Simon le mage et sa postérité

Bertran Chaudet

 » Beaucoup de faux prophètes sont venus dans le monde. À ceci vous reconnaîtrez l’esprit de Dieu : tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu dans la chair est de Dieu. » (1 Jn 4,1-2)

I. À L’ORIGINE DES GNOSES ACTUELLES : SIMON LE MAGE

Pour les juifs anciens, nommer quelqu’un c’est lui accorder une importance. Le nom même est porteur de l’identité de la personne. Or dans le Nouveau Testament, deux personnes ont le même nom : Simon. Cette apparente similitude cache des voies divergentes. Faisons le parallèle entre les deux Simon, pour découvrir que toutes les gnoses actuelles et les dérives de l’Église étaient déjà en germe dans le combat spirituel qui opposa les deux Simon, Simon-Pierre et Simon le magicien.

Il ne s’agit pas ici de se plonger dans les méandres ou plutôt les arcanes du gnosticisme mais de repérer ce qui est dit de Simon le Mage dans les écrits anciens. Car ce Simon est devenu un archétype, présent dans l’imaginaire des théosophes par exemple, et des « maîtres » actuels de rites initiatiques. Et quand il n’est pas expressément cité, il a laissé sa trace !

Interrogeant ces thématiques gnostiques présentes dès le début de l’évangélisation, nous mettrons en évidence des analogies entre les pratiques de Simon le mage et certaines propositions actuelles pour aller mieux, que ce soit au niveau personnel ou au niveau ecclésial. Force est de constater que certaines propositions dans l’Église se confondent avec celles liées au développement personnel. Consciemment ou par imprégnation, car c’est dans l’air du temps, l’héritage gnostique a engendré des dérives qui affectent même des fidèles, confiants dans les fruits visibles et peu regardants sur l’origine des propositions.

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1. Simon-Pierre, celui qui écoute la parole de Dieu

Shimon, vient de la racine hébraïque sh’ma, du verbe écouter, que l’on retrouve dans שמע ישראל : « Écoute, Israël », prière juive centrale du matin et du soir, « Écoute, le Seigneur notre Dieu, le Seigneur est UN… Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toutes tes forces. ».

Simon est le premier disciple, avec son frère André, que Jésus rencontre sur les bords du lac de Galilée. Simon, celui qui écoute en mettant en pratique les Paroles de Jésus qu’il reconnaîtra comme son Seigneur et son Dieu, deviendra Képhas, c’est-à-dire Pierre. Grâce à l’Esprit Saint, il reconnaîtra Jésus comme étant vrai Dieu et vrai homme. Dès cet instant et après bien des vicissitudes, Simon, appelé Pierre par le Christ, réalisera en plénitude sa vocation.

Simon devient Pierre, Kephas, parce qu’il écoute et qui met en pratique la Parole de Dieu. Ainsi Jésus lui permet d’être pierre vivante de la Jérusalem céleste.

« Approchez-vous du Seigneur, la pierre vivante rejetée par les êtres humains, mais choisie et précieuse aux yeux de Dieu. Laissez-vous bâtir, vous aussi, comme des pierres vivantes, pour construire un temple spirituel. Vous y formerez une communauté de prêtres appartenant à Dieu, vous lui offrirez des sacrifices spirituels, qu’il accueillera avec bienveillance par Jésus Christ. Car il dit dans l’Écriture :

 » Voici que je place en Sion une pierre d’angle ; je l’ai choisie, elle est précieuse, et celui qui met sa foi en elle ne sera jamais déçu. » Cette pierre est d’une grande valeur pour vous, les croyants ; mais pour les incroyants, comme le dit l’Écriture : « La pierre que les bâtisseurs ont rejetée est devenue la pierre d’angle. » Et ailleurs, il est dit encore : « C’est une pierre qui fait trébucher, un rocher qui fait tomber. » Ces personnes trébuchent parce qu’elles refusent d’obéir à la parole de Dieu, et c’est ce qui devait leur arriver. » (1 Pierre, 2.4-10)

La première catéchèse de Jésus dans l’Évangile selon saint Mathieu commence au chapitre V, par les Béatitudes : Heureux ! L’objectif est d’être heureux ici et maintenant, d’un bonheur paradoxal, et pour l’éternité. Elle se termine au chapitre VII, par la parabole des deux maisons :

« Ainsi, celui qui entend les paroles que je dis là et les met en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a construit sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, les vents ont soufflé et se sont abattus sur cette maison ; la maison ne s’est pas écroulée, car elle était fondée sur le roc. Et celui qui entend de moi ces paroles sans les mettre en pratique est comparable à un homme insensé qui a construit sa maison sur le sable. La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, les vents ont soufflé, ils sont venus battre cette maison ; la maison s’est écroulée, et son écroulement a été complet. » (Mt 7, 15-27)

Catéchèse de Jésus, avertissement à prendre au sérieux. Celui qui écoute la Parole de Dieu et la met en pratique est un sage qui bâtit sa maison sur la pierre. Celui qui écoute cette Parole et ne la met pas en pratique est un sot qui bâtit sa maison sur le sable. Il y a donc une irréductible différence entre les deux hommes de la parabole. Et ceux que l’homme prévoyant inspire entrent dans un combat spirituel, rendu visible par les confrontations entre les deux Simon. Car Simon le magicien a d’une certaine manière écouté la parole de Dieu, quand il suivait Philippe avec la foule, mais tout en ouvrant son cœur au serpent.

2. L’autre Simon, Simon le mage (ou le magicien) écoute le serpent

Simon apparaît très vite dans les Actes des apôtres, marquant de sa présence insistante l’Église des premiers temps. Il est « celui qui est exaucé », autre interprétation possible du mot Simon. Autrement dit, il obtient des résultats, oui, mais par qui est-il exaucé et de quel ordre sont ses résultats ? Là sera toute la question.

Simon le mage (ou le magicien, selon les traductions) n’écoute pas le Seigneur Dieu. Il écoute le serpent de la Genèse, qui incite à manger du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, une écoute dévoyée, qui ouvre à la connaissance au sens où le serpent le promet, c’est-à-dire une gnose. Nous emploierons ici le mot de gnose ou de gnosticisme comme étant « l’initiation à la connaissance des mystères de la vie », s’opposant à la Révélation biblique, d’un Dieu bon créateur du monde et Sauveur en Jésus-Christ du péché, par la grâce de l’Esprit Saint. Les francs-maçons parlent de « la connaissance intérieure, par laquelle l’homme appréhende le divin, indépendamment de tout dogme, de tout enseignement »1;

« Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que le Seigneur Dieu avait faits. Il dit à la femme : « Alors, Dieu vous a vraiment dit : Vous ne mangerez d’aucun arbre du jardin ? » La femme répondit au serpent : « Nous mangeons les fruits des arbres du jardin. Mais, pour le fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, sinon vous mourrez. » Le serpent dit à la femme : « Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal.  »  » (Gn 3, 1-5).

La physiologie du serpent permet de comprendre ce qui se joue en Simon le mage. Car on peut aisément y découvrir des repères analogiques pour un discernement spirituel2.

