Les chaînes de prière…

Dominique Auzenet

Une personne m'interrogeait par mail : "Pouvez vous , s’il vous plaît , m’éclairer concernant cette prière à Sainte Rita ? ", me transmettant en pièce jointe la prière que vous trouverez plus bas dans cet article. En fait, ces chaînes de prière déposées dans nos églises, ces diaporamas ou pièces-jointes reçues dans nos mails, c'est une entreprise de perversion de la vraie prière chrétienne... En voici plusieurs exemples.

Regardez la photo, dites la prière, et faites un souhait !

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Valtorta/Medjugorje : des similitudes et une incohérence

René Gounon

auteur de M. Valtorta, l’Évangile dévoyé

Deux phénomènes mystiques hors du commun divisent aujourd’hui le monde catholique : les visions de la vie de Jésus en Palestine de Maria Valtorta (publiées en dix gros volumes sous le nom de « l’Evangile tel qu’il m’a été révélé ») , et les apparitions attribuées à la Vierge Marie, « la Gospa », à Medjugorje .

Curieusement ces deux manifestations revendiquées par leurs admirateurs comme d’origine divine sans que l’Église ne les aient jamais reconnues comme telles ont de nombreux points communs. Toutes deux sont ce que l’on appelle des «prodiges», des phénomènes si extraordinaires qu’il semble en effet tentant de les attribuer à Dieu. Pourtant le Christ lui même nous affirme (Mt 24,24) que les prodiges ne viennent pas tous du Ciel : « En effet de faux messies et de faux prophètes se lèveront et produiront des signes formidables et des prodiges, au point d’égarer, s’il était possible, même les élus ». Il est surprenant que pareil avertissement du Seigneur soit si facilement oublié.

Les deux manifestations ont aussi en commun d’être une parodie d’événements reconnus. Si les défenseurs de Medjugorje présentent ces apparitions comme une continuation de Fatima, c’en est plutôt la caricature. Il avait été confié aux voyants de Fatima un secret en trois parties. Ici six voyants ont reçu ou doivent recevoir chacun individuellement dix secrets ! Le célèbre miracle de Fatima avait été annoncé aux enfants trois mois plus tôt et s’est produit en effet à la date indiquée devant une foule immense venue spécialement pour y assister. A Medjugorje un miracle permanent « le Grand Signe » a été annoncé dès le début des apparitions pour « bientôt, très bientôt » mais on l’attend toujours plus de quarante ans plus tard. Quant aux écrits de Maria Valtorta ils semblent avoir pris pour modèle le « Petit Journal » de Sainte Faustine, auquel ses promoteurs le comparent volontiers : Jésus disait à Sœur Faustine « Tu es la secrétaire de ma Miséricorde », les admirateurs de Maria font d’elle « le porte-plume de Dieu »

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« L’unité par absorption », un péril pour la beauté de l’Unité

Pierre Vignon, prêtre

L’Unité est un très bel idéal que tous cherchent depuis toujours. Le psaume 121 chantait la joie de monter vers le Temple de Jérusalem, « ville où tout ensemble ne fait qu’un. » Et Jésus, avant de vivre positivement sa mort, ne pensant même pas à lui mais à ses apôtres, leur livra le fond de son cœur : « Que tous soient Un. »

Beaucoup depuis lui ont emboîté le pas en promouvant une spiritualité de l’Unité. Le Concile Vatican II (1962-1965) présente l’Eglise en citant saint Cyprien (+258) : « un peuple qui tire son unité de l’unité du Père et du Fils et de l’Esprit-Saint. »

C’est vrai, c’est bon, c’est beau. A cette précision essentielle près de tenir compte de l’altérité, et donc de la diversité, dans l’unité. Je reprends la belle formulation qu’en a faite le jeune dominicain David Perrin dans une homélie de l’an dernier :

« Le Père et le Fils sont l’un dans l’autre, certes, mais ils ne sont pas, de manière indistincte, l’un ou l’autre, l’un et l’autre. Autre est le Père, autre est le Fils, mais ils ne sont pas autre chose. »

C’est un des fondements de la foi chrétienne que l’Église a trouvé au cours des siècles en méditant le mystère de la Trinité et celui de la vraie personnalité, à la fois humaine et divine du Christ. Le Concile de Chalcédoine (451) a donné les termes définitifs. Il faut tenir l’ensemble « sans confusion… ni division ».

Au milieu du siècle dernier a surgi dans l’Église un de ces mouvements qui a soulevé des foules de chrétiens et que la hiérarchie s’est empressée d’accueillir : le mouvement des Focolari fondé par la célèbre (et célébrée) Chiara Lubich (+2008). La beauté de l’Unité était proposée en tête de gondole. C’était fabuleusement attirant. 

