La fascination occidentale pour le bouddhisme, une terrible illusion ?

Avec Marion Duvauchel

Si, en Europe, le bouddhisme est devenu familier du grand public, on connait moins en revanche ses fondements et la nature de ce culte. Religion universelle, sagesse, spiritualité, philosophie ou génial syncrétisme : le bouddhisme est une énigme religieuse aussi bien qu’historique…

Or, la fascination qu’il exerce aujourd’hui ne saurait s’expliquer sans une analyse nourrie des fondements du bouddhisme – analyse qui montre que ce sont les chercheurs français, anglais, allemands, russes et hollandais qui, se passionnant pour les vieux textes sans âge de l’Inde, ont peu à peu élaboré le « roman du Bouddha ».

Au long de dix chapitres solidement documentés, cet ouvrage restitue la manière, souvent frauduleuse, dont s’est constitué ce savoir de l’indianisme européen : la nature de ce culte né en terre indienne, l’énigme de son fondateur, de sa doctrine et de son canon présumés, la difficile question des écritures indiennes, l’histoire oubliée des Quatre Généraux du Pendjab. Il étudie la dimension légendaire, voire illusoire, de bien des aspects du bouddhisme, aujourd’hui universellement admis et transmis sans examen

Le bouddhisme à l’occidentale, une invention anti-chrétienne ?

Une conférence de Marion Dapsance.

« Pour comprendre l’importance du Bouddhisme depuis un siècle en Occident, il faut lire ou écouter la spécialiste Marion Dapsance, auteur notamment de “Qu’ont-ils fait du bouddhisme ? : une analyse sans concession du bouddhisme à l’occidentale”. Elle démontre avec brio que cette philosophie est un produit hybride de la sécularisation européenne.

Il faut aussi connaître l’étude menée par Marion Dapsance à propos de la très révérée exploratrice Louise Eugénie Alexandrine Marie David (1868-1969), qui s’est construit un personnage connu sous le nom d’Alexandra David-Neel, première européenne à atteindre le Tibet.

Hostile à toute forme de religion, matérialiste convaincue, elle approcha le bouddhisme dans le projet intellectuel de s’inventer un idéal suite à la perte de sa foi. Le livre “Alexandra David-Neel : l’invention d’un mythe”, fondé sur des textes connus, oubliés et inédits, retrace l’itinéraire de cette femme hors du commun et montre la manière dont la jeune artiste lyrique, catholique convertie au protestantisme, à l’ésotérisme fin-de-siècle, puis au nihilisme et à l’anarchisme, s’est inventé un programme de vie hétéroclite qu’elle nomma « modernisme bouddhiste »« 

Le bouddhisme des bouddhistes

Docteur en anthropologie de l’École pratique des hautes études, Marion Dapsance a enseigné l’histoire du bouddhisme en Occident à l’Université de Columbia (New York). Elle a publié plusieurs livres dont Alexandra David-Neel, l’invention d’un mythe.

Recension par Marion Duvauchel.

Ceux que fatigue une pesante érudition qui ne fait qu’accoucher d’un minuscule rongeur seront enchantés de l’ouvrage de Marion Dapsance. Le ratio « idées/érudition » est parfaitement équilibré et on nous présente le bébé dès l’introduction : ce sont les savants occidentaux qui ont défini ce qu’était le bouddhisme. Elle n’est pas seule à le dire, ça se dit un peu ici et là, pas beaucoup, pas assez en tous les cas.

Marion Dapsance dit clairement, sans emphase, que le bouddhisme n’est pas ce qu’on nous présente.

Mais alors, c’est quoi le bouddhisme ?

C’est de la magie ! Dans le bouddhisme, il s’agit d’acquérir des pouvoirs magiques. Comment ? Mais « par des rituels de possessions contrôlés à travers un protocole précis » (p. 132) dont certains nous sont décrits de manière détaillée. Le bouddhisme, ce sont des rituels magico-religieux à des fins d’acquisition de pouvoirs supranormaux censés être détenus par les démons, et donc accessibles aux hommes à la condition de domestiquer ces démons.

Comme l’indique le sous-titre du livre, c’est cela la véritable religion des Asiatiques.

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Ce que le mandala communique

par Vicente Jara. Texte original en espagnol : https://www.oropel.org/lo-que-un-mandala-comunica/1646/. Traduction D. Auzenet, avec DeepL

Faire des mandalas et les colorier, que ce soit sur le sol ou sur un autre support comme le papier ou autres, c’est disposer le candidat ou le disciple qui les génère à la souffrance de ce qu’une telle tâche implique : apprendre à voir la souffrance dans sa propre vie, ce qui est la clé du bouddhisme, mais aussi de l’hindouisme.

Les mandalas sont des figures typiquement hindoues et bouddhistes. Ils ont une signification spirituelle liée à ces traditions religieuses et, pour cette raison, il n’est pas judicieux de les utiliser en dehors de leur contexte. Pour les personnes d’autres confessions, les construire ou les recréer implique des coûts spirituels et le risque de tomber dans le syncrétisme ou le relativisme religieux. Il n’est donc pas approprié de les utiliser dans le christianisme, surtout lorsque Jésus-Christ a dépassé la signification de ces figures.

Qu’est-ce qu’un mandala ?

Les mandalas sont des représentations figuratives spirituelles. Ils appartiennent surtout à la tradition hindoue et bouddhiste. Ce ne sont pas des représentations abstraites ou symboliques neutres, mais elles ont un arrière-plan spirituel. Ils représentent la totalité de la réalité. Un mandala est un fragment du microcosme qui veut embrasser et montrer la totalité du macrocosme, l’ensemble de la réalité. C’est un échantillon de l’ordre de l’univers, de l’ordre cosmique.

Bien que sa source soit la tradition hindoue, elle est également passée de là au bouddhisme. Il existe des variations entre les deux religions en termes de configuration du mandala, très figuratif dans certaines branches du bouddhisme, comme le bouddhisme tibétain.

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Méditation de pleine conscience : l’envers du décor

Un résumé du libre d’Elizabeth Martens : LA MEDITATION DE PLEINE CONSCIENCE. L’envers du décor – Investig’Action, Ixelles, Belgique. 200 pages

Ayant une expérience de terrain en Chine et sur le haut plateau tibétain, une formation scientifique en biologie, en médecine traditionnelle chinoise, une expérience personnelle de la méditation, Elizabeth Martens ne conteste pas les bienfaits de cette pratique lorsqu’elle est un choix individuel librement consenti.

Elle s’interroge toutefois sur la légitimité de l’engouement pour la « pleine conscience » du fait que depuis les années 2000, on la voit s’infiltrer partout en France, dans les lieux publics relevant du principe de laïcité, écoles, hôpitaux, assemblée nationale, colonisant nos espaces publics et privés alors qu’elle est étroitement liée aux religions bouddhiste-hindouiste-anthroposophique dont les représentants se rencontrent mais aussi siègent dans les différentes associations impliquées dans sa diffusion.

A partir d’une documentation complète, Elizabeth Martens nous fait découvrir les personnalités ayant contribué à imposer la spiritualité orientale en occident en levant le voile sur leurs objectifs, leurs dérives et sur la réalité du monde bouddhiste. Elle complète le texte par de nombreuses références en bas de page et par un complément de 22 pages pour une bibliographie, des références en site Internet.

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