Renforcer la Vigilance à l’École : Découvrez le Site #DérivesScolaires

Dans un monde ou l’éducation de nos enfants est une priorité, il est essentiel de garantir un environnement sûr et éclairé au sein des établissements scolaires. Cependant, des préoccupations grandissantes concernant les dérives spirituelles et pseudoscientifiques infiltrant nos écoles publiques ont conduit à la création du site #DérivesScolaires, un outil puissant pour renforcer la vigilance et la prise de conscience.

Ce site, accessible à l’adresse http://derives-scolaires.fr, émane de l’initiative d’une enseignante passionnée, qui a ressenti le besoin impérieux de combler un vide en fournissant des informations et des ressources. Tout en reflétant ses propres valeurs, ce travail personnel se concentre avant tout sur la promotion de la vigilance et la diffusion de la connaissance.

Ayant observé ces derniers mois une croissante demande d’informations relatives aux pratiques, activités et contenus à risque présents dans nos écoles publiques, l’initiatrice du projet s’est engagée dans une quête pour déceler les méthodes, pratiques et démarches potentiellement problématiques. Son intérêt s’est élargi depuis les aspects ésotériques de la “pédagogie” steiner jusqu’à des sujets plus larges liés aux dérives sectaires et pseudoscientifiques.

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La mode des oracles et des cartes divinatoires

1. Un article grand public

Dossier « Esotérisme : un essor inquiétant » dans ‘Express d’août 2023. Titre de l’article : « En librairie et sur TikTok, le phénomène des oracles ».

De plus en plus de maisons d’édition font la part belle aux cartes de divination, qui s’arrachent en librairie, notamment chez les jeunes, car plus accessibles que les tarots.

Des petits, des grands, des violacés, des irisants. Des « nature », des « queer », des « féminins sacrés ». Dans la vitrine de la librairie ésotérique Bussière, et un peu partout dans ces quelques dizaines de mètres carrés en bazar nichés au cœur du quartier latin dans le Ve arrondissement parisien, on ne voit qu’eux. « Des oracles, tout le monde en veut, de nos jours », maugrée la guide des lieux, Anne-Laure Le Lidec, présidente des éditions adossées au magasin, en arrangeant ses derniers numéros.

Du haut de ses étagères, la spécialiste a vu l’engouement pour ces ouvrages exploser. Depuis le Covid-19, les ventes liées à l’ésotérisme dans l’édition ont bondi : + 32,8 % en 2021 selon le Syndicat national de l’édition. Un succès, porté principalement par ces petites cartes que certains tirent pour prendre le pouls du futur, de leur destin ou de leur matinée. Les oracles ont même participé à rajeunir la clientèle ésotérique principale, aujourd’hui les 25-30 ans, selon les chiffres de l’édition.

Entre deux grands livres aux symboles mystiques, Anne-Laure Le Lidec pointe la collection Haziel, qui abrite des classiques de l’ésotérisme. Des ouvrages austères aux couvertures sans images. Puis elle montre un oracle en vogue, plein de couleurs et de personnages féeriques :

« Avant, la magie était sérieuse, intimidante, mais le public est maintenant attiré par le ludique et les beaux visuels. Il faut que ça flashe », résume-t-elle.

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Quête de soi, bricolage religieux… Qui sont les « nouveaux spirituels » d’aujourd’hui ?

Entretien avec Marc Bonomelli, auteur des Nouvelles routes du soi (Arkhê, 2022). Site du journal La Croix 17/8/23. Recueilli par Marguerite de Lasa.

Le journaliste Marc Bonomelli s’est immergé pendant deux ans dans les milieux des « nouveaux spirituels », et en a fait un livre Les Nouvelles Routes du soi (Arkhê, 2022). Des retraites chamaniques au culte de Gaïa ou au yoga, il y décrit la multiplicité des pratiques de ces nouveaux spirituels et la quête de sens dont elles témoignent.    

La Croix : Comment distinguez-vous les nouvelles spiritualités des religions traditionnelles ?

Marc Bonomelli : Aujourd’hui, un certain nombre de « nouveaux spirituels » considèrent les dogmes et les institutions religieuses comme un enfermement. En même temps, ils vont chercher des traces de transcendance dans différentes traditions religieuses, ce qui va donner lieu à des syncrétismes, à une forme d’hybridation très caractéristique. Je les appelle des « créatifs spirituels » parce qu’on ne met pas suffisamment l’accent sur l’investissement de ces personnes dans la recherche d’une vérité, d’un alignement, d’une authenticité.

Quel est le rapport de ces nouveaux spirituels aux religions et notamment au christianisme ?

