Une personne — elle a voulu garder l’anonymat — profondément immergée dans les désordres et les perturbations que peuvent engendrer l’induction de faux souvenirs au cours de retraites psycho-spirituelles, nous donne ici son analyse du phénomène. Cette analyse n’est pas théorique; elle s’enracine dans un vécu familial dramatique.
Le psycho spirituel est un amalgame construit entre les plans psychologique et spirituel
Il induit une confusion de la raison de manière à manipuler une personne.
Les pratiques de la manipulation se font par l’utilisation de la foi chrétienne, qui par glissements, pratiquement impossibles à percevoir dans le contexte où se trouve la personne, devient peu à peu une religiosité déviante du nouvel-âge.
Ces pratiques se font sous couvert de « retraites » spirituelles et ou d’accompagnements spirituels personnels. Le discours porte sur le schéma « blessures-guérison ». En voici in fine la clé de lecture :
Le péché n’est plus un acte commis librement et volontairement mais un manque d’amour subi dont on n’a pas conscience et dont on doit se libérer.
De la sorte, le péché devient une blessure dont on incombe la responsabilité au bouc émissaire désigné dans la prétendue thérapie. Pour guérir, il faut couper les liens avec le ou les boucs émissaires, souvent des proches,auxquels la personne va faire subir des actes inhumains sans aucune culpabilité, puisque d’une part, ils sont nécessaire à la « guérison », d’autre part la culpabilité est rejetée sur les proches qui, dans ce schéma, sont révélés maléfiques et donc ne font que subir la juste punition de leur faute.
Dans ce tour de passe-passe, la culpabilité et la responsabilité ont sombré. Une personne qui n’est ni coupable ni responsable de ses actes, n’est pas libre. Donc sa liberté a été remise au pseudo-thérapeute qui l’instrumentalise contre ses proches.
La culpabilité de la personne est détournée au profit du pseudo-thérapeute, car la faute sera désormais de ne pas se soumettre à ses exigences. Chaque « faute » engendrera une culpabilité de l’adepte qui, coupé des siens, se trouve emprisonné dans une soumission totale.
Ce travail de déstructuration-programmation s’amorce en faisant sombrer l’esprit critique pour ouvrir la porte du psychisme et y injecter la religiosité déviante, vectrice de la manipulation qui va induire de faux-souvenirs. Cela se fait par des expériences empiriques « faisant remonter les émotions », selon B. Dubois. C’est-à-dire, en jouant dans le seul registre de l’inconscient et de l’émotionnel, interprété par le pseudo-thérapeute, qui met de la sorte la personne sous emprise.
1 ) – Cette première étape se fait par la séduction, en effet :
Ces « sessions » se font dans un endroit voulu chaleureux, la personne accompagnée devient pour le pseudo-thérapeute « le centre du monde », elle est « écoutée », rassurée, elle se sent donc unique, comprise, « aimée » et entre dans une dépendance fusionnelle avec lui. Par ailleurs, l’esprit critique baisse la garde, car cela se passe dans un contexte ou une communauté religieux, ce qui avalise ces pratiques. L’autorité et la doctrine du pseudo-thérapeute ne sauraient être remises en cause dans ce lieu.
2) – Les thérapies sauvages, pratiquées dans des accompagnements spirituels, ou camouflées en sessions de guérison ou autres appellations aussi fumeuses dont personne ne peut dire clairement ce que les mots regroupent, se font sous couvert de l’évêque du lieu ou de l’église locale puisque le responsable-« thérapeute » est placé sous son autorité.
3) – Le psycho spirituel se présente comme un chemin de guérison, jamais défini ou précisé clairement, qui se met en oeuvre dans un contexte religieux. Si c’est au cours d’une session-retraite, la confusion commence déjà dans le fait que certaines personnes se croient dans une retraite spirituelle, d’autres dans une démarche thérapeutique qu’elles pensent plus rassurante qu’une vraie démarche de psychothérapie, perçue comme déstabilisante.
