Retour sur « Le système Pierre Rabhi »

L’enquête de Jean-Baptiste Malet « Le système Pierre Rabhi », publiée en août 2018, a suscité un grand nombre de réactions. L’auteur — qui vient d’être distingué par le prix Albert Londres pour une précédente enquête sur l’industrie de la tomate — revient sur les critiques formulées par M. Rabhi et ses soutiens.

«Ce monsieur est venu chez moi. Il aurait pu me poser des questions. Pas du tout. Il n’a posé aucune question. Il est reparti et il a fait du puzzle. Il a rassemblé quelques données par-ci par-là, et toujours à charge, à charge, à charge. » Invité durant une heure sur France Culture, le 23 septembre, Pierre Rabhi plante le décor : plutôt que de contredire factuellement les éléments exposés dans Le Monde diplomatique, il analyse la personnalité du « pauvre garçon » qui aurait écorné son image. « Psychanalytiquement, je pourrais dire qu’il était en quête de sa propre valorisation, et que s’attaquer à une personne qui est reconnue, peut-être, c’était plus commode d’arriver à ses fins. » Ce sera sa ligne de défense…

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Le système Pierre Rabhi

Dans le grand auditorium du palais des congrès de Montpellier, un homme se tient tapi en bordure de la scène tandis qu’un millier de spectateurs fixent l’écran. Portées par une bande-son inquiétante, les images se succèdent : embouteillages, épandages phytosanitaires, plage souillée, usine fumante, supermarché grouillant, ours blanc à l’agonie. « Allons-nous enfin ouvrir nos consciences ? », interroge un carton. Le film terminé, la modératrice annonce l’intervenant que tout le monde attend : « Vous le connaissez tous… C’est un vrai paysan. »

Les projecteurs révèlent les attributs du personnage : une barbichette, une chemise à carreaux, un pantalon de velours côtelé, des bretelles. « Je ne suis pas venu pour faire une conférence au sens classique du terme, explique Pierre Rabhi, vedette de la journée « Une espérance pour la santé de l’homme et de la Terre », organisée ce 17 juin 2018. Mais pour partager avec vous, à travers une vie qui est singulière et qui est la mienne, une expérience. »

Des librairies aux salons bio, il est difficile d’échapper au doux regard de ce messager de la nature, auteur d’une trentaine d’ouvrages dont les ventes cumulées s’élèvent à 1,16 million d’exemplaires (1). Chaussé de sandales en toute saison, Rabhi offre l’image de l’ascète inspiré. « La source du problème est en nous. Si nous ne changeons pas notre être, la société ne peut pas changer », affirme le conférencier.

Passé la soixantième minute, il narre le fabliau du colibri qui a fait son succès : lors d’un incendie de forêt, alors que les animaux terrifiés contemplent le désastre, impuissants, le petit colibri s’active, allant chercher quelques gouttes d’eau avec son bec pour conjurer les flammes. « Colibri, tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu éteindras le feu ! », lui dit le tatou. « Je le sais, mais je fais ma part », répond le volatile. Rabhi invite chacun à imiter le colibri et à « faire sa part ».

La salle se lève et salue le propos par une longue ovation. « Cela doit faire dix fois que je viens écouter Pierre Rabhi ; il dit toujours la même chose, mais je ne m’en lasse pas », confie une spectatrice.

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Où l’on retrouve IVI dans les réseaux Rabhi…

Nadine Schuster est adepte de la première heure d’IVI (Invitation à la vie Intense) : selon son éditeur, « elle présente le principe de médecine quantique, les études et cas scientifiques appuyant la véracité d’une telle thérapie, et illustre son application à des pathologies comme le sida, le cancer, la sclérose en plaques… »

Elle considère ainsi que « les maladies auto-immunes sont en fait des processus d’autodestruction liés au manque d’amour, ou bien pire encore, pour d’autres maladies plus graves, à l’état d’esprit de l’homme en général par rapport à la Terre ». Non-contente de n’apporter aucun traitement efficace aux malades, de leur faire payer des consultations inutiles, il faut encore que Nadine Schuster les culpabilise et blâme leur entourage.

Malgré ses prières « miraculeuses », IVI  (Invitation à la Vie Intense) a sa face obscure.
Le mouvement IVI a été répertorié comme secte dans le rapport parlementaire sur les sectes de 1995. Dépositaire d’une mission divine pour ses admirateurs, dangereuse manipulatrice pour ses détracteurs, sa fondatrice, Yvonne Trubert, dispensait depuis dix-huit ans un enseignement religieux, qui était en fait un curieux amalgame de théories « empruntées » au christianisme, à l’hindouisme, à l’ésotérisme ou à la bioénergie.