Je parlerai ici de certaines dérives et de l’enfermement que peut représenter le New Age, que je définis comme un ensemble de croyances et de pratiques spirituelles à la mode. Il s’agit de mon regard sur celui-ci, d’après mes expériences et mes observations. Cet article n’est pas exhaustif et n’expose pas une vue d’ensemble, mais c’est une invitation à prendre du recul sur ces concepts et sur l’impact d’une spiritualité qui paradoxalement nous éloignerait plus de l’humain et de la vie et profiterait à certains gourous au passage, si l’on ne fait pas preuve de discernement…
J’ai commencé à chercher des réponses et du sens à ce que je vivais, et la thérapie classique n’étant plus suffisante pour me sortir de mes problématiques, j’ai cherché d’autres réponses. Je pense que là est le souci : à force de chercher toujours plus de réponses, d’explications à notre mal-être, on se perd dans un tas de concepts de plus en plus éloignés de notre réalité et dans une confusion mentale dont il est alors difficile de se dépêtrer. On s’enfonce progressivement dans de nouvelles croyances, cherchant à expliquer, justifier son état d’être, d’une façon psychologique, ou plus spirituelle. Je pense que c’est comme cela que je me suis retrouvée plongée dans le New Age. Et finalement…
Le numéro 66 de l’exhortation du Pape François, Laudate Deum (2023), dit : « Dieu nous a unis à toutes ses créatures. Pourtant, le paradigme technocratique nous isole de ce qui nous entoure et nous trompe en nous faisant oublier que le monde entier est une “zone de contact”. » L’obscurité du texte, qui renvoie au panthéisme du “tout est lié”, est aggravée par la note de bas de page qui renvoie à un livre de Donna J. Haraway : When species meet, Minneapolis, 2008. (Traduction française: Quand les espèces se rencontrent, 2021.)
Peu de gens connaissent Donna J. Haraway, qui a connu la célébrité surtout dans les années 1990. L’écrivain et philosophe est considérée comme chef de file d’un courant de pensée qui s’est baptisé “cyber-féministe”, “écoféministe” ou encore “féminisme post-humain” voire “post-gendrisme”.
La marque de fabrique de son travail – une attaque cinglante contre l’anthropocentrisme – est d’étendre la théorie du genre aux questions technologiques (telles la modification du corps humain) et, au-delà, au règne animal. Zoologiste et philosophe, elle a étudié à Yale, où elle a été honorée en tant que grande ancienne élève. Il convient de mentionner qu’elle a grandi avec une mère catholique et qu’elle a été éduquée par des religieuses du Colorado.
Il convient encore de mentionner qu’elle a bénéficié d’une bourse Fulbright – selon certains, un système de cooptation de personnes prometteuses pour faire avancer le programme de l’establishment anglo-américain – pour se rendre à Paris afin d’étudier la philosophie de l’évolution à la Fondation Teilhard de Chardin.
Le cyber-féminisme
La popularité de la penseuse américaine a commencé en 1985, lorsqu’elle a publié dans la Socialist Review son Manifeste pour les cyborgs : science, technologie et féminisme socialiste dans les années 1980, devenu ensuite simplement Manifeste Cyborg (publié en France en 2002).
Il s’agit d’un essai considéré comme un jalon du nouveau féminisme, qui, en fin de compte, nie l’identité des
femmes et s’oppose à l’ancien féminisme. Haraway prône le dépassement des dualismes sociaux et
biologiques : elle critique la structure binaire de la culture occidentale qui a généré des divisions entre des
catégories telles que homme/femme et naturel/artificiel.
Ces dualismes, affirme Haraway, « ont tous été systématiques dans les logiques et les pratiques de domination des femmes, des personnes de couleur, de la nature, des travailleurs, des animaux… tous constitués en tant qu’autres ». Le concept de cyborg est ensuite présenté comme une synthèse libératrice, une entité qui représente une fusion de l’organique et du technologique, transcendant les distinctions traditionnelles de genre et de nature.