4) – La personne qui ne connaît pas la théologie, fait confiance au pseudo-thérapeute investit du savoir et du pouvoir, comme une sorte de gourou.
5) – La personne est sécurisée, rassurée. Le pseudo-thérapeute comprend ses « problèmes » qui viennent des blessures de l’enfance (il en a accepté l’interprétation qui lui a été donnée, sans autre version contradictoire); et il a la solution : l’accompagnement et les thérapies psycho-spirituels.
A ce stade, elle est déjà un jouet dans les mains du pseudo-thérapeute. Elle va laisser son esprit critique et son bon sens. Elle fait confiance et se livre ainsi au « thérapeute » et à sa doctrine. Elle n’est plus dans une logique d’observation, de discernement et de décision. Elle est dans une démarche d’accueil du schéma imposé, où sa liberté est remise au « thérapeute », seul initié de ce parcours, qui seul peut lui révéler la clé de ses blessures.
L’ignorance, la confiance et l’aval des églises ont permis la séduction. Le travail de déstabilisation va commencer.
Le temps de la thérapie
Le « thérapeute » utilise la fragilité, le mal-être ou la souffrance, liés aux manques de la personne, il va trouver la faille pour l’amener à « découvrir » qu’elle a subi des blessures qui sont par lui, tantôt supposées, tantôt interprétées ou suggérées. Des blessures qui reposeront sur de faux souvenirs induits.
Pour comprendre le fonctionnement concret de ce système, j’ai choisi d’analyser le processus décrit par B. Dubois, l’un des initiateurs de ces théories, dans un article intitulé « la guérison spirituelle et son accompagnement psycho-spirituel », article paru dans la revue « Carmel » n° 75.
Voici ce qu’il dit :
« Le chemin de la guérison intérieure » consiste : « A prendre conscience de l’existence d’une blessure, d’un manque à être aimé… »
Le texte qui suit de B. Dubois est fondamental pour comprendre car il démontre comment il pratique pour faire venir cette prise de conscience, par des clichés, qui servent à créer des émotions interprétées dans une relecture imaginaire du passé, selon son schéma :
1) –Par la « La libération des émotions »
« Cette prise de conscience passe toujours par une reviviscence émotionnelle. Il est très important de bien le comprendre. Nous ne sommes pas encore au niveau d’une connaissance intellectuelle ; ce premier stade de la guérison concerne l’affectivité et le vécu intérieur du cœur »
2) – « au cours de l’entretien : grâce à une bonne qualité d’écoute, vous permettez à la personne de dire ses émotions. Dans d’autres cas, elles remonteront à l’occasion d’une circonstance analogique en utilisant certaines techniques comme la PNL (programmation neuro linguistique). Vous évoquez par exemple un évènement d’enfance en demandant à la personne de se servir de son imaginaire. Mettez cette petite fille de huit ans en face de vous sur cette chaise » et vous lui désignez un siège vide. Vous y êtes ? Vous la voyez attachée, les mains liées derrière le dos, et frappée avec une ceinture par ses deux frères ? Maintenant, faites la parler, en exprimant tout ce qu’elle ressent dans une telle circonstance ».
3) –« Sans s’en rendre compte, la personne entre dans le jeu et fait parler l’enfant qu’elle imagine en face d’elle. Mais elle entre dans une dissociation intérieure : l’adulte ne réussit plus à faire censure et dévoile le petit enfant qui est en elle ».
4) – En imaginant ce que la petite fille peut ressentir, elle s’implique personnellement, presque sans le vouloir. Notez alors ce qu’elle dit et au besoin arrêtez-la au moment précis en lui renvoyant ce qu’elle est en train de dire. Elle s’entendra dire ainsi ce que ressent l’enfant en elle. Le contrôle de l’adulte – qui fait attention à ne pas laisser l’enfant se manifester – est dépassé par le jeu de cette technique très simple. Soudain remontent les émotions censurées de l’enfance, celles que la petite fille porte dans son cœur : la peur, la douleur, la haine. La personne adulte pourra se demander : »
5) – Mais pourquoi ai-je dit cela ? Pourquoi est-ce que je ressens une telle émotion quand je parle ? Si j’imagine cela, n’est-ce pas parce que je le porte en moi ?
