Actes du Colloque « Emprise mentale et violences sexuelles » organisé par la Ligue des Droits de l’Homme en 2021.
Amélie, journaliste, enquêtrice privée, et Stéphanie, mère d’un enfant.
JEAN-PIERRE JOUGLA: Nous devons entendre maintenant madame Amélie G., enquêtrice privée et Madame Stéphanie V. qui aborderont la question des enfants scolarisés dans les écoles Steiner, écoles anthroposophiques. Avant de leur donner la parole, je rappelle que Grégoire Perra est dans la salle et qu'il sera amené à dire quelques mots sur ce sujet également.
AMÉLIE: Les écoles Steiner, pour vous dire comment ça a commencé, j’étais journaliste je suis tombée sur un podcast de « Méta de choc », une série de cinq heures « ma vie en anthroposophie » avec Grégoire Perra et j’ai découvert l’anthroposophie à laquelle je ne connaissais rien auparavant, Il y a plein de choses en cinq heures qui se sont révélées à travers son témoignage. Jusque là, les écoles Steiner, je les mettais dans le lot des écoles Montessori, une technique un peu alternative si on ne veut pas mettre son enfant dans une école traditionnelle. Steiner parle de « trolls, de karma, de démons, d’énergie » choses qui ne sont pas d’ordre rationnel. Ce qui m’avait le plus choquée, c’était le traitement des enfants et notamment le fait que l’on passe sous silence des abus. Je me suis alors demandé si c’était un cas individuel ou si c’était représentatif d’une sorte de phénomène.
J’ai donc
cherché des victimes mais je n’ai pu interroger que des proches
parce que les victimes sont des enfants et même si, aujourd’hui,
certains ont grandi, ce ne sont pas eux qui témoignent, mais les
parents, A ce moment-là, j’ai rencontré Stéphanie qui est maman
d’un enfant qui a été dans l’une de ces écoles.
Ce qui est
très compliqué quand on n’est pas soi-même touchée et tu nous le
raconteras c’est que les parents ne se sentaient pas forcément
légitimes d’en parler et ils avaient peur aussi que ce soient des
écrits qui restent par rapport à la vie future de leurs enfants et,
en plus de ça, ils avaient le poids de la culpabilité d’avoir mis
leurs enfants dans une école qui, au final, avait provoqué quelque
chose de traumatisant sous l’aspect scientifique que nous avons vu
précédemment,
On va faire défiler des photos de Stéphanie faites dans un éco-village dans les Alpes, avec une école, soutenue par l’Education nationale, prônant la pédagogie Montessori, Freinet, Steiner où, dans le double langage on peut trouver la bienveillance, le respect du vivant, la créativité, la nature et finalement cela s’inscrit paradoxalement dans un cadre réactionnaire et complotiste. Et cela, on ne le découvre que sur place, Pour ceux qui ne connaissent pas le« New-Age», c’était mon cas, ni l’anthroposophie, ils jouaient sur l’alternative comme solution indispensable contre les défaillances ou ce qu’ils jugent comme maltraitant au sein du public. Ils étaient censés être une solution alternative dans un cadre bucolique. Il ne m’a jamais été mentionné la dimension religieuse qu’on peut retrouver dans toutes les activités scolaires pour les enfants ou tout autour, en lien avec les parents. Ça peut être des stages de communication non violente pour nous apprendre à fonctionner dans une démarche anthroposophique.
Pour les enfants, c’est au niveau des rituels de l’école qui sont présentés, par exemple, pour l’eurythmie comme de l’expression corporelle – mais pas un mot sur les faces occultes de cette activité scolaire – qui consiste, par des figures en mouvements codifiés dans le langage anthroposophique, à exercer des formes à l’aide des bras pour communiquer ce qu’ils appellent le « verbe universel».
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