Le cyborg remet en question l’idée d’une nature humaine immuable, alors que de plus en plus de personnes
utilisent la technologie pour étendre leurs capacités : les prothèses, les pontages, les appareils auditifs et
même les dentiers peuvent indiquer que l’homme-machine est déjà une réalité. Le concept de cyborg
représente un rejet des frontières rigides, en particulier celles qui séparent l’“humain” de l’“animal” et
l’“humain” de la “machine”.
« Le cyborg ne rêve pas d’une communauté sur le modèle de la famille organique, mais cette fois sans le projet œdipien. Le cyborg ne reconnaîtrait pas le jardin d’Eden ; il n’est pas fait de boue et ne peut rêver de redevenir poussière », écrit le Manifeste de Haraway.
Antispécisme et haine de la natalité
Dans ses deux livres des années 1990 Primate Visions : Gender, Race, and Nature in the World of Modern Science (1990, non traduit) et Des singes, des cyborgs et des femmes. La réinvention de la nature (1991), Haraway revient à la métaphore du cyborg pour expliquer comment les contradictions fondamentales de la théorie et de l’identité féministes devraient être jointes, plutôt que résolues, d’une manière similaire à la fusion de la machine et de l’organisme chez les cyborgs.
Dans ce texte, Haraway critique le capitalisme en révélant comment les hommes ont exploité le « travail
reproductif » des femmes de sorte qu’elles ne parviennent pas à une égalité totale sur le marché du travail.
Donner naissance à un enfant représente donc une grande menace pour la vie d’une femme de carrière.
La philosophe a insisté sur ce point dans un texte plus récent intitulé Making kin, issu d’un groupe de travail avec cinq autres féministes. L’essentiel de l’argument est qu’il ne faut pas faire d’enfants – un acte polluant, qui génère d’autres problèmes – mais réorganiser dans un sens “familial” les personnes qui existent déjà.
Quelque chose entre la re-tribalisation de la société et la tentative de créer des substituts de la famille, comme c’est le cas de ceux qui, au lieu d’enfants, ont des chiens et des chats ou même des objets. Ce thème des « animaux-compagnons » au-delà des différences d’espèces revient dans le livre même cité par le Pape.
Cthulhucene
Le point culminant de la pensée de Haraway se trouve dans le livre Cthulhucene, paru en 2016. Pour les non- initiés, Cthulhu est la monstrueuse divinité à tentacules des récits d’horreur de H.P. Lovecraft, qui attend dans les abysses de revenir sur terre pour exterminer l’homme. Pour Haraway, il faudra passer par une telle phase (le Cthulhucène) pour se sauver du désastre de l’Anthropocène (c’est-à-dire, littéralement, « l’âge de l’homme »), marqué par la surpopulation.
« Que se passera-t-il lorsque l’humanité, ayant irrémédiablement modifié l’équilibre de la planète Terre,
cessera d’être le centre du monde ? Et au milieu de la crise écologique, quelles relations peuvent être
restaurées non seulement entre les individus humains, mais aussi entre toutes les espèces qui peuplent la
planète ? »
La réponse, selon Haraway, consiste à mettre en œuvre une pensée « tentaculaire » sur cette planète infectée, un changement de paradigme où, comme expliqué plus haut, au lieu d’engendrer des enfants, des « liens de parenté » sont créés grâce à des « décisions intimes et personnelles visant à créer des vies florissantes et généreuses sans mettre d’enfants au monde ».
A ce stade, il convient de se demander sérieusement comment un tel auteur peut être considéré comme un point de référence pour une exhortation apostolique ? En effet, elle est l’un des trois seuls auteurs cités, à l’exclusion du pape François (ou des divers synodes faisant écho à sa pensée), de Paul VI et des Nations unies.