Reprenons les points-clés de cette psycho technique où B. Dubois révèle comment il induit de faux souvenirs :
– « Vous évoquez par exemple un événement d’enfance en demandant à la personne de se servir de son imaginaire »
B. Dubois dit clairement faire appel à l’imaginaire ; on n’est plus dans l’évènement réel, donc dans le vécu.
– « Sans s’en rendre compte, la personne entre dans le jeu »
La personne n’est plus consciente du jeu dans lequel « l’accompagnateur » la fait entrer. Elle n’est plus dans son vécu mais devient le jouet de l’accompagnateur.
– « …elle entre dans une dissociation intérieure : l’adulte ne réussit plus à faire censure »
La personne n’a plus de barrière mentale pour faire censure, donc plus de défense, elle est livrée à ce jeu de l’imaginaire où vont surgir les faux souvenirs que l’accompagnateur va suggérer, induire ou même fabriquer. Par ailleurs, mettre quelqu’un en dissociation mentale est aussi grave qu’irresponsable. C’est vraiment jouer à l’apprenti sorcier.
– « …elle s’implique personnellement presque sans le vouloir. »
On voit comment la personne, dans un état d’inconscience s’implique sans le vouloir, c’est-à-dire bascule sans le savoir dans une histoire suggérée qu’elle s’approprie, hors de son vécu, donc bien en dissociation intérieure, c’est-à-dire en dissociation psychique.
– « Si j’imagine cela, n’est-ce pas parce que je le porte en moi ? »
Le but est atteint : elle fait sienne l’histoire suggérée qu’elle a imaginée et dans laquelle elle a basculé. Pour elle, cette histoire sera désormais vraie et indissociable de son vécu qui va l’intégrer et se remodeler à partir de cet apport fictif.
Les faux souvenirs induits
Pour comprendre la dangerosité de ce processus de mise sous emprise où se fabriquent de faux souvenirs, qui vient de se vivre, et dont B. Dubois parle de façon naturelle, habituelle, lisons dans la revue POUR LA SCIENCE n° 242 Décembre 1997, Un article d’Elizabeth Loftus sur « les faux souvenirs induits » qui explique les choses très graves qui se passent ici :
« Les faux souvenirs sont souvent composés par la combinaison de souvenirs réels et de suggestions de tiers (…), ils peuvent également être engendrés lorsqu’une personne est encouragée à imaginer des évènements spécifiques qu’elle a vécus sans se soucier de la réalité. »
« Des travaux scientifiques portant sur plusieurs centaines d’expériences faites sur plus de 20000 personnes ont permis d’explorer comment l’exposition à de fausses informations altère la mémoire. L’ensemble de ces travaux montre que la désinformation peut modifier les souvenirs de manière prévisible et parfois spectaculaire. Il a été démontré que les souvenirs les plus anciens sont le plus facilement manipulables. »
L’auteure parle de l’inflation de l’imagination :
« Lorsque certains psychothérapeutes encouragent leurs patients à imaginer des évènements de leur enfance afin de retrouver des souvenirs enfouis. (…) le fait d’imaginer un évènement le rend plus familier, et la familiarité serait alors faussement associée aux souvenirs d’enfance. Les résultats montrent que plus une personne passe de temps à imaginer une action non réalisée, plus elle juge ultérieurement que cette action a bien eu lieu. (…) Une procédure de suggestion relativement simple suffit pour construire des souvenirs complexes, vivaces et détaillés. »
L’auteure démontre ensuite comment les faux souvenirs se forment :
