Alors que je disais à un ancien militaire formé dans les sections spéciales d’intervention que je réfléchissais sur l’hypnose, à partir de l’interrogation de cette femme ayant accouché sous hypnose (voir le début de la première partie), il m’a spontanément parlé de son entraînement au combat. Dans ces sections spéciales, il ne faut pas avoir d’état d’âme ; il me disait que des moniteurs leur induisaient un comportement, où tout sens moral disparaissait afin d’être plus performant dans la mission. Tuer un homme de sang-froid sans en avoir le moindre regret continuait à l’interroger trente ans après. Il disait se voir impassible dans certaines situations qui auraient dû lui procurer des émotions. Il venait de réaliser que ce qu’il avait subi dans son entraînement pouvait être assimilé à de l’hypnose. Les conséquences de l’induction d’une dissociation somatopsychique, psycho spirituelle ou psycho éthique, ne sont analysées dans aucun rapport dit scientifique.
Le rapport de l’Inserm de juin 2015
Dans son rapport de juin 2015 sur Évaluation de l’efficacité de la pratique de l’hypnose[1], le très sérieux organisme INSERM a donné quelques points d’évaluation et d’attention concernant l’hypnose. Voici quelques extraits :
L’hypnose recouvre en effet un ensemble de pratiques sensiblement différentes : hypnosédation (à visée sédative, utilisée en anesthésie), hypnoanalgésie (contre la douleur) et hypnothérapie (à visée psychothérapeutique). Il en est de même des formations à l’hypnose en France : elles sont hétérogènes. Il existe une douzaine de formations universitaires, à ce jour non reconnues par l’Ordre des médecins. Il existe également de nombreuses formations associatives et privées. Certaines sont réservées aux professions médicales et/ou aux professions de santé, et d’autres sont accessibles à un public plus large. Le statut d’hypnothérapeute, non réglementé, concerne ainsi des praticiens aux qualifications forts différentes.
Ce rapport se veut d’abord descriptif et analyse différentes études scientifiques menées à ce jour. Ces études visent toute l’efficience de l’hypnose au moment de l’intervention. Ce rapport admet la pratique de l’hypnose encadrée médicalement et la trouve sans danger, tout en reconnaissant que les preuves de son efficacité restent difficiles à évaluer, tant l’approche des pratiques est subjective. Aucun rapport, aucune étude ne s’intéressent à une approche épistémologique intégrant les innombrables réflexions sur le sujet à partir de la fin du 18e siècle.
À cette époque des Rapports ont été faits par Des commissaires chargés par le roi de l’examen du magnétisme animal[2] au sujet de Mesmer notamment. (Ces commissaires étaient des médecins comme Salin et Guillotin et de scientifiques comme Franklin, Bailly et Lavoisier). Leurs conclusions ne sont pas sans intérêt pour évaluer les pratiques d’aujourd’hui, car elles soulèvent des questions qui ne sont plus abordées, d’ordre scientifique, médical et philosophique. Une littérature abondante, fin 19e siècle existe sur le sujet au moment où Bernheim et Charcot ont relancé les recherches sur l’hypnose. Continuer la lecture de « L’hypnose (2) : technique ou pouvoir ? »