Shambhala international

À l'instar de Rigpa International ou Ogyen Kunzang Chôlin (OKC), d'importantes communautés bouddhistes tibétaines défraient la chronique. De nombreux témoignages narrent des viols, des violences et des abus en tout genre bien loin des images idylliques et pleines de sagesse liées au bouddhisme. Aux États-Unis, l'une des plus grosses communautés bouddhistes, Shambhala International, ayant indéniablement participé à l'établissement de la spiritualité bouddhiste en Occident, est au cœur de plusieurs scandales. L'histoire de cette communauté est étroitement liée à son fondateur et à ses dirigeants. Ces derniers ont commis des abus bien éloignés de la sagesse attribuée à des maitres bouddhistes.

Origine et organisation

Shambhala International regroupe de nombreux centres de bouddhisme Shambhala à travers le monde. Cette organisation est le fruit d’une volonté de rassemblement de l’ensemble des centres Shambhala dans le monde, effectué au début des années 1990 par Sakyong Mipham Rinpoché (1962-). Afin de comprendre les bases de la doctrine et l’expansion du mouvement il faut analyser la vie et l’œuvre de Chögyam Trungpa, père de Sakyong Miphan Rinpoché et fondateur de la« lignée Shambhala » (1).

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Avez-vous reçu le Darshan ?

Amma est de retour en France !

*25-27 octobre 2019 : Châlons-en-Champagne : Cliquez ici

Lire : Des milliers de Français dans les bras d’Amma

Lire : Amma, la guide spirituelle indienne, rassemble 15000 personnes à Châlons-en-Champagne

*4-6 novembre 2019 : Marseille : cliquez ici. Entre 15 000 et 25 000 personnes sont attendues pour se faire étreindre par elle…

On peut bien sûr se contenter de l’article de Claire Lesegretain dans La Croix : Amma veut changer les cœurs pour changer le monde.

Elle y interviewe Pierre Lunel, biographe de l’abbé Pierre et de sœur Emmanuelle. Il a suivi pendant deux ans la guide spirituelle indienne Amma, et publie  « Amma, celle qu’on attendait », éd. du Rocher, 411 p.. On constate à lire l’interview qu’il s’agit d’un plaidoyer pro domo… où l’auteur du livre avoue béatement :

Les gens qui viennent voir Amma sont chrétiens, musulmans ou athées, célèbres ou anonymes, bien-portants ou malades… Certains viennent par simple curiosité, d’autres avec un désir précis. Tous, de manière égale, elle les prend dans les bras, les étreint et leur parle en malayalam, selon ce qu’elle ressent pour chacun. Innombrables sont les exemples de ceux qui viennent au darshan avec un désir caché et dont elle devine le secret.

Que se passe-t-il ? Dans le domaine occulte, cela s'appelle de la divination et de la médiumnité...
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Chindaï et emprise mentale

"Je t'ai fracassée"... Il aura suffi de quatre mots, assénés avec un sourire narquois, à un moment crucial de ma vie, après quatre ans de flou, pour que les fêlures et failles deviennent des abysses. Des abysses qui ont laissé passer une lumière si grande, que je ne pouvais plus ignorer les parts d’ombre qui me faisaient m’interroger depuis quelque temps déjà...
Témoigner sur l’emprise mentale est une démarche difficile.
D’abord parce qu’il faut revenir sur cet épisode de sa vie, ce qui nous conduit d’une certaine manière à le revivre. Également, parce que ce n’est pas quelque chose de flatteur, et qu’en général, on a tendance à vouloir laisser derrière ce qui nous a blessés. Enfin, dans le cadre de l’emprise, il faut savoir qu’il y a une part de risque sur les représailles encourues.
Mon témoignage à visage découvert, cinq ans après l’avertissement reçu à ma sortie (« Fais bien attention à ce que tu fais »), est le fruit d’une longue réflexion nourrie par plusieurs invitations à témoigner sur cette expérience trop souvent méconnue et mal comprise car peu relatée.
Comme il faut comprendre l’avant pour comprendre l’après, voici une brève idée de mon profil.

Témoignage

Issue d’un foyer assez classique, d’un père agnostique et d’une mère très croyante, partageant des valeurs de servi- ce, j’ai grandi avec la notion de mission et de dévouement. Orpheline de père jeune adulte, j’ai été fragilisée par la perte brutale de celui qui était mon repère et mon protecteur. A sa mort, ayant à cœur de vivre des choses authenti- ques, je saisis l’opportunité de vivre à l’étranger, au service d’une cause qui m’est chère : l’œcuménisme, en Ukraine, et ce pendant trois ans.

A mon retour d’Ukraine, j’ai continué à servir cette cause en Belgique. Après six ans de loyaux services satisfaisants de part et d’autre, arriva un tournant. C’est là, vulnérable, que je fis cette mauvaise rencontre qui changea le cours de ma vie.

