Une théorie du complot c’est quoi?

C’est une façon de penser, d’appréhender le réel en déconstruisant une position officielle pour créer sa propre version des faits.

Fiche réalisée par l’UNADFI, Union Nationale des Associations de Défense des Familles et de l’Individu victimes de sectes. www.unadfi.org

Elle se fonde sur plusieurs critères :

La création d’une histoire

  • Invention d’un récit dans lequel le doute est systématique.
  • Un petit groupe agissant dans l’ombre est toujours incriminé.
  • Catégorisation entre« eux», les dominants, et « nous», les dominés.

Le secret

  • Une élite est liée par un secret commun.
  • Des codes et signes sont instillés partout à l’intention de ces initiés.

Des contre-vérités

  • Vrai et faux sont volontairement mêlés.
  • Conjugaison de désinformation (fausses informations) et de mal information (des faits véridiques) dans un même objectif de nuire.
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Ashram Shambala

Édition du jeudi 4 juin 2020 de « Crimes & Faits Divers », une émission de Jean-Marc Morandini diffusée sur NRJ12 Si vous voulez prendre connaissance du livre « Un Bisounours au pays des se(x)ctes » d’Alban Bourdy, c’est par ici : https://www.bod.fr/librairie/un-bisou…

« Un Bisounours au pays des se(x)ctes » est le témoignage fidèle de mes années passées au sein du mouvement spirituel sectaire Ashram Shambala. Ce mouvement, d’origine russe, est considéré par tous les experts pour être une des sectes les plus dangereuses au monde, qualifiée de totalitaire, destructrice et immorale.

Ce mouvement est typique du nouveau visage des sectes, loin des fantasmes sur le sujet, plus insidieux, implanté tentaculairement dans toutes les sphères de la société.

Cet ouvrage relate fidèlement tout le parcours qui m’a conduit à devenir durant trois ans, de 2010 à 2013, le représentant hexagonal d’Ashram Shambala.

Intimement impliqué émotionnellement avec la femme qui m’avait recruté, j’ai mis plusieurs années à ma sortie du mouvement pour apprivoiser de nouveau mon existence et parvenir à comprendre ce qui s’était passé lors de ce temps au-delà de ma vision subjective. Ce texte retrace tout ce parcours psychologique.

D’autres articles sur la secte shambala sur le site

Les enfants dans les écoles anthroposophes

Actes du Colloque « Emprise mentale et violences sexuelles » organisé par la Ligue des Droits de l’Homme en 2021.

Amélie, journaliste, enquêtrice privée, et Stéphanie, mère d’un enfant.

 JEAN-PIERRE JOUGLA: Nous devons entendre maintenant madame Amélie G., enquêtrice privée et Madame Stéphanie V. qui aborderont la question des enfants scolarisés dans les écoles Steiner, écoles anthroposophiques. Avant de leur donner la parole, je rappelle que Grégoire Perra est dans la salle et qu'il sera amené à dire quelques mots sur ce sujet également.  

AMÉLIE: Les écoles Steiner, pour vous dire comment ça a commencé, j’étais journaliste je suis tombée sur un podcast de « Méta de choc », une série de cinq heures « ma vie en anthroposophie » avec Grégoire Perra et j’ai découvert l’anthroposophie à laquelle je ne connaissais rien auparavant, Il y a plein de choses en cinq heures qui se sont révélées à travers son témoignage. Jusque là, les écoles Steiner, je les mettais dans le lot des écoles Montessori, une technique un peu alternative si on ne veut pas mettre son enfant dans une école traditionnelle. Steiner parle de « trolls, de karma, de démons, d’énergie » choses qui ne sont pas d’ordre rationnel. Ce qui m’avait le plus choquée, c’était le traitement des enfants et notamment le fait que l’on passe sous silence des abus. Je me suis alors demandé si c’était un cas individuel ou si c’était représentatif d’une sorte de phénomène.

J’ai donc cherché des victimes mais je n’ai pu interroger que des proches parce que les victimes sont des enfants et même si, aujourd’hui, certains ont grandi, ce ne sont pas eux qui témoignent, mais les parents, A ce moment-là, j’ai rencontré Stéphanie qui est maman d’un enfant qui a été dans l’une de ces écoles.

Ce qui est très compliqué quand on n’est pas soi-même touchée et tu nous le raconteras c’est que les parents ne se sentaient pas forcément légitimes d’en parler et ils avaient peur aussi que ce soient des écrits qui restent par rapport à la vie future de leurs enfants et, en plus de ça, ils avaient le poids de la culpabilité d’avoir mis leurs enfants dans une école qui, au final, avait provoqué quelque chose de traumatisant sous l’aspect scientifique que nous avons vu précédemment,

On va faire défiler des photos de Stéphanie faites dans un éco-village dans les Alpes, avec une école, soutenue par l’Education nationale, prônant la pédagogie Montessori, Freinet, Steiner où, dans le double langage on peut trouver la bienveillance, le respect du vivant, la créativité, la nature et finalement cela s’inscrit paradoxalement dans un cadre réactionnaire et complotiste. Et cela, on ne le découvre que sur place, Pour ceux qui ne connaissent pas le« New-Age», c’était mon cas, ni l’anthroposophie, ils jouaient sur l’alternative comme solution indispensable contre les défaillances ou ce qu’ils jugent comme maltraitant au sein du public. Ils étaient censés être une solution alternative dans un cadre bucolique. Il ne m’a jamais été mentionné la dimension religieuse qu’on peut retrouver dans toutes les activités scolaires pour les enfants ou tout autour, en lien avec les parents. Ça peut être des stages de communication non violente pour nous apprendre à fonctionner dans une démarche anthroposophique.