II. QUE SAVONS-NOUS DE SIMON LE MAGE ?

On connaît la vie et la pensée de Simon le Mage d’après des sources apocryphes, comme Les Actes de Pierre, et des sources chrétiennes, comme les Actes des Apôtres. Saint Irénée et Saint Justin (pères de l’Église du IIè siècle), quasiment contemporains de Simon, se sont intéressés à lui. Beaucoup de textes gnostiques ont été détruits. Cependant, un certain nombre de textes dits apocryphes, datant du IIè au Vè siècles, peuvent donner des indications sur ce que furent les doctrines de ces gnostiques

Jacques Lacarrière (1926-2005), helléniste et écrivain qui s’intéresse particulièrement à la Grèce antique, situe Simon le Mage dans ces termes au sein du courant gnostique : La gnose apparaît dans l’histoire dès les premiers siècles du christianisme, prêchée par un personnage que mentionnent les Actes des Apôtres du nom de Simon le Mage. On y trouve déjà les principes essentiels qui la caractérisent : la création du monde est l’œuvre d’un faux Dieu, le vrai Dieu est inconnu de l’homme, le monde n’est là que pour le séparer de Lui. Pour Simon le Mage, le seul moyen pour l’homme de briser l’illusion du monde et d’atteindre à la plénitude est de vivre librement ses désirs. Le désir, sous toutes ses formes, est la seule part divine qui réside en l’être humain »3

1. À travers les Actes des Apôtres

« Ceux qui s’étaient dispersés annonçaient la Bonne Nouvelle de la Parole là où ils passaient. C’est ainsi que Philippe, l’un des sept, arriva dans une ville de Samarie, et là il proclamait le Christ

Les foules, d’un même cœur, s’attachaient à ce que disait Philippe, car elles entendaient parler des signes qu’il accomplissait, ou même les voyaient. Beaucoup de possédés étaient délivrés des esprits impurs, qui sortaient en poussant de grands cris. Beaucoup de paralysés et de boiteux furent guéris. Et il y eut dans cette ville une grande joie.

Or il y avait déjà dans la ville un homme du nom de Simon ; il pratiquait la magie et frappait de stupéfaction la population de Samarie, prétendant être un grand personnage. Et tous, du plus petit jusqu’au plus grand, s’attachaient à lui en disant : « Cet homme est la Puissance de Dieu, celle qu’on appelle la Grande. On l’en priait avec de grandes acclamations, on lui disait ; « tu es le dieu en Italie, tu es le Sauveur des Romains »… . Mais quand ils crurent Philippe qui annonçait la Bonne Nouvelle concernant le règne de Dieu et le nom de Jésus Christ, hommes et femmes se firent baptiser

Simon lui-même devint croyant et, après avoir reçu le baptême, il ne quittait plus Philippe ; voyant les signes et les actes de grande puissance qui se produisaient, il était stupéfait. Les Apôtres, restés à Jérusalem, apprirent que la Samarie avait accueilli la parole de Dieu. Alors ils y envoyèrent Pierre et Jean. À leur arrivée, ceux-ci prièrent pour ces Samaritains afin qu’ils reçoivent l’Esprit Saint ; en effet, l’Esprit n’était encore descendu sur aucun d’entre eux : ils étaient seulement baptisés au nom du Seigneur Jésus. Alors Pierre et Jean leur imposèrent les mains, et ils reçurent l’Esprit Saint.

Simon, voyant que l’Esprit était donné par l’imposition des mains des Apôtres, leur offrit de l’argent en disant : « Donnez-moi ce pouvoir, à moi aussi, pour que tous ceux à qui j’imposerai les mains reçoivent l’Esprit Saint. » Pierre lui dit : « Périsse ton argent, et toi avec, puisque tu as estimé pouvoir acheter le don de Dieu à prix d’argent ! Tu n’as aucune part, aucun droit, en ce domaine, car devant Dieu ton cœur manque de droiture. Détourne-toi donc de ce mal que tu veux faire, et prie le Seigneur : il te pardonnera peut-être cette pensée que tu as dans le cœur. Car je le vois bien : tu es plein d’aigreur amère, tu es enchaîné dans l’injustice. » Simon répondit : « Priez vous-mêmes pour moi le Seigneur, afin que rien ne m’arrive de ce que vous avez dit. » (Actes des Apôtres 8, 4-24).

Simon le mage est originaire de Samarie (aujourd’hui en Israël). Saint Irénée et saint Justin précisent même qu’il est né à Gitta ou Gitton, et serait mort à Rome vers la fin du Ier siècle

Simon exerçait ses pouvoirs en Samarie. Les Samaritains étaient méprisés des autres juifs, en raison de leurs croyances, et de leurs pratiques non orthodoxes, mais aussi en raison de leur tolérance à pratiquer des mariages avec des goys (non juifs), c’est-à-dire qu’ils étaient ouverts à une forme d’impureté. Ils se référaient uniquement à la Torah ou Pentateuque, rejetant tous les autres livres de la Bible. On comprend donc par l’insistance du rédacteur des Actes des apôtres que Simon a des références scripturaires limitées, une connaissance partielle de la parole de Dieu.

Pierre et Paul avec Simon le Mage devant Néron, Philippino Lippi, fin XV°

Ce Simon fut le fondateur d’écoles de magie et de sorcellerie en Asie. Il aurait eu le pouvoir de léviter et de voler. Il donnait des enseignements teintés de mythologie, d’ésotérisme et d’occultisme auxquels il avait été initié. Il appuyait en effet toutes ses pratiques sur une histoire construite par lui, qu’il développa comme une explication de la construction du monde, mythologie dans laquelle il occupa en définitive la place de Dieu

2. À travers Irénée de Lyon (vers 140 à Smyrne – vers 202 à Lyon)

Saint Irénée de culture grecque, connut saint Polycarpe qui fut ordonné par l’apôtre Jean. Il succède à saint Pothin, premier évêque de Lyon, mort martyr en 177. Saint Irénée dénonça les élucubrations du gnosticisme qu’il connaissait bien, en tant que perversion de la vraie gnose qui est la foi chrétienne dont il fit l’apologie.

Dans son texte Contre les Hérésies (Adversus Hæreses), il dénonce une gnose au nom menteur, dont voici quelques extraits concernant Simon le magicien

« Dans son désir de rivaliser avec les apôtres et de devenir célèbre lui aussi, [Simon le magicien] s’appliqua davantage encore à toutes les pratiques magiques, au point de rendre muets d’admiration une foule d’hommes. Il vivait au temps de l’empereur Claude, qui dit-on, alla jusqu’à l’honorer d’une statue pour sa magie. C’est ainsi qu’il fut glorifié par un grand nombre à l’égal de Dieu. C’était lui-même, enseignait-il, qui s’était manifesté parmi les juifs comme Fils, qui était descendu en Samarie comme Père et qui était venu parmi les autres nations comme Saint-Esprit : il était la suprême Puissance, c’est-à-dire le Père qui est au-dessus de toutes choses, et il consentait à être appelé de tous les noms dont l’appelaient les hommes.