« On peut stimuler la construction du souvenir en demandant à la personne d’imaginer des évènements lorsqu’elle a des difficultés à se souvenirs. Enfin, on peut les encourager à ne pas s’interroger sur la réalité de leurs constructions. Les faux souvenirs se créent facilement lorsque les facteurs externes sont présents, dans une situation expérimentale, dans un contexte thérapeutique ou dans les activités quotidiennes. Les faux souvenirs s’élaborent par combinaison de vrais souvenirs et de suggestions provenant d’autres personnes. Au cours du processus, les sujets sont susceptibles d’oublier la source de l’information. C’est un exemple classique de confusion de source où, le contenu et la source sont dissociés. »
La conclusion démontre la gravité de la manipulation :
« Bien que le travail expérimental sur la création de faux souvenirs fasse douter de la valeur des souvenirs enfouis depuis longtemps, il ne les invalide absolument pas. En revanche, il montre que, sans corroboration, même un expert ne peut différencier les vrais souvenirs de ceux qui ont été créés par la suggestion. »
Maintenant pour B. Dubois, il ne suffit pas d’altérer le psychisme par un vécu falsifié, il faut terminer le travail :
« Cet événement passé, enfoui, devient soudain pour moi actuel, parfaitement réel, comme si le Seigneur me reproposait cet évènement mais en le vivant de façon totalement différente parce qu’il est là et m’enveloppe de son amour.
Une telle relecture caractérise la guérison des mémoires. Faire mémoire, ce n’est pas seulement l’acte du souvenir, qui consisterait à se tourner vers le passé, c’est rendre présent, réel, actuel, d’une façon quasi sacramentelle ce qui est passé. « Faites ceci en mémoire de moi » rappelle le prêtre lors de chaque consécration. Le sacrifice de Jésus accompli il y a deux mille ans, devient actuel.
Ce mouvement d’anamnèse (…) restaure ma véritable identité…)
C’est aussi la restauration (…) du lien de la filiation, je suis ton fils et Toi, Seigneur, tu es mon Père.
Car pour découvrir réellement que Dieu est Père, qu’il m’enfante comme une Mère, il faut prendre conscience des blessures paternelles et maternelles, et de l’obstacle qu’elles représentent dans la découverte intime de la paternité de Dieu envers moi : la guérison intérieure consiste à parcourir ce chemin de retour au Père. »
Beaucoup de choses très importantes sont dévoilées dans ces lignes :
Les faux souvenirs deviennent des « évènements enfouis… parfaitement réels … » avalisés par le Seigneur, ce qui devient irréfutable : « comme si le Seigneur me reproposait cet évènement…en le vivant de façon différente. »
« Faire mémoire » est une analogie inversée entre la messe et la thérapie, où les faux souvenirs se mémorisent et prennent réalité. Ainsi, « faites ceci en mémoire de moi » consacre cette mystification. De la sorte, les faux souvenirs devenus des « blessures », sont non seulement « passés mais actuels, réels, d’une façon quasi sacramentelle ».
En conséquence, des faits interprétés ou inexistants chargés de la réalité sacramentelle de la consécration eucharistique, sont intégrés dans le vécu et mis en en analogie avec le sacrifice de Jésus, confondus avec lui, au moyen de L’Eucharistie… Avec pour but de « restaurer la filiation » à Dieu par cette « découverte » des blessures parentales qui la bloquaient.
Ce chemin où sombre la filiation familiale, se fait en plaçant Dieu, dans une analogie inversée, à la place des parents présentés comme un obstacle entre Lui et leur enfant…
Voilà comment se termine la prétendue thérapie : par l’accaparement et l’instrumentalisation de la messe et de l’Eucharistie… falsification suffit à elle seule à déséquilibrer n’importe qui.
