Lithothérapie, énergie minérale et géobiologie

Bertran Chaudet, diacre permament

I. La lithothérapie

Il y aurait une énergie particulière, ou une mission secrète dévolue à chaque pierre, capable d’améliorer bien-être et santé, la lithothérapie. Le terme lithothérapie vient du grec lithos pierre et de thérapeuein, soigner.

Cette croyance dans les « pouvoirs » de certaines pierres remonte à la Mésopotamie, à l’Egypte ancienne, à la Grèce antique. Leur couleur, leur éclat ou leur forme permettaient des analogies symboliques, selon leurs croyances, susceptibles d’être efficientes.

Le célèbre médecin Galien (129-201), pourtant père d’une médecine reposant sur la raison et l’expérience, utilisait certaines pierres comme le jaspe, qu’il pensait susceptible de guérir de douleurs d’estomac ou d’œsophage.

Cette pharmacopée, encore marquée par des traditions sans fondements objectivables, fut contestée à la naissance de la chimie au XVIIe s., faisant notamment reculer l’usage des pierres à visées curatives ou thérapeutiques.

Rabelais en 1542, dans Gargantua, se moquait trivialement de la pseudo vertu des pierres. Dans le chapitre VIII Comment on vêtit Gargantua :

« Pour la braguette furent levées seize aunes un quart de ce même drap, et fut la forme de celle-ci comme un arc-boutant, bien attaché joyeusement à deux belles boucles d’or, que prenaient deux crochets, à chacun desquels était enchâssée une grosse émeraude de la grosseur d’une pomme d’orange : car, ainsi que le dit Orphée, dans libro De Lapidibus, et Pline, libro ultimo, elle a une vertu érective et réconfortante du membre naturel. » (Ref. : voir note 0)

Depuis les années 1970, avec les courants de pensée issus du New Age, et son approche holistique où tout est dans tout et inversement, l’usage des pierres pour la guérison, appelée désormais lithothérapie, fut encensé (parfois au sens propre du terme). Mieux-être, santé, amélioration de ressources cachées, magnétisme, médiumnité devenaient le possible attribut des pierres, pour qui savaient…

Aujourd’hui l’application Tik Tok, les hashtags # lithothérapie ou crystal healing en anglais, proposent des dizaines de milliards d’occurrences. C’est dire l’ampleur de ce phénomène de société.

Selon les explications de lithothérapeutes autoproclamés, chaque pierre aurait à une vibration spécifique entrant en résonance avec une partie du corps, une fonction, une émotion, une intention, afin de réactiver de « ré-harmoniser », ou encore d’atténuer les effets négatifs. Par prudence, les lithothérapeutes disent que les pierres n’agissent que sur les troubles fonctionnels (c’est-à-dire quand l’organe ou la partie du corps n’est pas lésé) ou émotionnels. Cependant certains promettent également un effet thérapeutique pour soigner cancers ou déficiences physiques avérées.

Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179)

Cette moniale bénédictine allemande, devenue abbesse, est une mystique qui écrivit une œuvre protéiforme, allant de la théologie à la cosmologie, de la « biothérapie » à la diététique, de la composition d’œuvres musicales, à l’architecture. Il faudrait examiner de près ce qu’elle a vraiment écrit elle-même, ce qu’elle a dicté, ce qui a été interprété de ses écrits et ce qui a été inventé plus récemment. Dès après sa mort au XIIè s., elle fut déclarée bienheureuse ; il fallut attendre 2012 pour qu’elle fût canonisée et proclamée Docteure de l’Église par le pape Benoît XVI. Son combat pour la défense de la doctrine catholique, notamment contre les hérésies cathares, repose sur des arguments théologiques très pertinents.

Mais ce qui nous intéresse ici est la fulgurance de ses allégations concernant les vertus de certaines pierres, devenant une référence de premier plan en lithothérapie, et en naturothérapie, non seulement dans la sphère catholique, mais dans tout le monde écolo, bio-compatible… Elle tenait ses « recherches » de quelques croyances de l’époque médiévale et de révélations mystiques. Si ses écrits d’ordre théologique ne sont pas contestables, ses affirmations médicales, physiologiques diététiques ou cosmologiques ne sont pas à prendre comme lettre d’Évangile. Une déclaration officielle des autorités ecclésiales pourrait à cet endroit dissiper les confusions, surtout quand sainte Hildegarde est déclarée Docteure de l’Église. Il y a du tri à faire entre affirmations doctrinales et élucubrations magico-superstitieuses.