Avec le retour du mois d’octobre, nos boîtes aux lettres regorgent de publicités pour les costumes Halloween. Il faut dire que j’habite
à côté de l’une des plus grandes zones commerciales de France, qui occupe la moitié du territoire de la commune.
Et effectivement, lorsque je vais faire mes courses, je vois bien
que certains de nos magasins sont à nouveau investis par les
costumes et autres objets en rapport avec Halloween… On finit par
s’y habituer, mais ce n’est pas une raison pour ne rien dire…
Je vous propose donc quelques réflexions !
1. COMMENÇONS PAR FAIRE
UN PEU D’HISTOIRE
Depuis l’arrivée massive
de la fête d’Halloween sur le continent européen, nous assistons
à un curieux débat
entre les `pour´ et les `contre´.
D’un côté, ceux qui la présentent comme une fête carnavalesque
bon enfant, de l’autre ceux qui en soulignent le caractère malsain
et délétère. Deux conceptions qui correspondent aux deux versants,
aux deux `faces´ de cette fête. Devant le potiron grimaçant, on
peut voir le potiron ou voir la grimace. Et
si ces deux réalités n’en faisaient qu’une ?
L’origine commune des deux points de vue de l’All Hallow’s
Evening — veille de Toussaint — ou `Halloween´ vient de
l’ancienne fête celtique qui marquait la fin du
cycle des saisons, de l’automne à l’hiver, avant d’entrer dans
une période de repos marqué par le froid et le silence. Cette `fin
de l’été´, ou sam-fuin en gaélique, serait à
l’origine du mot `samhain´. D’un point de vue
archéologique ou littéraire, on en connaît trop peu sur les
pratiques religieuses et les divinités celtiques, mais il semblerait
que l’année religieuse était marquée par quatre grandes `fêtes
du feu´ dont la Samhain était la dernière et la plus
importante.
Cette nuit-là, tous les foyers étaient éteints puis rallumés
à partir de braises ramenées du grand feu druidique allumé sur le
mont Tara en Irlande. Il est possible que ce soit le transport
des braises dans des pots avec des orifices pour en assurer
l’aération qui est à l’origine des navets ou potirons éclairés.
Ce temps aurait aussi été celui d’une remise à zéro ; les
champs sont laissés en jachère, les animaux rentrés, les
provisions terminées et les dettes payées.
Dettes temporelles et spirituelles. Il importait de se mettre en ordre avec les vivants comme avec les morts, surtout si ceux-ci n’avaient pas été suffisamment honorés de leur vivant (comme les pratiques actuelles du `retournement des morts´ à Madagascar et le culte des offrandes sur les tombes au Mexique). Il s’agissait alors de les choyer une dernière fois avant d’entrer dans la `nuit´ de l’année pour s’assurer sa tranquillité. Et cette nuit, le voile entre le monde des vivants et celui des morts était dit le plus mince et permettait un ultime contact par la pratique du spiritisme et de la divination.
2. C’EST À CE
STADE-CI DE L’HISTOIRE QU’APPARAÎT UN CLIVAGE
* D’ABORD LA FACE POTIRON. Avec les siècles, la Samhain,
l’invocation des morts et les pratiques divinatoires ont donné
naissance à un folklore qui trahit plus ou moins la réalité
d’où il provient. De la même manière que les œufs, les lapins
et les cloches peuvent faire un substitut de la dimension spirituelle
de Pâques, la fête d’Halloween a occulté la Samhain par
une pratique populaire déformant la réalité spirituelle qui
sous-tendait la `nuit de l’entre-deux-temps´. Le culte
des morts s’est ainsi réduit à de la nourriture laissée sur le
pas de la porte pour les âmes qui erreraient cette nuit-là en
recherche de réconfort.