Simon de Samarie, de qui dérivèrent toutes les hérésies, édifia sa secte sur le système que voici. Ayant acheté à Tyr en Phénicie, une certaine Hélène, qui y exerçait le métier de prostituée, il se mit à parcourir le pays avec elle, disant qu’elle était sa pensée première, la Mère de toute chose, celle par laquelle à l’origine, il avait eu l’idée de faire des Anges et des Archanges. Cette pensée avait bondi hors de lui : sachant ce que voulait son Père, elle était descendue vers les lieux inférieurs et avait enfanté les Anges et les Puissances, par lesquels fut ensuite fait ce monde. Mais, après qu’elle les eut enfantés, elle avait été retenue prisonnière par eux par malveillance, parce qu’ils ne voulaient pas passer pour être la progéniture de qui que ce fut. Lui-même, en effet, fut totalement ignoré d’eux : quant à sa Pensée, elle fut retenue prisonnière par les Puissances et les Anges qu’elle avait émis : pour qu’elle ne pût remonter vers son Père, elle fut accablée par eux de toute espèce d’outrages, jusqu’à être enfermée dans un corps humain et à être comme transvasée, au cours des siècles, dans différents corps de femme. Elle fut, entre autres, en cette Hélène qui causa la guerre de Troie ; ainsi s’explique que Stésichore, pour l’avoir outragée dans ses poèmes, devint aveugle, tandis que, pour l’avoir célébrée dans ses « palinodies », il recouvra la vue. Tout en passant ainsi de corps en corps et en ne cessant de subir des outrages, pour finir elle vécut même dans un lieu de prostitution : c’était « la brebis perdue ».

C’est pourquoi il vint en personne, afin de la recouvrer le premier et de la délivrer de ses liens, afin de procurer le salut aux hommes par la « connaissance » de lui-même. Car, comme les Anges gouvernaient mal le monde, du fait que chacun d’eux convoitait le commandement, il vint pour redresser cette situation. Il descendit en se métamorphosant et en se rendant semblable aux Principautés, aux Puissances et aux Anges : c’est ainsi qu’il se montra également parmi les hommes comme un homme, et qu’il parut souffrir en Judée, sans souffrir réellement. Quant aux prophètes, c’est sous l’inspiration des Anges auteurs du monde qu’ils avaient débité leurs prophéties. Ainsi les fidèles de Simon et d’Hélène ne devaient-ils plus se soucier d’eux, mais, en hommes libres, faire tout ce qu’ils voulaient : ce qui sauvait les hommes, c’était la grâce de Simon, non les œuvres justes. Car il n’y avait pas d’œuvres justes par nature, mais seulement par convention, selon qu’en avaient disposé les Anges auteurs du monde dans le but de réduire les hommes en esclavage par de tels commandements. Aussi Simon promettait-il de détruire le monde et de libérer les siens de la domination des Auteurs du monde.

Leurs mystagogues4 vivent donc dans la débauche, et, d’autre part, s’adonnent à la magie, chacun autant qu’il peut. Ils recourent aux philtres, aux charmes, aux démons dits parèdres5 et oniropompes et à toutes les autres pratiques magiques. Ils possèdent une image de Simon représenté sous les traits de Zeus et une image d’Hélène sous ceux d’Athéna, et ils les adorent. Ils portent un nom dérivé de Simon, l’initiateur de leur doctrine impie, puisqu’ils sont appelés Simoniens, et c’est d’eux que tire son origine la gnose au nom menteur, ainsi qu’il est loisible de l’apprendre par leurs déclarations mêmes. »6

Dès le deuxième siècle, Saint Irénée établit donc le fait que ce Simon le magicien, qui opère sa magie sous le règne de l’empereur Claude7, est bien celui des actes des apôtres, Simon de Samarie, de qui dérivèrent toutes les hérésies. Simon de Samarie est donc reconnu dès les premiers temps comme la source même de la gnose au nom menteur.8

Dans la gnose qui se met en place avec Simon, la sagesse divine résulte de l’union de la magie et de la raison, la magie étant représentée par Simon, et la raison étant symbolisée par Hélène, qui est appelée « la pensée ». Cette union de la magie et de la raison est une des caractéristiques de l’ésotérisme juif que l’on retrouvera notamment dans la kabbale, mais aussi chez les occultistes du XIXè siècle et les nébuleuses du New Age où puisent certaines nouvelles thérapies et méthodes de développement personnel.

3. À travers Saint Justin

Saint Justin fut le plus important des Pères apologistes du IIe siècle (en grec, apologia signifie défense). Il défendait donc le christianisme naissant contre les accusations et les persécutions des juifs et des païens. À la fin d’un long chemin philosophique de recherche de la vérité, à la suite d’une rencontre avec un vieillard qui croyait en la Parole de Dieu dans la Bible, et qui l’exhorta à la prière, Justin aboutit à la foi chrétienne. Témoin de la Foi, il garda avec raison et discernement la richesse de sa formation philosophique. Il fut décapité vers 165 sous le règne de Marc-Aurèle et devint le saint patron des philosophes.

« Il te faut prier avant pour que les portes de la lumière s’ouvrent pour toi, car personne ne peut voir ou entendre, à moins que Dieu et son Christ ne lui accordent de comprendre. » 9

Dans ses Apologies, saint Justin relate l’histoire de Simon le magicien en se basant d’une part sur le récit des Actes des Apôtres, d’autre part sur la tradition orale des premiers chrétiens. Simon au fur et à mesure que sa notoriété croissait se présentait comme Dieu lui-même et construisit un mythe explicatif de la création du monde, qui fut le support d’hérésies gnostiques. Jean Daniélou le relate dans son ouvrage sur l’histoire de l’Église.

« Simon apparaît comme le premier Dieu par opposition aux anges qui ont créé le monde et inspiré l’Ancien Testament, ainsi que le précisera Irénée. Le premier Dieu vient libérer l’homme des anges qui gouvernaient mal la création. Ici nous sommes en présence du gnosticisme, avec la condamnation de l’Ancien Testament et de la création qui est son œuvre. C’est à raison que les Pères de l’Église ont fait de la doctrine simonienne le début de ce mouvement.10

4. À travers les Actes de l’apôtre Pierre et de Simon

Les Actes de l’apôtre Pierre et de Simon (souvent appelés Actes de Pierre) datent de la fin du IIè siècle, voire du début du IIIè. Ce texte fut déclaré apocryphe au VIè siècle, c’est-à-dire qu’il ne fut pas jugé digne de figurer dans le canon de l’Église, notamment parce qu’il relate avec force détails des anecdotes qui n’ont rien à voir avec la sobriété des Évangiles ou des Actes des Apôtres. L’Église catholique en a cependant conservé quelques éléments qui apparaissent fiables. C’est donc un écrit à lire avec un esprit critique, et qui pourtant nous éclaire sur certains aspects de Simon, notamment la confusion entre le réel et le mythe.

C’est par exemple dans ce livre apocryphe des Actes de Pierre que nous est rapportée la crucifixion de Pierre la tête en bas, reprise par l’iconographie ecclésiale. On apprend dans les Actes de Pierre que le magicien aurait poursuivi sa carrière à Rome, et aurait annoncé son ascension au Ciel, mais la prière de l’apôtre Pierre le fit lamentablement chute L’Église en garde la mémoire dans l’iconographie de la chute de Simon.

