Agnotologie et ecclésiologie

Laetitia Gonfalon

« Notre connaissance ne peut être que finie, tandis que notre ignorance est nécessairement infinie »

Cette citation de Karl POPPER, ce professeur anticonformiste autrichien naturalisé britannique, illustre bien le débat que soulève l’ignorance relative à tous les sujets que l’on souhaite aborder.

De son côté l’américain Robert PROCTOR, éditeur de l’ouvrage collectif Agnotology, se demandait comment et pourquoi « nous ne savons pas ce que nous ne savons pas », alors même qu’une connaissance fiable et attestée est disponible.

C’est cette problématique qui a permis vers la fin du siècle dernier l’émergence d’une discipline pour le moins paradoxale puisqu’il s’agit de la science de l’ignorance,« l’agnotologie » inspirée du mot grec ἀγνῶσις / agnôsis, « ne pas savoir ». Ce problème de la « production de l’ignorance » avait déjà été abordé au XIXème siècle, mais il a fallu attendre la fin du siècle dernier pour que cette discipline se constitue.

Le but du présent document est d’en expliquer les raisons. Apparemment elles sont fort éloignées des préoccupations religieuses, car le fait majeur qui a fait émerger cette science, ce sont les travaux de Robert PROCTOR relatifs au comportement aux Etats-Unis du lobby des industriels du tabac. Ces derniers, constitués en groupe de pression, ont, pendant des décennies, poursuivi avec un réel succès l’objectif non avoué de maintenir l’ignorance sur les méfaits de la cigarette et son caractère cancérigène. C’est vraiment le cas d’école : il a été également bien analysé par Emmanuel Henry, professeur à l’Université Dauphine dans son livre « Golden Holocaust » paru aux éditions des Equateurs.

Pour la première fois se trouvent expliqués les mécanismes qui ont permis de fonder et d’entretenir le déni de réalité et l’ignorance sur un sujet sociétal. D’autres études agnotologiques fort variées ont suivi : elles concernent le climat, le lait maternel, les méfaits de l’amiante, du sucre et même d’une façon qui peut nous paraître cocasse, le déclin de la population des caribous au Québec en raison de la politique menée par les industries forestières.

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Emprise spirituelle : mécanismes et conséquences

Véronique Gaymard, sur RFI

Volet 1

Emprise et abus spirituel : de quoi parle-t-on ? quels sont les mécanismes de l’emprise, de cette prise de pouvoir sur l’autre, dans des sectes mais aussi dans les religions ? Comment opèrent-ils en particulier au sein de l’Église catholique, qui peuvent mener aux abus et agressions sexuels ? Premier épisode avec des témoignages croisés de celles et ceux qui tentent de sortir les victimes de cette toile d’araignée.

Volet 2

Après avoir décrit dans le premier volet, rediffusé le 27/08/2023, les mécanismes de l’emprise spirituelle et les conséquences sur les personnes victimes, nous examinons dans ce second épisode les moyens de sortir de ces phénomènes d’emprise spirituelle, notamment au sein de l’Église catholique, pour parvenir à se reconstruire : mettre des mots sur ce qu’on a subi, replonger au plus profond de son être, établir les faits et être en mesure de les dénoncer auprès des autorités religieuses mais aussi devant la justice, et surtout être cru.

Intervenants

– Isabelle Chartier-Siben, médecin, psychothérapeute, victimologue, présidente de l’association « C’est-à-dire » d’aide aux victimes d’abus physiques, psychiques et spirituels

– Marie-Jo Thiel, professeure émérite à l’Université de Strasbourg en éthique et théologie morale, médecin de formation, « Abus sexuels. Écouter, enquêter, prévenir » (Presses universitaires de Strasbourg, 2022), « L’Église catholique face aux abus sexuels sur mineurs » (éditions Bayard, 2019) ; « Plus forts car vulnérables » (éditions Salvator – à paraître)

– Isabelle Le Bourgeois, religieuse de spiritualité ignacienne, psychanalyste sur la vie affective et sur les questions d’emprise pour les religieux et religieuses, auteure de « Espérer encore » (Éditions Desclée de Brower, 2006), « Le Dieu des abîmes » (Albin Michel, 2020)

Mary Lembo, religieuse de la Congrégation des sœurs Sainte Catherine d’Alexandrie, formatrice de maisons religieuses et de séminaires et psychothérapeute, auteure de «Religieuses abusées en Afrique, faire la vérité» (Éditions Salvator, 2022)

– Témoignages de victimes d’emprise et d’agressions sexuelles dans l’Église : Françoise, Hugues et Stéphane.

