Témoignage, par J. D., collectif-CCMM.
Nous sommes des parents,
catholiques engagés, dont les enfants, jeunes étudiants, ont été
embarqués à l’aumônerie, sous couvert de retraites spirituelles,
dans des sessions charismatiques dites psychospirituelles où l’on
a « revisité leur histoire ».
Ils
en sont revenus fermés, agressifs, et refusant de répondre à nos
« pourquoi un tel comportement » ? Nous avions
face à nous, des étrangers méprisants, hostiles. C’était
extrêmement violent, incompréhensible, déstabilisant…
Mon
mari et moi, avons compris à l’arrogance et la violence des
responsables contactés, qu’une machine à détruire était
programmée… Restait à comprendre pourquoi et comment…
Nos
recherches nous font entrer dans un autre monde….
Tout d’abord, nous commençons dans les méandres d’un livre au titre prometteur « Guérir en famille » écrit par Bernard Dubois, théoricien de la doctrine pseudo-catho de « blessures guérison » confuses, qui mènent de la banalité au drame :
Un
exemple : Bernard Dubois a écrit dès la page
5:
je cite «
(…) bébé
dort. (…) A son réveil, il appelle, puis pleure et personne ne
vient. Il fait alors douloureusement l’expérience du silence face
à son cri d’appel, de l’absence de l’amour en face de son
désir. Puisque la relation d’amour à sa source – c’est-à-dire
papa et maman, préfiguration du visage de Dieu- ne le comble pas, il
coupe cette relation où il ne reçoit pas l’amour qu’il attend
… »
«Car
papa et maman sont la source de l’amour pour le petit enfant, mais
derrière leur sourire et leur affection, il recherche et attend la
présence divine, l’amour même de Dieu.
(…)
L’enfant
manque de cet essentiel dont il a tant besoin, l’amour divin ».
En
page 14, je cite
« parce que
j’ai manqué de l’amour de mes parents dès la petite enfance, je
l’ai vécu comme une trahison et je me suis fermé. J’ai crié,
maman n’est pas venue tout de suite ;
j’ai demandé de l’aide à papa et il n’a pas répondu à mon
appel. J’ai été trahi par ceux-là même qui me donnaient la vie
et maintenant dans ma blessure, je ne fais plus confiance. Je perds
aussi confiance à la vie et en Dieu
Et
voici la finalité de ce discours
:
En
page 14 :
« Le
chemin de la guérison demande la vie entière. (…) Oui, je
m’engage dans une démarche de pardon mais
je ne peux guère affirmer (…) que j’ai pardonné, ce serait une
illusion. Non, notre but est simplement de mourir guéri, afin
d’aller au ciel directement. »Fin
de citation
Cet exemple démontre comment à partir d’un fait banal, réinterprété dramatiquement, graduellement on emmène une personne à douter de ses parents, jusqu’à rompre les liens avec eux. Pour la faire basculer dans le chemin psycho-spirituel d’un dieu guérisseur.
En continuant nos recherches, nous découvrons comment nos enfants ont été réduits à des « sans famille » pour en faire des adeptes
En
effet, dans 3 revues CARMEL, N° 75, 78 et 103, sur la guérison
intérieure, Bernard Dubois développe le processus de cette dite
guérison, qui n’est rien d’autre que le processus de faux
souvenirs induits. Des techniques qui grillent la mémoire et
implantent un autre vécu. Une synthèse de l’analyse que j’en ai
faite est publiée …Jusqu’ici, personne n’est venu me
contredire…
Quelques recherches et analyses de plus me permettent de trouver le fondement faussement « théologique » alambiqué de cette religiosité, où
le péché n’est plus un acte commis librement et volontairement, mais un manque d’amour subi dont on n’a pas conscience et dont on doit se libérer. De la sorte le péché devient une blessure dont on incombe la responsabilité au bouc émissaire.
Donc,
pour guérir, il
faut couper les liens avec le ou les boucs émissaires,
auxquels la personne va faire subir des actes inhumains sans aucune
culpabilité,
puisque d’une
part, ils sont nécessaires à la « guérison », d’autre
part la culpabilité est rejetée sur les proches qui, dans ce
schéma, sont révélés maléfiques et donc ne font que subir la
juste punition de leur faute.
Dans
ce tour de passe-passe, la culpabilité et la responsabilité ont
sombré. Une personne qui n’est ni coupable ni responsable de ses
actes, n’est pas libre. Donc sa
liberté a été remise au gourou qui l’instrumentalise contre ses
proches.
Nous
tenons enfin ce processus de destruction…
Nos
enfants abîmés, des parents rejetés, des familles déchirées, la
foi dévoyée, il nous fallait réagir
Cathos
naïfs et confiants, nous nous sommes tournés vers le
Service-Accueil-Médiation pour trouver de l’aide. Un accueil
chaleureux, et une incompétence surprenante. Donc, nous avons
fournis pendant deux ans notre travail d’analyses et nos dossiers.
Et brutalement, nous avons été renvoyés vers un conflit familial.
Quelque temps plus tard, le SAM utilisait nos analyses et nos
dossiers pour alerter tous les évêques, et tous les responsables
ecclésiaux sur le psycho-spirituel, par un rapport « strictement
confidentiel ».
Notre
première expérience avec le Service-Accueil-Médiation nous a
révélé la face cachée de l’Eglise.