« … Il y eut une grande agitation au sein de l’assemblée : certains disaient avoir vu les miracles d’un homme, qui s’appelait Simon. Il eut du succès, lui qui affirmait qu’il était la Grande Puissance de Dieu et ne faisait rien sans Dieu. Ne serait-il pas le Christ ? En effet, nous avons vu des morts ressuscités et des gens guéris de diverses maladies. » On le priait d’entrer dans Rome, alors qu’il était encore à une quinzaine de kilomètres au su On l’en priait avec de grandes acclamations, on lui disait ; « tu es le dieu en Italie, tu es le Sauveur des Romains… » Et lui, s’adressant à la foule d’une voix grêle, dit : « Vous me verrez demain vers la septième heure, voler au-dessus de la porte de la ville dans la tenue où vous me voyez à l’heure où je vous parle… Or, à la septième heure, voilà que parut tout à coup, au loin dans le ciel, de la poussière, comme une fumée émettant d’en haut ses rayons. Mais quand elle eut approché de la porte, elle disparut soudainement. Et puis, il apparut debout au milieu du peuple. Et reconnaissant que c’était bien lui qu’ils avaient vu la veille, tous l’adoraient ».11

Le texte ajoute que, chez les chrétiens demeurés fidèles, on regrettait que les premiers évangélisateurs Paul, Timothée et Barnabé ne fussent pas là pour combattre Simon et encourager les jeunes catéchisés. Déjà, Simon faisait des adeptes parmi eux, traitant Paul de magicien… On voit ici apparaître la première inversion accusatoire, si souvent employée par la suite, jusqu’à aujourd’hui.

Pierre arriva à Rome sur ordre du Seigneur à cause de Simon, pour montrer que ce dernier était un séducteur et un persécuteur des bons. Simon avait déjà exercé sa sorcellerie à Jérusalem pour voler Eubola, une femme très riche. Il s’introduisit chez elle avec deux autres hommes, rendus invisibles par effet de magie, qui lui dérobèrent tous ses bijoux. Pierre, après avoir prié, retrouva les bijoux, dédouanant les esclaves que la dame avait injustement accusés. Simon dut prendre la fuite et ne revint pas en Judée. Pierre admonesta Eubola de laisser les idoles à qui elle rendait un culte pour se tourner vers le vrai Dieu en se convertissant au Christ. Elle confessa alors à Pierre qu’elle avait donné beaucoup d’argent à Simon (d’où la Simonie), qu’elle croyait être un serviteur de Dieu au secours des pauvres. « Après cela, elle mit sa foi dans le Seigneur Jésus-Christ et fortifiée en elle, méprisant ce monde et y renonçant, elle distribuait son bien aux pauvres et aux orphelins, elle habillait les pauvres ».

Le texte entre alors dans le merveilleux, et relate une succession de rivalités étonnantes entre Simon et Pierre.

Une confrontation entre Pierre et Simon — arrivés à Rome — devant une foule, des préfets et des sénateurs, est organisée. Pierre dit à Simon : « Je crois en effet au Dieu vivant, par qui je réduirai à rien tes magies. » Simon reprit la parole pour se moquer de l’incarnation de Jésus et de sa mort infamante. Alors que Simon le mage tue un esclave, Pierre le ressuscite. Simon use de magie, d’illusions pour faire croire à sa puissance et Pierre à chaque fois démonte ses emprises. Le dernier tour de Simon le Mage, consistant à prouver sa divinité, fut de s’envoler dans les airs devant l’empereur Claude et la foule présente sur le forum romain. Les apôtres Pierre et Paul prièrent alors Dieu d’arrêter son vol. Simon le Mage fut stoppé en plein ciel et, s’écrasant au sol, il se brisa la jambe en trois endroits, comme l’avait prophétisé Pierre. Simon fut amputé et il expira.

La chute de Simon, Benozzo Gozzoli, XV° s.

III. ARGENT, SEXE ET POUVOIR : SIMON PORTE EN LUI LES DÉVIANCES DU SIMONISME, DU NICOLAÏSME, ET D’UN POUVOIR OMNIPOTENT

Rappelons que la Simonie correspond à la tentation de faire commerce du sacré. C’était une spécialité de Simon qui voulait acheter le pouvoir et en fit grand comme.

Le Nicolaïsme incarne la déviance d’enfreindre les règles de la chasteté, déjà en germe chez Simon en couple avec une prostituée. Le terme « nicolaïtes » est cité à deux reprises dans l’Apocalypse. Impudicités, luxures et transgressions alimentaires sont reprochées aux nicolaïtes. Voici dans la lettre à l’Église de Pergame (Ap 2, 1) :

« Mais j’ai quelque chose contre toi, c’est que tu as là des gens attachés à la doctrine de Balaam, qui enseignait à Balak à mettre une pierre d’achoppement devant les fils d’Israël, pour qu’ils mangent des viandes sacrifiées aux idoles et qu’ils se livrent à l’impudicité. De même, toi aussi, tu as des gens attachés pareillement à la doctrine des nicolaïtes. Repens-toi donc ; sinon, je viendrai à toi bientôt, et je les combattrai avec l’épée de ma bouche. »

Nous pourrions ajouter une troisième dérive des mœurs catholiques : la tentation du pouvoir, également en force chez Simon. Écoutons saint Irénée : « C’est pourquoi il vint en personne, afin de la recouvrer le premier et de la délivrer de ses liens, afin de procurer le salut aux hommes par la « connaissance » de lui-même ».

Ces dérèglements délétères touchent toute la société civile, et ne sont pas des spécialités ecclésiales, mais quand ils touchent les structures même de l’Église, ils revêtent là un caractère de gravité supplémentaire.

1. Les disciples de Simon

La gnose initiée par Simon se diffuse dans tout l’Empire romain, à Alexandrie, Antioche, Édesse, Carthage, de Rome jusqu’à Lyon et dans la vallée du Rhône, comme en témoigne saint Irénée. Suivant les initiations de Simon — sans doute monnayées si l’on se souvient que Simon lui-même proposa une rémunération à Pierre pour ses pouvoirs — ses disciples usèrent de la magie et de l’interprétation des songes. Ils vivaient dans la débauche, vouaient un culte aux statuettes représentant Simon sous les traits de Zeus et Hélène sous les traits d’Athéna. On peut noter trois disciples intéressants pour la diffusion et la complexification de la cosmogénèse de Simon.

> Ménandre 1er siècle

Saint Irénée, en bon connaisseur des gnoses de son temps, de leur engendrement et filiation, dénonce le successeur de Simon, Ménandre, évêque usurpateur de la tradition apostolique de Lyon, en précisant qu’il atteignit, lui aussi, le sommet de la magie, et que « c’est par la magie qu’il communiquait à ses adeptes une connaissance permettant de vaincre les anges créateurs du monde. »12

Se coulant dans le mythe de la création du monde selon Simon, Ménandre affirmait donc que ce n’est pas Dieu, mais les anges qui ont créé le monde. Il se présentait comme le Sauveur envoyé des lieux invisibles pour sauver les hommes. Il baptisait au nom de Simon le mage pour donner l’immortalité aux hommes.

Jean Daniélou note : « Personne ne pouvait, selon Ménandre, arriver à être supérieur aux anges s’il n’acquérait pas la science de la magie que lui-même possédait et se chargeait d’enseigner à ceux qui étaient baptisés par lui. Ceux qui s’en trouvaient dignes recevaient l’immortalité ; ils ne mourraient pas et restaient sans vieillir dans une vie immortelle13

> Basilide (mort vers 130)

Basilide est un disciple de Ménandre, et donc de Simon. D’Antioche, il partit répandre l’initiation gnostique à Alexandrie, en Égypte. Il complexifia la cosmogenèse gnostique en cascade, la dotant d’un monde hypercosmique où se trouve le Dieu Néant et le Dieu Devenir, le monde supra-lunaire, comprenant 365 Éons, et le monde sublunaire où monde ordinaire. Sauvée, l’âme oublie tout ce qu’elle a vécu sur terre. Saint Irénée dénoncera fermement ces conceptions opposées à la Révélation.