Les prophéties de Marie-Julie Jahenny

Yves Chiron, Aletheia n°337, déc. 2023

Marie-Julie Jahenny est née le 12 février 1850 au hameau de Coyault, près de Blain, dans le diocèse de Nantes. En 1853, la famille s’établit dans une ferme à La Fraudais, non loin de Coyault. Marie-Julie Jahenny y passera toute sa vie et y mourra à 91 ans, le 4 mars 1941. Elle n’a fréquenté l’école que pendant six mois, mais elle savait lire. Pieuse, de santé très fragile, à vingt-trois ans, après plusieurs semaines d’une grave maladie, le 22 février 1873 elle eut une apparition de la Vierge Marie qui lui dit : Ma chère enfant, ne crains pas, je suis la Vierge Immaculée. Tu souffres ! Et la Mère de Dieu lui promit : Je viendrai te guérir le 2 mai.

Le 15 mars suivant, dans une nouvelle apparition, la Vierge Marie lui demanda : Ma chère enfant, veux-tu accepter les cinq plaies de mon Fils ? Voudrais-tu souffrir le reste de ta vie pour la conversion des pécheurs ? Marie-Julie Jahenny ayant accepté, la Vierge Marie lui dit : Ma chère enfant, ce sera ta mission.

Le 21 mars, qui était un vendredi, en présence de plusieurs témoins (dont des prêtres) Marie-Julie revécut la Passion du Christ et reçut les stigmates. Le phénomène (ou le mystère) se reproduira chaque vendredi, pendant soixante-huit années.

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Alberto Maalouf

Dominique Auzenet

J’ai regardé cette vidéo, transmise par des amis qui m’ont posé des questions sur l’interprétation donnée… Je ne peux qu’inviter à être lucide et à rester à distance…

En effet, comment se permettre de rapprocher les réflexions de la première lettre de saint Jean sur « l’Esprit, l’eau et le sang, ils sont trois à témoigner », avec les trois couleurs du drapeau français ?

Saint Jean par le de l’Esprit Saint qui a reposé sur Jésus lors de son baptême au Jourdain (l’eau), tout au long de sa mission rédemptrice y compris la croix (le sang)… Vous trouvez ce passage en 1 Jean 5, 5-10.

Le Père rend témoignage à son Fils lors du baptême, et l’Esprit manifeste ce témoignage tout au long de la vie publique du Christ jusqu’à l’effusion de son sang.

Qui donc est vainqueur du monde ? N’est-ce pas celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? C’est lui, Jésus Christ, qui est venu par l’eau et par le sang : non pas seulement avec l’eau, mais avec l’eau et avec le sang. Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit, car l’Esprit est la vérité.

En effet, ils sont trois qui rendent témoignage, l’Esprit, l’eau et le sang, et les trois n’en font qu’un. Nous acceptons bien le témoignage des hommes ; or, le témoignage de Dieu a plus de valeur, puisque le témoignage de Dieu, c’est celui qu’il rend à son Fils.

Celui qui met sa foi dans le Fils de Dieu possède en lui-même ce témoignage. Celui qui ne croit pas Dieu, celui-là fait de Dieu un menteur, puisqu’il n’a pas mis sa foi dans le témoignage que Dieu rend à son Fils.

Quel rapport avec le drapeau français, me direz-vous ? Aucun. C’est ce qu’on appelle : instrumentaliser la Parole de Dieu.

Saisissant ! Et totalement factice.

Un effet de contorsion, où l’on place des liens idéologiques sur ce passage biblique pour le faire parler dans un sens politique franco-français…

Comment accepter comme normaux et valides de tels liens factices ? Comment pourrait-on les accréditer ?

Cet homme a-t-il reçu une formation biblique et théologique ?

Tout bibliste ne peut qu’être atterré par ce type de prédication.

Alors ? Soyez lucides. Gardez vos distances.