Pour les enfants, c’est au niveau des rituels de l’école qui sont présentés, par exemple, pour l’eurythmie comme de l’expression corporelle – mais pas un mot sur les faces occultes de cette activité scolaire – qui consiste, par des figures en mouvements codifiés dans le langage anthroposophique, à exercer des formes à l’aide des bras pour communiquer ce qu’ils appellent le « verbe universel».

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Le mobbing, ou l’extermination concertée d’une cible humaine

par Eve Seguin, Acfas Magazine

Eve Seguin, Professeur-e- d’université, Université du Québec à Montréal, détient un doctorat en sciences politiques et sociales de l’Université de Londres (Royaume-Uni). Spécialiste du rapport entre politique et sciences, elle est professeure de science politique et d’études sociales sur les sciences et les technologies à l’UQAM. Ses recherches portent sur les controverses technoscientifiques publiques, l’interface État/sciences/technologies, et les théories politiques des sciences.


Si vous êtes chercheur dans une université, il y a de fortes chances que vous ayez initié un mobbing,  participé à un mobbing, ou détourné les yeux d’un mobbing. Pourquoi? 1. Parce que les mobbeurs, actifs et passifs, ne sont pas des sadiques ou des sociopathes, mais des gens parfaitement ordinaires. 2. Parce que les universités sont des organisations qui favorisent le mobbing. 3. Parce que, de fait, le mobbing est endémique dans les universités1 .

Définir

Avant d’aller plus loin, clarifions la terminologie. Au Québec, le mobbing n’existe pas. En effet, la Loi sur les normes du travail se contente de parler de « harcèlement psychologique », une dénomination vague recouvrant plusieurs phénomènes. Si de nombreux chercheurs et intervenants parlent plutôt de « harcèlement psychologique collectif » pour designer le mobbing, on ne trouve aucune occurrence de ce syntagme dans le document de la Commission des normes du travail qui présente la Loi, son interprétation, et la jurisprudence2 .

Le mobbing est un grave dysfonctionnement organisationnel, que la qualification tant de « harcèlement » que de « psychologique » masque entièrement, même si on y appose l’adjectif « collectif ». Mobbing vient du terme anglais mob, qui désigne un regroupement plus ou moins incontrôlable de personnes cherchant à exercer de la violence. De fait, cette définition pointe vers quatre traits essentiels du mobbing. 1. C’est un processus collectif. 2. C’est un processus violent, et même d’une extrême violence, que la littérature spécialisée compare au génocide et au viol. 3. Cette violence est délibérée. 4. La psychologie individuelle des agresseurs et de leur victime ne fournit aucune clé pour comprendre le phénomène.

Le mobbing est souvent assimilé au bullying; or les deux phénomènes devraient être distingués3 . Le bullying est une forme de harcèlement psychologique puisque la victime souffre consciemment, jour après jour, des remontrances, des reproches, des demandes de performance irréalistes, des critiques, des insultes, des pressions, des sautes d’humeur, sans jamais voir reconnaître la valeur du travail qu’elle accomplit. Le scénario typique est celui du directeur qui victimise sa secrétaire4 . Cette dynamique, pour accablante qu’elle soit, peut se régler relativement facilement quand des supérieurs hiérarchiques ou le service des ressources humaines sont alertés. La victime est alors mutée dans une autre unité de l’organisation.

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L’Eglise universelle du Royaume de Dieu

Créée en 1977 au Brésil, l’Église Universelle du Royaume de Dieu est présente dans 65 pays et compte 4.600.000 adeptes à travers le monde. Edir Macedo, son fondateur, ancien pentecôtiste et ex-employé de la loterie nationale, a bâti son église et son empire en promettant aux fidèles « richesse, santé et bonheur ». C’est bien évidemment dans les favelas que l’Église Universelle se développe le plus rapidement, à coup d’exorcismes, de transes, de « miracles ». Le charisme des pasteurs faisant le reste.

Mais l’Église Universelle étend ses tentacules bien au-delà de la foi. « Plus on donne à l’Église, plus on reçoit » assène-t-elle. Sur ce principe, chaque adepte lui reverse 10% de ses revenus. L’Église Universelle percevrait ainsi 3 millions de dollars par jour. Une fortune qui lui permet de posséder bon nombre de sociétés dans les assurances, les médias et de compter parmi les 30 entreprises privées les plus riches du pays. Également propriétaire de trois chaînes de télévision elle peut ainsi diffuser son discours auprès des masses. Et la « secte » a désormais des visées politiques. Elle compte déjà 14 députés fédéraux sur 512.

Si l’Église catholique se défend de critiquer l’Église Universelle, elle constate cependant qu’il lui faut réagir pour conserver ses fidèles et contre-attaquer pour proposer un renouveau charismatique. Par les témoignages d’adeptes, ou d’ex-adeptes, des caméras cachées et des documents d’archives, ce documentaire tente de dresser le portrait d’une lutte au sommet entre l’Église catholique et l’Église Universelle du Royaume de Dieu.