Un mal programmé pour longtemps
« Le chemin de la guérison demande la vie entière. (…) Oui, je m’engage dans une démarche de pardon mais je ne peux guère affirmer (…) que j’ai pardonné, ce serait une illusion. Non, notre but est simplement de mourir guéri, afin d’aller au ciel directement. »
Selon B. Dubois, pardonner est une illusion… Or, dans cette idéologie, ce n’est pas une illusion mais une impossibilité. Car le pilier en est le bouc émissaire, puisque la théorie des supposées blessures qui en appellent à une guérison, par une remise de soi au « thérapeute », repose sur sa responsabilité. Un pardon emporterait le bouc émissaire donc effondrerait le système. La personne alors réconciliée avec les siens ne serait plus sous emprise.
Il est très important de voir que le but est d’entrer au ciel guéri, donc la guérison mise à la place de la sainteté.
Ce qui est irréfutable, c’est que cette doctrine-religiosité se révèle un outil d’une redoutable efficacité pour formater des personnes dans les faux souvenirs induits et réduire à néant des années de bonheur familial. Pour cela, B. Dubois utilise les valeurs humaines et chrétiennes qu’il prône dans un discours sécurisant et qu’il inverse concrètement, d’une manière perverse, dans l’application qu’il en fait. Le même auteur, dans un de ses livres ne parle de l’enfance que comme « histoire de malheur »
La personne va être, ensuite, instrumentalisée contre ses proches.
Séduite, déstabilisée, détruite et reconstruite selon ces normes, elle va devenir un agent déstabilisant et destructeur de son milieu familial qu’elle soumet à des relations affectives malsaines (chantage, sadisme et conflit).
Un pardon pourrait la ramener à sa famille si l’affectif n’était pas détruit ; le pardon est abordé d’une manière virtuelle, avec des mots dans un discours sans construction personnelle qui reste dans l’intellectuel de l’idéologie reçue. Elle a abîmé ou brisé ses liens avec ses proches. Isolée, elle est dépersonnalisée et niée par le « thérapeute » dont elle est devenue l’objet et le jouet. D’où le déni dans lequel elle met ses proches qu’elle fait souffrir sans aucune culpabilité objective car elle ne peut les regarder comme des personnes.
Elle est prise dans le non amour d’une toute puissance narcissique perverse; elle y subit un ressenti infantile en relation de dépendance et de régression avec son pseudo-thérapeute.
Avec ses parents, une relation malsaine peut-être maintenue tant qu’ils acceptent d’être devenus boucs émissaires reconnus porteurs de tout ce qui est négatif et de tout ce dont on les charge.
Où va alors la personne devenue adepte ?
Dans le mal-être provoqué nécessitant une guérison confondue avec une démarche spirituelle, on l’a amenée par transferts affectifs à faire de son thérapeute ses parents et de la communauté éventuelle sa famille. Les blessures remplacent le péché, il ne peut y avoir de culpabilité car l’amour est détruit par une construction intellectuelle mise à la place de l’affection où l’autre est instrumentalisé.
Quand la thérapie est vécue en milieu communautaire catholique…
Pour vivre dans la communauté, il faut être blessé. « Je suis blessé donc je suis ». Etre reconnu par la communauté passe par là. Ce qui met le sujet dans l’obligation de s’auto manipuler au quotidien tout en subissant d’autres manipulations d’adeptes ou de gourous. Il renie son vécu antérieur désigné comme mauvais. Il renie ainsi ce qui l’a construit, il se renie sans le savoir, pour devenir l’image imposée par le gourou.
Sous l’emprise de la communauté et de ses bergers ou responsable, les liens du sujet avec ses proches ne peuvent être que manipulations des proches par le sujet selon les pratiques de la communauté, car retrouver son vécu réel mettrait en danger la construction psychique fabriquée par le thérapeute, qui agit pour la communauté et instille sous le nom de communauté un communautarisme.
Partant de là, il ne peut y avoir de miséricorde, ni de pardon, puisque le sujet fonctionne dans le déni de l’autre, le non-amour et la toute-puissance. La seule chose qui existe est le chemin de guérison, seul projet de vie. La spiritualité bascule sur le psychisme altéré ne vivant que dans le ressenti uniquement subjectif.
La guérison non définie est la finalité de cette foi dans un enfermement pathologique.