Le cadre de la rencontre avec cette personne en charge de me recruter est révélateur et important, car c’est tristement un religieux en qui j’avais confiance qui me l’a présentée. Je ne me suis donc pas méfiée. Cela pose la question de la responsabilité de la recommandation. La personne en question semblait enjouée, sérieuse, et convaincue de son propos sur cette association. Basée à Perpignan, présentée comme étant à vocation humanitaire avec un fonds d’interreligieux, elle prône « un retour à des valeurs élevées » et met en avant un outil dit de non-violence : le « CHINDAÏ », dont est dérivée « une méthode d’éducation à la non-violence ».

Étant à un tournant, ayant besoin de nouveauté, je pris le pas d’essayer ce qui paraissait anodin et inoffensif. La directrice m’a rapidement laissé entendre au stage que je pouvais jouer un beau rôle dans leur association, que j’y avais ma place, que je pourrais m’y développer. Comme ma mission pour l’Ukraine prenait fin, et comme de surcroît je pensais avoir rencontré l’amour au sein de ce mouvement, l’étau s’est resserré, et je fus piégée sans même m’en rendre compte.

Ce grand bouleversement me fit passer le personnel pour la première fois de ma vie devant le professionnel. Je suis donc partie au Canada, rejoindre dans son pays, « S », celui qui allait devenir mon mari et le père de mon fils.

Au fur et à mesure, on me confiait des missions (bénévoles bien sûr) de plus en plus importantes, on me mettait de plus en plus dans le secret des arcanes. Il faut savoir que dans toute secte il y a des niveaux et des cercles. Des ni- veaux de compétences et des cercles de confidentialité. Au plus on monte, au plus on est au fait des grands secrets : de connaissance, du « programme » et « du plan ». Les sectes ayant une nature en général ésotérique, il est souvent question de connaissance supérieure et d’accès à des mondes parallèles.

Toutefois, la connaissance qui m’était présentée ne m’intéressait pas plus que cela, car j’étais déjà habitée par une foi profonde qui me suffisait. En outre, elle était en contradiction avec celle que j’avais portée dans mon cœur depuis petite.

Les trois points qui ont fait grandir en moi les doutes, et les failles causées par certaines incohérences (notamment les « montagnes russes » : éloges et réprimandes publiques à l’encontre de certains membres, en public toujours) n’étaient pas d’ordre intellectuel mais émotionnel.

Comme la raison est souvent hypnotisée, seul le cœur, aussi anesthésié soit-il, peut un jour déclencher le rejet de l’emprise. Tous les spécialistes le disent : c’est au cœur du cœur que survit et jaillit la conscience de la vérité. Si vous connaissez de potentielles victimes d’emprise mentale (pervers narcissique ou sectes), parlez à leur cœur, sans asséner vos vérités, mais en leur posant des questions et en leur témoignant simplement votre amitié, votre amour, votre soutien…

Voici les trois points :

Foi : Premièrement, je ne pouvais pas accepter l’idée assénée qu’il y ait plusieurs maîtres ; car pour moi, chrétienne, le seul messie est Jésus. Je crois en Dieu, je n’ai pas de maître à penser et crois viscéralement au droit de ma liberté de conscience, comme en celle d’autrui.

Plan de vie : Deuxièmement, je refusais le journal des mauvaises nouvelles, qui a vocation à nous enfermer dans la conviction de l’avènement proche de la fin du monde. J’ai un trop grand instinct de vie.

Finances : Enfin, comme il s’agissait de me faire lever des fonds pour l’association, j’ai commencé à légitimement poser des questions sur les entrées, les sorties, sur les histoires des vies que nous changions positivement par les fonds perçus. La destination des fonds restait opaque, on ne me parlait que d’une personne au Brésil dont la vie était améliorée, aucune présentation des comptes n’était faite à l’écrit, même aux A.G. Si les objectifs d’entrée étaient bien chiffrés, les sorties étaient du plus grand flou.

Deux poids, deux mesures. Voilà le début de la faille. Le double langage, l’écart entre le discours et l’action. Notez l’un, observez l’autre.

Je compris progressivement que l’on me manipulait pour m’éloigner de mon ex-mari, car les couples n’étaient pas censés être autorisés. Évidemment … A deux on est plus forts ! Mais c’est sans compter la nature humaine, l’instinct, pour ne pas dire le cœur. J’étais très loin de me douter de ce qui se tramait dans mon dos, sans doute depuis le début. J’étais devenue trop gênante. Je posais trop de questions, j’en faisais trop à ma tête et risquais d’en éveiller d’autres.

Quittée du jour au lendemain avec un bébé de 13 mois, je vis la directrice, chez elle, à son bureau, prendre un malin plaisir à signer son forfait – car tout malfrat veut tirer la gloire de son coup. Il veut signer son œuvre, il révèle à la victime que c’est lui le bourreau.

En entendant ses paroles à mon égard, abasourdie, « je t’ai fracassée », je vis tout le film des quatre dernières années se dérouler à l’envers, et toutes les questions trouver réponses.