M. B. : Certains vont opposer spiritualités et religions, même si Jésus et Marie sont toujours considérés comme des figures inspirantes. Beaucoup estiment aussi que chaque religion recèle une facette de la vérité, chacune d’entre elles incarnant une voie particulière pour arriver au même sommet.

Si le mot de vérité revient souvent chez les nouveaux spirituels, il ne désigne pas une vérité dogmatique. Certains rejettent d’ailleurs le catholicisme parce qu’ils considèrent que la vérité y est assimilée à un catalogue de dogmes auxquels il faudrait adhérer. Eux recherchent au contraire une transformation intérieure. Pour eux, être dans la vérité signifie être authentique, être vrai avec soi-même, trouver son soi.

Cette recherche peut passer par des expériences diverses : beaucoup de gens vont faire de la méditation, du yoga, du chamanisme, en cherchant ce qui est juste pour eux. Ils s’efforcent pour cela de se mettre à l’écoute de leur corps, qui leur envoie des signaux. Le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle est un exemple de pratique spirituelle catholique réinvestie par les nouveaux spirituels pour se reconnecter à l’essentiel, à eux-mêmes, à la nature. Aujourd’hui, les nouvelles spiritualités remettent le corps et le sensible à l’honneur.

Ne peut-on pas y voir une forme de consumérisme des pratiques et des expériences religieuses ?

M. B. : Cette critique est tout à fait légitime. Effectivement, l’offre de nouvelles pratiques spirituelles est toujours plus grande pour des personnes en quête de mieux-être et de sens. Les réseaux sociaux jouent d’ailleurs un rôle crucial dans la diffusion de ces nouvelles spiritualités, ainsi que dans l’uniformisation des discours et des croyances. Mais la multiplication des expériences est aussi vécue par les nouveaux spirituels comme une manière d’éviter l’aliénation, de conserver leur autonomie et leur distance critique. Souvent les gens craignent les sectes, les gourous, et ils ne souhaitent pas être enfermés dans une religion. Beaucoup de nouveaux spirituels se considèrent toujours en chemin.

Dans ces spiritualités, qui mettent l’accent sur la quête de soi, n’y a-t-il pas un risque d’égocentrisme ?

M. B. : La quête du soi dont parlent les nouveaux spirituels, c’est ce qu’il y a de divin en nous. Ils distinguent d’ailleurs souvent l’ego et le soi. Le soi désigne le soi authentique qu’il faut faire vivre et rayonner à travers toutes sortes de pratiques. Cela s’inscrit très souvent dans un projet éthique écologique. L’aspiration à la communauté est très présente dans ces milieux : le boom des écovillages témoigne notamment d’un besoin de cultiver des relations plus authentiques avec les autres, qui ne seraient pas basées sur des masques ou sur des jeux sociaux. L’idée selon laquelle pour pouvoir aimer les autres, il faut d’abord s’aimer soi-même est très présente.

Quelle vision de Dieu portent les nouveaux spirituels ?

M. B. : L’expression : « Dieu est en nous » revient souvent, mais cela ne veut pas dire que Dieu n’est qu’en nous. Certes, les nouveaux spirituels parlent moins de la prière, ou d’une relation personnelle avec Dieu que les chrétiens, même si cela existe. Tout en considérant que Dieu n’est pas une personne, certains prient l’univers par exemple. Les catholiques pointent souvent du doigt « une spiritualité impersonnelle ». Je crois qu’on pourrait davantage parler d’une spiritualité transpersonnelle. Un certain paradigme animiste revient, avec l’idée selon laquelle l’âme est présente dans l’arbre, dans le cosmos, la lune et les étoiles.

Développement personnel : pourquoi un tel succès ?

Le développement personnel cartonne. Livres et coach fleurissent et nous permettraient de résoudre tous nos problèmes moyennant un certain coût. Alors, vraie solution pour tout le monde ou un sacré coup marketing ?

Avec

  • Albert Moukheiber Psychologue clinicien, docteur en neurosciences cognitives
  • Camille Teste Militante féministe, professeure de yoga et autrice
  • Christie Vanbremeersch Formatrice et écrivain

Si vous avez poussé les portes d’une librairie pour y trouver l’ouvrage de vos vacances, vous avez sûrement remarqué la place prise désormais par le rayon Vie pratique. Auparavant, c’était le refuge des livres de cuisine et des manuels de culture physique. Mais si ces livres existent, leur rayon abrite désormais des ouvrages de développement personnel et il s’étend de plus en plus face au succès de ces manuels, guides et méthodes censés nous apprendre à mieux vivre.