L’idéologie de la guérison y donne l’illusion d’une écoute à la souffrance de l’autre, et donc aussi l’illusion d’une relation humaine.
Mais le sujet manipulé a besoin d’être assuré de sa toute-puissance car si le proche désigné comme bouc émissaire devient réactif ou résistant il risque à son tour d’être déstabilisant pour le sujet et le système. Le sujet pour se sécuriser va alors utiliser des membres fragiles de la famille (fragilité mentale, conflit, manque de discernement, etc…)
Par là il les déstabilise et les fait adhérer à sa thèse désignant le proche mauvais. Eux-mêmes vont alors avec lui mettre en place un système pervers d’exclusion et d’isolement pour rejeter de leur famille la personne désignée nocive, qui la plupart du temps subit sans comprendre.
Il s’agit là d’une des plus violentes manipulations mentales pour détruire un être psychiquement et parfois par voie de conséquences le tuer physiquement. Cette conséquence logique de la perversité narcissique établie en religiosité est le fonctionnement habituel de ceux qui pratiquent et de ceux qui subissent comme adeptes ces techniques.
On pourrait résumer clairement le fonctionnement de cette religiosité
Dans la première étape, le psychisme est préalablement altéré pour pouvoir, dans la deuxième étape, accueillir la doctrine religieuse qui fonctionne comme suit :
1) Thèse : blessure :
– Blessures supposées ou réelles mais, toujours altérées par clichés coupés de la réalité et interprétées par le « thérapeute » qui utilise pour cela les vérités de la foi, qu’il détourne et accapare.
2) Antithèse : guérison :
– Par accaparement de Jésus Rédempteur devenu Jésus guérisseur par le « thérapeute » soi-disant investi de la toute puissance de Dieu.
– Par l’accaparement de la conversion transformée en chemin de « thérapie »
– Par l’accaparement de la sainteté devenue guérison.
3) Synthèse : Thérapie psycho spirituelle:
– Seul projet spirituel.
– Par détournement de la vie spirituelle au profit d’une religiosité injectée dans le psychisme comme seul lieu de rencontre avec Dieu sous tutelle du « thérapeute ».
On peut en déduire logiquement une idéologie matérialiste, mise en lieu et place de la vie spirituelle occultée, puisqu’on introduit dans le psychisme préalablement altéré une religiosité qui va hypertrophier l’ego et le psychisme au détriment de la vie spirituelle réelle. Dans la reli-doctrine dont le but réel est la destruction de la personne et par elle de la famille.
Tout cela a pu se réaliser grâce à la toute puissance du berger-thérapeute, ou du (de la) pseudeudo-thérapeute qui joue le rôle d’accompagnateur…
Il s’est investi de la toute puissance de Dieu dans la prétendue thérapie où les personnes manipulées par lui vont, à leur tour, faire acte de toute puissance perverse et destructrice à l’encontre de leurs parents, conjoints ou autres, désignés comme boucs émissaires.
Il s’agit d’une idéologie désincarnée qui fonctionne par clichés à partir du ressenti interprété par le berger-thérapeute.
Quand cette religiosité touche une personne, elle se comporte comme un cancer qui va se développer au détriment du tissu sain.
En même temps qu’une déshumanisation, peu à peu une insoupçonnable déchristianisation se produit. L’endurcissement, le déni de l’autre, l’enfermement dans l’idéologie des blessures peuvent aller jusqu’à la rupture du lien familial. C’en est souvent le signe « clinique » : rupture avec les parents, avec le conjoint(e), ou le frère ou la soeur accusés d’être manipulateurs et pervers narcissiques (tant qu’à faire…). C’est d’une violence extrême.
Déchristianisation et déshumanisation camouflées sous un comportement religieux et séducteur de personnes en apparence « bien dans leur peau ». Car la manipulation, ne touchant qu’un secteur-clé de la personnalité, n’apparaît pas toujours dans le comportement social qui donne ainsi l’illusion d’une trompeuse normalité.