Nous
avons envoyé des courriers à tous les évêques concernés par nos
dossiers, au Nonce, à Rome. Nos actions devenant dérangeantes,
il fallait nous
discréditer pour stopper notre combat. Ce qui se fait de mieux dans
ces réseaux, ce sont les calomnies … elles courent encore…
A
partir de 2005, tous les dossiers sont examinés par un militaire de
la gendarmerie du groupe de renseignements d’Albi, qui a rencontré
toutes les victimes, toutes les familles. Les dossiers étaient
suivis par la Secrétaire Générale de la Miviludes.
En
2006, nous rencontrons la communauté des Béatitudes de Bonnecombe,
en charge du frère Pierre-Etienne, condamné en 2011 pour
pédophilie, dont s’étaient déchargé les responsables des
Béatitudes avec injonction de se taire. Pierre-Etienne avait envoyé
en août 2007, une lettre où il livre son histoire de pédophile, à
Mgr Rylko, responsable du Conseil Pontifical des laïcs. Ce dernier
n’a même pas daigné répondre à cet appel à l’aide.
En
2008, nous adressons une lettre à Mgr Rylko qui venait de
sanctionner les Béatitudes, pour lui demander d’aider les victimes
à se reconstruire. En retour il nous adresse par écrit sa
bénédiction et l’assurance de sa prière ! Aussitôt, une
pétition de près de 400 signatures lui est adressée, sans réponse…
En
2009 après un rendez-vous à la CEF, nous obtenons qu’une
commission d’experts travaille sur le psycho-spirituel sous la
responsabilité de Mgr Santier, des victimes ont donné leurs
témoignages, nous avons fourni des documents. En contrepartie, Mgr
Santier s’était engagé à aider les victimes. Il nous a trompés !
En novembre 2011, lors de la conférence des évêques à Lourdes,
un rapport remis à chaque évêque, titrait :
« GROUPE DE REFLEXION « SPIRITUEL ET PSYCHOLOGIE ». Document rigoureusement confidentiel à ne diffuser sous aucun prétexte. Dossier du groupe au terme de sont travail. Septembre 2011« .
Donc
aucun évêque ne peut dire qu’il ne savait pas…
Vous le trouverez sur le site du CCMM, et sur le site « dérives dans l’Eglise catholique ».
Notre riposte fut la sortie du « Livre Noir de l’emprise psycho-spirituelle ». Un choc pour les évêques qui ont mis en place un autre pare-feu, toujours juge et partie, « la cellule d’écoute » sous la responsabilité de Mgr Planet …. En réponse, nous publions « le silence des bergers », recueil des lettres envoyées aux responsables ecclésiaux… Silence…
Nous
continuons à intensifier nos actions, à publier nos analyses,
alerter les médias, articles de journaux, documentaires,
témoignages, reportages, émissions de télévision…
Voir le reportage sur Youtube, de Sophie Bonnet « les Béatitudes, une secte aux portes du Vatican » diffusé par Canal + en 2011.
Nous
savons désormais le prix de notre combat : nos enfants
détruits, nos familles brisées. Et pire ! Quand les parents se
manifestent, leurs enfants disparaissent à l’étranger voire dans
un pays en guerre. Nous sommes restés des années sans savoir où
étaient nos enfants. Aujourd’hui, en ce moment encore, des
parents ne savent pas où sont les leurs. Sont-ils en vie ? Dans
quel état ? Ce sont des actes de torture morale, que par pudeur
pour la douleur des parents, je qualifierai simplement de cruauté
morale et mentale. Dans l’Eglise, les gourous et leurs communautés
déviantes, sont protégées pour un recrutement exponentiel
faussement vocationnel, et l’argent que ça rapporte. Même au prix
d’y perdre son âme.
Le psycho-spirituel, a pénétré toute l’Eglise, y compris les grands ordres religieux, tel le Carmel. L’épiscopat, sans aucun discernement a ouvert les portes à des fondateurs de communautés dont beaucoup étaient passés par des réseaux ésotériques du nouvel âge. C’est une hérésie qui remplace Le Christ Rédempteur par un Jésus guérisseur. Toutes les hérésies qui ont traversé l’Eglise ont touché la doctrine. Pour la première fois une hérésie touche à l’amour dans le cœur d’un être. Sachant que nous sommes créés à l’image de Dieu qui est amour, c’est Dieu que l’on détruit. Une destruction qui entraine la haine des parents, des enfants, du conjoint … Des plus proches.
Voir dans « Le psycho-spirituel mis à nu » l’étude de Bertran Chaudet « Le nouvel âge a-t-il pénétré l’Eglise catholique ? »
Il est effrayant, abyssal, de constater que nos enfants sont prisonniers d’une emprise mentale faite au nom de Dieu. Une prison dont l’épiscopat à la clef de la porte et la verrouille de plus en plus à chacune de nos action. Errare humanum est, perseverare diabolicum.
Pourquoi une telle omerta sur l’emprise mentale ?
Sans
emprise mentale, on ne peut assujettir une personne à des actes de
violence : abus sexuels, qu’elle n’accepterait pas, ou la
réduire à commettre des actes qui violent sa conscience :
détruire ses proches.
Actuellement,
beaucoup de gourous, d’abuseurs sexuels, et non des moindres, font
la une des médias.
C’est
bien tard pour trop de parents morts sans avoir revu leurs enfants,
pour tous ceux qui ne savent pas où sont leurs enfants, leurs petits
enfants, pour les parents malades seuls et rejetés, pour les
familles irrémédiablement détruites sur plusieurs générations…
Au nom de Dieu.
Dans la Croix du 1er octobre 2022, un article titre : Mgr de Moulins-Beaufort : « L’Église est une maison aussi sûre que possible »
Chacun
en jugera.
Nous ne commenterons pas.