Notons que ces fantasmagories ne sont pas loin du nirvana des conceptions orientales.

D’autres interprétations des écrits évangéliques débouchant sur des hérésies émergèrent dans les premiers siècles. Même si elles ne sont pas directement inspirées de Simon, elles développent des aspects qui étaient en germe dans sa cosmogenèse.

> Les docètes (du grec dokein, paraître)

Cette doctrine, apparue dès le Ier siècle, prétend que l’incarnation n’est qu’une apparence, une illusion. Le Christ ne s’est pas réellement incarné, si ce n’est en apparence. Son corps est une illusion. Jésus, grand initié, n’a pas réellement vécu la passion, la mort et la résurrection. Pour les docètes, le corps (sôma) est un tombeau (sêma), négligeable, au contraire de l’esprit qui est éternel.

Notons une conception proche de celle des docètes dans l’hindouisme et le bouddhisme où le monde apparent (maya) est illusion. Voici, au-delà du sourire et de la bienveillance du Dalaï-Lama, des affirmations similaires : « Le bouddhisme s’est toujours gardé d’affirmer l’existence et l’omnipotence d’un dieu créateur… nous reconnaissons l’existence d’êtres supérieurs, en tout cas l’état supérieur de l’être, nous croyons aux oracles, aux interprétations des songes, à la réincarnation… Le bouddhisme est une expérience… L’un des enseignements du Bouddha est : « attendez tout de vous-mêmes ».14

« Cette existence humaine que nous tenons pour précieuse vient d’un rebut… Le corps est une machine à produire excréments et urine. Pareil corps n’est pas à chérir. »15

Or nous affirmons que le Christ de nature divine a pris chair dans notre nature humaine. Ainsi le corps, dans la tradition chrétienne, est précieux de sa conception à la mort, et même au-delà de la mort puisque nous croyons à la résurrection de la chair dans la vie éternelle. Saint Paul parlant de l’être, corps et âme, disait : « Ne savez-vous pas que vous êtes un sanctuaire de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? » (1 Co 3,6).

Ces idées docètes, avant même d’être érigées en doctrine, furent condamnées fermement par saint Jean dans sa première épître :

« À ceci reconnaissez l’esprit de Dieu : tout esprit qui confesse Jésus Christ venu dans la chair est de Dieu ; et tout esprit qui ne confesse pas Jésus n’est pas de Dieu ; c’est là l’esprit de l’Antichrist. » (1 Jn 4, 2-3)

> Valentin (IIè siècle)

Valentin réservait ses enseignements à une élite d’initiés « mais seulement à ceux qui sont capables de fournir de substantielles rémunérations pour de si grands mystères. »16 il se situe dans la lignée de Simon qui faisait payer ses prestations. Or Saint Irénée rappelle que le message évangélique est offert à tous gratuitement Irénée dénonce les mœurs des adeptes de Valentin, sans moralité, se situant au-dessus du bien et du mal :

« Ils mangent les viandes offertes aux idoles, se mêlent aux fêtes païennes, certains d’entre eux assistent même aux combats des gladiateurs. En outre, ils ont secrètement commerce avec les femmes qu’ils endoctrinent17

Comme Simon qui s’appuie sur les Écritures Saintes pour les dénaturer, les gnostiques adaptent les textes de la Bible, Ancien et Nouveau Testament, à leurs desseins.

« [Ils] font violence aux belles paroles des Écritures pour les adapter à leurs scélérates inventions. Et ce n’est pas seulement des Évangiles et aux écrits de Paul qu’ils s’efforcent de tirer leurs preuves, en dénaturant les interprétations et en faussant les exégèses, mais ils recourent aussi à la Loi et aux prophètes : comme il s’y rencontre nombre de paraboles et d’allégories susceptibles d’être tirées dans des sens multiples, ils accommodent l’ambiguïté de celles-ci à leur fiction au moyen d’exégèses habiles et artificieuses, et ils retiennent ainsi captifs loin de la vérité ceux qui ne gardent pas solidement leur foi en un seul Dieu Père tout-puissant et un seul Jésus-Christ, Fils de Dieu»18

Comme Simon reconstruisant une histoire du monde, Valentin laisse sa trace. Laissons l’humour de saint Irénée plagier la cosmogonie gnostique de Valentin :

« Il existe un certain proprincipe royal prodénué d’intelligibilité, prodénué de substance et prodoté de rotondité que j’appelle Citrouille. Avec cette Citrouille coexiste une puissance que j’appelle encore Supervacuité. Cette Citrouille et cette Supervacuité, étant un, ont émis sans émettre un fruit visible et savoureux, fruit que le langage appelle Concombre. Avec ce Concombre coexiste une puissance de même substance que lui que j’appelle Melon. Ces puissances, à savoir Citrouille, Supervacuité, Concombre et Melon, ont émis tout le reste de la multitude des Melons délirants de Valentin. »19

Saint Irénée dénonce aussi les pratiques d’un disciple oriental de Valentin, Marc le Mage, homme très habile en jongleries magiques, se faisant passer pour un faiseur de miracles. C’est surtout aux femmes qu’il s’adresse, de préférence aux plus élégantes et aux plus riches, celles à la robe frangée de pourpre, et, lors de cérémonies de teneur ésotérique, il leur confère le don de prophétiser.20 Il obtient en échange faveurs sexuelles et larges récompenses financières, amassant ainsi de grandes richesses. Il se sert, en outre, de philtres et de charmes pour séduire les femmes.21

Observons quelques constantes de ces courants gnostiques.

2. Principes simoniens et constantes chez les gnostiques

Les gnostiques ont toujours imbriqué leur doctrine et pratiques dans le discours officiel de l’Église, d’où la difficulté de les débusquer. Il faut parfois un discernement affiné pour ne pas se retrouver floué. En dépit de cosmogonies, toutes plus complexes les unes que les autres, censés être chacune plus pleinement dépositaires des secrets et des mystères de l’existence, nous pouvons relever quelques traits communs :

* Dieu est inconnaissable et n’est pas le Dieu Créateur de la Bible

Le Dieu de la Bible est mauvais, il faut donc chercher ailleurs le premier Dieu.

Chez Simon, le Dieu Créateur de la Bible a enfermé l’homme dans un univers mauvais. Il s’agit alors pour l’initié de prendre conscience qu’il est lui-même dieu, libre de toute morale asservissante.

* Le salut est apporté par un homme, la souffrance de la Croix est évacuée

« On priait Simon avec de grandes acclamations, on lui disait : « tu es le dieu en Italie, tu es le Sauveur des Romains » » lit-on dans les Actes de Pierre. Simon est donc le sauveur.

« C’est ainsi qu’il se montra également parmi les hommes comme un homme, et qu’il parut souffrir en Judée, sans souffrir réellement. » (Actes de Pierre). On a ici l’évocation d’une dissociation psychosomatique, état de conscience modifié propre aux pratiques New-Age.

Dès lors les lois divines deviennent caduques et les souffrances offertes de Jésus sur la Croix inutiles. Il faut jouir de l’instant prés.

