est fondamental, car c’est un échange d’émotions et de sentiments. Notre dialogue est alors entre nos corps, nos champs d’énergie, notre plénitude de l’être, qui va bien au-delà du dialogue des mots. Je m’intéresse à savoir ce que vous ressentez, et si je ressens quelque chose qui me rend mal à l’aise avec vous, je préfère m’éloigner de vous parce que vous apportez probablement des « vibrations négatives ». Je ne vais pas penser à plus de choses, ni d’approfondir ce qui pourrait arriver à l’autre, je me concentre simplement sur ce que je ressens pour cette personne ; et sur la base de ce ressenti, je me rapproche, ou je m’éloigne.

En ce qui concerne les lieux, les espaces, l’atmosphère en général, la nature elle-même, on a des critères pour discerner sur ce qui est beau, attrayant, magnifique, basés sur ce que l’on ressent de tout cela. Par exemple, « cette petite lagune je la sens très positive », je m’y sens très bien, elle me plaît beaucoup ; j’aime être dans cette cabane, je sens de très « bonnes vibrations » ; cette nourriture me fait me sentir très bien, c’est pourquoi je ne mange pas de viande parce que ça me fait me sentir mal. Mon monde tourne autour de ma perception des choses, des gens et du temps qui m’entourent, et je fais de ce ressenti la colonne vertébrale de ma propre existence.

On peut dire qu’ils réduisent à une seule dimension perceptive, le ressenti, toute la réalité qu’on peut connaître,en donnant plus de valeur au ressenti qu’aux autres dimensions que nous avons déjà mentionnées.

Dans cette expérience, seulement basée sur les sentiments ou de préférence sur eux, beaucoup de cercles vicieux sont habituellement créés ; la personne elle-même les met en place comme une réalité qui vit d’une manière très convaincante. En tombant souvent dans la folie et l’entêtement. Le ressenti va être le régulateur de ce que vous faites, ce que vous ne faites pas, ce que vous concevez, ce que vous ne concevez pas, ce que vous croyez, ce que vous ne croyez pas, et de cette façon, votre monde est ancré dans les sentiments.

Évidemment, il est beaucoup plus profitable de maintenir la stabilité, la prudence et toutes les capacités de l’intellect humain, sans que les sentiments et la fantaisie deviennent le prisme à travers lequel on cherche à connaître la réalité. En revanche, quand vous mélangez le sentiment, qui est sensible, avec la raison qui nous amène à pouvoir penser, et l’imaginaire qui nous facilite le pouvoir de nous souvenir et de créer, alors vous ne réduisez pas votre conception du monde à l’une de ces dimensions, mais vous les intégrez de manière équilibrée.

Sur la base de la réflexion précédente, on peut clairement comprendre pourquoi le Nouvel Âge porte comme étendard fondamental le ressenti, en essayant d’éliminer ou de mettre de côté la pensée logique-rationnelle, parce que cette dernière critiquera toutes les propositions qui émanent d’un monde possible ou viable ou crédible, sous-tendu seulement par l’imagination et le ressenti.

Par exemple, je sens qu’il y a des fantômes dans cette maison et j’ai peur d’aller dans les ténèbres, parce que je crois que les fantômes existent, parce que je sais que ceux qui meurent dans des accidents flottent dans une dimension angoissée et tourmentée. C’est pour cette raison qu’ils cherchent qui les sauvera, ils sont à la recherche des vivants qui les aident à trouver leur chemin vers l’au-delà.

C’est un ressenti et une imagination avec des croyances, qui ne sont pas sujettes à l’examen de la raison, de la science, de la logique. La personne peut vivre tourmentée pendant des années par une telle approche, en laquelle elle croit et continuera à croire. C’est pourquoi il y a tant de superstitions et de mondes magiques, où la puissance de ce que l’on croit finit par en faire une réalité. L’invocation à la chance, les malédictions, les lieux qui peuvent être nuisibles, ou les êtres comme les fées, des « démons » ou toute autre entité créée dans ce monde mythique et plein de fables, font vivre les gens sous l’emprise de fantasmes avec des sentiments complexes, sans que leur capacilté analytique-logique-intellectuelle n’intervienne pour faire disparaître et s’effondrer tant d’hypothèses imaginaires et subjectives.

Il est très difficile de convaincre quelqu’un qu’il vit dans un fantasme, lié à une multitude de sentiments. La tendance à une prédominance de l’alliance imagination-sentiments et la tendance à exclure dans la vie ordinaire le thème du monde rationnel, critique, intellectuel, pourront encore durer pendant de nombreuses décennies. Mais tôt ou tard, la pensée réfléchie, mathématique, scientifique gouvernera à nouveau, comme un authentique régulateur équilibrant ces autres dimensions de l’être humain.