Son ouvrage « La Physica, parfois également appelée Liber simplicis medicinae, comporte neuf chapitres consacrés, dans l’ordre, aux plantes, aux éléments, aux arbres, aux pierres, aux poissons, aux oiseaux, aux bêtes sauvages, aux reptiles et aux métaux. La nature apparaît comme une corne d’abondance dans laquelle l’homme n’a qu’à puiser pour bien se nourrir, prévenir et guérir les maladies. »1

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La Communication NonViolente

Bertran Chaudet

Cet article de 2023 remplace un article précédent de 2018.

Une mère de famille avait raconté à un prêtre une situation grave dans laquelle était plongé son enfant. Elle reçut par mail la réponse suivante de ce prêtre : « Je reçois votre message, ainsi que l’expression de votre souffrance ». Elle se dit que cela « sentait la technique de communication », et en effet, elle apprit par la suite qu’il était formé par des coachs Talenthéo à la CNV.

Une autre dame se rappela, que lors d’un rassemblement diocésain, pour évoquer le rapport de la CIASE, qu’elle interpella vigoureusement le vicaire général qui lui répondit « j’entends votre colère ». Oui, et alors ?

Ce qui pourrait paraitre des réponses inadaptées, provient de fait de techniques de communication fort peu conforme à ce que l’on attend de la parole d’hommes d’Église : une vraie écoute, pleine non pas d’empathie, mais de compassion spontanée. La relation est comme aseptisée et tourne court. Les paroles dites selon les principes de la CNV ont enterré le conflit, clôt le débat, il s’agit d’une hypocrisie maitrisée par un apprentissage artificiel, masquant l’exigence de justice et de vérité.

La Communication NonViolente (CNV) a été conceptualisée par un américain d’origine juive, Marshall B. Rosenberg (1934- 2015) docteur en psychologie. La légende voudrait qu’il ait expérimenté préalablement les bienfaits de la CNV en Israël, pour résoudre avec succès les conflits entre des communautés presque irréconciliables. Rosenberg a été l’élève de Carl Rogers (1902-1987) dont il adopté puis adapté les principes d’empathie et de non-directivité ; il s’inspire également des recherches d’Abraham Maslow (1908-1970), théoricien de la hiérarchie des besoins humains. Gandhi est la référence sous-jacente et l’emblème iconique de la non-violence. Son nom souvent cité par Rosenberg justifie le sérieux de la CNV.1

La CNV se fonde sur le présupposé selon lequel nous ne savons pas communiquer nos sentiments, nos besoins, nos demandes dans le cadre d’un conflit. Il s’agit alors grâce à la méthode CNV d’apprendre à communiquer efficacement, en évitant toute agression verbale, et également tout jugement de valeur qui pourrait être pris pour une agression verbale. Les techniques proposées ressemblent aux autres méthodes de communication proposées dans le New Age à savoir : la reformulation du propos de l’autre, dire « je » c’est-à-dire parler de soi à la première personne du singulier, partir de soi et de ce qu’on ressent, et proscrire le « tu » accusateur, le « tu » tue dit-on dans ces milieux. La CNV repose sur quatre piliers dits OSBD : Observation, Sentiment, Besoin, Demande.