D’autres se sont mis à `jouer les esprits´, en se baladant
dans la nuit, éclairés de navets évidés, récupérant la
nourriture, jouant de (mauvais) tours à ceux qui refusaient ces
`dons´. Importé aux États-Unis au cours du XIX° siècle par
l’immigration irlandaise, ce folklore a connu des hauts et des bas
(avec les vagues de vandalisme dans les années 20) pour être
finalement adopté par l’ensemble des Américains vers la fin des
années 30 sous la forme de quête de bonbons par les enfants du
voisinage. Rien de bien méchant a priori. C’est la face `potiron´.
* MAIS IL Y A AUSSI LA FACE GRIMACE. L’autre versant de la
Samhain s’est, lui aussi, perpétué. Dès le XIX° siècle,
plusieurs courants ésotériques anglo-saxons ont vulgarisé
et répandu les pratiques de communication avec les défunts
(appelées channeling ou spiritisme) et des facultés médiumniques
(voyance, clairaudiance, divination, etc.). Ces mouvements se
sont rapidement développés et plusieurs groupes occultes ont vu le
jour dont certains voués à Satan. Ces mouvements occultes
investissent des domaines aussi divers que la musique, l’art et la
littérature et ont récupéré la Samhain (et, par-là même,
Halloween) en l’intégrant à leurs pratiques occultes. La
nuit du 31 octobre est ainsi devenue le nouvel an des mouvements
de sorcellerie (WICCA) fêtant l’entrée dans les ténèbres.
Cela peut paraître du mauvais roman
fantastique, mais il importe de ne pas être tout à fait naïf.
Jusqu’où peut-on ne pas prendre au sérieux un culte de haine, de
violence, de mort et de perversion pratiqué et diffusé par des
adultes qu’on peut supposer sains d’esprit et libres de leurs
actes ? Le simple bon sens voudrait déjà qu’un
mouvement de contre-valeurs et de recherche du morbide soit considéré
avec prudence. De surcroît, il est plus que raisonnable de ne pas
impliquer les enfants dans une fête occulte majeure sous le couvert
si peu convaincant de folklore. C’est la face `grimace´.
Halloween est donc une pratique populaire autant qu’une
réalité ésotérique. Les deux sont intimement liées tant par
leurs racines communes que par les cultes dont elles sont une
expression. On ne peut faire abstraction de l’un ou l’autre. Il
est vrai que l’engouement pour les déguisements morbides, le
matraquage publicitaire, les succès de librairie et les jeux vidéo
ne facilitent pas le choix d’une prise de distance que tentent de
vivre certains parents.
Il importe cependant d’être conscient que promouvoir une
telle fête, c’est marquer son accord et favoriser, même
involontairement, l’émergence de pratiques occultes qui la
sous-tendent. Et, si la dimension ésotérique de cet événement
en laissait certains sceptiques, quelques notions de psychologie
devraient rappeler que faire jouer des enfants avec le mal, le laid,
le mauvais, le méchant et l’horreur ne peut que les marquer
durablement et en profondeur.
3. ABORDONS MAINTENANT
LES DIFFICULTÉS QUI PEUVENT SE PRÉSENTER POUR DES FAMILLES
CHRÉTIENNES
Le 1er novembre, nous célébrons, dans l’Église
catholique, la fête de la Toussaint, la fête de tous les saints
connus ou inconnus, de tous ceux qui ont cherché à aimer Dieu et
les hommes de tout leur cœur. Ils sont pour nous des modèles.
Vivants en Dieu, ils rayonnent de sa lumière. Ils prient pour nous,
ils nous aident à marcher sur ce même chemin exigeant.
Le lendemain, 2 novembre, l’Église prie pour tous les
défunts de nos familles. Symbole usé, le chrysanthème
représente, par la disposition centrée de ses pétales, le soleil
et sa lumière. En contraste avec le granit sombre des
tombes, il cherche à dessiner l’espérance chrétienne de la vie
éternelle, le sens profond de la fête de la Toussaint.