* L’identité de l’homme et de la femme se dilue

Chez Simon, l’union fusionnelle de deux opposés pour former une entité unique se manifeste par le double qu’il forme avec la prostituée Hélène, dans une syzygie originelle. Pour les gnostiques les Éons (les esprits) du Plérôme sont regroupés selon la syzygie : chaque Éon mâle inclut un Éon femelle et réciproquement, dont chacun est nettement distinct l’un de l’autre tout en étant inséparablement uni, ne forment qu’un. De là les gnostiques se mettent en quête de l’androgynie, sommet de la « révélation » initiatique. Dans l’Évangile apocryphe de Thomas, on lit au chapitre 32 : « Lorsque vous ferez… du mâle et de la femelle un seul et même être de façon à ce que le mâle ne soit plus mâle et que la femelle ne soit plus femelle… c’est alors que vous entrerez dans le Royaume. » C’est l’Adam Kadmon (l’Homme Primordial) dont rêvent aujourd’hui les kabbalistes.


Simon le Magicien les démons et la naissance de la vigne, Basilique Saint-Sernin

* Le réel est confus : le monde présent est rejeté. La magie pénètre la raison

« Mais ils recourent aussi à la Loi et aux prophètes : comme il s’y rencontre nombre de paraboles et d’allégories susceptibles d’être tirées dans des sens multiples, ils accommodent l’ambiguïté de celles-ci à leur fiction au moyen d’exégèses habiles et artificieuses, leur fiction au moyen d’exégèses habiles et artificieuses » dit saint Irénée.

Les histoires rocambolesques de Simon relatées dans les Actes de Pierre témoignent d’une intrication entre le vrai et le mythe. Il n’y a plus de place pour la raison et le bon sens qui sont suspectés d’étroitesse d’esprit, de restriction abusive des capacités humaines. La magie et la raison sont l’une des caractéristiques de la philosophie gnostique permettant une double lecture exotérique et ésotérique. Dans la gnose, le vrai et le faux sont souvent habilement mélangés. Certains des disciples doués d’une bonne capacité d’argumentation sont repérés comme prometteurs et formés à part.

L’androgyne hermétique en est un des exemples les plus connus que l’on retrouve en alchimie.

* Une anthropologie gnostique tripartite qui justifie la connaissance réservée à une élite

Chez les Gnostiques, l’homme est constitué de trois parti la matière, en grec hylê, l’âme psyché, l’esprit pneuma. L’esprit est supérieur au corps, matière vile. Les vocables varient selon les écoles mais nous retrouvons la même tripartition chez Gurdjieff et à sa suite dans l’ennéagramme, ainsi que dans le regard que porte le New Âge sur l’homme. Cette tripartition permet de définir trois sortes d’hommes :

  • Les hyliques ou hommes matériels sont restés au stade de la matière.
  • Les psychiques sont soumis à leurs émotions ou sensations, ne pouvant accéder qu’à des savoirs extérieurs ou exotériques, et condamnés à suivre le troupeau.
  • Les pneumatiques sont illuminés par initiation et accèdent ainsi à un savoir ésotérique réservé à une petite élite.

Ces courants gnostiques professent d’autre part un dualisme, opposant un principe spirituel à un principe matériel. Cela conduit au mépris de tout ce qui est corporel, et à la spiritualisation de toutes les manifestations psychiques, notamment. Cela imprègne aujourd’hui l’Église. Il s’agit d’auto-guérir nos blessures originelles, plutôt de que de reconnaître son péché. « Ainsi, si un membre tombe en dépression ou en burn-out, c’est qu’il ne prie pas assez. Allez, quelques jours de désert au pain et à l’eau, ou quelques exorcismes, et ça se termine en hôpital psychiatrique ou en tentative de suicide ».22

* Le feu, l’énergie

« … Or, à la septième heure, voilà que parut tout à coup, au loin dans le ciel, de la poussière, comme une fumée émettant d’en haut ses rayons. Mais quand elle eut approché de la porte, elle disparut soudainement. Et puis, il (Simon) apparut debout au milieu du peuple. » relatent les Actes de Pierre.

Le Dieu est présenté comme un feu dévorant, non pas un feu matériel, mais un feu subtil, indicible, suivant la théorie d’Héraclite. Dans les sociétés qui veulent entretenir le secret, les adeptes subissent un rituel initiatique à ce feu principe de toute chose, énergie primordiale, comme à celui des trois autres éléments, l’eau, l’air et la terre.

Aujourd’hui c’est le mot énergie qui remplace la notion de feu, un peu trop connotée ésotérique, avec son corollaire la puissance. Le mot énergie permet de glisser à l’occasion vers des références pseudoscientifiques via une utilisation de la physique quantique.

Pour les gnostiques, cette énergie se transforme en se raréfiant ou en devenant plus dense, suivant des fluctuations périodiques qui suivent le destin. Ainsi le monde est-il éternel, mais créé et détruit selon un retour éternel. L’énergie est aussi le logos universel, la raison commune à tous, dont l’harmonie est le résultat des tensions et des oppositions qui constituent la réalité. Le devenir lui-même s’explique par la transformation des choses en leur contraire et par la lutte des éléments opposés.

Nous retrouvons cette conception dans la logique du signe du Taijitu, devenu un signe banal dans notre culture occidentale. Le Taijitu représente le mouvement d’alternance des qi, yin (noir) et yang (blanc), inconcevables l’un sans l’autre et recélant chacun un germe de l’autre. Mouvement perpétuel où tout se renouvelle indéfiniment. Le temps est ainsi imperturbablement cyclique, il n’a pas une trajectoire avec un commencement et une finalité comme nous l’enseigne la Bible. Nous sommes dans une conception moniste où il n’y a pas de différenciation entre un dieu énergie universelle et la création.

* La puissance

« Et tous, du plus petit jusqu’au plus grand, s’attachaient à lui en disant : « Cet homme est la Puissance de Dieu, celle qu’on appelle la Grande. » » (Actes des Apôtres 8,

« Il eut du succès, lui qui affirmait qu’il était la Grande Puissance de Dieu et ne faisait rien sans Dieu. » (Actes de Pierre)

La puissance est évoquée de nos jours encore dès qu’un phénomène spectaculaire apparaît, et qu’on ne peut, ou qu’on ne veut, en spécifier l’origine. C’est ainsi que certains livres ou certaines formations dans le monde ecclésial sont qualifiées de « puissant », sans que l’on sache s’il s’agit de l’Esprit saint ou d’une autre sorte de puissance.

* Une stupéfaction devant les résultats : Simon serait-il l’exaucé, le favori ?

« Or il y avait déjà dans la ville un homme du nom de Simon ; il pratiquait la magie et frappait de stupéfaction la population de Samarie, prétendant être un grand personnage. » (Actes des Apôtres 8,9)

Il y a dans cette stupéfaction quelque chose de l’ordre de l’hypnose collective. Les témoins vacillent dans les deux propositions de puissance qui leur sont faites en même temps. Cette quête du résultat spectaculaire anime tous les adeptes des courants gnostiques, et tente même les catholiques attirés par les grands rassemblements copiés sur les mega churches américaines, industries du spirituel au management et au markéting à l’américaine…

IV. SIMON LE MAGE EST TOUJOURS BIEN PRÉSENT DANS NOTRE SOCIÉTÉ

1. Une forte imprégnation culturelle

Avec Simon le mage et Hélène, nous sommes face à un épisode historique qui atteignit très vite, alors même que les protagonistes étaient encore en vie, une dimension symbolique. Cette dimension mythologique inspira de nombreux artistes, peintre, écrivains, qu’elle fascine encore. Observons l’histoire de Faust. Mircea Eliade dans son Histoire des croyances et des idées religieuses souligne que« Simon était connu à Rome comme Faustus (le favorisé)»23. Goethe reprendra l’idée du favorisé dans sa pièce de théâtre Faust, qui met en scène Faust le magicien qui a pactisé avec le diable. Goethe lui-même était théosophe et inspire encore de nombreux artistes, et intellectuels ainsi que Steiner et son anthroposophie. Lisons les romantiques. Lamartine dira : « L’homme est un dieu déchu qui se souvient des dieux. » Les courants gothiques, parfois sataniques s’inspirent de ce romantisme.