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Vocation, vocation professionnelle, orientation : la complexité du marché de l’orientation (CGP/A2P)

Bertran Chaudet et une équipe

 Dans notre époque souvent difficile sur le plan économique, les jeunes comme les adultes cherchent leur place, tant dans la société que dans l’entreprise. Pour les jeunes, il s’agit de choisir un cursus d’études supérieures qui sera une porte d’entrée dans la vie active. Ce choix doit correspondre le mieux possible aux potentiels, aux compétences et aux aspirations de chacun. 
Pour les adultes en reconversion, il s’agit d’abord de réaliser un bilan des expériences professionnelles antérieures avant de construire un nouveau projet, en continuité ou en rupture. Ce bilan de compétences est finançable entièrement dans le cadre du compte personnel de formation (CPF) dont bénéficie tout salarié.
C’est dire si l’enjeu du travail du consultant en orientation est important ! Quant aux candidats à l’orientation, ils doivent faire leur choix dans une offre opaque où le meilleur côtoie l’approximatif.
On découvre par exemple en interrogeant ceux qui ont fait un bilan de compétence dans une chambre de commerce et d’industrie (CCI) que c’est l’ennéagramme qui en a été l’outil dominant. La même expérience est relatée dans le cadre de l’année de discernement proposée par des structures éducatives chrétiennes aux jeunes en panne d’idée pour leur avenir. Dans le domaine de la reconversion professionnelle, on pourra lire à titre d’exemple le programme psycho-spirituel teinté de concepts professionnels, intitulé « bilan de compétences », proposé par le cabinet de recrutement EcclésiaRH.1 La certification Qualiopi des organismes formateurs ne certifie en rien le contenu des formations dispensées, puisqu’elle vise essentiellement la qualité administrative de la procédure.
Nous pensons qu’il est difficile de vouloir distinguer une méthode ou une œuvre de son fondateur. Il nous a semblé utile d’apporter des critères de discernement sur une de ces méthodes en particulier, appelée Analyse de la personnalité professionnelle (A2P). En effet, l’analyse de la personnalité professionnelle, appuyée sur l’outil intitulé Centre de Gravité Professionnel (CGP) séduit de nombreuses personnes et de nombreuses entreprises ou institutions, dans le milieu chrétien notamment. Et quel ne fut pas notre étonnement quand nous avons investigué les bases de cette démarche.
Notre objectif est d’éveiller à quelques questions fondamentales afin que chacun puisse mener sa propre réflexion et faire un choix éclairé sur la méthode et le professionnel avec lequel il discutera de ses projets d’avenir. (Toutes les informations sourcées d’internet sont susceptibles de disparaître).

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Jourda, l’inventeur du Centre de gravité professionnel

L’inventeur du concept de Centre de Gravité Professionnel et fondateur de l’Institut de la Vocation de Lyon, Mathieu-Robert Jourda, est peu bavard sur sa formation : il revendique une formation commerciale supérieure, trois ans de fac de psycho, une psychanalyse et de nombreuses intuitions personnelles. Sur linkedin il met en évidence son « auto-formation », dont il se montre très fier. On y trouve des traces de psychanalyse jungienne : « j’ai intégré, à l’université, et aussi par mes propres moyens, tout un corpus de sciences humaines dont l’élément de base est évidemment la Conscience Humaine dans ses constituants, son fonctionnement et ses effets. Or de cette chose aussi importante qu’est la conscience, la science n’a pas pu dire un seul mot d’explication scientifique, ni de son origine ni de sa nature, et pourtant je n’ai jamais cessé de croire à l’existence de la conscience ».2

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Développement personnel et spiritualité

Rayons de librairies, réseaux sociaux, émissions télévisées : le développement personnel est omniprésent. Ces dernières années, la recherche de bien-être et la volonté de réussir sa vie se sont imposées chez beaucoup de nos contemporains. KTO en parle dans l’émission « Sans langue de buis ».

Pourquoi ces approches séduisent-elles ? Ouvrent-elles à la vie véritable ? Détournent-elles de la foi chrétienne ? Comment exercer un discernement entre les différentes méthodes en vogue ? Pour en parler, KTO reçoit :

  • Natalia Trouiller – Écrivaine, journaliste
  • Bertran Chaudet – Auteur de « SOS Développement Personnel – Discernement » (Artège) et diacre du diocèse du Mans
  • Etienne Séguier – Journaliste à La Vie et coach en développement personnel
  • Sandrine Dusonchet – Formatrice à l’ennéagramme, vice-présidente de l’Institut Européen de Développement Humain
  • Frère Raphaël de Bouillé – Frère dominicain, professeur en théologie pastorale.