Nous percevons bien alors qu’il y a antinomie entre Halloween et
la fête de la Toussaint. Entre les deux, notre choix doit être
clair, même s’il n’est pas toujours possible d’empêcher les
enfants de participer aux fêtes d’Halloween. D’un côté, la
dérision de la mort, signe d’une société décadente qui ne sait
plus l’affronter. De l’autre des réponses aux questions
fondamentales (pourquoi je vis, pourquoi je meurs), le sens donné
par Jésus et son Église à la vie par-delà la mort. Il faut
choisir.
Comme dit le prophète Élie : « Jusqu’à quand
clocherez-vous des deux pieds ? Si c’est le Seigneur qui est
Dieu, suivez-le. Et si c’est Baal (le dieu du sacrifice humain),
suivez-le » (1 R 18,21). Ou encore dans le livre de Josué
(24,15) : « S’il ne vous plaît pas de servir le
Seigneur, choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir. Moi et ma
maison, nous servirons le Seigneur ».
4. TERMINONS EN ÉVOQUANT
UN TÉMOIGNAGE QUI MANIFESTE L’ARRIÈRE-BOUTIQUE DU CÔTÉ GRIMACE
ÉVOQUÉ PLUS HAUT
John Ramirez était autrefois prêtre sataniste, un « adorateur
du diable » comme il se qualifie lui-même. Il se souvient de
l’importance toute particulière que revêtait la nuit d’Halloween
pour les satanistes, et se dit « choqué » de voir les
chrétiens célébrer cette fête avec candeur.
Car pour lui, cette fête n’a rien d’innocent. Elle est selon
lui « spirituellement démoniaque », et
l’engouement croissant des familles chrétiennes pour cette fête
l’interpelle. Il semble que le fondateur de l’Église de Satan
lui-même, Anton La Vey ne le contredise pas. Il aurait en effet
déclaré : « Je suis heureux que les parents
chrétiens laissent leurs enfants adorer le diable au moins une nuit
de l’année. »
Dans un article en anglais3,
John raconte son propre mariage, « le plus diabolique de la
planète » selon lui. Le rituel avait duré toute la nuit
du 31 octobre 1987, « parce que nous connaissions les
implications et les puissances des ténèbres derrière cette nuit ».
John Ramirez l’atteste, cette nuit est aussi importante
dans le monde de la sorcellerie que le dimanche de Pâques pour les
chrétiens.
C’est pourquoi il met en garde les chrétiens contre la
banalisation et la minimisation de l’impact spirituel de cette fête
aux origines obscures, et encourage également les chrétiens à être
clairs dans leurs intentions et leur communication quand ils
organisent des manifestations d’évangélisation à l’occasion
d’Halloween. Ainsi, « celui qui a des oreilles, qu’il
entende ! »
Notes
1Je
cite ici des extraits d’une tribune de M. François Mathijsen, Les
deux faces de Halloween, La Libre Belgique, 2002.
2John
Ramirez est un pasteur évangélique, auteur et conférencier
très demandé, et il a partagé son témoignage : avoir été
miraculeusement sauvé alors qu’il était un prêtre satanique de
haut rang.
Entretien. Le père Dominique Salin, jésuite, théologien et historien de la spiritualité, analyse les différences entre le développement personnel et le Salut chrétien. Recueilli par Florence Chatel, site de La Croix
La Croix : Quelle différence y a-t-il entre le bien-être du développement personnel et le Salut annoncé par le christianisme ?
Père Dominique Salin :
L’expérience spirituelle chrétienne, qui consiste à s’engager à la
suite de Jésus, n’est ni une affaire de bien-être ou de mieux-être, ni
tellement une question d’être sauvé ou pas. C’est une histoire d’amour.
Elle ne se décide pas comme d’aller voir un sophrologue.