Papus (1865-1916) et ses disciples

Papus, nom du « génie de la Science et de la Guérison », est le pseudonyme que s’est donné Gérard Anaclet Vincent Encausse. Il a laissé un nombre impressionnant de livres et d’articles, voulant faire de la magie et de l’occultisme une science, alors que ces pseudosciences ne répondent à aucun critère de rigueur scientifique. Il cofonde l’ordre Martiniste qui se disséminera en Russie, aux États-Unis, en Autriche Hongrie, dans l’Empire ottoman, dès la fin du XIXème siècle…

Papus donna des enseignements dans de nombreuses organisations initiatiques : de la société théosophique d’Helena Blavatsky à l’ordre kabbalistique de la Rose-Croix, en passant par différentes obédiences maçonniques, jusqu’au très secret et influent Hermetic Order of the Golden Dawn. Sa fondation prend en 1897 le nom de Faculté Libre des Sciences hermétiques où sont proposées des initiations à la Kabbale, l’alchimie, le tarot divinatoire… Papus soignait par l’homéopathie et l’hypnose.

Rudolf Steiner et son anthroposophie s’inscrivent pleinement dans ces courants magico- rationalistes, théorisés dans son livre la Science de l’Occulte. Édouard Schuré (1841-1929), dans son livre Les Grands Initiés, dont le succès ne s’est jamais démenti, lecture obligée des initiés, place Jésus dans la même catégorie que Bouddha, Moïse, Zaratoustra… Il explique que la pensée ésotérique du Christ aurait été « violemment étouffée par l’Église à partir du IIe siècle. »24 Il revendique une Tradition mystérieuse supérieure à celle de l’Église catholique jugée coercitive, dogmatique et étriquée.

Le New Age

L’emblématique Marilyn Ferguson (1938-2008)25, gnostique des temps nouveaux, a synthétisé la doxa du New Age. Elle puise dans des croyances comme la métempsychose, des superstitions animistes, dans l’ésotérisme, l’occultisme et l’écologie mystique. Ce syncrétisme échevelé fonde et nourrit nombre de techniques de développement personnel et de thérapies dites alternatives, ou holistiques.Saint Irénée y est actualisé : « Dans son désir de rivaliser avec les apôtres et de devenir célèbre lui aussi, [Simon le magicien] s’appliqua davantage encore à toutes les pratiques magiques, au point de rendre muets d’admiration une foule d’hommes. »

Cette nébuleuse de pratiques et de mouvements est généralement souscrite à la notion de Gaïa, personnification de la Terre (la Pachamama). Au nom d’une soi-disant illustration des traditions andines, la Pachamama a eu le droit d’apparaître jusque dans les jardins du Vatic !

Le sens littéral des Écritures saintes, pourtant fondement d’une lecture orthodoxe ou catholique, laisse la place à des interprétations nébuleuses à l’infini et tout est détourné : le Christ y est un sage ou un initié, comparable à Seth, Enoch, Noé, Abraham, Zarathoustra, Bouddha La suprématie du savoir initiatique devient le seul et définitif moyen de salut. La doctrine catholique est dévaluée, moquée, considérée comme superstition dans une arrogante inversion accusatoire. Au nom d’une haute spiritualité, le relativisme moral s’installe et aboutit à une licence totale en matière de mœurs.

La quatrième voix de Gurdjieff en est une illustration emblématique : les adeptes se situent au-delà de tout principe moral, au-delà du bien et du mal. Relisons saint Irénée : « Leurs mystagogues26 vivent donc dans la débauche, et, d’autre part, s’adonnent à la magie, chacun autant qu’il peut. Ils recourent aux philtres, aux charmes, aux démons dits parèdres et oniropompes et à toutes les autres pratiques magiques »

Il est surprenant de constater que l’ennéagramme, outil majeur de la quatrième voie, fait les délices de toute une génération de catholiques qui cherchent « la connaissance du bien et du mal… »

2. Les catholiques sont impactés

Simon est devenu le prototype de dérives toujours offertes aux catholiques, ouverts sans filtre et sans discernement à la proposition puissante du serpent : « Le serpent dit à la femme : « Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal ». Connaître le bien et le mal, belle promesse pour les ceux qui cherchent justement le bien en toute chose à travers la recherche de la blessure plutôt que par la reconnaissance du péché.

Ces dérives sont présentes soit de manière très explicite, dans les réseaux gnostiques connus, soit déguisée subtilement dans les propositions de développement personnel, de thérapies de mieux-être, ou même de leadership. Yves Hamant, initiateur de l’Appel de Lourdes en 2013, stigmatise les dégâts provoqués par les systémies de certaines communautés. Il explique que « les gnostiques ont toujours imbriqué leurs doctrines et pratiques dans le discours officiel de l’Église, d’où la difficulté de les débusquer. »27

Ces doctrines anciennes et leurs disciples s’enchevêtrent et construisent une nébuleuse d’églises parallèles avec leurs rites, leurs dogmes, leurs leaders portés aux nues, où une élite, triée sur des critères d’allégeance et d’intelligence, évolue au milieu des faveurs de la base, où l’on accède par cooptation et initiation, où le secret règne, y compris au sein même de l’Église.

Notre foi catholique est sans cesse interrogée par Simon.

  • Simon le mage, dieu incarné, annonce une des doxas du New-Age : « Vous êtes votre propre Dieu »
  • Simon le mage, le sage, avait intégré les enseignements de Jésus par le biais de Philippe et de Pierre, les mythologies, la sagesse grecque, les initiations aux mystères grecs et égyptiens, dans un syncrétisme qui semble aujourd’hui un idéal à atteindre.
  • Simon le mage, théologien, parlait de Dieu avec autorité, en interprétant les Écritures Saintes dans le sens qui lui convenait.
  • Simon le mage, l’initié, réservait ses connaissances magiques pour les transmettre à des disciples susceptibles de le rémunérer.
  • Simon le mage, âpre au gain, était capable de vol, de supercherie, pour s’enrichir.
  • Simon le mage, thaumaturge, était le prototype du guérisseur à prétention holistique, agissant sur toutes les dimensions de la personne, corps, âme et esprit.
  • Simon le mage, hypnotiseur, usait de l’induction imaginative pour subjuguer les foules béates devant ses prodiges.
  • Simon le mage, magnétiseur, utilisait le magnétisme pour « guérir » les malades.
  • Simon le mage, médium, était capable de deviner intuitivement les pensées et la mémoire des gens. L’on appellerait cela aujourd’hui, derrière son voile pseudo scientifique, la « psychologie transpersonnelle », ou encore mentaliste.
  • Simon le mage, à la vie dissolue, vivait avec une prostituée présentée comme une déesse, pratique qu’il légitimait par un idéal de fusion amoureuse.
  • Simon le favorisé, faustus, porte des fruits toxiques, qui ont bien résisté jusqu’à maintenant.