Mais voilà qu’un théologien plus regardant que les évêques et les cardinaux, le père jésuite Jean-Marie Hennaux, a trouvé une brèche dans ce bel ensemble, une faille digne de celle de San Andreas qui pourrait engloutir toute la Californie. Il l’a appelée : l’Unité par absorption

Quelques extraits seulement d’une lettre de Chiara Lubich du 23 novembre 1950 donnent une idée de la gravité du trou dans la gondole qui finira par faire couler la si belle tête de proue qu’est l’Unité :

« Chaque âme des Focolari doit être une expression de moi et rien d’autre… Leur attitude devant moi doit être un rien d’amour qui appelle mon amour… S’ils sont différents, je les abandonne… L’Unité est donc l’Unité et une seule âme doit vivre : la mienne, c’est-à-dire celle de Jésus parmi nous, qui est en moi. »

Comment ont fait les plus hauts responsables de l’Église pour ne pas s’apercevoir de cette hérésie ? Je n’en sais rien. Sans doute comme tous les autres grands mouvements spirituels dont les failles sont mises à jour depuis la mise en cause des Légionnaires du Christ et dont la liste ne cesse de s’allonger. Ils coulent les uns après les autres. 

C’est pourtant simple. On a le remède dans la Tradition : l’Unité oui, mais sans confusion ni séparation. L’Esprit-Saint qui a toujours la solution avait déjà donné la réponse : c’est Lui qui fait l’unité dans la diversité et à partir de la variété. La phagocytose n’est bonne et utile qu’en biologie. Dans la spiritualité, « l’unité par absorption » est une monstruosité théologique qui cause des dégâts irréparables. 

Aucun chrétien ne peut reprendre à son compte l’expression du chevalier de Hadoque dans « Le trésor de Rackham le Rouge » dans les Aventures de Tintin par Hergé : « Que le grand Cric me croque ! » Ce cri n’est que pour les perroquets de la forêt qui seuls peuvent le transmettre à travers les siècles. 

Laurence Freeman

et la « Méditation chrétienne »

À la demande d'une lectrice du site sosdiscernement, Marie-Line Charlot, qui habite le sud de la France, et qui a fourni toutes ces captures d'écran, je cite d'abord un extrait de l'article de Bertran Chaudet sur la Méditation de Pleine Conscience

La soi-disant « méditation chrétienne » diffusée par le moine bénédictin John Main, puis à la mort de celui-ci en 1982, par son disciple Laurence Freeman, n’est en fait qu’une tentative de christianiser une technique de méditation orientale.

Plutôt que de prendre pour mantra le nom d’une divinité hindoue, John Main introduit un mantra « chrétien » (1), à savoir : « Maranatha ». En araméen, cela veut dire selon une des traductions possibles, « viens, Seigneur ». Cette Parole tirée de l’Apocalypse ne veut rien dire si elle est détachée de son contexte.

De plus, dans ce type de méditation, il ne s’agit pas de méditer sur son contenu ni sa signification, mais de s’en servir pour focaliser l’attention, puis progressivement laisser s’apaiser l’activité mentale, pour finir par la suspendre totalement, si possible. Il s’agit donc d’une technique (2) conduisant à une expérience de son propre psychisme ; mais en aucun cas, une telle expérience ne peut être qualifiée de spirituelle, selon les critères de la tradition chrétienne.

Voilà ce que l’on peut lire dans la lettre hebdomadaire de la WCCM (communauté mondiale des méditants chrétiens) :

« Soyez généreux avec votre temps, soyez fidèle à votre mantra, et vous entrerez dans le réseau de silence qui nous unit tous dans l’Esprit ».

Maranatha devient ainsi le ciment de l’unité de ce réseau.

Par ailleurs tant dans les écrits et conférences de John Main que dans ceux de Laurence Freeman, il n’est jamais question de la Résurrection du Christ. Les pratiques spirituelles habituelles de la tradition chrétienne aussi bien que les pratiques sacramentelles sont passées sous silence.

Par contre, la vie dans l’Esprit, sans que celui-ci soit défini, est omniprésente. Les méditants ne sont jamais invités à rejoindre une communauté chrétienne existante, ni à incarner concrètement les fruits de leur méditation dans le service de leur prochain.

Le silence à retrouver est certes important dans le recueillement, mais il est préparation à l’accueil de la Parole de Dieu. Le silence à chercher pour lui-même n’est pas une pratique chrétienne.

D’autre part le Père Freeman au cours des exercices pratiques de méditations se place face aux méditants, comme peuvent le faire les maîtres des traditions orientales. Cette méditation se fait en vis-à-vis maître disciples et non centrée sur une icône, une croix, un tabernacle ou le Saint Sacrement exposé. Dans la prière ou la méditation chrétienne, seuls le Christ ou la Vierge Marie doivent être les personnes vers lesquels se tournent toute notre attention.