L’amour
vous tombe dessus brutalement par un coup de foudre ou vient
progressivement. Que ce soit celle du catéchumène ou d’une grande
mystique comme Thérèse d’Avila, l’expérience spirituelle chrétienne est
donc une affaire de passivité et d’attirance : on ne peut pas ne pas
aimer Jésus, vivre de son esprit, essayer de l’imiter…
Qu’est-ce que le Salut ?
Père D. S. : L’expérience du Salut commence par un cri, « SOS, je me noie ! »
C’est une question de vie ou de mort. Pour un chrétien, être sauvé
signifie que la mort cesse d’être le dernier mot de la vie. Le cœur de
la foi chrétienne, le kérygme, c’est le Christ ressuscité, et chacun est
promis à ressusciter comme lui, avec lui. Mais dans la réalité, la
plupart des chrétiens ne sont pas chrétiens parce qu’ils veulent être
sauvés de la mort.
On entend pourtant des personnes dire, quand elles ont été tirées d’une épreuve, qu’elles ont été sauvées…
Père D. S. : C’est vrai, la personne dit : « J’ai été sauvée, je ne suis pas seule. Il y a de l’autre dans ma vie : l’Esprit saint, l’Esprit de Jésus, Dieu… »
C’est ça la foi. À la différence du développement personnel où l’on
cherche à parvenir à une meilleure maîtrise de soi par des techniques,
dans l’expérience du Salut, du compagnonnage avec Jésus de Nazareth, on
expérimente que des choses nous échappent, que nous ne comprenons pas
tout dans notre vie.
Les demandes de bien-être et de bonheur sont légitimes. Que propose Jésus au regard de cela ?
Père D. S. :
Jésus propose la joie, a fortiori à tous ceux qui sont accablés et
croulent sous le fardeau. Je connais des personnes qui sont de vrais
disciples de Jésus et qui vivent de grandes épreuves physiques ou
affectives. Elles ont une espèce de sagesse, de détachement par rapport à
leur souffrance, à leur manque. Ce sont des saints.
Regardez
Thérèse de Lisieux dans les dix-huit derniers mois de sa vie. Alors
qu’elle vit une nuit de la foi terrible, toutes les carmélites lui
disent qu’elle a un heureux caractère, qu’elle est toujours gaie.
Thérèse écrit : « Si elles savaient »…
Dans le
développement personnel, la demande est individuelle. La question du
Salut n’est-elle pas collective ? Le Christ sauve l’humanité.
Père D. S. : Oui et d’ailleurs, chaque dimanche à la messe, nous disons dans un article du Credo : « Je crois à la communion des saints. »
C’est-à-dire que nous croyons à une solidarité des vivants, et à une
solidarité des vivants et des morts. Nous, les chrétiens, ne sommes pas
seuls. Il y a le Christ avec nous et nos frères humains.
Même
ceux que nous n’aimons pas beaucoup, nous sommes solidaires d’eux parce
que nous croyons que nous sommes tous image de Dieu. Tout homme, même
le plus grand criminel, porte au fond de lui l’image du Christ
recouverte par la rouille des mauvaises habitudes. Être sauvé, c’est
accepter cette réalité que nous sommes tous aimés et enfants de Dieu.
C’est pouvoir dire oui à la Vie.
A l’occasion de la Journée Internationale contre les violences faites aux femmes (2016), une conférence sur l’emprise était animée par la thérapeute, conférencière et écrivain, Anne-Laure Buffet.
Spécialisée en violences intra familiales et conjugales, Anne-Laure Buffet reçoit en consultation individuelle et/ou familiale à Boulogne Billancourt et propose un accompagnement adapté à la personne victime et combattante…
Formée aux thérapies comportementales dont la PNL, l’analyse transactionnelle, ainsi qu’à la psychologie humaniste, elle rend la parole aux victimes et leur permet une reconstruction adaptée à leurs valeurs et leur personnalité. Anne-Laure Buffet est aussi présidente de l’association Contre la Violence Psychologique et anime le blog cvpcontrelaviolencepsychologique.com