À propos des charlatans et des faux prophètes

Précisément parce qu’il y a un environnement de recherche intense et qu’il faut croire en quelque chose de plus que ce que vous offrent aujourd’hui la majorité des religions et des philosophies de vie, on a développé le concept d’une société de « chercheurs ».En questionnant les visions du passé, ils avancent en cherchant de nouvelles propositions, de nouvelles visions, de nouvelles manières de vivre, des suggestions pour améliorer la qualité et le style de vie. Le problème survient lorsque le « chercheur » se lance dans le monde des idées, le monde de la connaissance, le monde des expériences, sans savoir exactement ce dont il a besoin ou ce qu’il essaie de trouver. Il s’ouvre alors de telle sorte qu’il est prêt à tout pour arriver à trouver ce qu’il attend, ce qui devient alors son paradis, ou sa solution, ou même son propre bonheur et accomplissement.

Il ne croit plus au passé, et il a besoin de croire en quelque chose de nouveau. C’est pourquoi il est ouvert à toutes sortes de propositions ; alors il se met entre les mains d’experts, de conférenciers de haut niveau, de bricoleurs, d’idéalistes, de fantaisistes. Il arrive finalement aux charlatans et commerçants répondant aux besoins de tous ces gens qui cherchent une certaine nouveauté. Nous allons situer les charlatans, non pas en tant que personnes disant des mensonges, qui peuvent être bien faits, mais plutôt comme ceux qui construisent des modèles de société, de pensée, de science à partir d’une salade de choses, qui mélangent philosophie, théologie, sociologie, science, psychologie pour les vendre matériellement à ces chercheurs. Pour cette raison, ils finissent par être commerçants des besoins des gens.

Le marché est inondé de ces propositions inutiles, qui nous font croire qu’elles sont des produits ou des méthodes qui, par magie, vont résoudre les problèmes de santé ou de qualité de vie des personnes. Les plus abusifs, avec des arguments convaincants auront recours à des ateliers, des livres, des conférences et même à des centres spécialisés dans la création d’un monde nouveau, avec des visions idéalisées d’un monde qui se veut meilleur pour leurs clients. Il y a, pour ainsi dire, des centres holistiques de nirvana partout dans le monde occidental, promettant un rétablissement de la santé basé sur des régimes de guérison, desspas, des méditations type yoga, des thérapies et des dynamiques de groupe enveloppés dans des philosophies qui sont généralement un mélange d’idées orientales, occidentales, ancestrales, et même des messages reçus par les êtres de l’au-delà, ou des êtres spirituels vivant dans les autres dimensions, et bien sûr, des sages et des grands extraterrestres mystiques.

Ils impliquent les gens dans des mouvements ou dans des écoles qui ont un objectif final de commerce, de création d’adeptes qui deviennent les esclaves économiques d’un leader qui se présente clairement comme le « gourou », le « prophète », le « saint », le « guide ». Ces personnages produisent de nombreux discours. Ils finissent souvent par devenir des êtres idolâtrés et admirés, comme de vrais êtres divins devenus des êtres humains, afin de venir nous sauver de nos terribles misères que nous souffrons.

Ce sont donc d’excellents charlatans. Ils semblent même posséder une fausse humilité et simplicité. Lorsque l’atelier, le séminaire est terminé, ils quittent leur lieu de travail pour jouir et profiter de la richesse qu’ils ont bâtie sur tant de naïfs et d’innocents qui veulent une meilleure qualité de vie. Les charlatans vous feront toujours croire que leurs propositions, leurs idées, leurs solutions viennent d’ailleurs, et qu’ils sont seuls à avoir accès à de telles connaissances et informations, et que vous devez payer pour les acquérir. Ce à quoi ils ont eu la capacité d’accéder, comme un secret et un cadeau personnel, ils vous le vendront assez cher pour que vous l’appréciiez, et aussi comme une grande sagesse qui vous fera devenir un être renouvelé et heureux.

Les charlatans sont les maîtres de la prestidigitation verbale ; ils sont aussi des experts pour vous faire sentir qu’ils ont des dons spéciaux, qu’ils ont des capacités, des aptitudes, des compétences que vous ne possédez pas. Ils peuvent lire l’esprit, parler avec les esprits, déchiffrer les codes des nuages, avoir accès à des êtres d’autres dimensions et parler avec eux. Dans leurs méditations, ils reçoivent des messages d’êtres divins, canalisent des vérités cosmiques. Bref, ils sont experts dans tout ce que vous n’avez pas. Vous les considérez comme des êtres surdoués. Si vous voulez quelque chose de ces êtres exceptionnels, vous devez payer, cela vous coûtera.