3. Que promettent les « Simon » contemporains ?

Simon le mage et ses successeurs promettent le salut par la connaissance de mystères cachés aux communs des mortels, mystère où il s’agit de transgresser les règles auxquelles se soumettent les profanes. Pour les catholiques, le Salut ne se trouve que dans l’Amour inconditionnel du Christ qui donne sa vie par sa mort et sa résurrection, pour la rémission des péchés, nous ouvrant ainsi à la Vie éternelle.

Au niveau social, la gnose permet à une élite initiée de contrôler le monde, par le biais de réseaux d’influence et de connivence. Certains hommes d’Église, naïvement peut-être, nous l’espérons, entrent dans ces réseaux constitués en sociétés secrètes ; ils sont de fait les idiots utiles de ces systèmes initiatiques.

La conclusion du livre de Roland Hureaux, Gnose et Gnostiques des Origines à nos jours, est particulièrement explicite. Elle pourrait vite être taxée de « complotiste » par ceux qui ne connaissent pas les combats idéologiques et religieux bien réels qui traversent l’histoire :

« Au-delà des états, par-delà les processus démocratiques, règnent de nouveaux aréopages d’initiés, plus ou moins occultes, qui prétendent représenter le petit nombre des sachants, les grands prêtres du nouvel ordre mondial destiné à faire le bonheur des peuples malgré eux. Ce sont là les hiérarques auto-investis de la mission d’imposer contre vents et marées les quelques principes abstraits que nous venons d’évoquer. Que l’émergence de cette nouvelle élite mondiale signifie la subversion de la démocratie, principe anti-gnostique par excellence, paraît aller de soi. Que certaines de ces officines usent de symboles, du vocabulaire et du rituel, propres aux traditions initiatiques : Skull and Bones, Illuminati, ne sauraient plus nous étonner. Même si beaucoup de chemin a été parcouru depuis que Simon le magicien prétendait acheter leur savoir-faire aux apôtres du Christ, même si les gnoses historiques ont fait leur temps, c’est bien quelque chose comme une vision gnostique actualisée qui triomphe…, chez les nouveaux Princes de ce monde28

Ces propositions de Simon font apparaître la Vérité par contraste : rien n’est caché dans la Foi et l’Espérance catholiques, dont la finalité est d’aimer Dieu et notre prochain comme il nous aime, et ainsi de rendre Gloire à Dieu Père Fils et Saint Esprit, aujourd’hui et toujours.

« Non, rien ne se trouve voilé qui ne doive être dévoilé, rien de caché qui ne doive être connu. Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le au grand jour ; ce que je vous dis dans le creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits. » (Mt 10, 26)

Bertran Chaudet

Préface d’Irénée de Lyon, Contre les hérésies Dénonciation de la gnose au nom menteur. (Pr.1.)« Rejetant la vérité, certains introduisent des discours mensongers et des généalogies sans fin, plus propres à susciter des questions », comme le dit l’Apôtre, « qu’à bâtir l’édifice de Dieu fondé sur la foi » (1 Tm 2,4). « Par une vraisemblance frauduleusement agencée, ils séduisent l’esprit des ignorants et les réduisent à leur merci, falsifiant les Paroles du Seigneur et se faisant les mauvais interprètes de ce qui a été bien exprimé. Ils causent ainsi la ruine d’un grand nombre, en les détournant, sous prétexte de « gnose », de Celui qui a constitué et ordonné cet univers : comme s’il pouvait montrer quelque chose de plus élevé et de plus grand que le Dieu qui a fait le ciel, la terre et tout ce qu’ils renferment ! De façon spécieuse, par l’art des discours, ils attirent d’abord les simples à la manie des recherches ; après quoi, sans plus se soucier de vraisemblance, ils perdent ces malheureux, en inculquant des pensées blasphématoires et impies à l’endroit de leur Créateur à des gens incapables de discerner le faux du vrai. »

Notes

1Site francmaconnerie.com

2Vous trouverez cette partie de la réflexion dans le livret Le Serpent et sa descendance (Bertran Chaudet) en téléchargement libre sur le site https://sosdiscernement.org/e-books/sosd_14_serpent.pdf

3Jacques Lacarrière, « Les Gnostiques, libertaires de l’absolu« , Revue Planète, en ligne, p.4 ; http://manicheism.free.fr/maniblog/gnostiques%20lacarriere.pdf.

4Prêtres ou prêtresses qui initiaient aux religions à mystère de la Grèce antique.

5Parèdre est un nom ou un adjectif, para à côté et èdre assis, d’où qui est assis à côté de. Parèdre désigne le couple d’une divinité mâle influente associée à une autre divinité femelle. Une référence relative à la mythologie égyptienne connue des initiés, ainsi Osiris et Isis ou Seth et Nephty, à laquelle Simon le magicien devait être initié.

6Irénée de Lyon contre les Hérésies Dénonciation de la gnose au nom menteur, Origines des Valentiniens, Simon le Magicien et Ménandre. I, 23, 1-5, p.106 à 109, Ed du Cerf, 1985.

7L’empereur Claude, né en -10 à Lyon, mort en 54 à Rome, a régné sur l’empire romain de 41 à 54.

8Pour approfondir ce sujet : H.-Ch. Puech, En quête de la Gnose, I, La Gnose et le temps et autres essais, II, Sur l’Évangile selon Thomas, Paris, Gallimard, 1978.

9Saint Justin, Dialogue avec Tryphon. 7, 3.

10Jean Daniélou, L’Église des premiers temps, des origines à la fin du IIIe siècle. Ed Points, 1985, p. 70, 71.

11Ecrits apocryphes chrétiens, Actes de l’apôtre Pierre et de Simon, Bibliothèque de la Pléiade. Ed Gallimard, 1998. p.1059, 1060.

12Irénée de Lyon Contre les Hérésies Dénonciation de la gnose au nom menteur, I, 23, 5. Ed du Cerf, 1985.

13Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, Livre III, 26,1.

14Samsara, la vie, la mort, la renaissance. Le livre du Dalaï-Lama. Éd. le Pré aux Clercs, 1996, p. 88.

15Ib.p. 29.

16Irénée de Lyon, Contre les Hérésies Dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur Ed du Cerf 1985 I, 4, 3. p.41.

17 Ib. I, 6, 3. p.49.

18Ib. Ib. I, 3, 6. p39

19Ib. I, 11. p.70.

20Ib. I, 13, 2-3. p.74

21Ib. I, 13, 5. P.76

22Yves Hamant, tribune libre, famille chrétienne du 22 au 28 octobre 2022 « la dissolution ou au moins un moratoire ».

23p. 358.

24Édouard Schuré, Les grands Initiés. Ed Perrin, 1960. p. 564.

25Auteure de : Les enfants du verseau : pour un nouveau paradigme, Paris, Calmann-Lévy, 1981 ; best-seller mondial et manifeste du mouvement du New Age (Titre original : The Aquarian Conspiracy, 1980)

26Voir notes 4 et 5.

27Yves Hamant, tribune libre, famille chrétienne du 22 au 28 octobre 2022, « la dissolution ou au moins un moratoire ».

28Roland Hureaux, Gnose et gnostiques des origines à nos jours. Ed DDB, 2020. p. 250. Diplômé de l’ENS, de l’ENA, et agrégé d’histoire, il sait de quoi il parle !

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