Un podcast de 56 mn, le débat de midi sur France Inter, avec Jean-Matthieu Pernin

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-debat-de-midi/le-debat-de-midi-du-mardi-01-aout-2023-9521387?utm_source=pocket-newtab-fr-fr

L’altruisme efficace, Les quatre accords toltèques, Le pouvoir de la confiance en soi, sont quelques-uns de ces succès de la littérature de développement personnel. Un genre qui se vend très bien, notamment après la crise sanitaire qui a vu bondir les achats de livres de 19 % en France et 6 millions de livres vendus entre mai 2021 et avril 2022.

Les applications, les podcasts, les émissions se multiplient sur le sujet et le monde entier semble avoir trouvé le chemin pour répondre à ces problèmes existentiels. Très appréciés par certains, décriés par d’autres pour le côté pensée magique enrobée de marketing, pourquoi le développement personnel rencontre-t-il un tel succès ?

Des livres qui correspondent à notre époque ?

Le développement personnel ne date pas d’hier. Il serait né au XIXe siècle, mais aujourd’hui, on voit un véritable phénomène du coaching et sur plein de supports différents. Selon le psychologue Albert Moukheiber, ce sont les mêmes mécanismes que pour les régimes alimentaires : « Que ce soit par la pensée magique ou bien la loi de l’attraction, ce sont toujours les mêmes ficelles. Lorsqu’on va mal, on va avoir tendance à individualiser les sujets. On se sent responsable alors que ce n’est pas le cas. Nous sommes des animaux sociaux, il y a donc plein de facteurs systémiques. Mais ça arrange beaucoup de personnes. Par exemple, s’il y a un problème dans une entreprise, le patron ne va pas augmenter les salaires ou améliorer les conditions de vie et de travail, il va embaucher un coach qui va devenir responsable du bien-être de l’entreprise. »

Aller mal, cela existe depuis toujours, et les solutions magiques ne sont pas nouvelles. On les retrouve dans L’Oracle de Delphes par exemple, où déjà, on retrouve une vision curative de la santé et de la psychologie : « On oublie complètement les déterminants sociaux, hiérarchiques. C’est ce qui se passe actuellement dans certaines boites, où l’on considère que l’entreprise est une famille. »

La quête de la meilleure version de soi-même

Nous vivons dans une époque individualiste où les livres de développement personnel en sont le reflet. Pour Camille Teste : « C’est comme un piège issu du néolibéralisme qui nous rend responsables de nos malheurs et de nos bonheurs. C’est la quête de la meilleure version de soi-même. Là où c’est pernicieux, c’est ce que la philosophe slovène Alenka Zupančič appelle l’impératif bio moral. Non seulement, il faut travailler sur soi, développer tout un tas de pratiques pour aller mieux, mais en plus, si vous ne le faites pas, vous êtes une mauvaise personne. C’est devenu une question morale. » À lire aussi : Le développement personnel fait-il du mal aux femmes ?

Les coachs, les nouveaux psys ?

Aujourd’hui, les coachs sont partout, et pour beaucoup de personnes, il est plus facile de dire que l’on voit un coach qu’un psy. Pour le psychologue Albert Moukheiber : « Au départ, le coaching était uniquement dédié aux compétences professionnelles. Par exemple, si vous aviez une entreprise de dix personnes qui grossissait jusqu’à avoir 200 salariés et que vous ne saviez pas gérer ça, on faisait appel à un coach qui vous formait au management. Petit à petit, il y a eu un glissement où les coachs ont commencé à gérer les angoisses, la qualité du sommeil… Il y a une grande partie du business du coaching, où on forme des coachs à devenir coach, où les gens se découvrent une compétence de coach. Ça rapporte beaucoup plus d’argent de vendre une formation que des séances individuelles qui risquent de s’arrêter.

Le coach n’a pas non plus les mêmes contraintes qu’un psy. Si un psy veut développer sa thérapie, il doit faire un groupe expérimental, valider sa méthode par des confrères, la publier dans une revue scientifique, voir s’il y a des facteurs confondants, alors qu’un coach peut simplement dire qu’il a trouvé une technique qui marche, en faire une méthode, et la certifier. »

Dites : PNCS

Pratiques Non Conventionnelles de Santé

Le Groupe d’étude du Phénomène Sectaire (GéPS) souhaite porter à votre connaissance le travail d’enquête publié par Marianne, soulevant des interrogations sur le nouveau Comité d’appui pour l’encadrement des pratiques non conventionnelles de santé, créé à l’initiative de la Ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, en lien avec une association controversée dénommée Agence des Médecines Complémentaires et Adaptées (A-MCA). A-MCA qui a fait couler beaucoup d’encre ces dernières années.

En vous souhaitant bonne lecture,

Hugues Gascan
Président du Groupe d’étude du Phénomène Sectaire (GéPS)
Directeur de recherche dans un établissement public, secteur Santé