Quoi de plus grand que de participer à un séminaire, à un pèlerinage, à un événement collectif dirigé par l’un de ces sanctifiés qui sont capables d’entraîner des masses par leur charme, leur tranquillité, leur visage plein de lumière, de beauté, avec des vêtements merveilleux et très simples. Ils essaient de cloner les grands personnages de l’histoire comme certains prophètes de l’ancien Testament, ou osent imiter les pérégrinations de Notre Seigneur Jésus Christ pendant sa vie publique.

Les besoins facilitent le surgissement de ces personnages adossés à quelque tradition, religion connue ou même inventée, qui parviennent à scotcher des foules qui voient dans ces nouvelles directions une véritable solution à leurs problèmes. Ce ne serait pas problématique si ces personnages un tant soit peu charismatiques et leaders faisaient du bien à tous ces gens. La difficulté est qu’ils utilisent habituellement leur leadership, leur charisme, leur sagesse, leur talent pour profiter des sujets qu’ils enrôlenten cours de route. Et il est très courant qu’ils s’enrichissent d’aumônes données par les disciples, ou qu’ils se sentent vraiment surnaturels et qu’ils en viennent à se croire eux-mêmes de vrais rois, enflammés par une force spéciale qui les place au-delà de la réalité de l’humilité et du dévouement que le catholicisme promeut.

Le Nouvel Âge se caractérise par la multiplication de ces personnalités attrayantes, intéressantes et pleines de talents, qui offrent et proportionnent des nouveautés extrêmement attrayantes et difficiles à rejeter. Certains disent qu’il s’agit de propositions si séduisantes, qu’il est très difficile de ne pas succomber à cette tentation.

À propos des mouvements de laïcs dans l’Église

L’influence du Nouvel Âge est si subtile dans l’esprit de beaucoup de catholiques qui mélangent des thèmes très typiques du Nouvel Âge avec des thèmes d’actualité catholique, sans se prêter cependant à vivre une expérience du Nouvel Âge, et tout en gardant une adhésion totale à la doctrine et au magistère de l’Église. Et ils se lancent dans une promotion doctrinale, sans pour autant se désengager de leurs engagements et charismes qui les rendent forts devant la communauté chrétienne.

Concrètement, il s’agit d’analyser le fait qu’une proposition authentique, sincère, honnête et attachée au magistère de l’Église n’est pas contaminée par les variations de celles déjà mentionnées dans le Nouvel Age. Un exemple très commun est l’attribution d’expériences spirituelles à certains rites promus par un mouvement, rites qui ne correspondent pas à la tradition spirituelle des prophètes mystiques et des saints, et ont parfois à faire avec un monde magique et éloigné du contexte de la vie d’aujourd’hui.

Je pense à ceux qui, pendant la prière, ont le sentiment d’avoir des contacts privilégiés avec Dieu, le Père, le Saint-Esprit, et certainement avec Jésus. Ils parlent des langues qui n’ont même plus d’utilité pratique de nos jours, comme l’araméen au lieu de l’allemand ou du français, ou toute autre langue pratique pour l’évangélisation. Ou de mouvements qui exagèrent le moralisme et oublient la charité ; ou ont une discipline très exigeante avec leurs disciples et leurs adeptes, sans le respect de la liberté des membres de leur mouvement.

Il y a des mouvements qui ont tendance à idolâtrer pratiquement leur fondateur, parfois bien au-delà de l’amour présent et vivant de la Sainte Trinité. À tenir les paroles exprimées par le Fondateur comme plus importantes que les paroles des médecins, de l’église et même du Saint-Père actuel. À considérer la Fondatrice ou le Fondateur comme une personne qui est plus proche de l’amour de Dieu et du Saint-Esprit que toute autre personne dans le monde. Ils divinisent un être humain, en le plaçant au-dessus de qui que ce soit d’autre. Ces préjugés font partie de ce monde magico-fantaisiste qui se concentre trop sur le ressenti et les expériences de vie marquées par un déséquilibre notoire au détriment de la raison, de la parole et de l’expérience.

De nombreux mouvements sont également tentés de s’ériger en sauveurs d’un problème humain. Ils se considèrent comme des envoyés spéciaux pour sauvegarder la condition humaine déchue, ils se sentent supérieursaux autres apostolats et remédient au désengagement d’autres ordres religieux. En accueillant des tendances narcissiques, mégalomanes et des idées de grandeur, et finalement, beaucoup de dysfonctionnements psychologiques, ils n’aident pas à donner témoignage à l’humilité et à la simplicité de l’amour du Christ et aux enseignements de l’Évangile.

Il y a des mouvements influencés par les tendances du Nouvel Age pour créer des paradis terrestres à travers lesquels on va trouver le vrai chemin vers l’amour de Dieu. Ils créent ensuite un environnement de personnes privilégiées qui finissent par devenir une sorte de secte au sein même de l’Église, y compris en arrivant à créer une église parallèle qui devient un pont entre la haute curie romaine et le mouvement. Elle devient le chemin le plus court pour démontrer vraiment que l’Esprit Saint les a élus comme des êtres spéciaux pour coopérer et collaborer aux tâches de l’Église.