A ce moment, je comprends le puzzle. Je comprends la supercherie. J’ai mal. C’est un cauchemar. Comment ai-je pu me tromper à ce point ? Être aveugle à ce point ? Comment personne n’a rien vu, rien dit sinon ma mère ? Pourquoi suis-je assise, là, devant quelqu’un qui a ruiné des années de ma vie ? Et la suite… quelle sera-t-elle ? Et mon tout petit … ?

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Les Mandalas

Qu’est-ce qu’un mandala ?

Les mandalas sont des figures circulaires surchargées de figures géométriques et de représentations symboliques et mythologiques que l’on trouve initialement dans le monde indo-bouddhiste et dans le lamaïsme tibétain.

Les mandalas sont des représentations spirituelles de l’ordre du monde. Le mandala a pour fonction d’aider l’adepte à poursuivre son chemin vers l’illumination. Au centre du mandala, est supposée se tenir la présence divine.

Selon le degré d’initiation le centre du mandala représente différents symboles comme le météorite du diamant du tantrisme indien qui symbolise l’union dissolution des principes opposés ou féminin masculin.

Mandala tibétain avec un gigantesque démon faisant tourner la roue du 
devenir.


Mandala ésotérique

Pouvons-nous utiliser le mandala dans une perspective chrétienne ?

Pourquoi pas ? Toutefois, réfléchissions un peu.

La vie est une trajectoire comme l’histoire du monde et de l’humanité. Saisir tout dans un cercle est enfermant. Les rosaces illustrent souvent des scènes ou sont des agencement de couleurs belles et décoratives qui n’enferment pas dans une logique.

Le mandala ramène tout au centre qui est finalement l’unité de soi, alors que la vie spirituelle est une sortie de son ego pour s’ouvrir à une Parole qui n’est pas mienne.

Le mandala est une invitation à l’enstase, alors que la prière invite à l’extase au sens mystique d’un contact avec une hyper réalité.

Quelle est notre conception de la Parole de Dieu si nous la présentons sous forme de « mandalas bibliques » ?

C’est la question que je me suis posée à propos des sessions de méditation bibliques proposées par le Fr. Louis Rabec à l’Abbaye de Ligugé.

Évidemment, c’est tentant de faire des synthèses sous cette forme. Certaines peuvent sembler assez simples et intéressantes, d’autres quelque peu sophistiquées et pas forcément très belles.

La Parole de Dieu n’est pas faite de mots juxtaposés. Elle exprime la vie et ne peut être schématisée.

Le mandala provoque une fascination quasi hypnogène avec une impression d’avoir tout perçu et saisi de manière immédiate.

Or la Parole de Dieu nécessite le temps de l’écoute, qui ne peut être réduit à une image englobante qui se suffit à elle-même.

Les suites de mots sans phrases déstructurent la pensée en l’ossifiant comme un squelette desséché. Au fond, on ne quitte pas une certaines forme d’exégèse qui « met à plat » le texte biblique pour le faire « fonctionner »…

Les icônes ou les représentations de visages ou de scènes de l’Évangile manifestent une présence qui nous invite à pénétrer dans le mystère de l’incarnation et de la résurrection.

Elles sont éclairés d’une lumière visible aux yeux de chair et irradiée par l’invisible Lumière du Ressuscité, reçue dans la Foi.

Le mystère de la Foi ne se réduit donc pas un agencement de mots, mais à une douce présence qui réchauffe le cœur des disciples d’Emmaüs à aujourd’hui.

Une instrumentalisation de la Parole divine ?

La réflexion proposée par Louis Rabec, « Mandala et Vie Spirituelle : quel rapport ? », comporte des aspects intéressants :

On a remarqué que la pensée sémite est de type concentrique : les thèmes pointent vers un centre qui, pour nous chrétiens, est Jésus Christ : il accomplit les Écritures; les thèmes bibliques du premier Testament sont repris dans le Nouveau et concourent à définir l'être et la mission de Jésus, tels que les évangélistes et les autres auteurs du Nouveau Testament se sont efforcés de nous le présenter.

Mais en même temps, elle pose question :

Il n'est donc pas étonnant que la pensée chrétienne, en particulier la vie spirituelle, puisse être proposée en schémas concentriques qui ont Jésus comme point de convergence. C'est pourquoi nous n'avons pas hésité à nous servir de dessins concentriques, qui peuvent faire penser aux mandalas, pour annoncer notre foi chrétienne sous ses différents aspects. On notera que les dessins centrés ont un effet unifiant et apaisant sur le psychisme. En se centrant sur le Christ, on voit le bénéfice que l'on peut en tirer pour la prière.

On a l’impression d’une certaine instrumentalisation de la Parole divine. Le mandala permettrait-il l’unification intérieure, la pacification du psychisme, et deviendrait-il une porte d’entrée ouvrant sur la prière ?

Ne seraient-ce pas les mêmes arguments qu’on nous propose lorsqu’on nous dit que la méditation de pleine conscience (centrée sur l’accueil de ses propres émotions et ressentis) permettrait de mieux prier après ?


PS. Le P. Louis Rabec est décédé en août 2023.