 » La Messe devient une Eucharistie Contemplative, où prêtre et assemblée sont assis sur des zafus, où l’autel est remplacé par une planche qui porte un bol chantant, – objet ésotérique -, utilisé chez les moines bouddhistes et hindouistes, et où le missel est remplacé par une tablette ».

(1) Voici ce qu’écrit L. Freeman dans « La perle de grand prix », p. 8., manuel des VRP de la Méditation chrétienne…

« La peur que la méditation ne soit pas chrétienne peut se traduire également par une certaine gêne vis à vis du mantra, aussi bien le mot lui-même que « l’œuvre » enseignée par la tradition. Là encore, il existe un enseignement solide et cohérent. Il y a d’abord la révélation essentielle par Jean Cassien du secret de la sagesse du désert dans ses magnifiques IXe et Xe Conférences sur la prière : la pauvreté en esprit qu’il identifie à l’humble récitation de quelques mots sacrés : « la formule (formula), dit-il, qui nous aide à fixer notre attention sur le Seigneur et non sur nous-mêmes ». Le nuage d’inconnaissance, un classique du XIVe siècle, l’appelle « le seul petit mot » qui nous aide à nous détourner des distractions pour entrer dans le mystère silencieux de Dieu. John Main a eu l’intuition d’appeler le mot sacré un « mantra », rattachant ainsi la tradition spécifiquement chrétienne à la sagesse universelle. Ce mot sanscrit (la langue mère de toutes les langues européennes) désigne ce « qui clarifie la pensée », un court verset des Écritures ou un mot sacré que l’on répète afin de renforcer l’attention. En ce sens, les paroles de la messe, les bénédictions et toutes sortes de prières familières et répétées sont des mantras. Enfin, il y a l’autorité de Jésus qui nous dit de ne pas multiplier les paroles, mais de nous retirer dans notre chambre secrète pour y prier, non pas avec nos lèvres, mais en silence, tourné vers Celui, nous dit Jean Cassien, « qui ne tient pas compte des paroles mais regarde au cœur ».

(2) Une tentative analogue avait été entreprise il y a une dizaine d’années par Daniel Maurin avec son Oraison du coeur, dans laquelle il transcrivait l’initiation à la méditation transcendantale (de Maharishi Mahesh Yogi), ne changeant que le mantra oriental en un mantra issu de la tradition judéo-chrétienne, gardant inchangée l’intégralité de la technique hindoue.

Sorcellerie moderne : les militantes féministes

Une nouvelle sorte de sorcières, ni vieilles, ni moches, ni cruelles. Incarnation d’une nouvelle génération, ces jeunes femmes revendiquent la puissance de la féminité et une approche de la magie toujours bienveillante. On pourrait croire qu’il s’agit du dernier truc à la mode, mais il y a des signes qui ne trompent pas. Les rayons des librairies se sont étoffés de nouveaux ouvrages sur les spiritualités alternatives, les boutiques de magie commencent à essaimer chez nous et il suffit de cliquer « sorcières » sur Instagram pour tomber sur des influenceuses et auto-entrepreneuses d’un genre nouveau.

En somme, l’engouement pour ces nouvelles sorcières répond à de nombreuses interrogations de notre temps : développement personnel, retour à la nature, rituels, attrait des médecines alternatives. Et puis, il y a aussi le message féministe que délivrent ces jeunes femmes : alors qu’on brûlait autrefois les accusées de sorcellerie, elles veulent aujourd’hui rendre justice à la féminité. Leur charme opère particulièrement auprès de la génération MeToo, dont elles sont un emblème féministe, de femmes puissantes et émancipées. C’est un reportage de Mathias Tuosto et Christophe Ungar.

Signalons encore que de récentes études menées en Suisse confirment l’attrait pour des formes de spiritualité qui s’affranchissent des religions traditionnelles. Ainsi, entre 1970 et 2014, le nombre de catholiques a baissé de 20% et celui des protestants a baissé de moitié. La proportion de personnes se disant « sans confession » a considérablement augmenté, passant de 1,2% à 22% entre 2012 et 2014. Une autre recherche menée en Suisse révèle qu’en 2011, 9% de la population suisse, dont une majorité de femmes, adoptait des pratiques dites plus « spirituelles » que religieuses. En 2015, ce chiffre a augmenté à 13,4 %, une forte croissance sur quelques années.

Un reportage de Christophe UNGAR et Mathias TUOSTO. Sur le site de Temps Présent https://www.rts.ch/play/tv/emission/t… Depuis avril 1969, Temps Présent est LE magazine d’information de référence de la @RadioTelevisionSuisse.