Cela a beaucoup à voir avec le Nouvel Age parce que c’est précisément pour en imposer aux autres, que tel ou tel groupe de personnes prétendent avoir accès au divin, au surnaturel et à l’humain. Ils confirment qu’ils ont un privilège particulier venant de l’amour de Dieu. Au lieu de faire preuve d’humilité et de simplicité en accomplissant simplement les tâches que l’Évangile nous confie au service de notre prochain et, bien sûr, de l’Église.

Certains leaders et fondateurs de mouvements possèdent des postures de supériorité ; pratiquement, dans leur vie, ils se sentent saints et incitent leurs disciples à les regarder comme des êtres extrêmement spéciaux et privilégiés. Ils sont tentés de construire de grandes organisations qui finissent par devenir de puissantes industries pleines de commerce : livres, centres de préparation et de formation, maisons de prière, écoles, tout ce qui a un rapport avec le pouvoir terrestre pour « servir l’Église », quand tout semble indiquer qu’ils utilisent plutôt la foi et l’Église pour un enrichissement et une puissance terrestre de dimensions et de proportions hors de la normale.

Nous connaissons tous certains mouvements et communautés nouvelles qui, en très peu de temps, deviennent multimillionnaires, sur la base de ce charme et de ce charisme qu’ils attribuent à l’Esprit Saint. Ils le promeuvent comme quelque chose qui émane de l’amour de Dieu, mais ils tombent finalement dans un centralisme égoïste et vaniteux axé sur la croissance de leur œuvre ou de leur mouvement. C’est par ce moyen qu’ils accumulent des adeptes dans le monde entier pour leur croissance, même s’ils ne s’éloignent jamais de l’église, et de ce qui bénéficie à la pastorale ecclésiale. S’ils le faisaient, ils couperaient eux-mêmes la source de crédibilité dont ils se sont servis pour rassembler leurs adeptes.

C’est une ambition pour une spiritualité très conforme aux besoins des temps modernes, mais malheureusement liée à la tendance de ne pas avoir besoin des religions, ni d’approfondir l’humilité. Au contraire, ils utilisent les religions existantes ou même en inventent de nouvelles, afin de devenir des intermédiaires, et de satisfaire ainsi les besoins religieux et spirituels du peuple ordinaire.

Le drame s’est tellement multiplié qu’il y a maintenant des temples et des courants « religieux » qui font de la spiritualité un spectacle comprenant de la musique, de grands orateurs, et bien sûr, le grand business qui va avec, à la fois pour obtenir des dons, pour atteindre des bénéficiaires, et naturellement, vendre toutes sortes de produits dérivés et de services.

Déjà depuis des temps reculés en Égypte antique, des milliers d’années se sont écoulées, avec la même tentation d’utiliser les besoins spirituels des gens pour le pouvoir et la richesse. Dans le Nouvel Age, une multitude de personnes ambitieuses ont émergé qui ont découvert comment feindre et se camoufler pour conjuguer une spiritualité et une religiosité agréables, avec la croissance de la richesse et du pouvoir.

Quant aux propositions dans l’Église catholique, elles tendent à montrer leur visage manipulateur, lorsqu’un mouvement met au centre son charisme le fondateur et ses œuvres, et non pas le Christ et son Église. En bref, ils concentrent leur marketing religieux pour vendre toutes les bontés de leurs apostolats et de leurs actions sociales, comme un accomplissement d’eux-mêmes, plutôt que du Saint-Esprit ou de l’Église. En utilisant, au lieu de servir.

Les fondateurs, même dans la vie de ce type de mouvements contaminés par les nombreuses erreurs du Nouvel Age, sont généralement des gens qui vivent avec une double vie, faisant apparaître à leurs partisans et à l’opinion publique une spiritualité merveilleuse, la rectitude et la piété ; mais dans la réalité de leur intimité, ils montrent le luxe et les ambitions disproportionnées par un goût spécial pour tout ce qui existe dans le monde du plaisir et du caprice, ce qu’offre l’environnement de la richesse et du pouvoir terrestre.

Il y a une totale confiance que l’Église, mère et protectrice, saura détecter à temps et éloigner tous ces parasites nuisibles qui s’approchent de l’Église du Christ pour nourrir leurs bénéfices personnels.

Il est clair qu’en plus de le signaler, nous devons prier pour notre Église et pour tous ceux qui, soumis au mal, prétendent être sur le chemin de la lumière, alors qu’en réalité ils servent leur propre ego et leurs ambitions mondaines et non le Royaume de Dieu.

 

D’après Guillermo Dellamary Toral, Lo que conocí de la Nueva Era. Una visión entre la realidad y la fantasía.

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